En termes de tapage médiatique, le contraste entre le développement de cette suite et celui du premier volet est absolument saisissant : The Fall Of Max Payne a presque été aussi discret que Max Payne avait été bruyant ! Annoncé au cours du printemps dernier, le nouvel opus n'a depuis été l'objet que de quelques entrefilets relativement maigres : une poignée de captures d'écrans, quelques petites vidéos, mais surtout pas la moindre date officielle ! Disponible depuis quelques jours, Max Payne 2 mise donc beaucoup sur la notoriété du premier volume... La question étant de savoir si cette apparente discrétion est un bon signe ou au contraire un mauvais présage !
Max is back !
Après un succès aussi important que celui de Max Payne, une suite ne pouvait pas manquer de voir le jour et ça tombe bien, car les gars de Remedy avaient tout prévu en nous offrant une fin ouverte comme les affectionnent tant les scénaristes d'Hollywood. Cette fin nous promettait un retour rapide du flic torturé, mais vous n'aurez pour autant pas besoin d'avoir vécu cette première aventure pour vous lancer dans la seconde. C'est un petit plus qui permet de profiter plus pleinement des troubles psychologiques du gars Max, mais pas une condition sine qua non ! Sachez d'ailleurs que Remedy a pensé à ceux qui n'auraient pas goûté au premier volet : sur l'écran d'accueil, une rubrique permet d'accéder à un petit résumé, parfaitement mis en scène, de l'opus précédent. Max Payne 2 repose à peu près autant que son grand frère sur le scénario mis au point par les développeurs. Le déroulement de l'histoire se passe grosso modo de la même manière en alternant séquences de jeu, scènes cinématiques très courtes et planches à mi-chemin entre la bande dessinée stylisée et le roman-photo à trois francs six-sous. De la même manière également, l'histoire est présentée en désordre et il ne faut pas s'étonner d'être un peu perdu au début de ce roman noir à l'ambiance toute particulière. Les différents éléments du scénario se dévoilent un à un et au fur et à mesure de notre progression, les morceaux du puzzle se mettent en place pour nous permettre de comprendre ce qui arrive à notre héros.Une histoire bien ficelée, beaucoup d'action et de l'humour quand il faut : un cocktail détonnant
Sexe, mensonges et armes à feu ?
Déconseillé au moins de 18 ans depuis sa première aventure, Max Payne n'est pas à proprement parler le héros le plus proche du Casimir de mon enfance. Pour autant, on ne peut pas dire que la violence ou le sexe soient distribués gratuitement par un Remedy très en forme qui nous propose surtout une ambiance comme pratiquement aucun autre jeu n'a jusqu'ici su le faire. Tout au long de l'histoire, on retrouve avec plaisir les séances d'introspections de Max qui tour à tour hallucine, délire, rêve ou plutôt cauchemarde et surtout revient à la réalité pour se rendre que sa situation n'est pas plus confortable que le monde du songe qu'il vient de quitter. Cet état d'esprit on ne peut plus tourmenté vient tout droit du premier volet. Le joueur y incarnait en effet Max Payne alors que celui-ci venait tout juste de perdre sa femme et son bébé dans un double meurtre on ne peut plus barbare. Max n'avait alors plus qu'une idée en tête : se venger. Si cet esprit revanchard est quelque peu retombé, bonne nouvelle, notre flic de choc, malgré son transfert dans la brigade criminelle, ne va pas vraiment mieux !Loin d'être guéri, il doit cependant résoudre une affaire de meurtre qui s'avère très rapidement beaucoup plus conséquente qu'il n'y paraissait. Max met en fait à jour une véritable guerre des gangs entre le clan de Vladimir Lem et les mafieux de Vinnie Gognitti. Ces deux personnages sont quelques-unes de nos vieilles connaissances à refaire surface dans ce second épisode. Max croise plusieurs fois leur chemin et celui d'autres individus tels que l'énigmatique Alfred Woden et son Inner Circle ou bien la superbe Mona Sax avec qui une idylle un peu particulière va se nouer. C'est donc toujours la technique du roman-photo qui permet aux développeurs de nous compter leur histoire. Max Payne 2 est toutefois l'occasion d'un changement de taille puisqu'en lieu et place des membres de l'équipe de Remedy, ce sont de véritables modèles qui ont été appelés pour tenir les rôles principaux et le résultat n'en est que plus impressionnant. Il faut dire que malgré la bonne humeur des protagonistes du premier épisode, Timothy Gibbs (Max Payne) et Kathy Tong (Monax Sax) ont, il faut bien le reconnaître, beaucoup plus la tête de l'emploi... Kathy Tong... Rhaaa, lovely !
Mona, je déteste te voir partir, mais j'adore te regarder t'en aller...
Max Payne Reloaded
Malgré une intrigue autrement plus conséquente que la plupart des jeux du moment, Max Payne 2 n'en reste pas moins un jeu d'action et de l'action il y en a, croyez-moi ! Notre flic préféré dispose d'un arsenal aussi impressionnant que varié et les occasions de s'en servir ne manquent pas. Les ennemis sont extrêmement nombreux et même s'ils ne brillent pas par leur intelligence, ils sauront vous donner du fil à retordre. Pour vous en sortir, vous pourrez heureusement compter sur le bullet-time, innovation majeure du premier volet. Cette technique empruntée au célèbre Matrix, est un moyen de donner à Max un avantage décisif sur ses adversaires. Lorsqu'il est activé, les mouvements de tout à chacun sont ralentis au maximum et seule la visée du joueur conserve sa vitesse normale. Il est alors possible d'aligner tranquillement et un à un tous les opposants devenus pour l'occasion de vulgaires canards de fête foraine ! Afin que le jeu conserve tout son intérêt, il n'est bien évidemment pas possible d'utiliser n'importe quand le bullet-time. Max dispose d'un sablier à droite de sa jauge de vie, sablier qui représente la « quantité » de bullet-time dont il peut faire usage.Une fois épuisé, il faut attendre quelques dizaines de secondes que le sablier se recharge et cela peut parfois être au plus mauvais moment, il est donc indispensable de ne pas abuser du bullet-time pour en avoir encore au moment opportun. Comme dans Max Payne premier du nom, on peut activer le bullet-time de deux façons : ou bien en appuyant sur une touche qui active / désactive ce mode de jeu, ou bien alors en utilisant une autre touche qui ne permet d'exploiter le bullet-time que le temps d'une action (un saut), il n'est alors pas nécessaire de le désactiver. Cette seconde méthode a l'avantage d'être beaucoup plus économique ! À noter que Remedy a profité de cette nouvelle aventure pour enrichir un petit peu le bullet-time avec la coloration du sablier. Plus Max élimine d'adversaires et plus le sablier se rapproche du jaune donnant alors à notre héros un second avantage lorsque le bullet-time est activé : alors que les mouvements des ennemis sont toujours ralentis, ceux de Max profitent en revanche d'une accélération permettant alors d'opérer de véritables massacres dans les rangs adverses !
Pas de doutes, chez Remedy on aime toujours autant mettre le feu aux poudres !
C'est tellement bon que c'est trop court
Max Payne 2 est le prototype de la suite et en ce sens, il reprend tout ce qui a permis à Max Payne d'être le succès que l'on connaît. Hélas, le jeu de Remedy en reprend certaines des caractéristiques les plus discutables comme la linéarité extrême qui n'autorise pas beaucoup (aucune ?) de liberté au joueur. Tout d'abord, les objectifs de Max sont dans l'ensemble extrêmement simples, mais c'est surtout dans la manière de les réaliser que l'amateur de liberté d'action sera déçu. Les niveaux ont beau être gigantesques, il n'y a généralement qu'un seul chemin possible, les nombreuses portes d'une pièce s'avérant par exemple toutes fermées... Sauf une ! Cette extrême linéarité est d'ailleurs responsable de quelques prises de têtes sur des passages un tout petit peu plus durs. Il faut dire que le joueur est tellement habitué à foncer tête baissée que le moindre interrupteur se change en quadrature du cercle ! Si cette linéarité peut gêner certains joueurs, reconnaissons toutefois volontiers que dans le cadre du jeu cela passe très bien. Max Payne ne doit en effet pas se voir comme un doom-like (il n'en est d'ailleurs pas un) parmi d'autres. Il mise énormément sur l'ambiance, le caractère des personnages et en ce sens, la linéarité était indispensable pour que cette atmosphère toute particulière puisse se mettre en place.Plus discutable en revanche est la longueur du jeu. De nombreux joueurs et testeurs avaient déjà critiqué Max Payne sur ce point et il est vrai qu'il est encore plus frustrant de finir un jeu en moins de 15 heures si celui-ci est excellent (ça passe trop vite !). Max Payne 2 ne fait hélas pas mieux que son ancêtre, je serais même tenter de dire qu'il est encore un peu plus court, mais cela doit venir de mon habitude du premier volet. Quelle qu'en soit la raison, le fait est que Max Payne 2 devrait vous durer quelque chose comme une quinzaine d'heures si vous n'êtes pas très doué et tout juste dix heures si vous avez plus d'expérience ! Cette faible durée de vie est d'autant plus regrettable que les développeurs ne nous laissent même pas le choix du niveau de difficulté. On est obligé de commencer au niveau le plus faible pour débloquer ensuite les modes les plus difficiles et quelques autres petites surprises ! Maintenant, ces quelques heures comptent vraiment parmi les meilleures que j'ai passé depuis un bon moment sur un jeu d'action et comme Take 2 a consenti un véritable effort sur le prix de vente (on peut trouver le jeu aux alentours des 40 euros), soyons un peu plus indulgents que de coutume... Après tout, une séance de cinéma revient à peu de choses près au même prix !
Passages à l'hôpital, hallucinations et relations compliquées : le quotidien de Max en somme
Terminons sur une note plus légère
Le problème de la durée de vie d'un jeu est depuis quelques années le sujet qui fâche. Il faut dire que le monde se divise en deux catégories de gens : ceux qui ont la corde au cou et ceux qui la leur coupent... (NDLR : non ça c'est Le Bon, La Brute Et Le Truand)... Je disais donc deux catégories : ceux qui jouent comme des forcenés et ceux qui font ça de temps en temps. Il est de ce fait très difficile de contenter tout le monde même si Remedy aurait sans doute pu faire un effort supplémentaire. Comme pour tenter de compenser, les développeurs ont essayé d'apporter deux ou trois petites choses à leur concept. C'est ainsi que de temps à autre, Max Payne est accompagné de personnages non-joueurs chargés d'augmenter sa puissance de feu. Remarquable d'inefficacité, ces compagnons de fortune ne seront finalement pas d'une grande utilité et c'est plutôt avec la deuxième « innovation » que le joueur trouvera son compte. Remedy nous permet en effet d'incarner lors de (trop) rares moments Mona Sax. C'est une spécialiste du fusil à lunette, mais avec un Desert Eagle en main, elle n'a pas grand-chose à envier à Max Payne. Elle vient d'ailleurs régulièrement l'épauler pour infiltrer tel ou tel bâtiment et, ce qui ne gâte rien, la demoiselle dispose en plus d'un charisme qui ne laissera pas beaucoup de joueurs masculins indifférents... C'est autre chose que Miss Croft !S'il est un point qui devrait par contre mettre tout le monde d'accord, c'est bien celui de la réalisation technique, car Max Payne 2 fait assurément partie des plus beaux jeux disponibles actuellement sur PC. Le moteur n'a pas fondamentalement changé depuis le premier volet, mais les petits plus lui permettent de tenir tête aux plus récentes des productions PC. Les textures sont à ce titre particulièrement réussies et de nombreux décors sont à tomber ! Si les animations des personnages sont un peu rigides, les visages figurent en revanche parmi les plus réussis qu'il m'ait été donné de voir et même les plus révélateurs des gros plans restent très acceptables. Les bruitages sont convaincants, mais ils n'ont rien d'extraordinaire, alors que les différentes musiques (et en particulier le morceau principal) sont aussi splendides que parfaitement intégrées à l'ambiance du jeu. Contrairement à ce qui avait été annoncé, Max Payne 2 ne propose par contre que la version originale des voix. Ma préférence va toujours pour les voix originales (habitude de cinéphile) mais avouons que l'idée d'avoir deux doublages pour contenter tout le monde était assez séduisante. Il n'en est donc rien et si vous ne comprenez pas l'anglais, il faudra passer par l'activation de sous-titres, heureusement de qualité. Notez enfin que cette splendide réalisation a le bon goût d'être relativement légère et se contente sans trop de dommage d'un XP1600+ pour tourner. Equipez-le de 256 Mo et prenez une petite GeForce 3 pour avoir un jeu parfaitement fluide en 1024x768... De quoi faire jouer la plupart des possesseurs de PC !
Max ou Mona, peu importe : ça bondit toujours autant !
Conclusion
Si vous avez déjà goûté aux joies de Max Payne premier du nom et sous réserve, bien sûr, d'avoir apprécié les aventures de ce flic peu ordinaire, vous pouvez vous jeter sur ce nouvel opus. Les qualités qui ont fait le succès du premier épisode sont toutes bien présentes dans The Fall Of Max Payne. Le scénario parvient à être encore plus riche, les planches graphiques dans le style roman-photo sont encore plus belles et l'action propose un cocktail tout aussi détonant, mais plus varié que celui du premier jeu. Les séquences de rêves / hallucinations sont à ce titre beaucoup plus abouties. Moins longues, moins pénibles, mais encore plus délirantes, elles participent vraiment à l'ambiance incroyable qui se dégage de l'aventure.La présence de véritables modèles donne un côté plus « réaliste », moins « rigolo » à l'ensemble et Remedy en a profité pour aller encore un peu plus loin. Max Payne 2 est donc résolument plus adulte avec une histoire peut-être un peu plus délicate à suivre dans les premières minutes de jeu, mais qui fait aussi la part belle aux relations entre les différents protagonistes. Le bullet-time est toujours aussi convaincant et la réalisation vient en quelque sorte parachever le chef-d'oeuvre en étant aussi splendide que « peu » exigeante ! Max Payne 2 ne peut évidemment prétendre au titre de jeu le plus original de l'année, mais la maîtrise dont a fait preuve Remedy est impressionnante et Kathy Tong si charmante... Des suites comme ça, on en redemande !