Avec Mozilla Firefox, la Fondation Mozilla a relancé la guerre des navigateurs, que l'on croyait acquise à Microsoft, dont l'Internet Explorer avait fini par remporter une part de marché quasi monopolistique. Pourtant, au fil des versions, le navigateur libre a gagné en popularité, grâce à ses fonctionnalités avancées (même si elles n'ont pas toutes été inventées par Mozilla), sa sécurité accrue et ses possibilités de personnalisation. Conséquence bénéfique pour les utilisateurs d'Internet Explorer : la progression du panda roux/renard a poussé la firme de Redmond à sortir son navigateur de l'hibernation dans laquelle il était plongé depuis 2001 (on ne peut pas compter les quelques améliorations de sécurités introduites par le Service Pack 2 de Windows XP comme une nouvelle version). En 2006, Microsoft sortait enfin Internet Explorer 7, une version imparfaite, mais qui mettait tout de même le navigateur dominant à la page : gestion des onglets, améliorations de la sécurité, moteurs de recherche multiples et refonte complète de l'interface faisaient partie du programme.
Néanmoins, loin de s'endormir sur les lauriers de sa progression sensible, Firefox a continué à s'améliorer, et la sortie de la version 3 en juin 2008 a creusé encore plus l'écart entre les deux navigateurs. Parallèlement, de nouveaux concurrents sont apparus et non des moindres : Apple avec une version Windows de Safari et Google avec Chrome, un navigateur encore basique mais prometteur, sans oublier les concurrents existants comme Opera. Il semble cependant que Microsoft soit définitivement sorti de sa léthargie : deux ans « à peine » après la sortie de la version 7, Internet Explorer 8 s'est dévoilé avec la sortie de deux bêtas, suivies ces dernières semaines d'une Release Candidate. Au programme, aucune amélioration révolutionnaire ou de refonte totale dans la lignée du précédent saut de version. Néanmoins, le nouveau navigateur de Microsoft promet plusieurs améliorations de l'interface, quelques nouvelles fonctionnalités intéressantes, et surtout un nouveau moteur de rendu, censé être plus respectueux des standards. En attendant la sortie de la version finale, nous vous proposons un tour d'horizon de la première RC (pour Release Candidate) du navigateur et de ses nouveautés.
Barre d'adresse
Contrairement à Mozilla Firefox 3 ou Opera 9.5, Internet Explorer 8 ne révolutionne pas son interface par rapport à la version 7. La raison est évidemment simple : le navigateur a déjà fait sa tabula rasa pour la version précédente qui introduisait, 5 ans après tout le monde, la navigation par onglets, et qui nettoyait considérablement les barres d'outils, jusqu'à les dénuer (par défaut) de menus. Internet Explorer 8 reprend en très grande partie la même disposition. Pour ceux qui auraient sauté un épisode, on peut en rappeler les grandes lignes. Visiblement inspiré par le minimalisme de Safari, qui a été le premier navigateur a dépouiller les barres d'outils au point de ne pas inclure d'icône « Page d'accueil », l'interface d'IE 7/8 n'utilise que trois lignes : la première réunit les boutons précédents et suivants, la barre d'adresse et le champ du moteur de recherche, la deuxième (que l'on peut désactiver) les favoris et la troisième les onglets et quelques boutons et menus. La barre de menus est désactivée par défaut. Il est possible de la faire apparaître de manière définitive en passant par le menu Outils > Barres d'outils, mais pour accéder à ce menu, une simple pression sur Alt est tout d'abord nécessaire. La barre d'adresse d'Internet Explorer 8 suggère des résultats parmi vos favoris ou votre historique
IE8 reprend la même disposition mais avec quelques subtilités. On remarque d'emblée une petite amélioration assez sympathique, que l'on trouve également dans Google Chrome, le navigateur balbutiant de Google : la barre d'adresse grise les éléments « secondaires » de l'URL visitée pour n'afficher en noir que le domaine principal, ce qui permet d'identifier facilement le site sur lequel on se trouve. Mais la principale amélioration de la barre d'adresses ne réside pas dans ce détail. Tout comme Firefox et Opera, Internet Explorer 8 dispose désormais d'une barre « intelligente » qui s'adapte aux mots clés saisis pour vous suggérer des résultats pertinents à partir de votre historique, de vos favoris, ou de flux RSS tels que MSN Actualités. Par rapport à Firefox 3, on notera que les résultats dans IE8 sont classés en différentes sections : Flux, Historique ou Favoris.
Gestion des onglets
Les onglets bénéficient de plusieurs améliorations intéressantes. Sur un plan purement cosmétique, on remarquera qu'ils se débarrassent de leurs reflets pour adopter un look plus sobre. Le changement n'est pas franchement malvenu, mais on s'interrogera toujours sur leur taille démesurée lorsqu'ils sont peu nombreux, et on s'exaspérera également du peu de place qui leur est attribué dans l'interface. Que Microsoft n'ait toujours pas compris que les onglets nécessitent une ligne entière laisse sans voix : avec 7 onglets ouverts, il est déjà impossible de s'y retrouver, même si l'aperçu mosaïque pallie en partie ce gros défaut. Il est certes possible de déverouiller les barres d'outils et de déplacer les boutons sur une autre barre mais ça n'est pas beaucoup plus pratique puisqu'on ne sait jamais trop ou placer ces boutons encombrants, à moins de personnaliser leur affichage. Bref, il faudra jouer de patience afin d'obtenir une disposition vraiment pratique. On regrettera également l'impossibilité de déplacer un onglet d'une fenêtre à l'autre, ou d'en faire une nouvelle fenêtre, comme c'est le cas dans Safari. Nettement plus intéressante est la fonctionnalité de coloration des onglets selon leur groupe. L'idée est simple mais ingénieuse : toutes les pages ouvertes dans des onglets à partir du même site adoptent la même couleur, et sont rattachées au même groupe d'onglets. Ceci permet de les identifier facilement, mais également de fermer un groupe d'onglets sans fermer tous les autres. Un onglet peut également être dissocié d'un groupe.Toujours au niveau de la gestion des onglets, Internet Explorer 8 offre désormais la possibilité de restaurer les onglets accidentellement fermés, une possibilité que l'on trouvait déjà dans Opera et Firefox, mais sur laquelle on ne crachera pas tant elle est utile. On notera également au passage la présence d'une nouvelle page lors de l'ouverture d'un onglet. La page ouverte par Internet Explorer 7 était conçue pour initier les habitués de l'archaïque IE6 aux joies des onglets. La version 8 propose désormais un accès aux onglets récemment fermés, à la navigation privée et permet, à partir du contenu copier dans le presse papier, d'utiliser des services web comme Live Maps, Hotmail ou Live Spaces (mais aussi d'autres services tiers).
Téléchargements : R.A.S ?
Un des gros oublis d'Internet Explorer 7 était l'absence de gestionnaire de téléchargement. A moins d'un coup de théâtre extraordinaire d'ici la sortie de la version finale, ça n'est toujours pas le cas de la version 8, ce qui est complètement aberrant puisque cette absence fait tout simplement d'Internet Explorer le seul navigateur majeur à en être dépourvu ! Il est certes possible de télécharger des gestionnaires tiers, mais après avoir enfin adopté les onglets, on aurait pu penser que Microsoft se mettrait à la page sur ce point. Il n'en n'est rien ! Au rang des oublis concernant les téléchargements, on regrettera une fois de plus la navigation laborieuse sur les serveurs FTP, tellement moins pratique que la navigation par dossiers proposée il fut un temps.Recherche
Internet Explorer 7 introduisait une fonctionnalité déjà populaire dans la plupart des navigateurs concurrents : une barre de recherche intégrée et proposant un choix entre plusieurs moteurs : Live Search était activé par défaut, mais Google, Yahoo, Wikipedia, Amazon et d'autres pouvaient être ajoutés (et définis comme moteur par défaut). C'est évidemment toujours le cas avec la version 8 mais plusieurs améliorations sont apportées à cette barre. De la même manière que pour la barre d'adresse, celle-ci peut afficher (selon le moteur de recherche utilisé) des résultats suggérés et parfois accompagnés d'une photo, dans une liste déroulante automatique.Nous avons testé cette fonctionnalité sur plusieurs moteurs. Nous avons été assez surpris de n'obtenir aucune suggestion avec Live Search (n'est-on jamais aussi bien servi que par soi même ?). Certains moteurs comme Yahoo ou Google se contentent d'afficher des suggestions textuelles, mais des recherches sous Wikipedia ou eBay renvoient des résultats accompagnés d'images. On notera au passage que la barre de recherche propose également des suggestions parmi l'historique de navigation, et la présence d'icônes permettant de passer d'un moteur à l'autre.
La principale nouveauté concernant la recherche réside néanmoins dans les accélérateurs. De quoi s'agit-il ? De liens connexes vers des services web qui apparaissent lorsqu'on sélectionne un texte ou un lien sur une page. Concrètement, vous pourrez par exemple sélectionner une adresse et lancer une recherche sur celle-ci dans Live Search Maps. La fonctionnalité est plutôt bien implémentée et rappelle la palette qui apparaît en transparence lors d'une sélection dans Office 2007 : un bouton surplombe la sélection et un clic sur celui-ci ouvre un menu déroulant contenant les possibilités offertes. Là encore, les services activés par défaut sont des services Windows Live : chercher une adresse avec Live Maps, écrire un post à propos du texte sélectionné avec Live Spaces ou encore traduire la sélection avec... l'outil de Windows Live. Néanmoins, comme pour les moteurs de recherche, il est possible d'ajouter des services tiers (principalement de Google) comme Blogger, Yahoo Maps, Google Maps, Gmail ou encore Google Translate. Il faut toutefois préciser que les plug-ins tiers ne sont pas forcément aussi bien intégrés que ceux de Microsoft : la traduction avec Windows Live affiche ainsi une fenêtre pop up fort pratique alors que le module Google Translate se contentera d'ouvrir le service dans un nouvel onglet.
On notera enfin une amélioration bienvenue au niveau de la recherche de texte dans une page web : Internet Explorer 8 se dote enfin d'une barre de recherche en ligne intégrant le surlignage du texte saisi. Jusqu'ici, pour obtenir cette fonctionnalité disponible sous Firefox depuis fort longtemps, il fallait passer par des modules complémentaires tels que IE7pro ou . Attention : il faudra cependant chercher cette barre, accessible depuis le raccourci Ctrl+F, juste en dessous des onglets, et non au bas de la fenêtre de navigation comme c'est le cas dans Firefox, un choix de disposition qui s'avère en fait assez judicieux. En revanche, Internet Explorer 8 n'a pas encore pris exemple sur Mozilla en ce qui concerne la correction orthographique des formulaires, aux abonnés absents.
Les accélérateurs permettent d'accéder à des services de traduction ou de localisation à partir d'un texte sélectionné
Gestion des favoris
Alors que Firefox 3 a revu sa gestion des marque-pages en profondeur, les favoris d'Internet Explorer ne font pas franchement leur révolution. On retrouve ainsi le même module d'organisation, toujours aussi peu pratique, et une gestion des favoris basée uniquement sur des dossiers, contrairement à Firefox qui propose désormais une organisation à base de mots clés. On retrouve également le panneau latéral des favoris, plutôt pratique quant à lui, qui centralise sur un même espace les favoris, les flux RSS et l'historique de navigation. Les améliorations sont à chercher du côté de la barre des signets qui gère désormais les flux RSS à la manière des marque-pages dynamiques de Firefox : si vous placez un flux RSS dans la barre, vous pourrez ouvrir un menu déroulant permettant d'accéder à la liste des entrées du flux. Là encore, rien de révolutionnaire : Firefox propose cette possibilité depuis des années.Plus originale est la prise en charge des Web Slices, des zones de pages web auxquelles il est possible de s'abonner et d'afficher sous la forme d'une fenêtre pop-up. Une Web Slice peut contenir une annonce eBay, la section météo d'un site ou encore un fil d'actualités. À première vue, cette fonctionnalité fait penser aux « web clips » de la version Mac OS X de Safari 3, qui permet de « découper » une zone d'une page web pour la sauvegarder sous la forme d'un widget régulièrement mis à jour. Néanmoins, à la différence de cette fonctionnalité, il n'est pas possible d'utiliser les web slices avec n'importe quel site : seuls les sites ayant intégré le code nécessaire le permettent ! Il va sans dire qu'ils ne sont pas nombreux à l'heure actuelle, mais vous pourrez essayer cette fonctionnalité notamment sur le site Digg.com.
Les Web Slices : un moyen original de s'abonner à une section d'un site web, malheureusement réservée à de rares sites compatibles
On notera enfin l'apparition des suggestions de sites. Cette fonctionnalité, proposée de manière optionnelle, rappelle les suggestions d'Amazon ou le mode Genius d'iTunes : elle permet d'envoyer de manière anonyme les URL des sites que vous visitez, ces informations étant mises en commun par Microsoft. Internet Explorer pourra alors vous suggérer en retour des destinations favorites d'utilisateurs du site sur lequel vous vous trouvez. Outre la collecte d'informations qui sera sans doute de nature à réveiller la parano de certains utilisateurs, on peut se poser des questions sur l'utilité réelle de cette fonctionnalité, qui peut avoir son utilité dans le cadre d'achats ou de recommandations musicales, mais dont l'intérêt nous paraît nettement plus limité pour ce qui est du surf. Il faudra de toute façon attendre la sortie de la version finale pour juger de la pertinence des résultats. Actuellement, les sites suggérés sont plutôt aussi peu nombreux qu'étranges : une visite sur eBay nous a renvoyé vers RapidShare !
Sécurité
La sécurité d'Internet Explorer a souvent fait l'objet de nombreuses critiques. C'est même sans doute un des facteurs qui a permis l'ascension de navigateurs alternatifs comme Mozilla Firefox. Pourtant, il serait faux de dire que Microsoft n'a fait aucun effort sur la sécurité de son navigateur. Notamment depuis la sortie de Windows XP Service Pack 2, la firme de Redmond a doté Internet Explorer de certaines avancées dans le domaine. La version 7 d'Internet Explorer inaugurait ainsi un outil de protection contre le phishing (ou hameçonnage). Sous Windows Vista, le navigateur disposait également d'une fonctionnalité de « sandbox » qui permettait d'exécuter les sites dans un environnement sécurisé. La version 8 apporte comme principale innovation l'arrivée du « smart screen », un nouvel écran d'alerte qui s'affiche en cas de découverte d'un site malveillant. Là encore, le navigateur se met à la page par rapport à Firefox qui propose une fonctionnalité semblable depuis sa version 3.0. Le principe est le même : l'écran s'affiche en lieu et place de la page que vous souhaitiez visiter, et vous propose de continuer à vos risques et périls, ou de revenir à votre page d'accueil.Au rang des améliorations de la sécurité, on peut également revenir sur la barre d'adresses : comme nous l'avons vu précédemment, celle-ci affiche le domaine principal du site que vous visitez en évidence par rapport au reste de l'URL. Cela permet d'identifier plus facilement le site sur lequel vous vous trouvez, mais au-delà de la simple information, cette disposition permet également de voir d'un coup d'œil si vous vous trouvez bien sur le site de votre banque, et non sur un site frauduleux. Comme Firefox 3, Internet Explorer 8 affiche de manière très claire les sites sécurisés accompagnés d'un certificat : la barre d'adresse se colore en vert et le nom du certificat apparaît en toutes lettres à côté d'un cadenas.
Vie privée
Internet Explorer 8 se dote de plusieurs nouvelles fonctionnalités de protection de la vie privée. La première, décidément à la mode puisqu'elle fera également son apparition dans Firefox 3.1, est la navigation privée (ou, selon la dénomination Microsoft, « InPrivate »). Il s'agit tout simplement d'un mode de navigation qui ne sauvegarde aucune donnée personnelle pendant la session (cookies, mots de passe, historique de navigation...). L'accès à la navigation privée se fait depuis le menu Sécurité de la barre d'outils. Le mode ouvre une nouvelle fenêtre, dans laquelle on notera la mention « InPrivate » dans la barre d'adresse. En plus de ce mode, la fonctionnalité « Blocage In Private » vient renforcer l'anonymat en empêchant automatiquement les sites de communiquer des informations personnelles à d'autres sites web, soit automatiquement, soit selon une liste de sites établie par l'utilisateur.L'autre nouveauté dans le domaine de la vie privée n'en sera pas une pour les utilisateurs de navigateurs alternatifs, mais Internet Explorer 8 intègre un outil de nettoyage des données de navigation. Vous pourrez ainsi, comme pour Firefox, supprimer les fichiers temporaires, l'historique de navigation, les cookies ou encore les mots de passe. On appréciera l'option permettant de les conserver automatiquement pour les sites présents dans les favoris, ce qui est impossible dans Firefox.
Compatibilité : un nouveau moteur de rendu
La principale innovation d'Internet Explorer 8, au-delà des quelques nouvelles fonctionnalités que nous avons vues jusqu'ici, réside dans son moteur de rendu : Microsoft a décidé, dans ce domaine, de faire littéralement table rase du passé et de proposer un moteur complètement nouveau, et censé être beaucoup plus respectueux des standards du W3C. Comme d'habitude, ce sujet est plutôt épineux : les standards du Web sont loins d'être scrupuleusement respectés par la majorité des sites Web, et on pourrait même s'avancer à dire qu'une majorité de sites ne s'en préoccupent guère. Néanmoins, il est intéressant de comparer les performances de la nouvelle mouture d'Internet Explorer dans ce domaine. Il va sans dire que cette compatibilité est encore amenée à évoluer d'ici la sortie de la version finale. De même, il nous paraît encore prématuré d'effectuer des tests de performance sur d'autres critères comme la rapidité du rendu Javascript ou l'occupation mémoire. Nous attendrons donc la version finale pour nous prononcer sur ces points.Acid 2 Test
L'Acid Test propose une série de tests dans des conditions extrêmes, et qui sont donc à prendre avec des pincettes : il est peu probable que vous croisiez, dans le « monde réel », des sites faisant appel à tous les pièges de l'Acid Test. Nous avons soumis le navigateur aux deux tests proposés. L'Acid Test 2, désormais assez ancien, consiste à afficher un smiley, avec certaines contraintes (le nez doit clignoter au passage de la souris, certaines parties doivent rester en place lorsqu'on fait défiler la page...). On se souvient des performances catastrophiques d'Internet Explorer 7 dans le domaine. En ce qui concerne IE8, c'est très simple : le navigateur passe le test sans aucun problème. D'ailleurs, il suffit de basculer en mode « Compatibilité », qui affiche la page visitée avec le moteur précédent, pour se rendre compte de l'écart. Une performance bienvenue donc, mais un peu tardive : tous les navigateurs du marché passent l'Acid Test 2 sans aucun problème depuis des mois !Acid 3 Test
Si IE8 passe l'Acid Test 2 sans aucun problème, le dernier test du W3C, l'Acid 3 Test, est une autre paire de manches. Cette fois-ci, plus de smileys à afficher, mais une série de tests qui, au final, doit afficher une page correctement, et pour cela, obtenir un résultat sur 100 points, qui s'affiche lorsque le test est terminé. Le résultat est sans appel : Internet Explorer 8 fait à peine mieux que son prédécesseur avec un score de 20/100, contre 12/100 pour IE7. Si aucun navigateur en version stable ne passe actuellement le test, les résultats des concurrents se situent entre 71 pour Firefox 3.0.6 et 85 pour Opera 9.62, en passant par 78 pour Chrome 1.0.154.48. Bref, on est loin du compte, même si là encore, il faut répéter que ça n'aura pas une grande incidence sur le surf au quotidien. Néanmoins, on peut s'étonner de l'écart entre IE8 et ses concurrents.Mode Compatibilité
Au fil des ans, Microsoft a contribué à creuser l'écart de compatibilité entre son navigateur et son concurrent Netscape, qui ne faisait rien, il est vrai, pour arranger la situation de son côté. Néanmoins, la démarche de Microsoft pour cette nouvelle version d'Internet Explorer est plutôt audacieuse, mais pose du coup un vrai problème : Internet Explorer deviendrait incompatible avec certains sites conçus pour les anciennes versions du navigateur. Pour pallier ce problème, Microsoft a recours à une stratégie pour le moins étrange : proposer un mode « Compatibilité » qui recharge la page avec le moteur d'Internet Explorer 7. On pourrait louer les efforts de compatibilité ascendante de Microsoft, mais cette démarche pose un problème : sachant qu'un tel bouton existe, cela pourrait inciter les développeurs à ne pas faire trop d'efforts pour rendre leurs sites plus standardisés... On notera cependant une nouveauté de la RC1 concernant cette fonctionnalité : l'utilisateur a le choix entre gérer manuellement le passage en mode compatibilité, ou se baser sur une liste de sites fournie par Microsoft : si un site « à problème » est visité, il passe automatiquement en mode compatibilité. Un panneau permet également d'ajouter manuellement des sites à la liste pour qu'ils s'exécutent dans ce mode.Internet Explorer 8 peut-il renverser la tendance ?
Il est inutile de le nier : Internet Explorer perd du terrain face à Mozilla Firefox. La progression du navigateur libre de Mozilla varie selon les pays, mais sa part de marché atteint des niveaux très inquiétants pour Microsoft dans certaines zones. L'Allemagne est notamment réputée pour son taux d'adoption de l'ordre de 50%. Autant dire qu'Internet Explorer 8 est attendu au tournant. Après avoir testé les deux versions bêta et la RC1 du navigateur, on peut néanmoins exprimer un avis globalement positif, même s'il est impossible de juger définitivement les performances du navigateur avant la sortie de la version finale. En revanche, les fonctionnalités sont probablement figées et on peut dire que, dans l'ensemble, Microsoft a fait du bon travail à ce niveau. Certes, la plupart des nouveautés ne sont pas révolutionnaires et se contentent de mettre le navigateur à la page par rapport à ses concurrents. Néanmoins, on trouve quelques idées intéressantes telles que les groupes d'onglets colorés et les accélérateurs plutôt pratiques. Les autres améliorations, à défaut d'être originales, tombent sous le sens et les adeptes d'Internet Explorer seront sans doute ravis de disposer enfin d'une barre de recherche dans la page ou de favoris dynamiques. De même, l'interface n'a pas fondamentalement évolué depuis la version 7 mais propose quelques aménagements plutôt bien vus comme les onglets qui se débarrassent de dégradés superflus. On aimerait également qu'ils disposent enfin de leur propre ligne, mais Microsoft semble persister dans cette mauvaise idée. De même, comment ne pas être agacé par l'absence toujours pénalisante de fonctionnalités aussi indispensables qu'un gestionnaire de téléchargement ou un correcteur orthographique intégré pour les formulaires ? Tous les navigateurs ou presque intègrent ces fonctionnalités et leur absence dans Internet Explorer 8 entache sérieusement l'impression globalement positive que nous laisse cette release candidate.Internet Explorer 8 saura-t-il enrayer la progression de Firefox ?
Ces oublis sont d'autant plus regrettables que la concurrence continue à évoluer. La prochaine version de Firefox, estampillée 3.1, ne devrait pas changer fondamentalement la donne malgré quelques nouveautés, mais la version 3.2 est déjà sur les rangs avec l'intégration de technologies comme Ubiquity et Prism, permettant respectivement d'entrer des lignes de commandes pour interagir avec certains services en lignes et d'exécuter des applications Web dans une fenêtre dédiée. il faudra également surveiller les autres concurrents de Microsoft. Si Opera, malgré son approche toujours novatrice, ne représente pas une grande menace commerciale pour Microsoft, Google n'a sans doute pas encore abattu toutes ses cartes avec Chrome : encore assez basique, le navigateur de Google impressionne néanmoins par sa légèreté et l'élégance de son interface. Du côté d'Apple, la version 4 de Safari sera disponible avec Snow Leopard, et devrait logiquement bénéficier d'un portage sous Windows. Bref, la guerre des navigateurs ne va pas s'arrêter en 2009 et après des années d'hégémonie d'Internet Explorer, on ne va pas s'en plaindre. Nous aurons l'occasion d'y revenir d'ici la sortie de la version finale d'IE8.
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