Original à plus d'un titre, Fire Department avait fait sensation à la rentrée de septembre 2003. Développé et distribué par un duo franco-français (Monte Cristo / Focus), il avait renouvelé avec brio le genre de la stratégie temps réel en permettant aux joueurs, une fois n'est pas coutume, de troquer leurs armes de mort pour des outils de sauvetage. Comme son nom l'indique très clairement, il nous proposait en effet d'incarner quelques soldats du feu pour des missions placées sous le signe de la solidarité !
Conditionnés par des années de massacres en tout genre, nous émettions alors fort logiquement quelques doutes sur le potentiel du jeu. Pourtant, les développeurs de Monte Cristo nous prouvèrent de bien belle manière que les pompiers avaient largement leur place dans notre logithèque. Auréolés d'un succès tant critique que commercial, les petits gars se sont donc remis au travail, toujours en partenariat avec Focus, et nous proposent aujourd'hui, après plus d'un an de travail, le résultat de leurs efforts.
Pompier, bon oeil !
Succès de l'année 2003, Fire Department n'a cependant pas eu la couverture médiatique d'un Half-Life 2 ou d'un Need For Speed et il est de ce fait fort possible que vous n'en ayez pas entendu parler plus que ça. Avant d'embrayer sur les nouveautés de ce second opus, il est donc important de fixer un peu les choses, de replacer le tout dans son contexte histoire de ne perdre personne en route. En anglais, le « fire department » c'est à peu de choses près les services de pompiers chez nous. L'idée, simple, de Monte Cristo a été de créer un jeu retraçant les missions les plus délicates de ces soldats du feu et reprenant le concept d'un jeu de stratégie temps réel. Un briefing de début de mission explique les différents objectifs à accomplir et le joueur doit ensuite s'exécuter en manipulant ses multiples unités sur une carte représentant le terrain d'opération. La filiation avec des titres comme StarCraft ou Age Of Kings saute bien évidemment aux yeux et se retrouve en fait à tous les niveaux, si ce n'est que Fire Department est plus moderne et fait ainsi appel à de nombreux scripts (à la WarCraft 3) afin de pimenter un peu l'action. Les missions sont bien sûr très variées et les unités ont des caractéristiques complémentaires de telles sortes qu'il faut vraiment réfléchir à une tactique et l'adapter selon l'évolution de la situation.Le briefing et quelques conseils précèdent toujours l'intervention de vos forces sur les lieux du drame
Fire Department 2 reprend évidemment trait pour trait le concept qui a fait le succès de son aîné. Monte Cristo n'allait pas changer une recette si efficace et le développeur français s'est donc « contenté » de la remanier afin que la sauce prenne encore mieux. Fidèle au principe de la suite, Monte Cristo a tout d'abord choisi d'en proposer « plus » aux joueurs. C'est ainsi que le joueur peut déjà choisir ses pompiers parmi quatre nationalités : France, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis. Cela n'a aucune incidence sur les missions à proprement parler, mais donne plus d'ambiance au jeu. A côté de ce changement cosmétique, on notera surtout l'apparition de nouvelles unités permettant de varier les possibilités d'action. On retrouve par exemple deux types d'unités aériennes (canadair et hélicoptère bombardier), une unité maritime (le bateau-pompe) et le spécialiste cynophile qui peut retrouver des victimes enfouies sous les décombres grâce à son chien. Ces nouvelles options de jeu ne sont bien sûr pas là « pour faire joli » et les développeurs en ont en fait profité pour enrichir les situations de jeu. Fire Department 2 est toujours centré sur le mode simple joueur qui permet ici de participer à quatre campagnes de trois missions chacune et découvrir un type d'intervention différent (milieu forestier, milieu urbain...).
Sapeur et sans reproche ?
Chaque campagne prend un événement de départ et nous propose consécutivement trois missions qui en découlent : le feu déclenché par mégarde dans un bâtiment d'un château viticole va se propager pour la deuxième mission de la campagne à la forêt avoisinante et menacer directement une petite ville à proximité lors de la troisième mission. De ce fait, les missions ont des approches très différentes et alors qu'en forêt il ne sera question que de circonscrire le feu en enrayant sa progression, il faut ensuite intervenir beaucoup plus vite et de manière beaucoup plus ciblée pour éviter que le feu ne touche les habitations. A ces considérations, Fire Department 2 ajoute de nouveaux objectifs liés au type de feu rencontré. Quatre catégories sont ainsi répertoriées (classes A, B, C ou D) et chacune d'entre elles nécessite une approche différente : alors qu'un feu de classe A se traite à l'eau, de manière classique, il faut employer de la mousse lorsque le feu provient d'hydrocarbures (classe B) et des agents extincteurs spéciaux lorsqu'il s'agit d'un feu métallique (classe D). Certains éléments supplémentaires peuvent également venir pimenter les opérations avec par exemple la présence de produits toxiques ou l'effondrement de structures, nécessitant alors l'intervention d'unités très spécialisées. Il faut enfin faire avec les conditions météo qui, comme le vent, peuvent tout d'un coup redonner force et vigueur à un incendie maîtrisé.La richesse des scénarios est assurément le point fort de Fire Department 2 et elle est en plus accentuée par le moteur graphique qui a libéré les concepteurs de nombreuses contraintes. Tout le petit monde de Fire Department 2 est ainsi beaucoup plus détaillé et beaucoup plus joli, mais c'est surtout la taille des cartes qui a été revue à la hausse : il faut voir la mission forestière pour bien comprendre ce que je veux dire ! Durant cette mission et durant quelques autres, le joueur pourra ainsi se voir confier une bonne quarantaine d'unités ! Attention, cependant à ne pas régler la difficulté trop bas, car, mine de rien, douze missions c'est peu. L'habitué du premier volet pourrait ainsi boucler Fire Department 2 en moins de six heures au niveau « arcade » (le plus bas) : heureusement, les développeurs permettent de changer le niveau de difficulté entre chaque mission et, ultime recours, il est toujours possible de refaire une mission en plaçant la barre un cran plus haut. Si la question de la durée de vie ne saurait être classée parmi les défauts du jeu (le mode « extrême » est bien costaud), il en va autrement de l'intelligence artificielle pourtant mise en avant par Monte Cristo. En réalité, les progrès depuis le premier volet sont bien difficiles à voir. Les pompiers ne prennent toujours pas la moindre initiative et s'avèrent toujours aussi stupides.
Tout luit tout brille mais rien ne brûle, tout brille tout scintille mais rien ne se consume... Enfin ça, c'est Miossec qui le dit !
Tous les joueurs de Fire Department sont parvenus à faire avec, mais nous regretterons tout de même le manque d'améliorations dans ce domaine. Ainsi, un pompier ayant ramené un blessé à l'ambulance ne retournera pas de lui-même au feu. Un sapeur et pire encore, le médecin, ne soignera pas de lui-même un collègue blessé et situé à moins de deux mètres de lui. Ces petits défauts, ainsi que quelques autres du même ordre, obligent le joueur à tout faire tout seul et si, au cours de certaines missions c'est assez valorisant, lors des plus étendues c'est tout simplement épuisant : difficile en effet d'être au four et au moulin ! Les puristes regretteront également que Monte Cristo n'ait toujours pas trouvé de solution pour figurer, graphiquement parlant, les lances à incendie de chaque pompier. Signalons enfin un « pathfinding » correct, mais parfois perfectible et quelques petits bugs par endroits, que la première mise à jour (disponible depuis aujourd'hui) corrige pour l'essentiel. Plutôt que de terminer cet article sur des reproches, je préfère parler de la dernière nouveauté apportée par Monte Cristo : le mode multi-joueurs. Réclamé à cor et à cri par les fans du premier volet, il ne comporte qu'un mode coopératif et a légèrement tendance à saccader lorsque beaucoup d'unités sont en présence. En l'état, il permet tout de même à un maximum de quatre joueurs de beaucoup s'amuser en travaillant main dans la main contre le feu : dommage cependant que sur Internet il soit nécessaire de connaître le numéro IP de la machine serveur.
Conclusion
Avec cette suite évidemment calquée sur le premier volet, Monte Cristo ne s'est pas moqué de son public. Plus riche, plus beau, plus agréable et plus prenant que son prédécesseur, Fire Department 2 est en un mot comme en cent : plus réussis et son achat ne se discute même pas dès lors que vous avez apprécié Fire Department. Pratiquement tous les éléments de jeu ont été améliorés, optimisés, pour offrir plus de bonheur aux joueurs. C'est ainsi que les missions sont plus nombreuses, plus variées et plus tactiques que celles du premier volet. Ceci est d'autant plus vrai que de nouvelles unités ont été intégrées : le joueur peut maintenant diriger quelques unités aériennes et dans une mission, il a même le contrôle d'un bateau-pompe ! Les défis deviennent tout à la fois plus intéressants et plus riches, richesse encore accentuée par le nouveau moteur utilisé par les développeurs. Plus détaillé graphiquement, celui-ci permet au joueur d'être plus en phase avec ses troupes et plus précis dans ses actions. Enfin, la taille des cartes est très variable et cela permet de changer du tout au tout : une gigantesque opération forestière où il faut être partout, se transforme à la mission suivante en un sauvetage urbain beaucoup plus concentré.Malgré ses qualités Fire Department 2 ne peut toutefois pas prétendre au firmament de la stratégie temps réel PC et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord, on regrettera un peu l'intégration « partielle » du mode multi-joueurs. Evidemment, tel quel c'est déjà un plus très agréable, mais on aurait bien aimé voir les développeurs aller encore plus loin. Ensuite, la campagne solo ne comporte finalement que douze missions. Bien sûr, elles sont longues et le mode « extrême » est particulièrement ardu, mais quelques cartes de plus n'auraient pas fait de mal. Enfin, le plus gênant concerne l'intelligence artificielle. Pas rédhibitoire, elle gâche parfois un peu les parties. Nos pompiers ne savent absolument rien faire tout seuls et sont strictement incapables de prendre la moindre initiative. C'était déjà gênant dans Fire Department, mais comme ce second volet propose quelques cartes gigantesques, ce défaut est encore plus perceptible ici.
Fire Department 2 n'en demeure pas moins une réussite qui mérite assurément votre attention et pourquoi pas celle du Père Noël... Pour une fois qu'il est question de sauver des vies plutôt que de les massacrer, voilà une excellente occasion de découvrir le monde de la stratégie temps réel et vivement le troisième volet !
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