Développé par une jeune équipe de Danois, MediaMobsters, Gang Land surfe sur la vague du crime organisé qui semble devoir s'implanter un peu plus chaque jour dans notre paysage vidéo-ludique. On reste cependant ici très loin du style aventure / action des célèbres Grand Theft Auto ou True Crime. Gang Land ne ressemble en réalité pas à grand chose de récent et la référence la plus évidente qui vient à l'esprit du testeur nostalgique est le vénérable mais franchement ancien Syndicate.
Imaginé par Peter Molyneux, Syndicate était un jeu de stratégie temps réel très particulier où l'action prenait bien souvent le pas sur une quelconque forme de réflexion. c'est ce cocktail d'adrénaline que les développeurs de MediaMobsters ont voulu retrouver avec Gang Land. Un cocktail qu'ils ont tenté de remettre au goût du jour en éliminant l'aspect science-fiction mais en profitant également des progrès technologique et de l'engouement pour les affrontements en multi-joueurs.
Aller au matelas ?
Pas franchement original et surtout sans grand intérêt pour la suite de l'aventure, le scénario du jeu est on ne peut plus basique. Vous y incarnez Mario, cadet d'une famille sicilienne et envoyé aux Etats-Unis par son père afin de tuer les assassins du frérot prénommé Chico. La tâche est plus compliquée que prévue puisque les meurtriers en question ne sont autres que les trois frères de Mario : Angelo, Romano et Sonny. Fraîchement débarqué à Paradise City, Mario ne pourra évidemment pas tenter la confrontation directe et devra tout d'abord se faire la main sous les ordres de l'oncle Vincenzo, parrain d'un petit gang en devenir. Ce dernier confie à notre héros différentes missions que l'on devine aisément de plus en plus délicates afin d'asseoir la domination du gang sur la ville. L'ensemble de la campagne simple joueur se déroule en réalité ainsi. Rythmée par une succession de missions "conquête" et de "défis", elle permet de découvrir petit à petit les différentes possibilités offertes aux joueurs. On y apprend tout d'abord à manipuler deux personnages (Mario et un "Gros Bras") afin de régler quelques petits comptes : organiser le racket d'un bar à proximité, prendre le contrôle d'une armurerie ou bien encore éliminer des gêneurs comme ces flics ripoux qui n'hésitent à dénoncer Vincenzo et son gang.Le jeu devient rapidement plus complexe et il faut alors savoir jouer sur les deux tableaux : combat et gestion. L'aspect gestion repose essentiellement sur le contrôle d'un certain nombre de boutiques. Chaque gérant doit être "persuadé" de coopérer (racket) ou carrément d'appartenir (contrôle) au gang. Il faut bien sûr éliminer ses gardes du corps avant qu'un gérant ne puisse être "convaincu" par nos arguments. Les boutiques sont assez nombreuses dans le monde de Gang Land. On y retrouve donc les indispensables armureries, mais aussi des bijouteries, des garages, des distilleries ou encore des restaurants, des casinos et des maisons closes. Si la plupart d'entre elles se résument à un moyen d'arrondir les fins de mois, certaines permettent tout de même de profiter de différents avantages, le plus souvent des marchandises très précises comme des bijoux, des vêtements de luxe, de l'alcool ou des pièces détachées. L'armurerie a bien sûr une importance toute particulière puisque c'est elle qui fournit en armes vos escouades et c'est également elle qui détermine votre approvisionnement en munitions. Enfin, de nombreuses "boutiques" permettent de recruter du personnel : il faut alors faire le tour des différentes structures sous contrôle pour obtenir le ou les membres qui manquent à votre équipe.
La gestion d'un véritable empire du crime doit se faire étape par étape, mission par mission...
Les restaurants constituent les lieux de recrutement privilégiés puisqu'on y trouve des Entraîneuses, des Gros Bras, des Dézingueurs et des Hommes de Main. Ces quatre types d'unités constituent le gros des troupes et disposent bien sûr de caractéristiques très différentes. Les Entraîneuses sont rapides mais ne blessent pas leurs victimes : elles ne font que les ralentir et les "sonner" en leur projetant du gaz lacrymogène. Le Gros Bras est évidemment beaucoup plus lent mais en plus de "sonner" les ennemis lui aussi, il sert de véritable bouclier humain protégeant ainsi vos Dézingueurs et Hommes de Main qui possèdent pour leur part "des flingues de concours et la puissance de feu d'un croiseur". Ces quatre types d'unités seront toutefois complétés au fil des missions par des "spéciales" qu'il faut débloquer à l'aide des missions dites "défis". Ces missions aux objectifs très précis sont en temps limité et vous permettent tour à tour de débloquer le Sniper, la Big Mamma, le Mastard ou encore l'Espion. En tout ce sont ainsi 12 unités spéciales qui viendront vous apporter leurs compétences très ciblées : guérison pour la Big Mamma, grande précision de tir pour le Sniper ou utilisation du Bazooka pour l'Artificier ! Une fois débloquées, ces unités ne seront toutefois pas toujours accessibles et, bien souvent, il faudra les enrôler dans des endroits particuliers (Mont-de-Piété pour le Voleur par exemple).
Plus on est de fous, plus on rit...
Si à ce canevas déjà bien riche on rajoute la possibilité de contrôler des véhicules (Mini, Hummer, voiture de sport ou de police), l'opposition fréquente de la Police voire du FBI ou la gestion de la famille (avec en option le mariage et l'éducation des enfants futurs lieutenants du clan), on se rend compte que Gang Land n'est pas simplement un jeu "à concept". Les développeurs de MediaMobsters ont pensé à de nombreux éléments pour enrichir leur titre et offrir le maximum aux joueurs. Il faut hélas bien avouer que malgré leurs efforts, Gang Land souffre en mode solo d'une action trop répétitive. Les missions de "défis" sont trop courtes (chronométrage oblige, souvent moins de 15 minutes) et les douze-quinze missions dites de "conquête" s'avèrent un peu trop similaires les unes aux autres. Bien sûr, comme les différents éléments du jeu apparaissent petit à petit, il faut un certain temps avant de tout découvrir, mais le déroulement même des missions reste lui sans grande surprise d'autant que l'intelligence artificielle n'est vraiment pas un modèle du genre. L'élimination d'un boss adverse se transforme ainsi bien souvent en véritable assaut "grosbilliste" contre sa planque : pas question de diplomatie, avec un maximum de comparse, on fonce dans le tas, "on dynamite, on disperse, on ventile". Malgré un amusement indéniable les premières heures, la campagne solo finit donc par tourner un peu en rond et si vous n'êtes pas un fan du genre, vous pourriez bien être déçu.Pour rajouter un peu de piment aux missions, il aurait déjà fallu que les adversaires soient un peu plus futés et qu'ils évitent de se laisser écraser aussi facilement par vos véhicules. Il aurait également fallu que le jeu ait une profondeur un peu supérieure avec peut-être un aspect jeu de rôle plus développé et la possibilité de conserver les acquis d'une mission sur l'autre. Il aurait surtout fallu trouver un moyen de rendre le déroulement des missions moins monotone. Trop souvent cela se résume à l'enchaînement de trois étapes : 1/ récupération de boutiques et augmentation du capital, 2/ recrutement de partenaires et achat d'équipement, 3/ opération "bourre-pif". Si cela change évidemment des sempiternels FPS dont nous abreuvent de nombreux éditeurs, cela ne peut toutefois pas prétendre procurer la même immersion. En simple joueur, Gang Land sera donc plutôt à voir comme un jeu tranquille, sur lequel on revient pour faire une mission de temps en temps et sûrement pas un titre pour lequel on se passionne un week-end entier. A côté de la campagne simple joueur, il nous faut maintenant parler d'un mode qui devra bien sûr faire ses preuves à long terme et qu'il est encore un peu trop tôt pour juger définitivement : le multi-joueurs. Il permet à un maximum de 8 joueurs de se prendre pour "Les Tontons Flingueurs" en offrant une sorte de condensé de la campagne solo.
Chacun des participants doit en effet et le plus rapidement possible asseoir sa domination en contrôlant un maximum de boutiques. Ces boutiques lui permettront bien sûr d'obtenir un maximum de ressources tant matérielles qu'humaines et ce sont justement ces ressources qui lui ouvriront ensuite les portes de la victoire au terme d'affrontements "nerveux" avec les autres joueurs. Même s'il faudra encore un peu de pratique pour juger de son intérêt à long terme, ce mode s'annonce déjà plus rapide, plus impulsif et de fait moins monotone que le mode simple joueur. Si les combats sont souvent confus, cela ne devrait pas avoir trop d'importance puisque la rigolade semble bien au rendez-vous. En permettant de petites parties assez intenses, Gang Land devrait donc permettre de changer des classiques FPS / RTS au cours de soirées réseau ou de LAN entre amis. On regrettera tout de même qu'un peu plus d'attention n'ait pas été apportée au mode simple joueur d'autant que l'on voit bien le soin avec lequel le jeu a été réalisé : si la bande son est de qualité, c'est surtout le graphisme qui impressionne par sa finesse et ses détails quelque soit le niveau de zoom sélectionné. On appréciera enfin que Gang Land se contente de machines relativement moyennes pour tourner correctement et même si la configuration minimale (600 MHz + 128 Mo) sera bien juste, un "simple" Athlon XP1600+ épaulé par 256 Mo de mémoire et une carte graphique 64 Mo devrait suffire.
Un petit côté "Reservoir Dogs" pour un jeu intéressant mais perfectible
Conclusion
Puisant son inspiration du côté de l'excellent Syndicate, Gang Land ne parvient toutefois pas à rééditer la surprise de son illustre référence. Le concept du jeu est accrocheur et globalement bien maîtrisé par ses instigateurs mais Gang Land peine malgré tout à trouver ses marques. En solo particulièrement, les parties sont un peu trop répétitives pour être vraiment passionnantes, les combats sont un peu trop confus pour être vraiment stratégiques et la gestion trop superficielle pour vraiment faire travailler les méninges. Gang Land ne doit de ce fait pas être joué en "continu" mais plutôt appliqué de manière "homéopathique" : une mission de temps en temps. De cette manière, les nouveautés introduites par les missions paraîtront plus intéressantes, le système de progression (pas de sauvegarde, la position du joueur est enregistrée mission par mission) moins gênant et le jeu plus prenant. Bien que cela reste à vérifier après quelques petits week-end de pratique, c'est en multi-joueurs que Gang Land semble prendre sa véritable dimension. Les parties sont alors beaucoup plus nerveuses et la perversité d'adversaires faits de chair et de sang est encore largement au-dessus de ce que proposent les intelligences artificielles. Même si la stratégie semble limitée et que l'action prend bien souvent le pas sur la réflexion, les affrontements à plusieurs permettent de passer de bons moments. Gang Land vaut donc assurément le coup en multi-joueurs mais il sera par contre plus prudent de tester l'aspect solo avant de se laisser convaincre.Ce produit vous intéresse ? Retrouvez le dans le
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