Alors qu'il est disponible depuis maintenant plus d'un mois, c'est avec un certain retard que nous nous attaquons au test de la dernière simulation de combats aériens de Microsoft. Une simulation depuis longtemps désirée par les fans, il faut dire que la précédente version avait de nombreuses qualités et que depuis l'arrivée de l'extraordinaire IL2 Sturmovik du concurrent Ubi Soft, on attendait un peu Microsoft au tournant !
IL2 Sturmovik propose en effet depuis maintenant de nombreux mois un titre pratiquement parfait : sa réalisation est exemplaire et l'aspect simulation des plus efficace. Pour Microsoft il fallait donc remettre les pendules à l'heure avant qu'Ubi Soft ne se permette de renfoncer le clou avec l'imminente sortie d'une extension pour IL2 Sturmovik : Forgotten Battles qui est maintenant prévue pour le 20 février prochain.
Youpi, j'intègre la R.A.F. !
Après les affrontements américano-japonais du second volet des Combat Flight Simulator, Microsoft est revenu à un théâtre d'opérations plus familier pour nous autres français, puisqu'il s'agit tout simplement de cette bonne vieille Europe. Ce n'est toutefois pas le seul changement qui frappe au premier coup d'oeil, Combat Flight Simulator 3 permettant à Microsoft de remettre au goût du jour une caractéristique de moins en moins fréquente de nos jours : la campagne solo dynamique. En quelques mots disons qu'il ne s'agit pas ici d'enchaîner une à une les missions avec à chaque fois l'obligation de l'emporter pour voir celle qui suit. Selon vos réussites ou vos échecs le jeu change et les missions également. Cette technique permet d'avoir une campagne beaucoup plus vivante et généralement de plus longue durée, d'autant que la refaire permet de découvrir de nouvelles choses.Le jeu démarre par le choix de son pilote qui ne sera qu'Anglais, Américain ou Allemand puisque le front de l'Est a été laissé de côté. Il faudra bien sûr lui trouver un petit nom sympa et définir quelques caractéristiques mineures qui permettront de l'adapter à votre style de jeu : préférez-vous qu'il supporte mieux les G ou bien qu'il vous offre une meilleure vision des choses ? C'est à vous de le définir. Il sera également possible, par la suite, de personnaliser vos différents appareils, de gagner des points de prestige (plus ou moins synonymes d'expérience) et bien évidemment de monter en grade.
La campagne dynamique vous permettra de voir du pays et de piloter de nombreux appareils différents.
Cette petite phase de configuration effectuée, il est temps de se rendre sur la carte de gestion de la campagne sur laquelle figure en rouge bien pétant, la ligne de front. On y trouve bien sûr l'ouest de l'Europe et selon les régions on peut voir différentes bases et autres installations militaires. La carte est découpée en cases qui constituent autant de zones d'affrontement. Les zones accessibles sont évidemment situées sur la ligne de front et selon la case choisie différentes missions sont disponibles : à vous de choisir celle qui vous semble la plus importante et dans vos cordes. Il faut savoir que vous n'êtes pas seul dans cette guerre et que les missions que vous ne prendrez pas à votre charge seront effecutées par d'autres pilotes : parfois avec beaucoup de succès et parfois moins !
Décollage immédiat
Une mission sélectionnée et c'est le passage obligé vers le traditionnel briefing. On y prend connaissance des objectifs précis et on peut également y consulter notre "feuille de route". Le départ n'est pas loin et un petit tour sur l'armement est une précaution indispensable avant de s'envoler ! Les missions proposées sont des plus variées et si nous retrouvons bien sûr les classiques interceptions, escortes ou attaques, il faudra compter avec l'appartenance à l'un ou l'autre des camps pour changer leur teneur. Il faudra également faire avec les possibles changements de bases aériennes qui ne manqueront pas de survenir au cours de la guerre. Ces changements de même que votre choix du début de partie (pilote de chasse ou de bombardier) constituent les derniers facteurs de variété dans les missions.A la manière des autres Combat Flight Simulator il faudra, pour voler correctement, avoir pris soin d'ingurgiter les très (trop ?) nombreuses commandes du jeu. Un joystick est évidemment absolument indispensable pour jouer à ce jeu et comme dans les versions précédentes il sera possible de passer d'une simple pression sur "X" les séquences intermédiaires de vol pour se "téléporter" aux endroits critiques. Cela réduit l'aspect simulation du jeu mais permet une action plus intense et plus soutenue.
La campagne solo s'achève théoriquement avec la fin de la guerre mais comme rien n'y est vraiment figé, il est tout à fait possible que la Seconde Guerre Mondiale ne se termine pas en 1945. C'est dans cette optique et afin d'apporter encore un peu plus de variété à son jeu que Microsoft a décidé d'inclure les premiers avions à réaction alliés au jeu (Lockheed Shooting Star ou DeHavilland Vampire) en plus des modèles de l'Axe (les différents Messerschmitt Me262). En tout Combat Flight Simulator 3 propose pas moins de 18 appareils et 34 variations à piloter ! Sachant que cela va du classique Mustang P51D aux énormes Flying Fortress on peut dire que tout le monde devrait y trouver son compte. Enfin, presque tout le monde comme nous le verrons avec les reproches...
Un Mustang P-51 entouré d'un Gotha 229A et du fameux Spitfire IXe
La campagne solo est longue et les nombreuses possibilités offertes par son "dynamisme" permettent de donner au jeu une durée de vie pratiquement inégalable. Ajoutons à cela les possiblités en multijoueurs, les classiques "missions libres" et nous obtenons un jeu qui ne risque pas de laisser ses acquéreurs avant longtemps d'autant que la communauté des joueurs devrait être encore une fois au rendez-vous pour préparer de multiples améliorations. Voilà qui fait plaisir à une époque où les jeux terminé en moins de 15 heures deviennent un peu trop nombreux à mon goût !
Une lourdeur parfois injustifiée !
Hélas, les nombreux points positifs que je viens d'énumérer pendant les paragraphes précédents ne constituent finalement que l'habillage d'un jeu qui risque de décevoir plus d'un pilote en herbe. La comparaison avec IL2 Sturmovik ne peut manquer d'être faite et franchement le duel tourne court, le titre édité par Ubi Soft l'emportant vraiment haut la main. Commençons par ce qui devait sans doute être l'arme la plus efficace de CFS3 : sa réalisation graphique. Microsoft avait en effet beaucoup parlé du moteur du jeu qui devait être un dérivé de celui de Flight Simulator 2002. Alors je ne sais pas si cela vient de moi ou bel et bien du jeu, mais je dois bien reconnaître ma déception face aux textures du sol et à l'autogen chargé de peupler nos paysages de jolies maisons et de petits arbres. Sans être moche, le résultat est bien loin des espérances et pas du tout comparable avec ce que l'on trouvait sur Flight Simulator 2002... IL2 Sturmovik a beau dater d'un an, il fait mieux, c'est dire !
Les textures des avions sont nettement plus réussies et les effets météo plus convaincants également mais au prix d'exigences matérielles assez faramineusses ! Certains appareils disposent d'une modélisation "à tomber" et, pour le coup, un bon cran au-dessus de ce que l'on peut trouver avec IL2 Sturmovik, mais, hélas, il faudra disposer de 512 Mo de mémoire et d'une excellente carte vidéo pour en profiter (GeForce4 Ti ou Radeon 9500 / 9700 vivement conseillées). A contrario, le processeur n'a pas besoin d'être une bête de course (visez tout de même l'Athlon XP1400+) pour que tout tourne correctement.
Le point le plus gênant de Combat Flight Simulator ne tient pourtant pas à ces problèmes de réalisation ou de configuration nécessaire, mais plutôt aux libertés prises par rapport à la "simulation" pourtant inscrite dans le titre même du jeu. Nous avons déjà parlé de la présence d'avions à réaction mais après tout cette entorse peut très bien se voir comme un plus apporté à ceux qui le souhaitent puisque rien ne vous oblige à voler dans l'un de ces appareils. En revanche et beaucoup plus gênant est l'absence des quadrimoteurs tels que les B-17 ou les B-24 ! Bien difficile d'imaginer la guerre en Europe de l'Ouest sans ces monstres du ciel, mais c'est pourtant ce qu'ont réussi les développeurs de Microsoft. En plus de rendre l'aspect tactique des combats un peu stupide, cette absence supprime une bonne part de l'intérêt de certains appareils mis au point pour contrer ces bombardiers. On pourra également regretter, dans une moindre mesure (le jeu commençant en 1943), l'absence du Junkers JU87 ou Stuka pourtant si utilisé pendant la première partie du conflit.
Au sol, le graphisme est pour le moins sommaire : même dans une grande ville comme Londres !
De la même manière on pourra critiquer les modèles de vol, les cockpits et l'attitude de l'intelligence artficielle. Les cockpits sont certainement l'un des éléments les plus directement décevants dans la mesure où au premier décollage vous serez étonné des choix faits par l'équipe de développement. Les cockpits ne sont déjà pas très réussis graphiquement parlant mais ils sont en plus parfois loin de la réalité des appareils qu'ils représentent. Enfin et c'est bien le plus embêtant, ils ne sont pas fonctionnels ! Il faut souvent baisser les yeux pour voir les instruments de vol (la vue par défaut ne montre presque rien) et aucun des instruments n'est vraiment "cliquable" : on est contraint et forcer d'utiliser les raccourcis clavier... Moderne tout ça !
Enfin pour en finir avec la liste des points négatifs de Combat Flight Simulator 3, il faut signaler l'intelligence artificielle qui surprendra plus d'un habitué. Le comportement de vos adversaires n'est par exemple pas franchement différents qu'ils soient aux commandes d'un chasseur ou d'un bombardier. Dans le même genre, les canons anti-aériens sont ahurissants de précision, de puissance et ils vous cloueront au sol en un rien de temps. Ce n'est encore une fois pas très grave mais cela nuit singulièrement à l'aspect simulation et donne encore une fois très nettement l'avantage à IL2 Sturmovik.
Conclusion
Combat Flight Simulator 3 est le type même du jeu qui n'a "pas de chance". C'est un jeu dans l'ensemble très réussi, même s'il est un peu trop gourmand à mon goût, qui ne souffre en fait que d'un seul véritable défaut, mais il est de taille : il est sorti après IL2 Sturmovik. Le titre édité par Ubi Soft surclasse son concurrent sur pratiquement tous les tableaux et Combat Flight Simulator n'est sauvé que par un graphisme que certains trouveront plus léchés mais au prix d'une configuration nettement mieux équipée.Tout au long de la présentation du soft, Microsoft n'avait jamais manqué de mots assez forts pour qualifier son bébé et la déception n'en est que plus grande. D'autant que Microsoft continue de considérer qu'il s'agit là d'un jeu de simulation lorsque l'on a bien plus l'impression de jouer à un Crimson Skies "historisant". Ce n'est pas forcément un mal et de nombreux joueurs préfèrent même cet aspect plus arcade, mais il ne faut pas essayer de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
C'est donc avec une certaine déception que je donne la note de 6/10 à ce Combat Flight Simulator 3. Un jeu que je ne conseillerais qu'aux fans d'arcade en manque de Seconde Guerre Mondiale et aux amateurs de combats aériens tellement dépendants qu'ils ne peuvent attendre le 20 février et la sortie de Forgotten Battles... Mais qu'ils disposent d'une machine de compétition !