Prisoner Of War

Honkytonk Man
Publié le 15 novembre 2002 à 16h23
S'il y a un genre à l'honneur dans le jeu vidéo sur PC, c'est bien le fameux "First Person Shooter". Le problème c'est qu'au fur et à mesure de la sortie de nouveaux titres, les innovations se font de plus en plus rares. Certains éditeurs font donc feu de tout bois pour tenter de se démarquer et on sombre souvent dans les excès (gore, effets spéciaux à outrance...). Les développeurs de chez Wide Games surfent sur la vague de la Seconde Guerre Mondiale mais mettent au placard armes à feu et armes blanches. Exit le FPS, voici le "simulateur d'évasion" et pour s'en sortir, il va falloir se servir de sa tête...

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Bienvenue au Stalag II

Lewis Stone au pays de "Papa Schultz"

La mise en situation se fait rapidement lors de la séquence d'introduction. Vous, le Capitaine Lewis Stone, êtes en train de survoler les lignes ennemies lorsque quelques tirs de DCA vous poussent à l'éjection. Les Allemands ne manquent pas de vous intercepter et de vous boucler dans un camp avec d'autres prisonniers de guerre. On se rend vite compte que Wide Games voit les camps allemands de la même manière que les créateurs de la célèbre série "Papa Schultz" (Hogan's Heroes). Les geôliers allemands sont plus "paternalistes" (si tant est que l'on puisse employer ce terme pour qualifier des soldats) que tortionnaires et c'est vers le jeu du chat et de la souris que l'on se dirige.

En bon officier, vous ne souhaitez évidemment pas moisir longtemps dans ce trou et ne pensez qu'à une chose : l'évasion. Il va cependant vous falloir prouver votre valeur en trouvant rapidement un moyen de fausser compagnie à ces $%@# d'Allemands et après quelques dialogues avec les prisonniers de longue date, vous comprendrez rapidement que le camp a ses règles et ses failles...


Routine et prises de risque

La vie dans le camp s'articule autour de trois grands rendez-vous quotidiens (NDLR : on croirait entendre un directeur de chaîne télé faire la présentation de son nouveau programme en septembre) : l'appel du matin, le déjeuner et l'appel du soir. Il est impératif d'être présent à chacun de ces rendez-vous sous peine de déclencher une fouille du camp en bonne et due forme. Fouille qui se terminera irrémédiablement par un séjour forcé et prolongé au trou. L'horloge située dans l'angle supérieur gauche de l'écran est d'ailleurs là pour vous rappeller que les Allemands aiment la ponctualité...

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S'accroupir, se plaquer au mur, se dissimuler : les trois techniques de base.

A part ces trois impératifs, votre agenda n'est pas très chargé et vous aurez le loisir de faire "ce que vous voudrez" entre temps. "Ce que vous voudrez", n'est bien entendu pas à prendre au pied de la lettre et il serait judicieux de le compléter d'un fort à propos, "tant que vous ne vous faites par prendre".

Les autres prisonniers ont chacun leur propre personnalité. Certains seront coopératifs et vous fileront quelques tuyaux, d'autre n'auront que faire de vos désirs d'évasion, d'autres encore ne daigneront vous assister qu'avec des contreparties. C'est ainsi qu'il va falloir commencer par se constituer un "trésor de guerre" en partant à la recherche d'objets de contrebande, forcément localisés dans les endroits absolument "Verboten !". Ce sont en effet les paquets de cigarettes et autres bouteilles d'alcool piquées aux allemands qui servent de monnaie entre les prisonniers.

Pour accéder aux endroits interdits, "rien de plus simple" ! Il suffit de grimper par dessus le grillage qui ceinture le périmètre des prisonniers sans se faire voir. Oubliez le fusil à lunette de Return to castle wolfenstein ou la corde à piano du Hitman, vos seules armes seront votre prudence et votre discrétion. Pas d'armes ne signifie cependant pas complètement démuni et vous récupérerez rapidement du cirage qui vous permettra de vous faire discret pendant la nuit, un télescope pour suivre les déplacements des gardes de loin, des clés, un pied de biche et autres joyeusetés du parfait petit évadé.

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En territoire interdit, il ne faut pas traîner.

Un radar situé en permanence dans l'angle inférieur gauche de l'écran vous indique le champ de vision des Allemands mais, contrairement à ce qu'on trouvait dans un titre comme Metal Gear Solid, le radar n'est qu'une indication. Un garde posté sur une tourelle de vigie possède, par exemple, un champ de vision bien plus important qu'un garde au sol bien que cela ne soit nullement matérialisé par le radar. Pour vous déplacer dans le camp en dehors des zones autorisées et plus globalement pour vous en sortir, c'est avant tout la synchronisation qui est importante : attendre que le garde numéro 1 se retourne, avancer de quelques mètres jusqu'à se mettre à l'abri de son champ de vision mais pas trop pour éviter celui du garde numéro 2, etc.

Ces phases de déplacement sont un peu la clef de Prisoner of War, l'aspect "aventure" (dialogues avec les autres prisonniers et recherche d'objets) étant surtout là pour donner une certaine cohésion au jeu. C'est un peu là que le concept du jeu, singulièrement innovant, trouvera peut-être ses limites. Si, comme pour moi, la patience et la précision ne sont pas vos deux points forts, Prisoner Of War pourrait vite vous énerver : comme la sauvegarde n'est possible que lorsque vous retournez à votre lit de prisonnier, dans votre baraquement, il n'est pas rare d'avoir à faire, refaire et refaire encore une mission parce qu'on s'est fait prendre à un endroit ou à un autre de l'infiltration. Je ne compte plus les fois ou s'est affichée l'animation qui montre notre pauvre capitaine lever les bras en l'air d'un air blasé par ce qu'il s'est fait prendre.


IA et réalisation

Il est bien clair que pour un jeu qui mise tout ou presque sur l'aspect infiltration en bannissant toutes les armes, il a fallu que les développeurs se concentrent sur ce point. Si le résultat est plutôt correct, les développeurs concurrents peuvent se rassurer, on est bien loin de pouvoir qualifier l'attitude des gardes de "réaliste". Disons, pour simplifier qu'elle sert convenablement le gameplay même si les gardes sont encore trop idiots pour vous dénicher sous un camion ou pour entendre que vous grimpez par dessus un grillage... C'est d'ailleurs presque un soulagement tellement le jeu est difficile par moment.

Pour continuer avec les imperfections : les gardes disposent de trois stades d'alerte "J'ai cru voir quelque chose", "Ne bougez pas ou je tire" et "Je vais devenir fou" (lorsque vous avez réussi à vous échapper et à regagner une planque). Ce qui est parfois dérangeant c'est que si vous vous retrouvez en ouvrant une porte face à face avec un garde, cet idiot vous sort son classique "J'ai cru voir quelque chose" comme si vous n'étiez qu'à peine visible et il ne vous mettra en joue que quelques secondes plus tard.

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On apprend rapidement que le moindre écart est fatal.

Sans arriver au niveau du récent No One Lives Forever 2, la réalisation de Prisonner Of War est très correcte. Les graphismes collent bien à l'atmosphère souhaitée par les développeurs : l'évasion sans violence et dans la bonne humeur ;-)
La musique ajoute leur dose d'adrénaline aux séquences de furtivité. Il suffit, même en plein jour, de prendre une attitude un rien suspecte pour qu'aussitôt le tension monte dans vos haut-parleurs.


Conclusion

Bien que l'infiltration ne soit pas vraiment un concept nouveau dans le jeu vidéo, il faut bien dire que Prisoner Of War l'exploite particulièrement bien en mettant de côté l'utilisation des armes, travers un peu trop souvent emprunté par les développeurs. On rentre avec plaisir dans la peau de ce capitaine candidat à l'évasion qui va devoir découvrir toutes les failles du camp de prisonniers, surtout que les séquences s'enchaînent jusqu'à constituer une histoire cohérente et prenante. J'avoue que l'impossibilité de sauvegarder quand on le désire et la difficulté de certaines étapes m'a conduit à quelques moments de stress intense (battements de coeur accélérés) ce qui aurait tendance à dire que la sauce prend plutôt bien.

Mais... Parce qu'il y a un mais ! Prisonner Of War s'adresse à un public qui n'est pas du tout celui qui prend son pied à "fragger" à tour de bras. Pour avancer et s'amuser avec le titre de Wide Games, il faut faire preuve de beaucoup de patience ce qui n'est généralement pas le point fort des "gamers". Attention donc, un téléchargement de la démo pourrait éviter de se tromper avant de se lancer dans "La Grande Evasion 2".


Prisoner of War

4

Les plus

  • Un concept singulièrement innovant
  • Une ambiance prenante
  • Tout publics (pas de violence)

Les moins

  • Réservé aux joueurs méthodiques
  • Parfois énervant suite à l'échec

Note globale7

Réalisation7

Prise en main6

Durée de vie8

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