Vampire : The Masquerade - Bloodlines

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 30 novembre 2004 à 18h35
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Première collaboration entre Activision et White Wolf, éditeur du jeu de rôle éponyme, Vampire : La Mascarade - Rédemption fût l'une des bonnes surprises de l'année 2000. Quoiqu'un peu trop porté sur l'action pour satisfaire pleinement les puristes, il offrait un défi intéressant et plus que suffisant pour en faire un succès commercial. Les deux partenaires n'en attendaient pas moins pour mettre en chantier une suite pour laquelle ils se sont adjoint les services d'une nouvelle équipe de développement, Nihilistic Software étant trop occupé sur StarCraft Ghost.

N'importe quel habitué de jeux de rôle assistés par ordinateur, moi le premier, vous dira que le joueur n'y a certainement pas perdu au change. Troïka Games n'en est effectivement pas à son coup d'essai en la matière puisque Arcanum : Engrenages Et Sortilèges était déjà de leur fait et que certains membres influents de l'équipe étaient aux commandes de deux des plus grands jeux de rôle jamais développés sur PC : Fallout et Fallout 2... Vous avouerez qu'avec un tel pedigree, l'affaire était franchement bien engagée, non ?


Cachez-moi ce sang que je ne saurais boire ?

Vampire Bloodlines est donc une nouvelle adaptation de l'univers si particulier mis au point par White Wolf. Il faut en effet savoir que La Mascarade est un cas presque unique dans le monde du jeu de rôle papier. Misant principalement sur son atmosphère et l'ambiance de ses parties, il en profite pour tordre le cou à de nombreux clichés vampiriques. Il n'y est pas question de monstres traqués par les humains, pas plus que l'on y trouve de gousses d'ail ou de crucifix. Ceux que l'on nomme vampires sont rassemblés en différents clans mêlés à la société des hommes depuis des siècles sans que ces derniers s'en soient vraiment rendu compte. La Camarilla, le Sabbat ou les Anarchs font partie de ces clans qui malgré leurs luttes intestines (le Jihad Vampirique) doivent faire cause commune pour maintenir le secret sur leur existence. La Mascarade est en quelque sorte l'expression de ce secret : une espèce de code de bonne conduite vampirique qui tend à interdire toute manifestation publique susceptible de semer le trouble dans l'esprit des mortels. Sans entrer davantage dans les détails (certains clans ne respectent pas la Mascarade), c'est ainsi que fonctionne l'univers de Vampire et c'est en substance le travail d'adaptation auquel devait s'atteler Troïka pour espérer nous convaincre.

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Ventrue, Nosfératu ou Anarch : quelques uns des clans de vampires que vous serez amener à croiser tout au long de votre aventure

Il en va de même dans pratiquement tous les jeux de rôle, c'est par la création de votre personnage que débute Bloodlines. Vous avez le choix entre différentes races (Toréador, Nosfératu, Tremere, Brujah...) qui fonctionnent comme autant de classes dans les autres jeux du même type. Le choix d'une race conditionne directement votre façon de jouer future et il est vivement conseillé de ne pas prendre ce choix à la légère. C'est ainsi que les Nosfératus auront un fort penchant pour tout ce qui touche à la discrétion, complètement à l'opposé des Toréadors, les plus proches de la société humaine. Chaque race dispose en outre de pouvoirs qui lui sont propres et qui, bien sûr, lui seront d'un grand secours tout au long de l'aventure. Les Tremeres font ainsi figure de magicien / clerc avec leurs pouvoirs de thaumaturgie et leur science de domination mentale alors que les Toréadors sont plutôt adeptes de la séduction et que les Brujah constituent la caste des « grosbills », le genre qui frappe d'abord et pose les questions ensuite. Cette étape de création se voit complétée par le choix du nom et du sexe de votre personnage ainsi que par la distribution de quelques points bonus afin d'y mettre votre grain de sel.


Choisissez votre camp, saigneur...

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Votre avatar mis au point, le jeu peut s'ouvrir sur la naissance de votre novice... Ou plutôt la transformation en vampire de ce qui constituait il y a quelques heures encore un vaillant représentant de l'espèce humaine. Votre « père » (le vampire qui vous a changé à jamais) s'est permis un écart de trop et La Camarilla a décidé de le condamner à la peine capitale ou la Mort Ultime en langage vampirique. Vous ne devez pour votre part le salut qu'à l'intervention de Nines Rodrigues et au bon vouloir de LaCroix, Prince des vampires de Los Angeles. Ce dernier ne tarde cependant pas à vous faire payer sa clémence en vous expédiant immédiatement à Santa Monica afin d'accomplir ses basses oeuvres. Il vous a réservé une chambre dans cette partie de la ville et a prévenu un de ses contacts locaux, un certain Mercurio, afin que celui-ci vous aide dans votre première mission : l'explosion d'un entrepôt du Sabbat. Evidemment, tout ne se passe pas comme prévu et au lieu de récupérer l'explosif indispensable à l'accomplissement de la mission, Mercurio s'est fait tabasser et voler l'argent ! Votre première tâche d'immortel sera donc de récupérer argent et explosif afin que l'opération reprenne son cours normal.

Cette première tâche n'est évidemment que le début d'une multitude de missions données par le Prince lui-même ou bien par différents personnages de rencontre suivant le principe des quêtes principales et secondaires, classique dans le monde du jeu de rôle. En fin de compte, les objectifs restent cependant assez simples : il est ici question d'éliminer un individu gênant, alors que là il vous est demandé de récupérer un objet et c'est davantage dans la forme que ces quêtes diffèrent. Même si le joueur dispose d'une certaine liberté d'action, la quête du musée ou du bateau font partie des moments de pure infiltration alors que celle de l'Ocean Hotel mise tout sur l'ambiance surnaturelle particulièrement bien rendue qu'elle dégage. On peut enfin noter deux derniers types de missions, celles, plus basiques, lorgnant allégrement du côté du doom-like bien violent et les autres, plus posées, faisant la part belle aux dialogues et à leurs différentes fins possibles. Chaque type de mission requiert des compétences différentes pour s'en sortir et c'est ainsi que lors des multiples séquences infiltration, le joueur doit souvent faire étalage de ses talents de crocheteurs ou de pirate informatique.

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Quoique finalement assez moyen graphiquement, Bloodlines propose tout de même quelques décors et effets réussis

Contrairement à un titre comme Splinter Cell, les compétences en question sont ici utilisées automatiquement et, jeu de rôle oblige, c'est le rapport entre la complexité de la tâche et votre habileté qui déterminera la réussite de l'entreprise. Cela ne nuit pas du tout au déroulement de la partie et permet ainsi au joueur de se concentrer sur d'autres choses, par exemple sur les messages stupides qui peuplent les comptes de courrier électronique des ordinateurs piratés ! Du côté des combats, les choses sont moins roses puisque ces derniers manquent quand même singulièrement de profondeur. Il existe bien quelques pouvoirs spéciaux (sorte de pouvoirs magiques) pour pimenter les situations, mais en dehors de ça c'est surtout le manque de précision qui se distingue. Avec une arme blanche, cela se résume trop souvent à appuyer le plus vite possible sur le bouton de la souris pour enchaîner les coups en prenant soin de changer de direction au clavier pour varier les attaques. Le pire est cependant atteint avec les combats au pistolet / uzi / fusil à pompe. Ici, le manque de précision est criant et l'assaut se transformera souvent en partie de cache-cache pour éviter de se faire tailler en pièces. C'est d'autant plus dommage que les développeurs ont intégré une vue à la première personne toute indiquée pour ce type de massacres.


Tout vampire vit au dépend de celui qui l'écoute...

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Nous l'avions signalé en introduction, Vampire Bloodlines n'est heureusement pas axé sur l'action comme pouvait l'être Vampire La Rédemption. De ce fait, les lacunes du système de combat sont beaucoup moins gênantes et le joueur pas trop exigeant dans ce domaine devrait pouvoir s'en contenter sans difficulté. Troïka s'est effectivement attaché au rendu de l'ambiance du jeu de rôle sur papier et, pour y parvenir, les développeurs ont plus particulièrement mis l'accent sur les dialogues. Ceux-ci se déroulent de manière relativement classique avec plusieurs choix de réponses possibles en fonction de la question. Ces réponses influent directement sur l'attitude de votre interlocuteur qui devient alors plus agressif ou, au contraire, peut soudain prendre peur. Les aptitudes de votre héros ont ici un rôle particulier à jouer puisqu'il sera par exemple possible de séduire, d'intimider ou de persuader les autres personnages pour obtenir certaines faveurs. L'issue d'un dialogue s'en trouvera souvent changée, mais les puristes regretteront tout de même que le jeu reste relativement linéaire avec un fil conducteur duquel on ne peut jamais se détacher même en insultant copieusement son commanditaire. En l'état, les dialogues ont déjà une influence non négligeable et permettent vraiment au joueur de rentrer dans la partie.

Il faut alors voir les comportements complètement différents de Gary le Nosfératu, de Velvet la strip-teaseuse, de Beckett l'érudit ou bien plus simplement de tous les autres personnages de l'histoire : du plus insignifiant jusqu'au Prince LaCroix lui-même, ils ont tous une personnalité bien à eux. Faire ami ami avec un personnage important pourra vous ouvrir des portes et faciliter votre existence au sein de La Mascarade. Il faut en effet savoir qu'à côté de la résolution pure et simple des quêtes, le joueur doit faire progresser son personnage (principe de points d'expérience à l'accomplissement des objectifs) tout en surveillant deux indicateurs. Les points de Mascarade définissent votre discrétion : moins vous en avez et plus vous représentez une menace pour toute la société vampire. Si la menace devient trop grande, cette société n'hésitera d'ailleurs pas à vous le faire comprendre de manière très expéditive. Le second indicateur est plus personnel et concerne l'humanité de votre héros. Au fur et à mesure de vos actions, vous pouvez gagner ou perdre des points d'humanité : épargner la vie d'un malheureux est positif alors que vider de son sang un être humain l'est beaucoup moins ! Lorsque votre personnage n'a plus de point d'humanité, c'est son côté bestial qui prend le contrôle de ses actions avec tout ce que cela implique en termes de diplomatie !

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La qualité des dialogues et de l'aspect psychologique du jeu permet de compenser les bugs et la faible surface de jeu

La dualité du vampire, l'ambiance et les dialogues sont autant d'éléments qui rendent le jeu particulièrement attachant et poussent le joueur à toujours aller de l'avant. Comme rarement dans un jeu vidéo, on a d'ailleurs vraiment l'impression d'agir sur le destin de son héros. Troïka parle de plusieurs fins possibles, mais sans aller jusque-là, c'est tout au long de l'histoire que l'on voit le résultat de ses actions en particulier du fait des quêtes secondaires. En choisissant certaines plutôt que d'autres, le joueur se rend très vite compte qu'il va favoriser son allégeance à tel ou tel clan, voire même la prise de pouvoir de la Bête sur l'Homme qui est en son vampire. Sans être du niveau d'un véritable jeu de rôle, c'est tout de même bien agréable de retrouver de telles sensations sur ordinateur ! Mais, car il y a évidemment un mais, ces points particulièrement positifs s'accompagnent de défauts parfois très gênants. Basé sur le moteur Source d'Half-Life 2, Bloodlines surprend tout d'abord par son aspect graphique : pas particulièrement beau, il est parfois moche et toujours très dépouillé. Pire, il s'avère considérablement plus lourd que le titre de Valve. Quelle que soit votre machine, vous aurez ainsi droit à des ralentissements très importants au début de chaque nouvelle zone.

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Alors qu'Half-Life 2 usait et abusait presque de son moteur physique, celui-ci s'avère plus discret, voire inutile, dans Bloodlines. Plus gênant dans un jeu de rôle surtout lorsque celui-ci est censé dépeindre une société, la taille du monde est franchement réduite. Los Angeles se limite ainsi à quatre petits quartiers (Santa Monica, Downtown, Hollywood et Chinatown), le plus grand ne dépassant pas les quatre ou cinq rues ! Evidemment, cela permet de se retrouver plus rapidement, de ne pas passer son temps à faire des allers-retours interminables et participe donc à l'ambiance du jeu, mais niveau réalisme on a vu mieux ! Niveau réalisme également, on ne peut s'empêcher de trouver que tout ce petit monde manque de vie. Les passants font les cent pas et en dehors de quelques petites bagarres, il ne se passe strictement rien sans le joueur ! Enfin et c'est sans doute le plus gênant à long terme, Vampires Bloodlines s'avère particulièrement buggé. Cela va du bug de traduction qui ne permet pas d'obtenir un code indispensable, au plantage pur et simple en passant par le blocage du personnage dans un mur ou dans une porte. Au détour d'une ruelle, on aura également l'occasion de voir un policier à deux mètres sur sol, ou alors ce sont les placards qui ne voudront pas rester ouverts pour nous permettre de prendre leur contenu (il faut alors recharger pour que tout rentre dans l'ordre).


Conclusion

Compte tenu des espoirs placés en lui par de nombreux joueurs, Vampire Bloodlines est une déception, au moins partielle. Du point de vue technique tout d'abord et alors qu'il utilise le Source Engine d'Half-Life 2, Bloodlines ne semble pas tout à fait au niveau des productions actuelles. Pas vraiment beau en dehors de quelques décors et du visage des différents protagonistes, il s'avère particulièrement mal optimisé : s'il est jouable sur un XP2000+ / 512 Mo équipé d'une Radeon 9600, il reste saccadé sur une machine de guerre. Alors que le titre de Valve parvenait à masquer la taille relativement réduite de certains niveaux, tout est ici beaucoup plus perceptible. La ville de Los Angeles ne fait pas du tout illusion et tout au long de la partie on a l'impression de se balader dans quatre petits villages distincts plutôt que dans la deuxième conurbation des Etats-Unis. Pour compléter le tableau et alors qu'il s'habitue petit à petit à ces défauts, de nombreux bugs viennent exaspérer le joueur.

Exaspérer est le mot juste, car abstraction faite de tous ces défauts, Vampire Bloodlines dispose d'un potentiel tout à fait évident. L'ambiance est très bien rendue, le système de dialogue d'une grande richesse alors que l'opposition entre les différents clans et l'aspect société secrète de La Mascarade apportent une dimension unique dans le monde du jeu vidéo. Tout au long de l'aventure, on a d'ailleurs beaucoup plus l'impression d'incarner son personnage que dans tout autre jeu de rôle sur ordinateur : les différentes races de vampires disponibles et les missions proposées sont autant d'éléments allant dans ce sens. Au final, Vampire Bloodlines s'avère beaucoup plus prenant et intéressant que ne peuvent le laisser penser les nombreux défauts, mais il méritait assurément un peu plus de sérieux de la part de Troïka, son développeur, ou d'Activision, son éditeur, et à défaut d'une extension gratuite pour enrichir ce monde qui le mérite, espérons qu'une mise à jour vienne rapidement à bout des nombreux bugs pour que l'on puisse pleinement profiter d'une aventure déjà passionnante !

Vampire : The Masquerade - Bloodlines

4

Les plus

  • Ambiance très travaillée
  • Grande variété des situations
  • Système de dialogues réussi

Les moins

  • Trop nombreux bugs
  • Gourmand et peu spectaculaire
  • Monde minuscule et sans vie

0

Réalisation7

Prise en main8

Durée de vie7


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Nerces
Par Nerces
Spécialiste PC & Gaming

Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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