Présenté lors de l'E3 2001, Grom n'avait depuis cessé de faire parler de lui avec la publication régulière de nouvelles copies d'écrans qui se chargeaient de nous rappeler combien ce jeu semblait original et sympathique. Aventure simple joueur dotée d'un humour omniprésent et présentant un gameplay à mi-chemin entre le mythique Diablo et le célèbre Commandos, Grom avait fait naître de nombreux espoirs...
Terminé depuis un petit moment, Grom a quelque peu tardé à débarquer chez nous. C'est cependant chose faite depuis quelques jours dans une version que Focus, le distributeur, a partiellement localisée. Le jeu est en français mais les voix anglaises ont été conservées, reste maintenant à voir si les qualités que nous avions imaginées tout au long du développement se retrouvent dans cette version finale !
Grom, vous avez dit Grom ?
Mélange d'aventure et d'action, Grom, le jeu, nous invite à prendre le contrôle de Grom, le Colonel. Personnage singulier à la répartie facile, il est issu de l'école militaire polonaise et s'est retrouvé en première ligne lors de l'invasion de son pays par les troupes allemandes en 1939. Vous l'aurez tous compris, Grom se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais le théâtre de vos futurs exploits n'a rien à voir avec le vieux continent puisque après la défaite de son pays, le Colonel Grom a été capturé par les Soviétiques et envoyé en camp de travail. Ayant réussi à s'échapper, notre officier est parvenu à se planquer au Tibet où il sert de garde du corps à un contrebandier du nom de Petr.Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, nous autres joueurs ne pourront que nous réjouir de la suite des événements. Grom ne reste en effet pas longtemps à l'écart des vicissitudes du monde et les Nazis se sont mis en tête de retrouver l'ancienne Cité Perdue du roi Arjuna censée renfermer des armes d'une puissance inimaginable. Les Anglais, maître de la région, ne l'entendent évidemment pas de cette oreille et notre beau héros devra jouer des coudes d'abord pour sauver sa peau, puis, ensuite, pour venir en aide aux sbires de sa Gracieuse Majesté.
L'introduction, bien moins réussie que le jeu, présente l'histoire maladroitement.
Une aventure riche et variée...
Une fois installé et démarré, le jeu est présenté par une séquence d'introduction plutôt moche qui résume ce que je viens de vous compter avant de nous laisser sur la page d'accueil. Minimaliste, celle-ci nous permet de modifier les options sonores, d'éditer les contrôles de jeu ou bien de lancer l'aventure. La partie graphique a complètement été occultée par les développeurs mais comme nous le verrons bien vite, ce n'est pas spécialement gênant. L'histoire du vaillant Grom peut donc commencer et après une toute petite séquence basée sur le moteur du jeu, un didacticiel se charge de nous expliquer les principales commandes. On appréciera la précision des explications et l'exhaustivité de la chose même si on appréciera encore plus de pouvoir la couper immédiatement pour rentrer dans le vif du sujet. Il faut dire que les contrôles du jeu sont assez peu nombreux et suffisamment intuitifs pour ne pas nécessiter de longues explications !L'aventure en elle-même peut enfin démarrer et son déroulement est des plus simple à assimiler. Vous contrôlez le Colonel Grom qui devra remplir différentes quêtes que d'autres personnages lui confiront. Certaines missions se déroulent à la manière d'un jeu d'aventure de la belle époque avec quelques objets à récolter et à utiliser à bon escient mais le plus souvent, Grom mélange l'infiltration dans le style Commandos à l'action frénétique d'un Diablo. Pour récupérer un coffre très précieux, il faudra par exemple éliminer le plus discrètement possible les soldats allemands en poste dans le camp d'archéologues sous peine de devoir tous les avoir sur le dos en même temps. Au contraire, certaines attaques surprises de brigands vous obligeront à gérer rapidement votre groupe pour les attaquer tous en même temps.
Votre groupe ? Oui car bien sûr le Colonel Grom ne sera que rarement seul dans ses pérégrinations et votre chemin croisera par exemple celui de Petr, l'ami contrebandier, du chasseur de trésor Hans Dietrich ou de la jolie espionne Miss Margaret. Chaque aventurier a des qualités uniques qui progressent au fur et à mesure de leur utilisation. Cette caractéristique offre au jeu un petit côté "rôle" qui n'est pas déplaisant. Vous aurez par exemple tout intérêt à laisser Hans manipuler le fusil longue portée et Petr s'occuper du marchandage. La négociation avec les différents marchands du jeu est d'ailleurs l'occasion d'une séquence de jeu originale puisqu'elle se présente sous la forme d'une bataille de cartes toute simple.
D'autres scénettes du même type viennent offrir des moments de détente aux joueurs. Ces petites scènes coupent certes le rythme de l'aventure mais du fait de leur brièveté, ne sont absolument pas gênantes, bien au contraire. Parmi celles-ci on trouvera par exemple une épreuve pendant laquelle il faut éviter les couteaux d'un habile lanceur, un domptage de Yak ou encore un concours de lutte contre des soldats de l'armée anglaise. Ces petites séquences ne nous détournent pas longtemps de la quête principale qui vous conduira à travers tout le Tibet, jusqu'à la frontière chinoise ! Tel un Indiana Jones de pacotille, vous serez amené à visiter un monastère très ancien et aurez toujours sur le dos les forces nazies bien décidées à découvrir les précieuses reliques du Arjuan. Il n'est pas possible d'en dire plus sans dévoiler une grande partie de l'aventure mais le moins que l'on puisse dire c'est qu'à défaut d'être exceptionnelle (elle manque un peu de rythme parfois), cette histoire nous change agréablement de ce qui se fait actuellement.
Quelques petites séquences "originales" pour détendre l'atmosphère
... Accessible à tous !
Une aventure amusante, riche de rebondissements et relativement longue, voilà qui devrait faire plaisir à une immense majorité de joueurs. Hélas Grom est entaché de quelques défauts qui useront les joueurs les moins patients. L'interface plutôt sommaire n'est pas toujours très pratique. Lors des combats par exemple, il faudra plusieurs essais avant de bien comprendre comment gérer ses personnages pour profiter des caractéristiques de chacun. L'intelligence artificielle des ennemis n'est pas une réussite mais c'est surtout celle de nos compagnons qui est gênante. Si elle est capable de leur donner l'arme la plus adaptée à leurs talents, elle ne sait en revanche pas leur faire utiliser les précieuses trousses de soin.On doit alors jongler entre les personnages pour un résultat optimal, ce qui n'est pas très pratique, il faut bien en convenir. Mais ne forçons pas le trait et dans l'ensemble ces problèmes disparaissent assez rapidement. Tout d'abord, on apprend à bien positionner ces personnages en fonction des combats (merci le mode pause qui permet un placement "à tête reposée"), et ensuite on se prend rapidement au jeu : les combats certes un peu répétitifs ne sont finalement qu'une petite partie du jeu. L'aventure est longue et de nombreuses surprises nous y attendent.
Avant de conclure, il me faut vous parler de l'aspect technique de Grom. Les développeurs ont clairement décidé d'en faire un jeu accessible au plus grand nombre et ce faisant, ils n'ont pas voulu que la configuration minimale soit trop élevée. Si on ne peut que saluer cette initiative, il ne faudra pas non plus s'attendre à trouver un jeu exploitant les derniers effets apportés par DirectX 9. En guise de scènes de jeu, Grom présente des tableaux dessinés en 2D sur lesquels les développeurs ont ajouté des personnages modélisés en 3D. S'il ne se superposent pas parfaitement, le résultat n'en reste pas moins tout à fait convaincant.
On ne peut évidemment pas dire que Grom fasse très moderne, mais il a l'avantage de rester très joli et les graphistes ont un talent certain (même si les planches sont inégales). L'ambiance sonore est à peu près du même niveau. Sans jamais être délirante, elle accompagne très correctement l'action. Les bruitages sont finement réalisés et les musiques, très discrètes, ne sont jamais pesantes. Les personnages ont tous des têtes un peu disproportionnées qui contribuent au ton léger de l'histoire et leurs animations sont un peu rigides par rapport aux standards actuels, mais on s'y fait vu le style du jeu. Sachez enfin qu'un simple Pentium III 500 et 128 Mo devraient suffire pour vous permettre de jouer dans des conditions tout à fait convenables (prévoyez 900 Mo d'espace disque).
Sans être hilarant, Grom apporte quelques touches d'humour bien agréables
Conclusion
Grom est le type même de jeu que l'on aime ou que l'on déteste. Doté d'une réalisation un peu datée mais qui finalement sert tout à fait le propos du jeu, il n'exploite assurément pas la puissance de nos dernières Cartes Graphiques. Relativement sommaire dans l'interface, il pourra énerver par un relatif manque de précision dans certains contrôles. Enfin, force est de constater que l'humour de notre Colonel ou des personnages secondaires n'est pas toujours du meilleur goût.Pourtant, Grom m'a bien plu. L'aventure est assez longue et plutôt riche en rebondissements. Les répliques de Grom font le plus souvent mouche et certaines situations sont pour le moins cocasses. Les petites séquences spéciales apportent un renouveau sympathique et en définitive on passe très bon moment. Ajoutez à cela des exigences matérielles tout à fait raisonnables, un prix de vente inférieur à 45€ et vous obtenez un jeu très correct qui ne révolutionnera certes pas le genre mais permet de passer de bien agréables heures.