Si nous connaissons tous Mozart au travers de ses œuvres ou bien par la vision que nous en a proposé Milos Forman dans « Amadeus », c'est une autre facette du personnage que les développeurs de Game Consulting nous proposent de découvrir. Rarement abordée en tant que thématique principale des jeux d'aventure, même si elle se retrouve fréquemment en tant qu'énigmes ponctuelles dans le genre, la musique est ici au cœur de ce titre. Mais l'aventure ne serait rien sans mystère et quoi de mieux que d'exploiter la piste de la franc-maçonnerie, Ordre auquel l'illustre compositeur appartenait. Ajoutons un contexte historique trouble, sujet à la conspiration et tous les ingrédients d'une bonne aventure sont réunis. L'alchimie va-t-elle prendre ?
Il marche ce truc ?
Nous nous retrouvons à Prague, en 1788 et l'Autriche Hongrie est dirigée par Joseph II. Ce dernier est l'ami, le protecteur et le principal financier d'un certain Mozart. C'est dans un contexte assez délicat, où le Saint Empereur Romain vient de subir une sérieuse débâcle militaire et où les minorités cherchent à se faire une identité que débute notre histoire. Mozart, toujours aussi désargenté, s'éveille un matin après une nuit agitée par un étrange cauchemar mettant en scène Joseph II. Sa première préoccupation sera de s'éclaircir les idées, puis de convaincre le directeur de l'opéra de lui régler sa part sur les recettes de Don Giovanni qui vient d'être un immense succès. Contacté par ses amis francs-maçons, Mozart va rapidement se retrouver embarqué dans un complot menaçant la sécurité de l'État.Game Consulting nous propose un jeu d'aventure dans le style point & click à la troisième personne dans tout ce qu'il peut offrir de classique. Nous déplaçons Mozart en cliquant sur une partie du décor et le faisons courir avec un double clic. Par contre, il est impossible de passer rapidement d'une zone à une autre et il est souvent délicat de passer d'un écran à un autre en raison d'une très mauvaise détection des points de transition. Toujours concernant les déplacements, si l'on désire effectuer une action en double cliquant pour faire se dépêcher un peu notre héros, ce dernier, une fois arrivé à destination, n'agit pas comme souhaité, obligeant à renouveler notre commande. En passant sur un élément interactif, le pointeur change de forme pour permettre certaines actions particulières (dialoguer, actionner un objet, prendre un objet, utiliser un objet de l'inventaire). L'inventaire situé en haut de l'écran permet de combiner des objets entre eux, mais également d'en séparer les éléments. Un bon point pour ce dernier qui n'est jamais surchargé, les objets inutiles disparaissant au fur et à mesure de leur utilisation. Un journal permet d'accéder à l'historique du scénario et de rappeler les objectifs en cours. Enfin, le livre des harmoniques que l'on obtient en cours de partie est la source d'une série d'énigmes basées sur les rituels et secrets de la Franc-maçonnerie.
La musique est bien évidemment au cœur des diverses énigmes que nous propose cette aventure. Les développeurs ont voulu rendre les puzzles accessibles au plus grand nombre, aussi bien aux musiciens avertis qu'à tous ceux qui n'ont pas l'oreille musicale ou aucune connaissance en la matière. Hélas, plus d'une fois, les puzzles proposés deviendront rapidement agaçants pour la seconde catégorie de joueurs. Les énigmes sont diverses et même si la variété est de mise, quelques-unes reviendront régulièrement (accorder un clavecin, remettre une partition en l'état, diriger une mélodie à la baguette de chef d'orchestre, décrypter des messages, activer des scarabées miniatures...). D'autres, ponctuelles, viendront renouveler les possibilités, comme assembler des cylindres musicaux pour reconstituer une mélodie ou placer des engrenages. Leur qualité est variable ainsi que leur intérêt, notamment le jeu de cartes du 31 complètement aléatoire, inutile et inintéressant au possible, servant juste à faire perdre son temps au joueur. Terminons par les énigmes sans indices ni pistes à suivre pour les résoudre, dont la logique appartient uniquement au concepteur et qui sont donc particulièrement frustrantes. Un principe utilisé il y a quelques années et que l'on retrouvait de moins en moins dans les dernières productions.
Mozart est bête au vent
Et c'est bien ce que l'on reprochera à ce Mozart - Le Dernier Secret. Car s'il évite certains écueils inhérents aux jeux d'aventures, par contre, il n'en propose pas les nouveautés récentes. Ainsi, comme nous l'avons dit, l'inventaire n'est jamais surchargé. De même, il n'y a pas d'allers-retours inutiles, le jeu étant découpé en une quinzaine de chapitres assez courts, proposant quelques écrans à explorer. Toujours agréable, une fois une situation complètement exploitée, elle n'est plus proposée comme interactive. Par contre, il est impossible d'agir, de prendre ou de remarquer un objet ou un lieu utile tant que l'on n'en a pas l'utilité. Également, il n'y a pas de possibilité d'afficher les points intéressants des lieux traversés. Si l'aventure est agréable, avec un scénario bien ficelé qui tient en haleine le joueur, elle est cependant quelque peu gâchée par la réalisation générale qui recèle tout un tas de petites imperfections. Si ces dernières ne sont pas gênantes en elles-mêmes, elles ternissent par contre l'expérience de jeu par leur omniprésence.Visuellement, le titre alterne le bon et le mauvais. Les décors sont entièrement en 3D, autorisant quelques mouvements de caméra originaux, mais certaines textures employées sont tristes ou manquent cruellement de profondeur. Et là où le décor aurait pu être somptueux, il en devient triste. Aussi, certains écrans souffrent de couleurs très criardes ou de surexposition. Du coup, l'intégration des personnages en est gâchée d'autant plus. Ces derniers souffrent d'une forte rigidité. Heureusement, Mozart s'en sort plutôt bien avec une bonne variété dans ses diverses animations et attitudes. Il arrive assez souvent que les protagonistes traversent les décors, ne se positionnent pas correctement et se retrouvent à parler à un mur au lieu de leur interlocuteur, que leur bouche reste inanimée durant les discussions, ou encore qu'ils se comportent de façon erratique. Le doublage est en demi-teinte également. On appréciera la participation de Luc Hamet (la voix de Mozart dans le film) qui est très convaincant. Certains autres doubleurs manquent de conviction et deviennent ridicules en voulant prendre des accents étrangers. On pourra aussi citer certaines descriptions répétées plusieurs fois, ou certaines phrases dont les sous-titres s'affichent sans qu'elles soient prononcées. Parfois, la musique arrive à couvrir les dialogues sans raison. Si l'œuvre de Mozart est censée accompagner le joueur, elle n'est réellement présente qu'à certains moments, le reste du temps on se contentera de bruitages assez moyens et peu nombreux. Par contre, on appréciera à sa juste valeur la présence d'un CD avec les musiques du jeu. Eh oui, même si la bande-son n'est pas aussi présente que nous aurions pu le souhaiter, elle est absolument parfaite.
Conclusion
Pour sa première réalisation complète d'un jeu d'aventure, Game Consulting se réserve une bonne marge de progression. L'aventure se laisse découvrir grâce à son scénario bien amené, mais souffre de toute une série d'imperfections venant gâcher l'expérience de jeu. Si les mécanismes traditionnels de l'aventure sont bien là et ne posent pas de grande difficulté, par contre, certaines énigmes musicales ou dont la logique, sans indices, est propre à leur concepteur, feront s'agacer plus d'un aventurier. Ainsi, la durée de vie est variable, mais bien loin des vingt heures annoncées au dos de la boîte. Un titre qui se laisse parcourir sans véritablement permettre au joueur de s'y immerger corps et âme.Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
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