Fallout. Voilà un nom qui sonne creux à l'oreille de nombreux joueurs, mais qui évoque d'incroyables souvenirs à beaucoup d'autres. Fallout donc, c'est pratiquement dix ans de galère après la sortie du second opus de la série, la fermeture du studio Black Isle et les mésaventures de la licence qui a pris son temps avant de rejoindre le catalogue de Bethesda. S'il est sans conteste l'un des derniers grands studios de développement de jeux de rôle, le créateur des Elder Scrolls (entre autres Morrowind et Oblivion) n'était pas forcément le choix le plus évident pour rendre hommage à l'aspect cynique de la série. Est-ce à dire que le projet Fallout 3 n'avait de toute façon aucune chance d'aboutir à quelque chose d'intéressant ? Ne jetons pas bébé avec l'eau du bain...
Vivons un fol août en plein automne !
Comme ce fut le cas dans les deux précédents opus, Fallout 3 débute à l'intérieur d'un vault... autrement dit, un abri antiatomique particulièrement évolué. S'il ne fait que rarement référence à celui de ses prédécesseurs, l'univers conçu par Bethesda repose évidemment sur les mêmes bases : balayés par de terribles explosions nucléaires, les États-Unis n'ont plus rien d'une grande puissance et la région de Washington n'est qu'un champ de ruines. Les vaults avaient été conçus en prévision d'une telle catastrophe et leurs habitants n'en ont guère souffert, en dehors de la promiscuité qu'un tel abri suppose. En effet, compte tenu de la dangerosité du milieu extérieur, il est impossible d'entrer ou de sortir d'un vault... On y vit et on y meurt, mais avant toute chose, on y nait...Des débuts surprenants et tout en douceur pour se faire la main
Intelligemment intégrée à l'aventure, la phase de création de notre personnage débute avec la naissance de celui-ci. Pas question de vous gâcher la surprise, mais disons simplement que Bethesda a remarquablement fait les choses avec sélection du sexe, des principales caractéristiques et des compétences de base au moyen d'un prologue faisant passer notre héros de nouveau-né à jeune homme avec, pour ses dix ans, un joli cadeau : un pip-boy 3000 quasi neuf, mais nous y reviendrons. La création de notre avatar effectuée, l'aventure peut débuter et cela démarre avec un événement « tragique » : sans que l'on ne sache pourquoi, notre père a quitté le complexe et les agents de sécurité sont à notre recherche. Du coup, nous n'avons guère d'autre choix que de fuir, de quitter l'abri 101 et de retrouver le « papounet » histoire d'avoir des explications.
Cet objectif principal servira de fil conducteur à la première partie du scénario imaginé par Bethesda. Pas question d'en dévoiler les différents rebondissements, mais ce dernier permet de guider, les joueurs qui préfèrent avoir des rails sur lesquels se reposer. Selon le niveau de difficulté, votre habileté et votre vitesse, il devrait vous tenir en haleine une petite vingtaine d'heures, mais il serait évidemment dommage de ne pas aller « plus loin ». En effet, au même titre que la saga Elder Scrolls, les Fallout sont des jeux de rôle dits ouverts où le joueur est presque complètement libre de ses actions. La carte de plusieurs kilomètres carrés est constellée de cités, villages et autres camps dans lesquels vivent toutes sortes d'habitants.
Le jeu de rôle atomisé ?
Certains sont résolument hostiles, d'autres au contraire sont en quête d'un sauveur, mais ils ont en commun de pouvoir faire grimper notre expérience et nous touchons là au premier changement d'importance par rapport à Oblivion : il n'est plus question de faire progresser une compétence en l'utilisant aboutissant à ces trajets idiots où l'on passe son temps à sautiller et à courir pour faire monter son « athlétisme ». Dans Fallout 3, nous revenons à un système plus classique de points à répartir au passage de chaque niveau : on fait ainsi monter ses compétences et on choisit des perks, sorte de traits qui permettent de personnaliser vraiment son héros qui pourra par exemple bénéficier d'une précision de tir remarquable ou d'un métabolisme époustouflant.La rencontre avec les différents personnages non-joueurs est aussi l'occasion de découvrir toute la richesse de l'univers imaginé par Bethesda, de se laisser prendre au jeu et de voir combien Fallout 3 est immersif. Cela tient principalement à la réalisation très « Mad Max » de l'ensemble. Les paysages post-apocalyptiques sont bien rendus avec des textures certes un peu répétitives, mais rien de bien grave. Bethesda n'a pas abusé de certains effets graphiques comme ce fut le cas pour Oblivion et les jeux de lumière (aube / crépuscule notamment) sont magnifiques. On regrettera tout de même que certains lieux se ressemblent pas mal, mais surtout que Bethesda nous oblige à passer beaucoup de temps dans des endroits aussi peu intéressants que les souterrains du métro de Washington.
Heureusement, Fallout 3 repose comme Oblivion sur le principe du « lieu à découvrir ». Sitôt qu'un site important a été déniché par le joueur, celui-ci est marqué sur la carte et il devient possible de s'y rendre instantanément : le calvaire du métro n'est donc qu'un moment délicat à passer. Un moment qui permet cependant quelques rencontres amusantes comme ces vampires / cannibales avec lesquels on peut négocier la vie d'un prisonnier ou ces passages truffés de pièges variés qu'il faut désamorcer... ou mourir. Dans sa progression, Fallout 3 rappelle inévitablement Oblivion et si certains points que nous venons de mentionner distinguent la dernière production Bethesda de la précédente, d'autres au contraire en sont plus ou moins inspirés : pour le meilleur ou pour le pire d'ailleurs !
Fallout s'en VATS en guerre...
Ainsi, certains joueurs regretteront le côté un peu mou des combats qui ne peuvent décidément pas se comparer à ce que propose n'importe quel FPS et c'est d'autant plus dommage qu'une bonne part du gameplay de Fallout 3 tourne autour de ces combats. Bethesda propose ici un double système fait de temps réel et de VATS. Le premier se rapproche donc d'un jeu d'action à la première personne, mais les séquences manquent franchement de nervosité. L'ensemble est trop lent pour être vraiment convaincant, mais heureusement, le VATS est là pour apporter un peu de variété. Il s'agit ici de mettre le jeu en pause, d'allouer un certain nombre de points d'action et de laisser le joueur répartir lesdits points comme il l'entend : lancement d'une grenade, recharge, tir en pleine tête, tir sur le bras droit...Les séquences VATS se transforment rapidement en festival du gore
Ceci fait, la pause est désactivée pour nous permettre d'admirer le résultat au travers de séquences « au ralenti ». Selon notre précision, on peut alors voir des passages particulièrement gores avec explosion de viscères, démembrement ou pure et simple décapitation. Malgré de nombreuses heures de jeu, on est surpris de ne pas être lassé par ces séquences, mais en fait cela tient beaucoup au fait qu'on ne joue généralement pas l'intégralité des combats dans un mode ou un autre. En réalité, le joueur alterne souvent entre les deux : les actions délicates sont réalisées via le VATS qui permet d'être plus posé et plus précis, alors que les actions « simples » se font en temps réel. Cela dit, cette répartition des choses est à la discrétion du joueur qui n'est jamais obligé de quoi que ce soit.
Mieux, le joueur n'est généralement pas obligé de se lancer dans les combats. Ainsi, il est le plus souvent possible de faire valoir d'autres compétences pour se la jouer furtivité et passer en douce dans le dos des vilains pas beaux. De la même manière, les compétences permettent de nettement enrichir le gameplay, à condition bien sûr que le joueur ait envie de jouer le jeu. Il est possible de pirater les systèmes informatiques pour libérer des robots protecteurs ou pour contrôler des tourelles. On peut faire les poches de ses ennemis, crocheter toutes sortes de placards, coffres ou bureaux et procéder à la réparation de ses armes / armures. Il est même possible de réaliser ses propres équipements à condition d'avoir réuni les différents, et parfois très rares, composants.
The Elder Scrolls : Fallout ?
Hélas, le travail réalisé par Bethesda n'est pas toujours du même niveau et si nous avons déjà soulevé quelques soucis, il nous faut maintenant pointer du doigt les gros défauts du jeu. Certains seront gênants pour tout le monde alors que d'autres ne toucheront finalement que les fans de la série Fallout. Ces derniers seront par exemple très déçus de voir que Bethesda n'y est pas allé à fond dans le politiquement incorrect. Le studio permet des choses relativement étonnantes comme déclencher une bombe nucléaire au beau milieu d'une cité ou piller les bâtiments religieux, mais Bethesda est resté assez « sage » par rapport aux précédents opus. L'ensemble conserve heureusement une bonne part du cynisme de la série et les dialogues sont amusants, preuve que Bethesda n'a pas bâclé les choses, même s'il aurait pu aller plus loin.Malgré des dialogues riches et souvent bien tournés, les implications sont un peu légères
Le studio aurait également pu travailler davantage les implications des décisions du joueur. En effet, si la notion de karma (alignement du joueur) est bien présente, elle reste superficielle. Il est ainsi très facile de « changer de bord » et les conséquences de nos actes sont limitées : au mieux, nous pouvons voir quelques PNJ nous faire des cadeaux lors de visites ultérieures si on s'est comporté en héros. Si, plongé dans le jeu, ce défaut n'est guère gênant, il en va autrement de l'interface, loupée. Le Pip-Boy est amusant, mais il n'est pas agréable à utiliser : le changement d'arme est pénible, de même que la gestion de l'inventaire ou la lecture de la carte. La série Fallout n'a jamais brillé à ce niveau, mais après Oblivion, on aurait aimé que Bethesda fasse quelques efforts.
L'interface se gère convenablement avec une manette (Xbox 360), mais il aurait été possible de faire bien mieux avec le couple clavier / souris. C'est d'autant plus dommage qu'il s'agit du seul problème que l'on peut lier au fait que Fallout 3 soit multi-plateforme. D'autres joueurs critiqueront les petits jeux pour crocheter / pirater, la vitesse de déplacement un peu légère, les animations rigides ou le principe d'ajustement des niveaux des ennemis. Ces soucis ne nous ont pas vraiment gênés en réalité et pour le dernier point, il convient de signaler que nous n'en sommes pas sûrs : les monstres semblent se caler sur le niveau du héros, mais seulement dans une certaine mesure. Il ne faut par exemple pas croire que vous pourrez dès le début foncer dans les zones les plus délicates. Il va falloir un peu de patience avant d'affronter les impressionnants Behemoths !
Conclusion
Situation délicate que celle de Bethesda. Il était commercialement suicidaire de réaliser un titre techniquement dans la veine des précédents Fallout, mais il fallait tout de même s'éloigner suffisamment d'Oblivion pour que le titre ait une identité propre. Un défi que les développeurs sont parvenu à relever avec toutefois un bémol : Fallout 3 est vraiment très agréable, mais il est difficile d'y voir le fils spirituel des précédents opus. Il a également d'autres choses à revoir (l'interface notamment) et nous espérons vivement que la communauté PC puisse réaliser les mêmes prouesses que sur Oblivion, mais même en l'état, Fallout 3 est un grand jeu. L'ambiance y est excellente, l'univers très réussi et le scénario plus que correct. En définitive, on regrettera tout de même que Bethesda n'ait pas davantage rendu hommage aux deux premiers opus (cynisme en retrait), mais que vous soyez joueur PC ou Xbox 360 (nous attendons encore pour la PS3) vous devriez largement y trouver votre compte.Mauvais point pour Bethesda qui sur un tel titre n'a pas été en mesure de nous faire parvenir une version française : nous vous reparlerons de la localisation aussi vite que possible. Notez enfin la configuration nécessaire pour jouer confortablement au jeu : un Core 2 Duo 2 GHz, 2 Go de mémoire vive et une carte GeForce 7800GT.
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