En attendant le test du Voyage Au Centre De La Terre des Ukrainiens de Frogwares, voici donc celui de The Black Mirror, un jeu d'aventure développé par Unknown Identity une toute petite société tchèque de quelques personnes seulement. Lorsque l'on regarde les énormes équipes misent en place par certains studios, le staff de Unknown Identity peut faire sourire : tout juste six personnes se sont attelées au développement de The Black Mirror et elles y ont passé pas loin de trois ans... Vous savez toutefois que ce n'est ni au nombre de personnes impliquées, ni au temps de développement que l'on reconnaît un bon jeu !
L'aventure, c'est l'aventure !
Que les allergiques à notre Lelouch national ne s'inquiètent pas et si j'emprunte ici le titre d'un de ses films les plus célèbres ce n'est en aucun cas pour faire un quelconque parallèle avec The Black Mirror. Non, c'est juste que ça allait bien pour illustrer le style du jeu qui nous préoccupe aujourd'hui. Les quelques copies d'écrans publiées tout au long du développement parlent d'ailleurs d'elles-mêmes : il s'agit d'un jeu d'aventure tout ce qu'il y a de plus classique et qui rappellera furieusement aux amateurs des titres tels que Gabriel Knight par exemple. The Black Mirror repose en effet sur une intrigue développée, un scénario aboutit et une ambiance toute particulière distillée par les concepteurs : on est évidemment très loin du "boum-boum, kaboum" de Call Of Duty pour ne citer que le plus récent des jeux d'action. Il semblerait toutefois qu'après une traversée du désert bien longue, le genre de l'aventure revienne sur PC. Alors que de nombreux éditeurs avaient annoncé sa mort car trop confidentiel, le marché du jeu d'aventure semble reprendre des forces et à l'approche des fêtes de fin d'année, nous assistons à l'arrivé simultanée de plusieurs titres intéressants. The Black Mirror fait indiscutablement partie des plus prometteurs d'autant que Micro Application nous a habitué à des prix très étudiés afin que tout le monde puisse en profiter.Douze ans. Voilà douze ans que Samuel Gordon avait quitté la propriété familiale de Black Mirror afin de fuir un drame personnel qu'il ne parvient cependant pas à oublier. En bon héros d'histoire légèrement horrifique, notre gentil Samuel cache en effet un secret coupable qui le hante et participe de l'ambiance du jeu. Malgré ce lourd passé, il revient sur les terres de ses ancêtres car William Gordon, autrefois son plus proche parent, est mort. Bien que cette mort ne puisse en apparence ne s'expliquer que par un suicide, Samuel ne croit pas du tout à cette thèse "officielle". Le journal de William et divers événements auront d'ailleurs tôt fait de le renforcer dans cette idée qui, bien sûr, effraie ses autres parents ! Le décor est planté et Samuel va devoir arpenter les murs du château de Black Mirror, les allées des environs et questionner les habitants de la région pour tenter de découvrir ce qu'il s'est réellement passé. La forme que prend cette trame scénaristique est comme nous l'avons dit tout à fait conventionnelle, du moins pour qui a l'habitude de manipuler les "point & click" dans le style des Monkey Island, Gabriel Knight ou bien, plus récents, Syberia et Runaway. Dans un décor entièrement réalisé en 3D, il va donc falloir diriger un unique personnage et lui faire découvrir différents objets, différents lieux et différents personnages, le tout à la souris et en minimum de clics grâce à une interface de qualité.
Petites discussions, découverte d'objets et résolution d'énigmes : pas de doute, c'est du "point & click" !
Classicisme et efficacité
Comme de coutume avec ce genre de titres, l'aventure est relativement simple dans son déroulement. Samuel arpente les lieux à la recherche d'indices qui le plus souvent prennent la forme d'informations glanées au détour d'une discussion ou bien celle d'un objet à utiliser par la suite. La principale difficulté d'une aventure de ce type étant de trouver quoi faire et à quel moment. Les nombreux personnages (23 au total) ont leurs petits secrets qu'ils ne dévoilent pas au premier venu et les très nombreux objets (une bonne centaine) à découvrir et utiliser donneront du fil à retordre aux néophytes. L'habitué trouvera pour sa part que le niveau de difficulté n'est pas très élevé et, pour une fois, il ne pestera pas contre une énigme exagérément tordue pour rallonger la durée de vie. Dans l'ensemble c'est d'ailleurs toute l'aventure qui a une cohérence plutôt agréable. L'histoire se tient, le comportement des différents intervenants également et si l'on accepte le parti pris inhérent au genre comme par exemple les enchaînements d'actions à effectuer dans un ordre bien précis, on est agréablement surpris par cette aventure singulière à la rigueur remarquable. L'histoire promet une bonne vingtaine heures de jeu aux aventuriers les plus affûtés et sûrement plus de trente pour les autres. Enfin et cela ne gâte évidemment rien, la réalisation est très soignée.On regrettera de suite que l'intégration des personnages "3D" aux magnifiques décors ne soient pas particulièrement réussie, mais c'est assez rapidement oublié devant les merveilles que constituent ces splendides planches graphiques. Certains objecteront que tous cela aurait mérité des animations plus nombreuses (à part quelques lumières vacillantes ou quelques oiseaux, tout est très calme), mais cela participe en fait de l'ambiance empreinte de mystère que distille le jeu. La bande sonore est à ce titre particulièrement bien faite. Extrêmement discrète, elle appuie en réalité chaque événement, chaque découverte et même s'il n'est pas vraiment possible de se souvenir d'un morceau précis, elle aura accompagné le joueur tout au long de sa quête. Quête qui, et je terminerais avec cela, s'accommode très bien des machines les moins puissantes. Le genre du "point & click" n'est pas connu pour sa gourmandise et The Black Mirror tourne par exemple très bien avec un simple Celeron 500 MHz et 128 Mo de mémoire : la carte graphique n'a presque aucune importance et même une petite GeForce 2 MX400 s'en sort parfaitement.
Une réalisation splendide malgré l'incrustation parfois perfectible des personnages "3D"
Conclusion
Jeu d'aventure au concept relativement classique, The Black Mirror ne peut évidemment pas prétendre révolutionner le jeu vidéo PC. C'est également ce qui explique la relative brièveté de notre article qui ne pouvait entrer davantage dans les détails sans déflorer le principal intérêt du jeu : son intrigue ! The Black Mirror s'appuie en effet sur un scénario travaillé et intéressant où le mystère a la part belle. Le joueur va de découvertes en découvertes sans ressentir la moindre lassitude et même si le classique "je suis coincé alors j'essaye toutes les possibilités" est encore de la partie, on ne pourra que saluer le travail des développeurs : cette rengaine n'arrive pratiquement jamais.L'aventure est longue sans qu'il ne soit nécessaire d'employer des artifices particulièrement tordus et la réalisation est au rendez-vous même si les personnages auraient pu être plus soignés. La version française est globalement de qualité sachant toutefois que le rendu des voix ne plaira pas forcément à tout le monde. Enfin et c'est là aussi une excellente chose : The Black Mirror reste accessible à tous tant par sa difficulté (jamais d'énigmes "prise de tête") que par sa légèreté (une "petite" machine fait très bien l'affaire). Micro Application a en plus eu la bonne idée de faire un effort sur le prix de vente puisqu'il est possible de trouver The Black Mirror à 35 euros.
A l'approche des fêtes, voilà typiquement le genre de jeux qui ne plaira pas aux tenants du "j'ai un plus gros flingue que le tien" mais qui fera à n'en pas douter plaisir à de nombreux occasionnels qui retrouveront une aventure bien construite et originale même si l'horreur régulièrement mise en avant par l'éditeur n'est pas au rendez-vous (est-ce vraiment un mal ?).