Habitué des adaptations PC réalisées « à l'arrache », Capcom a semble-t-il décidé de changer son fusil d'épaule et de revoir sa façon de procéder. La conversion de Lost Planet avait déjà été largement saluée, mais, pour enfoncer le clou, l'éditeur japonais a curieusement choisi un titre d'un style pour le moins inhabituel sur PC : Devil May Cry 4. Le genre du beat them all n'est effectivement pas le plus courant qui soit sur nos machines et si la démarche surprend, il n'en reste pas moins possible de juger des nouvelles intentions de Capcom alors justement que ce dernier est déçu des ventes de son bébé. Alors, Devil May Cry 4 sur PC est-il un bon cru et Capcom a-t-il raison de se plaindre du piratage de cette icône du beat them all ?
Même le Diable a des sentiments...
Sur le fond, Devil May Cry 4 PC reste évidemment identique à ce que nous proposaient les versions Playstation 3 et Xbox 360 sorties le 8 février dernier. Du coup et afin de partir sur de bonnes bases, nous vous invitons à consulter le vidéotest réalisé sur JeuxVideo.fr il y a de cela quelques mois. Devil May Cry 4 se propose donc de faire revenir Dante sous le feu des projecteurs. Notre démon préféré n'est toutefois plus seul. Les 11 premières missions d'un jeu qui en compte finalement 20 seront effectivement consacrées au nouveau venu, un petit jeunot baptisé Nero. Si sa frange rebelle fera des ravages chez les midinettes, le joueur s'intéressera plus volontiers à son bras, le fameux Devil Bringer dont Capcom a tant vanté les mérites tout au long de sa campagne de promotion.Il faut dire que la chose renouvelle considérablement le jeu tout en le rendant plus accessible. Il s'agissait pour Capcom de trouver un moyen pour toucher plus de joueurs que les fanatiques de la série et avouons que le Devil Bringer y arrive fort bien. Associé au sabre de Nero, il permet d'enchaîner les attaques au corps à corps et ainsi multiplier des assauts plus spectaculaires les uns que les autres. Dès les premières secondes de jeu, on en prend plein les mirettes et ce véritable feu d'artifice va crescendo sur chaque niveau jusqu'à la rencontre avec les différents boss. Ces derniers sont l'occasion de combats nettement plus tactiques dans la mesure où leur puissance de feu est évidemment nettement supérieure à celle du « menu fretin ».
Notons toutefois que tout au long du jeu, il est toujours aussi important de bien maîtriser les différentes techniques de combat. Ces techniques, notre héros en connaît quelques-unes en début de partie, mais il les apprend surtout au fur et à mesure des niveaux. Il s'agit ici de personnaliser en quelque sorte son personnage afin qu'il corresponde davantage à notre style de jeu. De fait, selon les orbes rouges et « âmes fières » récupérés dans les niveaux, il est possible de se payer quelques combos supplémentaires et autres attaques-surprises. Afin de bien coller avec le désir d'accessibilité de Capcom, il est toutefois possible de laisser ces choix à l'ordinateur de même qu'il est possible un mode spécial pour que les combos soient plus simples à réaliser.
Bien sûr, les habitués de la série pourraient crier au scandale, mais ils auraient tort. Capcom ne les a effectivement pas oublié et a parfaitement géré la « dualité » de la situation. Ainsi, les fanatiques du « SSS » auront toujours la possibilité de s'en donner à cœur joie en enchaînant les attaques improbables et en s'assurant un maximum de points de style, histoire de faire la différence avec les « bleus » ! À partir de la mission 12, ils retrouveront d'ailleurs ce bon vieux Dante qui n'a pas pris une ride depuis Devil May Cry 3 et qui se distingue assez nettement de Nero... Il n'est évidemment plus question de bras « mutant » pour se jouer des adversaires : Dante est un adepte des armes en tout genre et il s'avère aussi efficace avec un fusil qu'avec un katana.
Un peu plus fine et détaillée que ses homologues consoles, la version PC est un régal technique
On regrettera à ce sujet que Dante ne profite pas d'un didacticiel de prise en main comme c'est le cas pour le personnage de Nero. Capcom semble avoir ici oublié que tout le monde ne connaît pas son héros, d'autant qu'en définitive son style de combat est plus délicat à appréhender que celui de Nero. Puisque nous en sommes déjà à parler des défauts, précisons tout de suite que ceux-ci ne sont guère nombreux à condition de posséder un PC correct (Pentium IV 3 GHz ou supérieur, 2 Go de mémoire vive et 7800GT de rigueur). On profitera alors d'un jeu vraiment splendide, doté d'une réalisation qui nous met à chaque niveau plein la vue avec des effets pyrotechniques dans tous les sens, des animations ultra-fluides, des créatures au design très original et des décors particulièrement riches en détails.
Précisons tout de même que les caméras souffrent toujours de quelques placements hasardeux qui rendront certaines manipulations plus complexes qu'elles ne le devraient. On critiquera également les choix en matière de level design qui nous poussent à refaire pratiquement tous les niveaux une seconde fois (mais nous n'en dirons pas plus) avec des boss et des pièges à l'identique ou presque. Autre point fort regrettable, mais qui ne dérangera pas vraiment les habitués tant Capcom est coutumier du fait avec Devil May Cry : le scénario est une fois encore bien triste. Il ne s'agit finalement que d'un prétexte à l'enchaînement des niveaux avec des cinématiques dont le seul but est en fait de présenter personnages et boss de manière très grandiloquente.
Pour une fois, il n'aurait pas été désagréable de voir Capcom faire un effort à ce sujet, mais les versions Playstation 3 et Xbox 360 nous avaient de toute façon préparés à cette déception. Pour autant, cela ne doit pas faire oublier le travail réalisé par les développeurs sur tous les autres secteurs du jeu et Devil May Cry 4 est un concentré d'action à consommer sans retenue. La personnalisation des personnages qui permet de varier considérablement les combats, la possibilité de changer de spécialité en plein affrontement, les nouveaux combos ravageurs et l'introduction de nombreux modes différents sont autant d'éléments qui plaident largement en faveur de Devil May Cry 4. Si l'aventure principale se termine en une dizaine d'heures et que le mode Humain est accessible à tous, il faudra déployer pas mal d'adresse (oubliez le clavier) pour triompher des Chasseur de Démons, Fils de Sparda, Dante Must Die et Heaven or Hell. Notons à ce sujet que la version PC innove avec l'introduction d'un mode Turbo accélérant nettement les combats et surtout d'un mode de difficulté encore plus exigeant : le Legendary Dark Knight... Ici, les monstres sont plus nombreux que jamais !
Conclusion
Au même titre que Lost Planet l'année dernière, Devil May Cry 4 reste bien sûr un titre extrêmement ciblé et le public habituel du jeu vidéo sur PC risque d'être désarçonné par cette production résolument tournée vers l'action. Pourtant, force est de reconnaître le très bon travail réalisé par Capcom qui semble donc bien décidé à ne plus nous offrir d'adaptations au rabais. La venue des consoles dites de « nouvelle génération » aura visiblement servie de déclencheur pour l'éditeur japonais qui souffre encore toutefois d'un certain manque d'optimisation. Il ne faut effectivement pas espérer faire tourner Devil May Cry 4 sur une petite machine, mais pour peu que vous soyez en possession de la configuration adéquate alors le jeu mérite le détour, d'autant que Capcom s'adresse autant au nouveau venu qu'à l'expert de la série avec cette version. Un concentré d'action au scénario un peu douteux, mais qui permet d'élargir sa ludothèque de belle manière. Rafraîchissant et parfaitement maîtrisé à défaut d'être révolutionnaire !Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
Comparer les prix de Devil May Cry 4 sur PC