Il était clair qu'au regard du succès, tout à fait mérité, de Medal Of Honor, EA Games allait nous resservir le couvert. Vous aviez passé avec brio la séquence épique du débarquement en Normandie, la liberté (le "bien" façon Oncle Sam) a encore besoin de vous. Chaussez vos "rangers", équipez-vous de votre sac à dos et "EN FORMATION" soldat !
Les premières secondes de "En Formation" nous replongent rapidement dans l'ambiance de l'épisode précédent. Vous êtes largué en parachute à quelques kilomètres de la plage d'Omaha où des centaines de vos compagnons se feront descendre par le feu incessant des mitrailleuses lourdes (rappelez vous, c'était il y a un an). Les tirs fusent et vous atterrissez aux abords d'une étable. L'action prend rapidement le dessus, vous descendez quelques allemands pas assez rapides pour vous et l'aventure commence. Je ressens comme un tremblement, on se croirait presque dans "Le jour le plus long" à ceci près que l'on est épargné par le parachute accroché au clocher de l'église.
Il n'aura pas fallu plus de quelques minutes de jeu pour se rendre à l'évidence : le moteur 3D du jeu n'a subi aucune modification, pas plus que l'interface. Medal Of Honor : En formation pourrait n'être que des niveaux supplémentaires téléchargés sur Internet que ça ne changerait pas grand chose. On retrouve l'ambiance sonore façon "grand film de guerre" qui rend l'action par moment si prenante : les mêmes snipers embusqués au fin fond de la carte qu'il faudra cinq minutes pour localiser, les mêmes pilotages d'engins qui ponctuent les phases de shoot proprement dites.
Une campagne solo beaucoup trop courte !
Parlons-en d'ailleurs de ces pilotages d'engins : Au menu de "En Formation", en guise de trou normand entre les séquences de shoot, on a le droit à la panoplie du petit conducteur d'engin. Je vous rassure, vous n'allez pas passer ici votre permis de cariste, simplement prendre en main blindés, tanks, Batteries anti-aérienne, lance-roquette, bref tout ce qui fait les joies de la guerre "chirurgicale". L'idée de varier les plaisirs est plutôt séduisante mais le résultat est proche de la catastrophe: Les tirs sont aussi précis qu'une hache pour faire des décorations de Noël, la maniabilité est douteuse mais surtout, on en attend impatiemment la fin de ces séquences tellement on s'y ennuie ferme. Lors de la conduite du tank, dans une des dernières phases du jeu, on a l'impression d'avoir les mains ligotées tellement il est difficile d'aller où l'on veut.
Heureusement que les séquences de shoot, plus traditionnelles, sont dans la veine du premier opus. On se laisse bien plus prendre par le fil de l'action. J'ai d'ailleurs particulièrement apprécié les séquences dans lesquelles il faut poser une charge explosive sur des tanks pour les faires sauter. Les cieux n'étant pas avec vous, la pluie éteint la mêche et il faut utiliser le fusil de sniper pour "amorçer la charge". Hélas, il semble que les beta-tests n'aient pas suffisamment joué leur rôle et il serait presque possible de terminer le jeu en utilisant exclusivement le fusil (sans lunette), les "headshots" s'enchaînent à un rythme qui ferait pâlir de jalousie n'importe quel adepte de Counter-Strike.
Trois régions aux décors assez différents.
On se dit que les décors vont nous permettre de passer du bon temps... C'est peine perdue. Même si les textures des trois "campagnes" sont plutôt diversifiées (campagne normande, forêt ardennaise enneigée et ruines de Berlin) elles semblent parfois plaquée à la va-vite et les raccords laissent souvent à désirer, même avec une GeForce 4 Ti4200 épaulée par un P4 2Ghz, tous détails à fond. On aurait presque pu oublier tous les reproches précédents si la campagne avait été très longue... Hélas, trois fois hélas, il faudra moins de cinq heures pour arriver au bout de "En formation". On n'avait pas vu cela depuis Half-Life Blue Shift.
Le mode multijoueur du premier opus a ses adeptes, personnellement je n'avais pas accroché. Cette extension ne devrait pas changer grand chose à l'ordre établi. Ce mode se voit agrémenté de 12 nouvelles cartes de bonne facture avec quelques petits ajustements dans le gameplay: Les déplacements sont par exemple un poil plus rapides afin de compenser des cartes plus grandes et il n'est désormais plus possible de se déplacer en rampant. Les 20 nouvelles armes que comportent cette nouvelle version ne révolutionneront pas non plus les parties tellement il est parfois difficile d'en distinguer les différences, hors visuelles.
Pilotage de char, tir anti-aérien et tir anti-char sont peu enthousiasmants.
Conclusion
Autant mon enthousiasme était grand lorsque j'ai inséré le CD de Medal Of Honor : En formation dans le lecteur, autant la déception a été à la hauteur de celui-ci après les cinq heures de jeu qu'il m'a fallu pour en voir le terme. S'il est une personne de l'équipe de développement qui mérite toutefois les éloges, c'est bien celle qui s'est occupée de l'ambiance sonore. C'est toujours du grand art. Ouf !Difficile dans ces conditions de conseiller Medal Of Honor : En Formation à quelqu'un. Les fans absolus du premier opus seront forcément déçus par la durée de vie extrêmement courte du titre alors que ceux qui ont simplement bien aimé "Débarquement Allié" seront surpris du manque cruel de nouveautés. 30€, ce n'est pas excessif pour une extension mais c'est toujours 30€ que l'on a pas pour acheter autre chose.
Alors, si toutefois le Père-Noël vous apportait dans sa grande hotte Medal Of Honor : En Formation, nous ne saurons que vous conseiller de lancer la partie en mode "Difficile". Vous pourrez aussi vous consoler avec les vidéos originales en noir et blanc, plutôt sympathiques, qui ponctuent les missions. Les "sages" du marketing de chez EA auraient peut-être dû imiter leurs confrères de chez Activision qui ont préféré prendre leur temps pour améliorer et fignoler la suite de Return to castle wolfenstein (Ennemy Territory) plutôt que de pousser une sortie pour les fêtes. Dommage!