Le fabricant taiwanais Abit est réputé, depuis des temps immémoriaux, pour concevoir des Cartes mères présentant d'excellentes aptitudes à l'overclocking. Si selon les modèles cette légende se vérifie plus ou moins, Abit a récemment entrepris un repositionnement de ses produits pour les rendre plus attractifs auprès des utilisateurs avancés friands d'overclocking.
En début d'année Abit a profité du lancement des nouveaux chipsets Intel pour proposer une carte mère haut de gamme baptisée IC7. Architecturée autour du Canterwood (Intel i875) cette carte mère fut une franche réussite pour le constructeur. C'est donc tout naturellement qu'elle a servie de base à la mise au point de l'Abit IC7-Max3. Sous le nom 'Max' Abit propose des cartes mères proposant généralement un nombre incalculable d'options. L'IC7-Max3 ramène donc à la vie la mythique série des cartes mères Max qui n'avait pas connue de nouveau représentant depuis l'IT7-Max2. Reprenant des caractéristiques techniques similaires à l'IC7 de première génération, cette toute nouvelle carte mère ajoute des fonctionnalités pour le moins inédites comme l'inclusion d'un système de refroidissement de type OTES !
L'OTES (de l'air) sur une carte mère ?
A première vue et à part quelques gaudrioles l'IC7-Max 3 ressemble comme deux gouttes d'eau à l'IC7G. Il s'agit donc d'une carte mère pour Processeurs Pentium 4 supportant les derniers processeurs à FSB800 intégrant la technologie HyperThreading. Mais à première vue seulement... Si la carte est bien au format ATX et dispose comme le précédent modèle d'un PCB noir aux embouts arrondis, on note l'apparition d'une gaine en plastique bleu translucide qui recouvre les divers composants de l'alimentation quadriphasée. Ce conduit pour le moins étrange débouche sur un ventilateur translucide qui a la particularité de s'illuminer de vert en fonctionnement. Il s'agit là du nouveau système OTES dont le rôle est d'assurer le refroidissement de l'alimentation pour permettre en théorie une plus grande stabilité lorsqu'il s'agit d'overclocking. La mise en place de ce système, qui se trouve au dessus du socket 478 implique quelques changements dans la façon d'installer la carte mère. Tout d'abord la partie supérieure de la carte intègre deux vis maintenant le système OTES et servant à fixer la carte mère au boîtier. Autre habitude à prendre le clipsage du ventirad Intel est rendu plus délicat par la présence du système OTES qui a tendance à culbuter les accroches en plastique du système de fixation. Si nous restons dubitatif quand à l'utilité réelle du système OTES il faut reconnaître que celui-ci n'est guère bruyant. Ouf !Le reste des caractéristiques techniques...
Outre cet imposant système OTES, les connaisseurs remarqueront le tout nouveau radiateur surplombant le chipset i875P. Abit a en effet opté pour un radiateur circulaire bleu surmonté d'un ventilateur translucide qui devrait permettre au chipset de ne pas trop s'échauffer lorsque l'overclocking est sollicité. Du côté de la dissipation thermique la carte semble donc plutôt bien armée. Mais ce n'est pas son seul atout... Outre les quatre bancs mémoire, la carte dispose de cinq ports PCI, d'un port AGP Pro 8x (sans ergot de maintient donc), de deux connecteurs IDE et d'un connecteur floppy pour le lecteur de disquette. Le chipset Intel i875P est ici utilisé avec le southbridge ICH5-R qui offre, rappelons-le, une prise en charge de deux canaux Serial-ATA 150 et du RAID. Non content de cela, les ingénieurs d'Abit ont incorporé une puce Silicon Image de nouvelle génération (ce n'est donc pas la même que celle utilisée sur l'IC7-G) Sil3114CT176 : celle-ci peut gérer quatre canaux Serial-ATA 150 ce qui porte le nombre total de périphériques Serial-ATA utilisables simultanément avec l'IC7-Max3 à six ; un record pour une carte mère ! On peut naturellement s'interroger sur l'utilité de cette fonction vu que les périphériques Serial-ATA sont encore peu répandus...Carte mère Abit IC7-Max3
Tout comme sur l'IC7-G, Abit utilise un contrôleur réseau Intel Gigabit qui utilise le tout nouveau bus CSA dans le but de décharger le bus PCI. Le dernier chipset d'Intel ne gérant pas le FireWire, l'IC7-Max3 est dotée d'un contrôleur FireWire Texas Instruments. La partie audio de la carte fait peine à voir puisqu'Abit se contente d'un banal circuit Realtek ALC650 alors que des chips plus évolués tels l'ALC655 ou l'ALC658 auraient été plus à la hauteur du concept haut de gamme de la carte mère. Dans les énumérations précédentes on notera l'absence criante d'un quelconque contrôleur RAID IDE intégré. Normal la carte ne gère pas le RAID IDE et se contente d'un support RAID Serial-ATA ce qui est fort dommage vu le positionnement du produit.
Une connectique déroutante
Les premières Cartes mères Max d'Abit avaient fait parler d'elles de par l'absence de connecteur PS/2. Ce choix irréfléchi avait pénalisé les cartes Abit puisque les fabricants de clavier ont tous stoppé la fabrication de Claviers USB pour revenir à la bonne vieille interface PS/2. Les ingénieurs d'Abit ont vraisemblablement tiré les enseignements de cette erreur et c'est ainsi que pour notre plus grand bonheur l'IC7 Max3 propose logiquement deux connecteurs PS/2. On trouve en sus de cela quatre ports USB 2.0, un port FireWire, un port RJ45, cinq connecteurs audio au format jack (micro, line-in, line-out, rear-speaker, voie centrale) et deux prises TOSLink correspondant à une entrée et à une sortie optique. Abit se sent vraisemblablement investi de la mission de moderniser nos systèmes et les ports parallèle et série passent à la trappe sans autre forme de procès. Si dans l'absolu ce choix est compréhensible, en pratique il en va tout à fait autrement de mon point de vue. Avec l'IC7-Max3 vous ne pourrez pas utiliser votre imprimante laser qui accuse un certain âge mais fonctionne toujours très bien ni même votre modem 56k que vous conservez pour émettre ou recevoir quelques faxs de temps à autre...Une connectique particulière...
Toujours au chapitre de la connectique on note que la carte ne dispose que de trois connecteurs pour ventilateurs dont un est réservé au CPU (le ventilateur du chipset est sur un quatrième connecteur). Autre déception les pins ATX pour le raccordement des diodes et autres fioritures ne présentent aucun code couleur. Du côté de l'agencement des divers connecteurs sur la carte il n'y a pas grand-chose à redire, Abit ayant fait du bon travail.
Des accessoires, en veux-tu ? en voilà !
Depuis quelques mois déjà Abit soigne particulièrement la présentation de ses produits. Ainsi les cartes mères sont-elles livrées dans des boîtes agencées et compartimentées où chaque chose a sa place. L'IC7-Max3 n'échappe pas à cette nouvelle règle et dans la première boîte d'accessoires on trouve : un IO-Shield, quatre câbles Serial-ATA, deux adaptateurs d'alimentation Molex vers Serial-ATA, une nappe ronde IDE et une nappe ronde floppy toutes deux de couleur noire. Abit fournit également un T-Bracket regroupant deux ports USB 2.0, et deux ports FireWire (dont un de type A).L'autre boîte qui se présente comme un livre que l'on ouvre contient les modes d'emploi et CD d'installation de la carte mère sans oublier le traditionnel autocollant et la disquette de pilotes Serial-ATA. La surprise vient de l'emballage SecureIDE. Abit innove dans le domaine de la sécurité des données en étant le premier constructeur de cartes mères à livrer un module encryptant à la volée les données stockées sur votre disque dur.
Un package bien garni
Abit Secure IDE
Comme nous l'évoquions à l'instant Abit livre l'IC7-Max 3 avec un module s'intercalant entre votre disque dur principal et la nappe floppy. Totalement transparent pour le système d'exploitation et ne nécessitant donc aucun driver, ce module exploite un composant ASIC eNova LX-40 qui utilise une encryption de 40 bits : les données que vous stockez sur votre disque dur sont ainsi encryptées et décryptées à la volée. Pour accéder à vos données il vous faut utiliser une clé. Celle-ci se présente sous la forme d'un dongle FireWire que vous connecterez au T-Bracket livré par Abit.La mise en place du module Secure IDE est simple mais nécessite quelques câblages : il faut relier le circuit à une alimentation via le câble en Y fournit puis il faut le configurer à l'aide de cavaliers en indiquant le type de disque dur utilisé (ATA 100 ou 133) et son positionnement dans la chaîne IDE (Master ou Slave). Il ne faut pas oublier d'installer le T-Bracket indispensable au bon fonctionnement de l'appareil : celui-ci se relie à un port de la carte mère et offre en sortie un câble avec une prise FireWire femelle dans laquelle vous introduirez l'une des deux clés livrées. Sans la clé, le système ne pourra pas démarrer et vos données resteront inaccessibles pour le commun des mortels.
Notez qu'il faudra impérativement reformater le disque dur que vous désirez protéger avant de pouvoir l'exploiter. Précisons également que le T-Bracket de la clé de sécurité ne pourra pas être utilisé pour connecter des périphériques FireWire conventionnels.
Un BIOS éculé
Le BIOS de cet IC7-Max3 est assez décevant... En effet on aurait pu s'attendre à découvrir un BIOS entièrement refondu mais il n'en est hélas rien. On retrouve donc un BIOS strictement similaire à celui de l'IC7-G. Les options sont plus ou moins semblables et l'overclocking s'opère par la traditionnelle mais néanmoins excellente technologie SoftMenu qui permet de régler au MHz près la vitesse de fonctionnement du FSB. Outre ce grand classique le BIOS permet d'ajuster les timings mémoire à votre convenance et offre la possibilité de modifier les voltages des différents éléments : CPU, mémoire, port AGP. Ceci dans le but d'assurer une stabilité parfaite dans le cadre d'un overclocking. Durant nos tests nous avons poussé la carte à un joli petit front side bus de 250MHz sans rencontrer le moindre problème de stabilité.Tout comme l'IC7-G, l'IC7-Max3 propose différents niveaux de personnalisation du PAT avec les modes F1, Turbo, StreetRacer et automatique. L'activation de l'un ou l'autre de ces modes provoquera, en fonction de vos barrettes mémoire, des résultats plus ou moins erratiques. Comprenez que votre Windows favori aura une chance sur deux de ne pas démarrer. Il semble donc plus prudent de modifier manuellement les timings mémoire plutôt que de rendre trop agressif la technologie PAT. Précisons que la maintenance du BIOS est aisée puisque outre l'utilitaire de mise à jour automatique sous Windows, il peut être flashé dès le démarrage du système sans la moindre disquette de boot.
Afin de se faire une idée des performances de l'IC7-Max3 nous l'avons soumise à divers tests. Puis nous avons comparé les résultats ainsi obtenus à ceux relevés, à configuration identique, avec d'autres Cartes mères comme l'excellente Asus P4C800 ou l'Intel D875PBZ. Nous n'avons pas manqué d'inclure une carte mère à base de chipset Intel i865PE. Vous trouverez ci-dessous le détail de nos diverses configurations de test :
- Cartes mères Asus P4C800 Deluxe, Abit IS7-G, Abit IC7-G, Abit IC7-Max3, Intel D875PBZ,
- Processeur Intel Pentium 4 C 2.8GHz,
- 2x256Mo DDR400 Corsair CAS 2.0 (Timing : 7/3/3/2),
- Disque dur Seagate 120Go UDMA100,
- PNY GeForce FX 5900 Ultra
CPUMark 99
Le test CPUMark 99 mesure les performances brutes d'un processeur. Ici nos diverses cartes mères délivrent des performances assez proches. Si l'Asus P4C800 Deluxe est naturellement en tête du fait de son FSB légèrement supérieur à 200MHz, on constate que l'IC7-Max3 décroche un résultat similaire à celui de l'IC7-G.
3DMark 2001 SE
Avec 3DMark 2001SE, la suprématie de l'Asus P4C800 reste incontestée. L'Abit IC7-Max3 fait un tout petit peu mieux que sa petite soeur, l'IC7-G, grâce à un score 1% plus élevé. Face à l'Intel D875PBZ, la dernière-née d'Abit est 2% plus rapide.
3DMark 2003 - Test processeur
Le test processeur de 3DMark 2003 montre que les ingénieurs d'Abit ont quand même effectué quelques petites optimisations qui permettent à l'IC7-Max3 d'être plus rapide que l'IC7-G. Certes l'écart de performances ne dépasse pas 1%, mais il permet à l'IC7-Max3 de se rapprocher de l'excellent niveau de performances offert par l'Asus P4C800 Deluxe. L'IC7-Max3 se révèle 1.5% plus rapide que la carte mère Intel D875PBZ mais 7% plus lente que la P4C800.
Unreal Tournament 2003 - Botmatch Antalus
Unreal Tournament 2003 est naturellement favorable à la P4C800 Deluxe, qui termine une fois de plus largement en tête. Notre Abit IC7-Max3 ne démérite toutefois pas et termine seconde avec une très légère avance sur l'IC7-G.
CineBench 2003
CineBench 2003 ne permet pas de véritablement départager nos diverses cartes mères tant les écarts sont faibles. On retrouve en tête la P4C800 suivie par les cartes Abit IC7-G et IC7-Max3.
PCMark 2002
PCMark 2002 est un outil de test synthétique qui évalue d'un côté les performances du système mémoire et de l'autre les performances du processeur. On constate une fois encore de très faibles variations entres les différentes cartes mères. Seule l'Asus P4C800 sort du lot avec un excellent score pour le sous-système mémoire grâce à l'emploi d'un FSB plus élevé que la norme.
SiSoft Sandra 2003
Les tests menés par SiSoft Sandra 2003 montrent que les performances Processeurs sont très similaires d'une plate-forme à l'autre avec d'infimes variations. On remarque tout de même que l'IC7-G semble un brin plus rapide que l'IC7-Max3. Du côté des performances mémoire, la P4C800 Deluxe d'Asus reprend le large avec un avantage non négligeable de 6% sur l'IC7-Max3. Face à l'IC7-G, l'IC7-Max3 semble délivrer des performances mémoire un soupçon meilleures.
Conclusion
L'Abit IC7 Max3 est certes une bonne carte mère haut de gamme, mais elle souffre d'un mal commun à nombre de Cartes mères qui se résume à un manque cruel d'innovation. Disons le sans ambages, le système OTES est une pure fioriture dont on aurait pu se passer... Or sans l'OTES que reste-t'il à l'IC7-Max3 pour se démarquer de la concurrence ? Pas grand-chose si ce n'est peut être la disparition des ports parallèle et série qui est à mes yeux fort préjudiciable.Vous l'aurez compris, malgré son niveau d'équipement et ses bonnes performances, l'IC7-Max3 n'a que bien peu d'arguments tangibles pour s'imposer face à sa petite soeur l'IC7-G ou à sa concurrente directe l'Asus P4C800. Abit aurait certainement pu faire l'économie de ce modèle dont le prix est en outre assez élevé. A l'avenir, nous espérons qu'Abit concentrera ses efforts sur l'agencement et l'enrichissement du BIOS, option qui n'a hélas pas été retenue avec l'IC7-Max3.