La vie nous réserve parfois de drôles de surprises. Prenez par exemple l'arrivée des derniers titres Ubi Soft à la rédaction de Clubic et regardez les recommandations PEGI. Alors que Prince Of Persia : The Sands Of Time est accompagné d'un 12 ans et plus, Beyond Good & Evil se voit lui affublé d'un 7 ans et plus. Loin de moi l'idée de critiquer ce décalage entre les deux productions. Non, je me demande simplement pourquoi donc est-ce Honkytonk Man qui teste Prince Of Persia et moi qui me tape le jeu pour gamins ?
C'est vrai quoi, moi je n'ai même pas encore eu le temps de mettre mes grosses pattes sur les galettes du Prince (NDLR : fourrées chocolat, les galettes ?!)... C'est injuste ! C'est vraiment trop injuste ! Mais, comme me l'a dit fort justement le rédac' chef (voix de Brando dans Le Parrain) : "Arrête un peu d'ouvrir ton claque-merde, petit ! Tu n'as même pas encore testé ce qu'on te file que tu brailles déjà !". Remarquez, que dans son infinie sagesse qui confine parfois au divin (NDLR : tu en fais trop là), il n'a pas tort notre rédac' chef... Après tout, c'est quand même Michel Ancel (Rayman 3) qui est derrière le projet !
Jade et les conquérants de Hyllis
Non, c'est vrai, Michel Ancel ce n'est pas n'importe qui et sa dernière réalisation, Rayman 3 donc, était sans conteste la meilleure de la série. Avec Beyond Good & Evil, il change un peu de registre et abandonne pour une fois son "Monsieur Patate". L'héroïne du jeu n'est autre qu'une charmante jeune femme prénommée Jade. Son histoire débute alors que la petite planète Hyllis est une nouvelle fois la victime d'une attaque des infâmes DomZ. En effet, ces créatures répugnantes lancent régulièrement des attaques à base de météorites sur Hyllis et les habitants ont appris à faire avec en se protégeant derrière des boucliers plus ou moins efficaces. C'est évidemment le cas de l'orphelinat dont s'occupe notre future meilleure amie, Jade, et son oncle adoptif Pey'j. Hélas, par un malheureux concours de circonstances, il se trouve que le compte en banque de Jade et Pey'j est à sec et qu'ils ne peuvent payer l'électricité nécessaire au bon fonctionnement dudit bouclier. Le résultat ne se fait pas attendre et quelques secondes après l'arrivée des premières météorites, ce sont des DomZ bien réels qui attaquent Jade et les orphelins.Cette séquence spectaculaire et le combat qui en découle constituent les premiers instants du jeu. Une introduction interactive en somme et d'ailleurs tout à fait à l'image du reste du jeu comme nous le verrons rapidement. Dans l'ensemble, Beyond Good & Evil dispose d'une interface extrêmement simplifiée et pour parvenir à la séquence décrite précédemment, il n'aura fallu que choisir la langue du jeu puis "nouvelle partie" sur le menu. Les contrôles peuvent être modifiés mais par défaut ils sont plutôt corrects et le premier combat contre les DomZ sert d'ailleurs de didacticiel pour un apprentissage plutôt musclé ! Les adversaires ne sont pas très costauds et le combat tourne rapidement à l'avantage de Jade qui se fait toutefois capturer par une ennemi un peu plus coriace. Pey'j "vole" alors à son secours et la deuxième séquence action peut commencer afin d'apprendre au joueur quelques nouvelles techniques de combat et la maniement du très efficace bâton de la belle.
Après une introduction extrêmement sommaire, il faut déjà se familiariser avec des contrôles heureusement limpides
Un scénario d'une grande richesse
Une fois le "boss" vaincu, la tension peut enfin retomber et Jade s'approprier la précieuse perle d'Aramis qu'a laissé la créature. Le joueur a alors tout le temps qu'il veut pour apprécier l'univers mis au point par Michel Ancel et son équipe. Le joueur dirige Jade sur la petite île qui contient le phare / orphelinat de la demoiselle. Il rencontre un à un les différents habitants, apprend que Pey'j est un spécialiste de la mécanique et qu'un ordinateur très sophistiqué leur rend de nombreux services. Afin d'alimenter, et pas seulement en électricité, tout ce petit monde, Jade effectue des reportages photos pour différents employeurs. Hélas, en ce moment les affaires sont plutôt calmes et c'est donc avec joie qu'elle accepte coup sur coup deux jobs. Le premier concerne la faune de Hyllis qu'une scientifique désire immortaliser sur pellicule. Ce boulot permet de se faire de petites mais régulières rentrées d'argent tout au long du jeu car les espèces animales ne manquent pas sur la planète. C'est toutefois avec le second boulot confié à Jade que l'aventure peut vraiment commencer. Après une première mission "prétexte" destinée à tester l'habileté de Jade c'est en fait Iris qui recrute la jeune femme. Iris étant le nom d'un mouvement de résistance présent sur plusieurs systèmes.La volonté de ses membres est de faire éclater ce qu'ils considèrent comme la vérité à savoir que les Sections Alpha, censées protéger les habitants d'Hyllis des terribles DomZ, seraient en fait de cheville avec les envahisseurs. Ces Sections Alpha auraient ainsi fait disparaître de nombreux Hylliens. Le dernier "disparu" en date n'est autre que le meilleur agent du groupe Iris : l'étonnant Double H. Il a été enlevé alors qu'il faisait une enquête dans une fabrique très particulière et Jade doit bien sûr voler à son secours. Les missions que Jade doit accomplir sont relativement nombreuses et leur déroulement est varié. Il est ainsi très difficile de dire que Beyond Good & Evil est "seulement" un jeu de plates-formes. Si par moment, il fait immanquablement penser au très récent Prince Of Persia : The Sands Of Time, il s'en éloigne presqu'aussitôt pour lorgner du côté de l'infiltration. Il faut alors pénétrer dans une base ennemie en évitant de se faire remarquer par les nombreux gardes beaucoup mieux armés que la pauvre Jade. A d'autres moments, c'est une partie de palets un peu particuliers qu'il faut remporter pour acquérir la perle de Francis, la star locale, ou bien à de véritables courses d'hovercraft qu'il faut participer ! La partie aventure / promenade est également bien développée et Jade doit interroger de nombreuses personnes pour mener à bien ses missions. De multiples boutiques permettent également de se procurer quelques équipements bien pratiques. Enfin et contrairement à de nombreux autres jeux d'aventure / action, Beyond Good & Evil laisse une certaine liberté au joueur.
Evidemment, cette liberté est toute relative et il est impératif de déclencher certains événements très précis pour que l'intrigue avance, mais cette sensation est tout de même suffisamment rare pour être soulignée et appréciée ! Il faut en outre signaler l'excellent système de sauvegarde imaginé par les développeurs. A mi-chemin entre le tout-checkpoint de nombreuses productions console et la gestion par fichiers des titres PC, Beyond Good & Evil prend le meilleur des deux mondes. Avant de quitter la partie, le joueur doit ainsi impérativement sauvegarder sa progression via un terminal et un Mdisk (unité de stockage sur laquelle Jade découvre de temps à autres de nouvelles informations). Ces terminaux sont relativement nombreux et on ne peut pas vraiment dire qu'il s'agisse d'un système contraignant. Par contre et pour remplacer les sauvegardes rapides des jeux d'action PC, Michel Ancel et ses compères ont mis en place un système de checkpoints totalement invisibles aux yeux du joueur. Lorsque celui-ci meurt (NDLR : quoi ? La jolie Jade... Mourir ?), il est automatiquement ramené, bien vivant, à l'entrée de la salle ou au début du couloir selon le cas (NDLR : ouf !). Très nombreux, ces chekpoints évitent au joueurs la corvée de la sauvegarde régulière et sont particulièrement indiqués pour les plus jeunes !
Jeu de palets, courses d'hovercraft, séances photos (Pey'j, tu es dans le champs !) et alternance combats / infiltration : Beyond Good & Evil, un jeu varié !
Un peu de technique ?
Un jeu aussi varié que Beyond Good & Evil se devait de proposer des commandes aussi limpides que possible. En outre l'orientation "jeune public" clairement annoncé par Ubi Soft ne pouvait s'accompagner d'un lourd pavé de 500 pages pour expliciter les contrôles. Nous l'avons dit précédemment, l'interface est on ne peut plus simple. Intégralement en français (ou allemand, ou anglais, ou espagnol, ou même italien !), elle ne s'embarrasse pas de menus complexes. On atteint très rapidement la rubrique désirée et en quelques petits clics, on ouvre l'inventaire, on utilise la carte ou bien on consulte les différents messages envoyés par les autres membres du réseau Iris. De la même manière, les commandes sont constamment rappelées à l'écran. En plus du didacticiel intégré au jeu qui est la meilleure façon d'apprendre vraiment les différentes actions possibles, les touches nécessaires pour telle ou telle intervention sont discrètement signalées. Cela ne gâche en rien la réalisation graphique du jeu et permet par contre de le conseiller à tous les publics, à tous les joueurs quelque soit leur âge. Le personnage de Jade répond d'ailleurs parfaitement bien aux sollicitations du joueur et ce, chose de plus en plus rare sur PC, avec un simple clavier. Au fur et à mesure de la progression, le niveau de difficulté monte évidemment et on est parfois confronté à des créatures plutôt délicates. Le problème étant qu'en plus il faut essayer de les photographier pour faire parvenir le cliché à la scientifique déjà citée.Ce mélange des genres et ces nombreuses actions simultanées ne sont possible que grâce à l'excellente gestion des contrôles. Il faut par contre bien avouer que lors de certains passages très précis la gestion des caméras n'est pas toujours parfaite. C'est particulièrement vrai lors des phases d'infiltration et pourra gêner les joueurs les moins expérimentés même si on s'y habitue heureusement assez vite. Chose à laquelle on ne s'habitue par contre jamais : la réalisation graphique. Je vous ai eu là ? Vous êtes déjà en train de vous dire que Beyond Good & Evil est moche, non ? En fait, pour être plus exact, on ne s'habitue jamais à l'incroyable réalisation graphique ! Rayman 3 était déjà un modèle du genre mais là on peut dire qu'Ubi Soft s'est tout simplement surpassé. Les décors sont très nombreux, très variés et dans l'immense majorité des cas magnifiques. Les couleurs sont splendides, les modélisations très réussies et les différents personnages, certes un peu caricaturaux, sont très attachants. Les animations ne sont toutefois pas en reste et les mouvements de notre héroïne sont toujours parfaitement fluides, parfaitement coulés. Le comportement des autres personnages n'est pas moins réussi même si évidemment plus anecdotique. Enfin, il n'est pas possible de passer sous silence l'excellente bande son qui ne fait regretter qu'une seule chose : que l'ensemble des dialogues ne soit pas doublé ! Il faut dire que Beyond Good & Evil occupe déjà la bagatelle de 2 Go sur le disque !
C'est malgré tout regrettable tant les interventions sont toutes parfaitement réussies. De Emma de Caunes qui interprète Jade aux autres doubleurs, il n'y a pour ainsi dire aucune fausse note. Certaines réparties ne manqueront d'ailleurs pas de marquer les joueurs comme "l'esprit sain dans un porcin" de Pey'j ou le fameux "binôme" de Double H. Seule bémol à cette splendide réalisation, la configuration nécessaire est, vous vous en doutez sûrement, relativement exigeante. Le Pentium 3 à 700 MHz recommandé par Ubi Soft est évidemment très loin du compte et il me semble plus honnête de vous conseiller un Pentium 4 1.8 GHz ou un Athlon XP1800+ pour être plus à votre aise. Equipez-le d'une belle quantité de mémoire vive (256 Mo), d'une carte graphique récente (Radeon 8500 ou GeForce 3 par exemple) et vous serez à même de vivre correctement cette très belle expérience.
Mis à part quelques petits soucis de caméras, la réalisation technique de Beyond Good & Evil est pratiquement un sans-faute : jeux de lumières, ombres volumétriques, animations fluides...
Conclusion
Est-il vraiment nécessaire d'écrire une conclusion à cet article ? Pardon ? Vous lisez d'abord la conclusion et éventuellement le reste si le jeu vous tente ? Rogntudju pour emprunter le juron fétiche d'un certain Prunelle. Remarquez vous être libre d'entamer l'article comme vous le souhaitez et, pour rester fidèle à ma légendaire conscience professionnelle (NDLR : qui, pour le coup, a visiblement éclipsé ta légendaire modestie), je m'en vais donc rédiger une conclusion digne de ce nom et surtout digne de cette formidable réussite que constitue Beyond Good & Evil.Variées, amusantes et magnifiquement réalisées les tribulations de la petite Jade et de son oncle porcin Pey'j constituent une sorte d'OVNI dans le paysage vidéo-ludique actuel. Loin des macabres découvertes des jeux d'action plus classiques, Beyond Good & Evil se rapproche bien sûr de la précédente création de son géniteur Michel Ancel, le célèbre Rayman. Une prise en main immédiate et une aventure suffisamment longue pour tenir en haleine une dizaine d'heures les plus habitués des joueurs (oui, cela reste un peu court hélas) sont les principaux atouts de cette production pour ainsi dire universelle. Habituellement on cherche à indiquer le public potentiel d'un titre, ici il est plutôt question de trouver des joueurs qui pourraient ne pas apprécier Beyond Good & Evil.
Donc si vous considérez que Rayman 3 est plus mauvais que Daïkatana, si vous ne jugez un jeu que sur le nombre d'hectolitres de sang déversés à la seconde ou bien encore si vous devenez tout vert en poussant des beuglements à faire trembler un Lou Ferigno en mal de David Banner dès lors que l'on juxtapose les termes "héros" et "jeune femme", alors n'achetez pas Beyond Good & Evil... Pour tous les autres voici sans aucun doute l'un des meilleurs jeux de cette fin d'année 2003 !