Sport le plus populaire aux Etats-Unis, le football américain est loin d'avoir la même aura que le basket-ball dans nos contrées. Ce relatif manque d'intérêt n'est pas pour gêner Electronic Arts qui se contente très bien des formidables ventes qu'engendre sa simulation sur le seul sol américain. On peut d'ailleurs dire que dans la stratégie marketing de l'éditeur, l'Europe n'est pour ce jeu qu'un bonus. On le remarque en effet très bien après un rapide examen de la boîte : textes et voix en anglais, seul le manuel est traduit dans la langue de Molière qui se trouve également être la notre.
Welcome to the action, I'm John Madden !
Le football américain est sans doute l'un des plus parfaits exemples du fossé qui existe parfois entre les Américains et les Européens. Véritable religion outre-Atlantique où le Super Bowl (finale du championnat) fait exploser chaque année les records d'audience et de publicité, il est tout à fait confidentiel sur le continent européen qui a bien du mal à faire survivre quelques clubs professionnels. Malgré ce faible engouement populaire pour le sport, Electronic Arts sait bien qu'il existe un certain marché pour le jeu vidéo et après l'excellente version 2003, il décline maintenant la version 2004 de son titre phare. A propos de titre (habile transition, non ?), sachez que "Madden" est le patronyme du plus célèbre commentateur de la télévision américaine : John Madden. Toujours en quête de réalisme, Electronic Arts s'est offert les services du bonhomme depuis déjà de nombreuses versions et c'est donc lui qui officie sur ce nouvel opus. Il commente (relativement bien c'est vrai) en anglais et pas question d'avoir la moindre traduction puisque comme nous l'avons dit, le jeu est intégralement dans la langue de Shakespeare. Trêve de palabres et entrons plutôt dans le vif du sujet puisque Madden NFL 2004 ne révolutionne pas le genre. Il se pose en fait comme une grosse, très grosse mise à jour de Madden NFL 2003. Après une introduction aussi brève que symbolique du style du jeu, nous nous retrouvons en face d'un menu pour le moins dépouillé : quelques options, le choix du mode de jeu et deux boutons principaux pour démarrer une partie, "Play Now" et "Play Online".EA Sports : it's in the game !
On regrettera d'emblée qu'Electronic Arts reste fidèle à cette présentation des options de jeu. Ce n'est pas particulièrement gênant mais, il est possible de faire largement mieux que ça ! En revanche reconnaissons qu'au niveau de la licence c'est une nouvelle fois le sans-faute... S'il y a une chose qu'on ne peut jamais reprocher à EA Sports, c'est bien la précision et la richesse de ses jeux. Les équipes sont toutes là, les joueurs et de nombreux stades ont été modélisés avec le plus grand soin. Mieux, il est possible de reprendre en main de nombreuses formations des années passées : les amateurs apprécieront ! Les modes de jeu, les niveaux de difficulté (au nombre de quatre hélas relativement peu progressifs) et les différents réglages sont à peu de choses près identiques à ce qu'offrait la version 2003. Il est possible de joueur seul ou bien à plusieurs, sur la même machine (jusqu'à sept participants) ou bien en réseau local / Internet (jusqu'à deux joueurs). Différents modes de jeu sont accessibles afin de se faire simplement une petite partie sans conséquences ou bien carrément de disputer le championnat dans son ensemble. Quelque soit votre choix, l'étape suivante est plus ou moins identique : on décide du club à prendre en main et on se jette à l'eau ! La présentation des matchs n'a pas changée le moins du monde même si la réalisation graphique est un peu supérieure à ce que proposait Madden NFL 2003. Les joueurs sont un peu plus détaillés et leurs animations un peu plus riches, en revanche, aucun progrès à signaler du côté des spectateurs : ça reste mieux que Rugby 2004 mais il n'y a tout de même pas de quoi se "taper le cul par terre" !
Toujours le meilleur, mais peu d'innovations...
Cette succession de phases offensives / défensives et cette progression "yard par yard" rend les matchs de football américain très hachés : rien à voir avec une rencontre de rugby ou de football (vous savez bien, le "soccer"). C'est un rythme très particulier qui plait énormément aux chaînes de télévision américaines (merci la publicité) mais qui explique certainement le manque d'engouement en Europe. L'adaptation au monde du jeu vidéo permet toutefois de donner une dimension particulière à ce sport puisque c'est le joueur qui dirige chaque phase clef depuis le placage des défenseurs jusqu'à la passe du Quarter Back ou bien encore les splendides courses des Running Back. Un match de Madden NFL 2004 pourrait donc très bien plaire à un public très large, pas forcément friand des retransmissions télé de ce sport. Il faut en revanche bien reconnaître que pour le moment et mise à part la réalisation graphique, les progrès par rapport à la version 2003 ne sont pas évidents ! Pendant tout les développement, EA Sports avait mis l'accent sur la révolution entraînée par l'introduction du système baptisé "Playmaker". En définitive et malgré la petite touche apportée par cette caractéristique, on est encore très loin de la révolution.Toute l'ambiance des rencontres du Super Bowl
Il faut tout d'abord s'avoir que l'utilisation d'un gamepad à double stick est presque obligatoire pour véritablement profiter de cette nouvelle fonction. Le "Playmaker" permet en fait d'apporter une touche de fantaisie dans les phases de jeu puisqu'il est maintenant possible de changer "à la volée" et une fois que le schéma défensif de l'équipe adverse est visible votre propre tactique. Il devient alors possible d'anticiper certains placements, certains mouvements, d'ouvrir des brèches pour tenter une infiltration et une longue passe. Le jeu est de ce fait encore un peu plus amusant et surtout un peu moins "statique", mais il est absolument hors de question de parler de révolution. Ce "Playmaker" n'est pas la seule amélioration de "gameplay" que l'on peut remarquer et, par exemple, l'intelligence artificielle semble avoir fait quelques progrès notables : les défenses sont bien plus réactives aux longues passes. De la même manière, les blocages sont plus incisifs et le Quarter Back n'aura bien souvent que quelques toutes petites secondes pour faire son choix. Bien qu'appréciables et demandées par de nombreux fans, ces améliorations ne suffiront pas pour que le joueur occasionnel se laisse séduire. Electronic Arts compte toutefois sur d'autres apports pour faire pencher la balance en sa faveur.
Et vive le Super Bowl !
Dingue tout de même ce qu'on peut faire quand on s'appelle Electronic Arts et que l'on s'en donne les moyens ! Il est évident que les perspectives de retour sur investissement d'un titre comme Madden NFL 2004 sont bien supérieures à celles d'un Rugby 2004 mais tout de même... Quel changement ! Avec cette nouvelle simulation de football américain, EA Sports ne fait pas dans la dentelle en améliorant sur pratiquement tous les plans la version précédente. Il n'est bien sûr pas question de révolutionner le genre, on reformulera grosso modo les mêmes critiques, mais plutôt d'apporter ça et là les petites touches qui font malgré tout la différence.Le système "Playmaker" est sans doute l'amélioration sur laquelle EA Sports a le plus insisté mais pour ma part, je lui préfère toutes les petites améliorations visibles en cours de match : défense plus solide, intelligence artificielle plus réactive et passes plus délicates à "compléter". On remarque également quelques progrès en ce qui concerne la réalisation. Rien de décisif toutefois, même si les joueurs sont globalement mieux animés et plus détaillés. Enfin, les modes "Franchise" et "Owner" sont là pour assurer le spectacle en dehors du stade. Ce dernier mode ne plaira pas à tout le monde mais il apporte une certaine originalité au jeu.
En définitive, Madden NFL 2004 est aussi indispensable pour l'amateur de football américain qu'il est inutile pour le joueur occasionnel déjà possesseur de la version 2003. C'est toutefois un excellent titre, sans doute le meilleur du genre, et même si EA Sports aurait pu faire un effort pour expliciter davantage ce sport (du français pour la prochaine version ?), c'est une excellente entrée en matière pour le néophyte anglophone !