Je rêvais de l'Afrique
Tout avait pourtant débuté de manière on ne peut plus ordinaire. Passeport et billets d'avion en poche, j'avais embarqué sur un moyen-courrier à destination de ce petit coin d'Afrique. Un taxi m'attendait à la sortie de l'aérodrome, direction Pala, la principale ville de la région où j'étais censé trouver ce Chacal. Plutôt sympa, le chauffeur me faisait la causette alors que nous passions divers checkpoints et que nous assistions à la fuite de quelques populations civiles... Ce pays part vraiment en vrille ! C'est alors que j'ai commencé à me sentir mal. Ce ne sont bien sûr pas ces maisons calcinées et ces cadavres qui me donnaient mal au cœur... J'en ai vu d'autres ! Non, sans vraiment le savoir, je ressentais les premiers effets de la malaria...À peine arrivé à mon hôtel, je suis tombé dans les vapes et à mon réveil, je me trouvais « nez à nez » avec le Chacal, enfin plutôt « nez à machette » ! Ce type, dont la tête vaut un sacré paquet, était en train de me faire la morale, de m'expliquer qu'il est intouchable et que ma mission est terminée. Sûr de sa victoire, un peu mégalo aussi sans doute, il m'a finalement laissé la vie sauve. C'est alors qu'une bataille éclata à l'extérieur de l'hôtel. J'attrapais la machette et le flingue qui traînaient sur la table de chevet et je descendais voir, mais, groggy, je n'étais bon à rien et sans savoir ni pourquoi, ni comment, j'étais embarqué par un des groupes. Me voilà à présent aux ordres d'un certain Carbonell... mais voilà surtout l'occasion de comprendre comment les choses fonctionnent dans ce merdier !
Le petit coin d'Afrique dans lequel nous traînons nos guêtres est contrôlé par deux groupes qui ne se privent pas pour en venir aux mains : l'APR et l'UFLL. Ces deux factions se déchaînent depuis que le Chacal les approvisionne en armes et le but du joueur est tout bonnement d'obtenir un maximum d'informations pour débusquer puis éliminer ce Chacal. En théorie, il ne faut donc pas hésiter à changer de bord afin d'obtenir les meilleurs renseignements, mais également le salaire le plus élevé. Tout se paye en ce bas monde et plus encore lorsque l'on est un mercenaire. En échange de nos services qui vont de la reconnaissance à la destruction de matériel en passant par l'extraction d'un prisonnier ou le massacre d'une escouade, nous sommes rémunérés en diamants, la monnaie locale n'ayant plus guère de valeur.
D'autres mercenaires peuvent devenir vos partenaires et même vous sauver la vie !
Ces diamants permettent ensuite de se payer du matériel de qualité, car en plus d'être une saleté de marchand d'armes, le Chacal livre des produits largement usagés. Oh, c'est bien suffisant pour massacrer des enfants, mais lorsqu'il s'agit de s'attaquer à un groupe de miliciens, il vaut mieux prendre de la marchandise occidentale certifiée, encore que même là il arrive que les flingues vous pètent entre les mains, au plus mauvais moment bien sûr ! Puisque nous parlons des armes et que Far Cry 2 reste malgré tout un FPS, sachez que celles-ci sont divisées en quatre catégories (machette, armes de poing, armes lourdes et divers) et qu'il n'est possible d'emmener qu'une arme de chaque catégorie à la fois. Certains parleront de réalisme, d'autres remercieront plutôt la sortie du jeu sur consoles.
Cette impression d'être véritablement en Afrique change agréablement des environnements auxquels les jeux d'action nous ont habitués et l'immersion réussie par les développeurs en est un élément crucial. L'ouverture du monde, la présence de nombreux points de contrôles tenus par des miliciens ou la possibilité de travailler pour l'APR, l'UFLL voire les civils sont là pour renforcer ce sentiment d'appartenir à un monde bien réel. Nous n'avons que rarement l'impression d'avoir un fil à la patte. C'est notamment le cas lorsqu'il s'agit de devoir renouveler son stock de médicaments pour lutter contre la malaria, mais c'est à peu de choses près le seul exemple et le reste du temps, le scénario en deviendrait presque un prétexte à nous faire découvrir l'efficacité du moteur graphique Dunia.
Certains joueurs seront d'ailleurs un brin frustrés de voir que l'histoire n'a guère d'importance. Bien sûr, il est tout à fait possible de faire attention au moindre dialogue (d'autant que le doublage français est très correct), mais dans l'ensemble on zappe rapidement ces séquences de bla-bla pour rentrer au plus vite dans le vif du sujet. Nous touchons ici à l'un des gros points faibles du jeu : l'ouverture du monde n'a effectivement pas que des avantages et pour atteindre le lieu de sa prochaine mission, le joueur doit souvent faire une bien longue balade. Il existe des bus pour rejoindre les zones éloignées et divers véhicules (4x4, jeep, buggy...) sont disponibles, mais il faut tout de même se taper un sacré « bout de brousse » sans la moindre « Géraldine » sous la main pour « meubler », n'est-ce pas M. Dundee ?
« Je m'appelle Hippolyte le gentil [...] mais c'est étrange, à chaque fois, il y a quelqu'un qui est furieux contre moi »
Ce que l'on appelle le respawn est ici plus accentué que jamais et cela tourne parfois au ridicule. C'est d'autant plus dommage qu'un jeu comme Boiling Point avait ouvert la voie et que ces checkpoints auraient au contraire pu permettre d'enrichir le gameplay au lieu d'agacer le joueur. On aurait effectivement pu imaginer l'achat de sauf-conduits ou la possibilité de s'infiltrer, mais il n'en est rien. Le meilleur moyen est donc, au choix, d'éliminer tout le monde à chaque passage ou de foncer dans le tas avec un véhicule bien costaud et de semer les éventuels poursuivants, ce qui n'est toutefois guère difficile compte tenu de la bêtise pas du tout artificielle dont font régulièrement preuve les multiples ennemis.
En voilà encore quelques-uns de morts... mais ils reviendront bien trop vite !
Far Cry 2 se voulait révolutionnaire sur ce point et le fait est que c'est loupé. Attention, n'exagérons pas les choses et le jeu d'Ubisoft se situe dans une honnête moyenne, mais compte tenu de l'ouverture du monde et des possibilités offertes aux joueurs, les lacunes de l'IA sont d'autant plus flagrantes. Comme d'habitude, les ennemis sont tout d'abord capables de nous repérer de très loin, mais plus gênant encore, de faire mouche avec un fusil à pompe ! En plein jour, l'infiltration est très limitée et au premier coup de feu, l'IA se montre extrêmement agressive en fonçant alors vers le joueur. Les manœuvres de contournement qu'elle tente sont généralement très limitées et elle est incapable d'imaginer qu'on puisse nous-mêmes faire diversion.
Avec Far Cry 2, Ubisoft Montréal a visiblement voulu nous proposer quelque chose de réaliste, tout en restant dans les limites du « raisonnable » et forcément, ça coince. En début de partie, nous avons le choix entre neuf personnages pour notre avatar. Si on peut comprendre qu'un Irlandais pur jus ou qu'un Albanais-Kosovar puisse ne pas être préparé à la malaria, ça passe moins bien dans le cas d'un Haïtien qui semble avoir passé sa vie à bourlinguer dans des zones où la maladie est endémique ! Le principe de « respawn » n'est guère plus réaliste et que dire de ces ennemis qui résistent à une rafale de mitrailleuse lourde ou à du calibre .50 tiré à bout portant ?
D'autres éléments pourraient enfin être critiqués comme la tenue de route des véhicules ou le fait que les combats entre engins se déroulent invariablement de la même manière, mais nous donnerions l'impression que Far Cry 2 ne vaut pas une cacahuète alors que des qualités, le titre d'Ubisoft en a beaucoup. Nous avons parlé des missions et du fait qu'il est possible de les boucler de différentes façons, il est important d'ajouter qu'il n'est ainsi pas nécessaire de toujours foncer dans le tas pour l'emporter. De manière peut-être un peu trop systématique d'ailleurs, il est ainsi possible de trouver des emplacements pour tireur d'élite. Il est également à noter que les combats / missions changent sensiblement selon pas mal de critères.
Nous touchons ici à un sujet sensible et même si les développeurs ont parfois donné dans le gore lorsque notre personnage retire une balle pour se soigner (vive le réalisme), l'ensemble reste politiquement correct. Malgré la guerre civile qui fait rage et le fait que tout ce petit monde est pourri jusqu'à la moelle, les choses restent très mesurées. On ne joue pas pour être rappelé aux réalités du monde, mais là encore on se dit que cela manque de réalisme... avant de repartir buter gaillardement des miliciens à dix contre un ! Enfin, terminons avec le multijoueur. Certes Far Cry 2 est d'abord une expérience solo, mais puisque multi il y a, nous avons voulu le tester. Hélas, les joueurs sont encore rares et nous n'avons donc pas été convaincus pour le moment. Il faudra voir dans quelques semaines si le puissant éditeur a permis de faire évoluer positivement les choses.
Véhicules et missions sont variés offrant une durée de vie remarquable d'au strict minimum 20 heures
Conclusion
Finalement très éloigné du concept que proposait Far Cry premier du nom, le petit dernier de chez Ubisoft Montréal est un titre qui a, en quelque sorte, le « cul entre deux chaises ». L'ouverture du monde, la variété des missions et le principe des deux factions en opposition est quelque chose d'aussi efficace que réussi. La réalisation technique, inégale, est tirée par des notions presque nouvelles dans le jeu vidéo comme la propagation du feu et une excellente gestion des conditions d'éclairage. Hélas, Ubisoft a pêché sur des points au moins aussi importants et son « petit coin d'Afrique » manque parfois de vie alors que l'immersion est souvent torpillé par l'aspect répétitif des choses. On critiquera également l'intelligence artificielle, par trop inégale, et le respawn qui en agacera plus d'un. En définitive, Far Cry 2 fait penser à un croisement entre STALKER et Boiling Point, un croisement imparfait, mais qui mérite que l'on s'y attarde : en espérant un Far Cry 3 complètement abouti !Notez que Far Cry 2 nécessite, sur PC, une connexion Internet pour son activation. Un bug plutôt gênant semble provoquer un écran noir chez certains utilisateurs au lancement du jeu : il faut alors éditer le fichier GamerProfile.xml, en attendant une mise à jour !
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