Microsoft a toujours eu dans ses projets l'objectif de décliner son système d'exploitation vedette, j'ai nommé Windows, en des versions adaptées aux périphériques mobiles. A cet effet Microsoft a créé il y a de cela quelques années, le système Windows CE qui fut étrenné par les tous premiers Pocket PC. Microsoft a également adapté ce système à des consoles de jeux, comme la tristement célèbre Sega DreamCast. Les Pocket PC connaissent un succès certain mais restent tout de même des produits marginaux d'autant plus que les utilisateurs cherchent aujourd'hui des solutions hautement intégrées. En effet pour beaucoup, transbahuter d'un côté un Pocket PC et de l'autre un GSM est jugé fort peu pratique surtout si un seul appareil peut combiner les deux.
Afin de répondre à ce besoin de mobilité, les ingénieurs de Microsoft ont conçu un système d'exploitation spécifiquement dédié aux téléphones portables et offrant les mêmes fonctionnalités qu'un Pocket PC. Baptisé Smart Phone 2002, ce système a été adopté par notre opérateur historique Orange qui propose le premier et quasiment unique téléphone Smart Phone 2002 sur le marché européen. Ce téléphone a été affublé du nom SPV dont la signification est simple : Son Photo Vidéo. Derrière cet acronyme se cache donc un téléphone résolument multimédia capable de diffuser des fichiers musicaux mais aussi des films, à la manière d'un Pocket PC.
Design
A la lecture des spécifications de ce téléphone hors norme, on pouvait craindre qu'il soit énorme, laid et peu ergonomique. En vérité il n'en est rien ! Certes l'appareil est un peu plus lourd qu'un Nokia 6610 avec un poids annoncé de 120 grammes mais les proportions sont quasiment identiques. Le téléphone affiche les mensurations suivantes : 11,5cm en hauteur, 2cm d'épaisseur et 4,5cm de large. La façade avant du téléphone est des plus stylées avec un revêtement façon chrome alors que le reste de l'appareil est en plastique gris. Notez toutefois qu'il n'est point question de façade interchangeable sur ce modèle. Je vois que certains se demandent déjà par qui est fabriqué ce mobile... Bien qu'Orange soit fort peu loquace sur le sujet, son SPV est fabriqué par la société HTC à qui l'on doit les fameux iPAQ de Compaq.
Comme c'est la mode actuellement ce mobile est dépourvu d'antenne ce qui le rend idéal pour le glisser dans une poche où le porter à la ceinture. Afin de mettre en avant le côté multimédia de son mobile, Orange a sélectionné un écran TFT de 176*220 pixels qui surpasse la plupart des écrans de la concurrence, capable d'afficher quelques 65536 couleurs sur six lignes. Hélas la luminosité et le contraste de l'écran ne sont pas réglables. Vu sa taille (4,5cm x 3,5cm), l'écran occupe une bonne moitié du téléphone. Aussi les touches du clavier sont minuscules et il faudra avoir des doigts de fée pour les utiliser. Le clavier numérique est des plus conventionnels avec une croix de direction munie d'un bouton de validation en son centre et surplombée de deux boutons servant à cliquer dans les menus. Afin de voir ce que vous tapez dans la pénombre le clavier est rétro éclairé.
Le côté gauche du téléphone héberge un bouton de mise en route, un bouton servant à régler le volume ainsi qu'un troisième bouton permettant d'enregistrer rapidement des mémos vocaux. Une petite fente présente sur ce même côté peut accueillir indifféremment des cartes mémoires aux formats Multimedia Card ou Secure Digital. Attention le slot supporte un maximum de 512Mo de mémoire. Sur le côté droit de l'appareil on trouve une fiche mini-jack permettant de relier le kit piéton. Un capteur infrarouge se trouve sur le sommet de l'appareil alors qu'un connecteur data est présent sur le bas de l'appareil. Orange livre son SPV avec une base au look arrondi qui permet de relier le téléphone au PC via le câble USB et ce dans le but de synchroniser les données.
Spécifications matérielles
Le SPV d'Orange est un téléphone tribande : il peut donc être utilisé indifférement en Europe et aux Etats-Unis. Il est doté de la technologie GPRS qui offre un débit de données théorique de 160Kb par seconde, contre seulement 9,6Kbps pour la norme GSM. En pratique le réseau Orange offre un débit oscillant entre 25 et 30Kb par seconde. Ce débit restreint est tout de même suffisant pour relever son courrier électronique et surfer convenablement sur nombre de sites internet tant que ceux-ci sont optimisés pour les mobiles. Le SPV est également compatible WAP 1.1, MMS et PBCCH.Le premier représentant de la génération Smartphone est animé par un microprocesseur Texas Instruments ARM cadencé à 120MHz et épaulé par 16Mo de mémoire vive SDRAM (dont seulement 8Mo sont utilisables). Le système SmartPhone 2002 est stocké sur les 32Mo de mémoire ROM Flash dont dispose le SPV. Question autonomie le SPV est pourvu d'une batterie Lithium Ion de 1000mAh dont l'autonomie annoncée est de 100 heures en veille pour 3 heures en communication. Durant nos tests le SPV a pu fonctionner quatre jours sans recharger la batterie et en usage modéré (10 minutes de conversation et 25 minutes de surf GPRS).
Microsoft SmartPhone 2002
SmartPhone 2002 est, vous l'aurez compris, une déclinaison du système Pocket PC 2002. Afin de contrer les systèmes d'exploitation Symbian et Tréo fortement répandus dans le monde du mobile, Microsoft a fait un véritable travail de fond pour que son système d'exploitation pour téléphones hybrides tienne la route. Ainsi la première différence avec un Pocket PC est que l'écran du SPV n'est pas tactile. La navigation dans les menus et applications se fait donc en utilisant principalement les boutons et la croix de direction qui fait office de mini souris. Cette dernière est d'un excellent niveau et offre une précision imbattable.La première déception de taille lors de notre prise en main du SPV tient au temps excessif qu'il faut pour allumer le téléphone. Entre le moment où nous l'allumons et le moment où celui-ci demande le code PIN il ne s'écoule pas moins de 28 secondes, chronomètre en main. Cette durée d'allumage nous paraît excessive et dénote la lenteur globale de l'appareil. Malgré l'évidence de cet indéniable problème, il faut envisager que le SPV engendre un nouveau style d'utilisation. Avec un téléphone mobile normal il est fréquent d'éteindre l'appareil pour une raison ou pour une autre. Au contraire il est fort probable que beaucoup d'utilisateurs laissent leur SPV allumé en permanence notamment pour effectuer les synchronisations avec le PC. Dès lors les lenteurs de démarrage sont un mauvais souvenir et il suffit de changer de profil pour passer du mode normal au mode silencieux. Toutefois si l'utilisateur choisit de laisser son SPV tout le temps allumé, il devra surveiller l'autonomie de sa batterie comme le lait sur le feu.
En allumant le SPV et une fois le code PIN entré, l'écran de l'appareil affiche la page d'accueil, dont le fond d'écran est personnalisable. L'organisation de cette dernière est assez claire avec cinq icônes : Internet Explorer, Contacts, Email, Calendrier et Journal des appels. L'écran indique bien entendu l'état de la batterie, l'heure (mais pas la date), la qualité de la réception radio, les rendez-vous prévus, les SMS, MMS ou emails reçus ainsi que des liens rapides vers l'actualité, la météo, le sport et un service de cartographie.
Interface et ergonomie de SmartPhone 2002
L'accès aux autres programmes se fait en cliquant non pas sur un bouton 'démarrer' mais sur un bouton 'Programmes'. Ce faisant une liste des programmes disponibles apparaît et on retrouve ActiveSync, Windows Media, Tâches, Notes, etc. Les utilisateurs habitués aux Pocket PC ne seront donc pas dépaysés et retrouveront leurs programmes courants même si leur fonctionnement a été quelque peu revu, absence d'écran tactile obligeant. Les plus assidus d'entre vous noteront l'absence de Pocket Word. Certes il serait totalement loufoque de vouloir rédiger des textes sur son SPV, mais Word aurait au moins pu servir à lire les documents que l'on vous envoie par email. SmartPhone 2002 dispose en outre d'un calendrier servant à planifier son agenda et ses rendez-vous et d'une liste de contacts.
Liste des contacts et rendez-vous
A l'usage, le SPV surprend par son ergonomie. En effet le système a été relativement bien conçu et la navigation dans les menus est des plus plaisante. On peut non seulement utiliser le mini joystick intégré mais aussi les touches du pavé numérique pour accéder directement à une commande dans un menu ou pour accéder dans la liste de contacts à une lettre en particulier. Aussi excellente soit-elle, l'ergonomie du SPV souffre d'un gros reproche. Si sur un Pocket PC il n'est déjà pas évident de saisir des données en utilisant le clavier tactile, c'est encore pire avec le SPV puisqu'il faut utiliser des combinaisons de touche, à la manière des SMS. La saisie de caractères spéciaux (accents, point, virgule, etc.) est malheureusement délicate et fort peu intuitive.
Tout comme avec un PocketPC il est possible d'installer de nouveaux logiciels sur votre SPV. Toutefois Orange bride par défaut cette fonction afin que seuls les programmes ayant reçus la signature numérique Orange puissent s'installer. Ce choix est contestable dans la mesure où nombre d'utilisateurs ne pourront profiter de la logithèque Pocket PC recompilée pour SPV. Afin de remédier à cet épineux problème Orange vient de mettre à la disposition des utilisateurs la possibilité de débloquer son SPV en ligne. Nous avons pu tester cette fonction à partir de ce site et cela à merveilleusement bien fonctionné. Comme sur un Windows de bureau, le SPV propose une fonction de vérification et de téléchargement des mises à jour éventuelles du système.
Navigation Internet
Il faut bien reconnaître que le principal intérêt du SPV est la possibilité de naviguer sur Internet depuis l'appareil. Pour ce faire le téléphone utilise une version allégée d'Internet Explorer. Au lancement celui-ci affiche par défaut le portail Orange. L'ouverture d'un nouveau site n'est pas chose aisée puisque aucune barre d'adresses n'est présente à l'écran. Il faut en effet cliquer sur le menu puis sur la commande atteindre pour pouvoir taper une URL. Mais les difficultés ne s'arrêtent pas là ! Plutôt que de proposer simplement une adresse http://www à compléter, le mobile affiche l'adresse complète du portail Orange. Il faudra donc effacer dans un premier temps une partie de cette adresse, en utilisant le bouton précédent du clavier qui fait ici office de touche d'effacement, pour rentrer la nouvelle adresse. Fort heureusement le SPV dispose d'une fonction historique ainsi que de la possibilité de mettre en favoris vos sites préférés. Alors que Palm propose sur son navigateur des boutons complétant automatiquement l'extension d'une URL, il faut ici le faire manuellement. Il n'y a donc pas de miracle et la saisie sur le SPV est aussi chaotique que sur un téléphone portable normal ce qui est regrettable mais inhérent à ce type de dispositif ultra portable.L'autre atout majeur du SPV est bien entendu la possibilité de consulter ses emails en direct depuis le terminal. Ici l'ergonomie de la boîte de réception est fort heureusement meilleure que celle du navigateur Internet. Au lancement une liste des messages reçus s'affiche avec le nom de l'expéditeur et l'en-tête du message. L'organisation de la messagerie est assez claire et son utilisation des plus simples. Une fois les nouveaux messages relevés il suffit de cliquer sur le message qui vous intéresse pour le lire. Il vous sera bien évidemment possible de répondre à vos emails au prix d'une fastidieuse séance de frappe sur le clavier. Cerise sur le gâteau, la boîte de réception permet de consulter aussi bien les emails que les SMS et MMS. Certains trouveront cela un peu fouillis, mais pour notre part nous estimons cette intégration bénéfique puisqu'elle évite de jongler entre diverses applications.
Le système SmartPhone 2002 propose également un logiciel de chat, MSN Messenger en l'occurrence, qui mettra vos doigts à rude épreuve !
Multimédia
Orange et Microsoft mettent conjointement en avant l'aspect multimédia du SPV. Il nous fallait donc essayer les fonctions multimédias du dit téléphone. Première chose, comme avec Windows, il est possible de changer le papier peint du bureau en le remplaçant par celui de votre choix. Les sonneries bénéficient aussi de la touche SPV avec la possibilité de changer à loisir ses sonneries en utilisant des fichiers Wave. Précisions à ce sujet que le mobile SPV d'Orange est doté d'une sonnerie polyphonique.
Le SPV embarque le célèbre logiciel Windows Media Player. Grâce à ce lecteur multimédia il est possible de lire les fichiers MP3 que vous stockerez de préférence sur une carte mémoire SD ainsi que les bandes annonces de films que vous téléchargerez via Orange ou que vous aurez copié sur la carte mémoire par l'intermédiaire d'Activesync. Lors de l'insertion d'une carte mémoire comportant des films et de la musique, le Windows Media Player affiche la liste des fichiers qu'il peut diffuser et il ne vous restera plus qu'à faire votre choix. Dans le cadre de la lecture de MP3, l'appareil commence la lecture par le fichier que vous sélectionnerez puis enchaînera les morceaux. On déplore l'impossibilité d'effectuer une quelconque lecture en mode aléatoire. La lecture s'effectue soit par le haut parleur intégré soit par le kit piéton qui permet de bénéficier d'un son stéréo de bonne facture.
Lors de la lecture de fichiers MP3, l'écran affiche le nom de la piste, le temps écoulé ainsi qu'une représentation de la mini souris avec les fonctions de chaque bouton. L'utilisation du SPV en guise de Walkman est donc plutôt aisée et conviviale. C'était hélas sans compter sur les problèmes de lenteur de l'appareil. En effet de temps à autre nous avons constaté une coupure du son en plein milieu de la lecture ce qui coincide probablement avec le transit des données dans la mémoire. Si avec des MP3 encodés en 128Kbps le problème est pour ainsi dire inexistant il est beaucoup plus percetible avec des fichiers encodés en 192Kbps. Ce genre de phénomène est fort désagréable et prouve que Microsoft a encore du travail à réaliser sur l'optimisation du système. Question vidéo la lecture est en général assez fluide mais on ne peut s'empêcher de déplorer le fait que cette dernière ne se fasse pas en mode plein écran.
Lord of the Rings et Tétris sur son SPV ? Bien sûr !
Synchronisation
L'intérêt d'un assistant personnel est de pouvoir synchroniser ses données avec votre ordinateur afin de toujours avoir un carnet d'adresses et un agenda à jour. Pour ce faire il faut recourir au logiciel Microsoft ActiveSync. Celui-ci est nativement présent sur le SmartPhone, mais doit être installé sur votre ordinateur. Chaque fois que vous connecterez votre SPV sur sa base, ActiveSync synchronisera les données avec le PC. La synchronisation est automatique et transparente mais souffre hélas d'un défaut majeur. En effet si vous créez un compte email avec le SPV, il ne vous sera pas possible de synchroniser les messages avec ceux reçus sur votre PC.La connectivité avec le PC peut également se faire via le port infrarouge, mais c'est le seul autre moyen. En effet le SPV n'intègre pas de fonctions Bluetooth. Impossible donc d'effectuer une synchronisation avec le PC via une connexion Bluetooth. Ceci implique aussi que le SPV ne peut pas fonctionner avec les kits piétons Bluetooth. Dommage !
Et le téléphone dans tout cela ?
Avec toutes ces fonctionnalités plus ou moins gadgets, on en oublierait presque que le SPV est à la base un téléphone portable ! Et oui... Ceci est tellement vrai qu'il est parfois déroutant de composer un numéro tellement la fonctionnalité téléphone est devenue accessoire. Il faut d'ailleurs impérativement être sur la page d'accueil pour pouvoir composer un numéro. Comme sur un téléphone conventionnel le SPV garde trace des appels récemment passés et reçus. L'un des avantages du SPV est la possibilité de consulter son carnet d'adresses et de téléphoner au correspondant de votre choix depuis un seul et même appareil en appuyant simplement sur un bouton. Inutile donc d'avoir d'un côté un calepin ou un Pocket PC et de l'autre un portable. En conversation l'appareil donne toute satisfaction même si l'on constate un léger bourdonnement en bruit de fond qui peut devenir exaspérant à la longue.
Le SmartPhone d'Orange dispose d'un vibreur intégré et d'une gestion de profils. En changeant le profil on peut changer la méthode de sonnerie et activer la fonction mains libres. Il est donc possible de rendre le téléphone silencieux avant de rentrer en réunion.
Conclusion
Que retenir du SmartPhone 2002 ? Tout d'abord même si l'appareil a quelques défauts il faut bien avouer que le concept d'appareil hybride initié par Microsoft est une réussite et une solution qui est promise à un bel avenir. Alors que Microsoft n'a que très peu d'expérience sur le marché des systèmes d'exploitation pour téléphones mobiles, la firme de Redmond prouve une fois de plus son savoir faire en signant un système d'exploitation des plus ergonomiques et extrêmement bien pensé. L'idée de combiner en un seul appareil un téléphone et un assistant personnel est carrément géniale d'autant que la réalisation est à la hauteur.Cette belle mécanique dont le prix avoisinant les 300€ (avec abonnement) est honnête et raisonnable souffre toutefois d'un défaut majeur qui sera rédhibitoire pour certains. En effet le SPV d'Orange est lent, très lent, trop lent. Le simple fait de devoir attendre une demi minute entre le moment où l'on allume le téléphone et le moment où l'on peut effectivement s'en servir est insupportable. De même le lancement d'applications parfois banales comme le calendrier ou la base de contacts peut parfois faire ramer le système. De plus les habitués des téléphones Nokia ou devront s'adapter à un système dont l'ergonomie est globalement bonne mais dont la logique reste très informatique. Au final le SPV est un magnifique gadget, une très belle vitrine technologique pour Orange et Microsoft mais n'est pas encore mûr pour toucher le grand public qui se bornera à constater des défauts flagrants. On ne peut donc qu'espérer que les choses s'arrangent à l'avenir avec de nouveaux modèles.
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