SimCity fait partie de ces titres mythiques, de ces légendes du jeu vidéo qui, au même titre que Pac-Man, Mario ou encore Tétris, ont marqué leur époque. Développé par Will Wright aujourd'hui célèbre pour ses Sims, il a révolutionné en son temps le jeu de gestion en éliminant les sempiternelles suites de tableaux de résultats. Pour la première fois un titre de ce genre proposait de véritables graphismes (certes sommaires) et une réalisation plus à même d'intéresser le grand public.
SimCity 4 n'a pas changé grand chose au concept de cet illustre ancêtre mais en ajoutant ça et là de nombreuses fonctions, il a rendu les parties encore plus riches, plus agréables et plus passionnantes. Malgré de nombreux bugs et une lourdeur que d'aucun trouvait inacceptable, SimCity 4 a remporté un succès suffisant pour qu'Electronic Arts mette le paquet sur la première extension et, moins de dix mois après la sortie du jeu de base, elle est d'ores et déjà disponible !
SimCity 4 : Heure de pointe ?
C'est par une petite pique que je vais commencer ce test car j'avoue avoir un peu de mal à comprendre l'attitude d'Electronic Arts sur ce coup là. Alors que l'éditeur américain attache le plus souvent un soin tout particulier à la localisation de ses produits, la réception de cette première extension pour SimCity 4 nous a valu une petite surprise. Le manuel et tous les textes à l'écran sont évidemment (et fort heureusement !) intégralement en français, mais Electronic Arts a eu la drôle d'idée de conserver le titre anglais du jeu. Rush Hour est peut-être parlant pour les anglophones mais sous nos latitudes, cela fait davantage penser à une comédie avec Jackie Chan qu'à un jeu vidéo ! Il ne s'agit bien sûr que d'un détail, d'ailleurs oublié dès que la procédure d'installation de l'unique CD est terminée. C'est toutefois relativement gênant pour les plus anglophobes d'entre nous puisque le titre renseigne directement sur le contenu de cette extension qui vient combler une certaine lacune de SimCity 4. Alors que celui-ci ajoutait nombre de possibilités à la version précédente, la question des transports urbains restait encore à creuser.En introduisant le système des régions, SimCity 4 avait en effet permis aux joueurs des parties plus riches et plus passionnantes. Plusieurs villes pouvaient cohabiter et surtout interagir les unes avec les autres. Il devenait alors possible de faire des échanges commerciaux entre différentes communes pour subvenir aux besoins en électricité d'une ville démunie ou au contraire pour débarrasser les déchets d'une ville saturée. Plus fort encore, les populations pouvaient très bien habiter et travailler dans des villes différentes. Hélas, SimCity 4 n'allait pas assez loin dans la gestion des transports et le joueur n'avait pas forcément toutes les clefs pour agir sur le trafic pendulaire par exemple. A une échelle plus petite dans les villes elles-mêmes, les outils de gestion du trafic n'étaient pas assez évolués et les possibilités pour remédier à la saturation des grandes villes pas assez nombreuses. Rush Hour se propose donc d'ajouter tout un tas de nouveautés pour combler ce manque. De ce fait il semble plus intéressant d'avoir déjà une relative expérience de l'établissement d'une cité avant de s'attaquer aux apports de Rush Hour, peu intéressants lorsqu'il est question d'une ville 500 âmes.
Les habitants de Nercesopolis nagent dans le bonheur mais les problèmes de trafic arrivent...
En voiture Simone !
C'est donc toute cette gestion du trafic que la première extension se propose d'améliorer et en commençant par apporter de nouveaux moyens de transports bien sympathiques. Le train et le métro se voient ainsi complétés par des tronçons aériens afin de varier les plaisirs et un splendide monorail fait son apparition. C'est le transport public le plus rapide du jeu et s'il revient très cher par rapport à ce bon vieux métropolitain, il désengorge de belle manière les routes surchargées. Ces dernières profitent également de nombreux ajouts avec la venue des routes à sens unique et des avenues. Les premières fonctionnent de la même manière qu'une route standard si ce n'est qu'elles ne proposent qu'un seul sens de circulation : prévoyez donc d'en construire une dans l'autre sens si vous ne voulez pas générer de monstrueux embouteillages ! Les avenues fonctionnent elles comme de très grosses routes ou de petites autoroutes. Elles s'intègrent plus facilement que ces dernières au paysage urbain et permettent malgré tout un trafic beaucoup plus important que les routes. D'ailleurs il ne faut pas oublier qu'en plus d'autoriser plus de véhicules, les limitations de vitesse sont également plus élevées : double avantage donc.L'installation de ces nouveaux moyens de transports ne sera pas toujours chose aisée et vous aurez souvent à détruire des quartiers entiers pour mettre en place le superbe monorail. Ces travaux de réaménagement permettent de relancer considérablement l'intérêt de villes un peu anciennes et les joueurs sont aidés dans leurs choix par un outils particulièrement efficace : le gestionnaire de trafic. Il s'agit d'un contrôle constant et très précis du trafic de votre agglomération avec possibilité d'identifier de très nombreuses caractéristiques : le tracé des trajets empruntés apparaît en surimpression sur l'écran de jeu, on peut identifier très précisément les différences entre trafic de jour et de nuit, enfin il est possible de voir la densité du trafic par "engins" (voitures, camions, trains, piétons...). Cet outil permet évidemment de voir les principales artères de circulation mais offre surtout la possibilité de remédier aux problèmes de manière vraiment efficace sans risquer de chambouler l'organisation de votre cité. Les maires les moins fortunés pourront alors éviter de dépenser des fortunes dans la mise en place d'un pont finalement dispensable et se contenter du nouveau système de ferries ! De la même manière, on pourra immédiatement identifier l'impact potentiel de l'installation des nouveaux péages afin de renflouer les villes pauvres.
Routes à sens unique, outil de gestion du trafic et monorail express : tout pour désengorger le réseau urbain
Peut mieux faire ?
Ces améliorations, aussi intéressantes soient-elles, ne sont pas les seuls apports d'un Rush Hour qui ne se limite donc pas complètement aux transports. En guise de hors d'oeuvre, Maxis et Electronic Arts nous ont en effet préparé plusieurs petits plus qui permettent de renouveler un peu le quotidien du Sim-maire. Techniquement le jeu n'a absolument pas changé mais les développeurs ont diversifié les possibilités graphiques en ajoutant quelques nouvelles structures, quelques nouveaux décors et un style architectural inédit baptisé "euro-contemporain". Il change radicalement des autres styles présents et le joueur pourra également personnaliser encore l'aspect graphique du jeu en s'intéressant à tout ce que la communauté des Sim-joueurs a produit. La personnalisation peut toutefois aller beaucoup plus et il est maintenant possible d'ajouter des panneaux afin de nommer une rue, un tunnel ou bien encore un quartier : ceux qui "vivent" véritablement leur ville pourront s'en donner à coeur joie ! Souvent mis en avant par ses développeurs, une option de "conduite" a été introduite afin d'offrir un véritable jeu dans le jeu. Rush Hour propose ainsi aux joueurs de remplir différentes missions pour gagner de l'argent ou de la réputation. Hélas, il ne s'agit nullement d'un système de scénarios comme celui du premier SimCity où il fallait par exemple sauver Rio De Janeiro des inondations, reconstruire San Francisco après le terrible tremblement de terre de 1906 ou encore sortir Dullsville de l'apathie. Non, ici, il n'est en fait question que de conduire différents véhicules au travers des dédales de la ville. Alors que l'idée aurait tout de même pu être intéressante, on se retrouve en fait devant quelque chose de mal conçu, inutile et rasoir. Les missions proposées au joueur sont presque toujours identiques à savoir relier un point précis sur la carte en évitant de massacrer son véhicule (voiture, train, hélicoptère ou même tank).Si votre ville est un tout petit peu développée cela devient rapidement injouable puisque les routes sont constamment masquées par les bâtiments alors que les voitures apparaissent, elles, en surimpression ! En outre la conduite est extrêmement simplifiée et on a plutôt l'impression de pousser une petite "majorette" de son enfance. Enfin, les mouvements rapides ne se prêtent pas du tout au moteur du jeu qui souffre et fera souffrir les possesseurs de machines moyennes ! A côté de cette nouveauté on ne peut plus décevante, Maxis a heureusement eu l'intelligence d'intégrer les différentes mises à jour déjà publiées pour SimCity 4. Les possesseurs d'ATI peuvent donc dire adieu aux bugs qui ont entaché la sortie du mois de janvier dernier et savourer un jeu qui reste particulièrement prenant. Relevons tout de même quelques petits défauts tout à fait regrettables même s'ils ne viennent pas entamer le plaisir du joueur. Tout d'abord j'ai eu les pires difficultés pour importer certaines de mes villes de SimCity 4. Rush Hour voulait obstinément, et à chaque rechargement, refaire les raccords avec la Sim-nation détruisant au passage de nombreux bâtiments aussi bien inclus dans ladite zone de raccord qu'en plein centre de la ville : le budget municipal s'en ressent très rapidement ! On regrettera également que Maxis n'en ai pas profité pour expliciter davantage l'utilisation des voies ferrées, réseaux de bus et lignes de métro afin de faciliter leur mise en place. Enfin et c'est un défaut que l'on retrouvait déjà dans SimCity 4 : Rush Hour est très gourmand en puissance machine. Dès lors que votre ville compte environ 80.000 habitants et fait la part belle aux gratte-ciels, le jeu devient très lent et très exigeant en mémoire vive (512 Mo est un minimum !). On aimerait donc que Maxis tente d'améliorer les choses pour une hypothétique seconde extension afin qu'il ne soit pas nécessaire de posséder un monstre pour profiter du jeu... Tant qu'ils y sont, les développeurs pourraient peut-être réfléchir à des moyens pour rendre les villes plus "européennes" ?
Alors qu'il partait d'un bon sentiment, le mode conduite se révèle ennuyeux et mal réalisé
Conclusion
Malgré une gourmandise excessive, SimCity 4 propose un jeu particulièrement riche et intéressant. Le concept est une nouvelle fois parfaitement maîtrisé et ce n'est pas cette première extension qui viendra changer cette conclusion. Rush Hour parvient à renouveler et enrichir de fort belle manière les parties de SimCity 4. On découvre de nouvelles façons de régler les problèmes dans nos villes et les transports, qui ont toujours constitué un sacré défi dans les grandes villes, sont ici merveilleusement traités. On aurait évidemment souhaité plus de nouveautés dans les bâtiments et les styles architecturaux mais c'est déjà du très bon travail de la part de Maxis.On regrettera évidemment cette drôle d'idée que constitue le mode "conduite". Inintéressant et mal fait, il ne sert vraiment à rien du tout. Mais c'est surtout l'aspect technique qui dérange un peu. Presque dix mois après la sortie du jeu originel, on aurait bien aimé que cette extension cloue le bec à tous les bugs relevés précédemment. Si elle le fait avec plus ou moins de succès, Rush Hour ajoute surtout son lot de petites bizarreries (retour Windows au moment de la sauvegarde, gel de l'écran...) et n'allège pas les exigences matérielles de son aîné. Sous ses aspects discrets, voilà donc une extension qui apporte beaucoup au jeu de base, améliore considérablement la gestion des transports mais qui reste également entachée de petites imperfections que l'on espère bientôt voir corrigées... Une extension qui ne fera pas vendre plus de SimCity 4 mais qui s'avère indispensable à tous les Sim-maires !