L'éditeur français a ainsi multiplié les effets d'annonce, les présentations et a diffusé un nombre tout simplement stupéfiant de vidéos / captures d'écran. Particulièrement rodés, les attachés de presse d'UbiSoft ont ainsi dévoilé une à une les innovations de cette troisième mouture qui doit renouveler le gameplay de Splinter Cell avec des missions plus ouvertes, une plus grande liberté d'action, une réalisation à la pointe de la technologie, quelques changements au multijoueurs « versus » et un nouveau mode de jeu coopératif... Tout un programme !
Chaotiquement votre ?
Bien que les nouveautés présentées par UbiSoft concernent principalement les modes multijoueurs, la campagne solo constitue une fois encore le gros morceau de Splinter Cell. Le décor est ici planté en 2008 alors que la virulence d'un virus informatique pousse le Japon à enfreindre plusieurs traités internationaux. Se sentant en danger, la Chine et la Corée du Nord menacent directement la Corée du Sud et le Japon qui décide de faire appel à son allié américain. Dans ce contexte international plus que tendu, la National Security Agency (NSA) décide de déléguer son meilleur agent : Sam Fisher. Comme à son habitude, notre sauveur préféré sera envoyé aux quatre coins du monde, afin tout d'abord de découvrir d'où vient exactement cette menace informatique. Dans un second temps, il sera chargé de mettre à jour les activités douteuses de certains individus afin de désamorcer cette situation explosive avant que les choses n'atteignent le point de non-retour. De manière générale, l'intérêt des Splinter Cell ne repose pas sur le scénario. Contrairement à celle de Max Payne par exemple, les histoires narrées par les développeurs sont toujours passées au second plan et, malgré un synopsis intéressant, c'est encore une fois le cas pour Chaos Theory. Quelques cinématiques ont été réalisées afin de faire progresser l'aventure, mais sans que les actions n'y soient vraiment liées. Ces séquences n'ont bien souvent pas de rapport direct avec la mission qui vient de se terminer, pas plus qu'elles n'en ont avec celle qui suit et le joueur doit en réalité se reposer sur les classiques briefings pour connaître ses objectifs.Présentés par de classiques briefings, les objectifs évoluent parfois beaucoup au cours des missions
Ces missions se déroulent plus ou moins de la même manière que celles des précédents opus. Après avoir pris connaissance de ses cibles, le joueur incarne un Sam Fisher représenté à la troisième personne. Il doit se frayer un chemin vers l'objectif en évitant autant que possible d'alerter le monde qui l'entoure. Son équipement et son armement sont à la pointe de la technologie, mais il n'y a en réalité pas grand-chose de vraiment neuf dans tout cela. Bien sûr, on notera dès les premiers instants de jeu que Sam dispose maintenant d'un couteau qu'il n'hésite pas à employer pour menacer des gardes ou bien pour tuer d'un rapide geste du bras les ennemis de rencontre. De la même manière, les développeurs ont intégré quelques nouveaux mouvements pour varier un peu les plaisirs. Ces nouveaux mouvements ne changent cependant pas le fonctionnement même de la mission et bien souvent, le joueur utilise des techniques déjà expérimentées sur les précédentes aventures comme la destruction quasi systématique des différentes sources lumineuses pour ne pas se faire remarquer et ainsi exploiter l'avantage de la vision nocturne. Non, ce qui change vraiment entre ce Splinter Cell Chaos Theory et ses prédécesseurs c'est l'ouverture des missions, leur moins grande linéarité. C'est ainsi que pour pratiquement chaque problème rencontré par Sam Fisher on peut dénombrer différentes façons de s'en sortir. Cette (toute relative) liberté d'action évite la frustration du joueur qui ne doit pas recommencer sans cesse le même passage jusqu'à trouver la bonne méthode, mais diminue également assez nettement la difficulté du jeu.
Fisher : un Sam particulièrement sagace !
Selon le cas, Sam Fisher doit savoir faire preuve d'initiative, d'agilité ou bien encore de discrétion pour s'en sortir sans dommage
Il sera évidemment très difficile de parvenir à ce score parfait, mais à contrario, terminer l'ensemble de la campagne solo se fera sans grande difficulté pour les vétérans des précédentes aventures de Sam Fisher. Il semble en effet que la plus grande liberté d'action et les différentes manières de traiter chaque problème aient rendu le jeu globalement plus facile. Alors que Splinter Cell et Pandora Tomorrow ne laissaient pas beaucoup de droit à l'erreur, il est ici tout à fait possible de changer d'optique en cours de mission : le joueur dispose ainsi d'une certaine latitude qui lui permet d'improviser un petit peu. En outre, il faut bien avouer que l'intelligence artificielle des adversaires n'a pas vraiment progressé. Globalement, ils réagissent mieux au monde qui les entoure et essayeront par exemple de se cacher lorsque vous ratez un premier coup de feu. Ils apprécient par contre toujours autant de se promener dans le noir absolu, ne s'inquiéteront pas souvent de voir les éclairages éclater les uns après les autres... De telle sorte qu'il est toujours aussi facile (voire même un peu plus) de rester immobile dans un coin sombre afin de profiter du meilleur moment pour leur sauter dessus. En définitive, les joueurs expérimentés termineront sans doute cette campagne solo en moins de quinze heures. Pour les autres, les choses devraient durer un peu plus longtemps, d'autant qu'il est possible de choisir parmi trois niveaux de difficulté. Afin de prolonger le plaisir et comme nous en avions parlé en introduction, les développeurs nous ont préparé quelques réjouissances multijoueurs.
« Versus » et coopératif, le multijoueurs est au rendez-vous
Le mode coopération est l'occasion de réaliser différents mouvements à deux : courte échelle, projection, échelle humaine...
Enfin, la dernière partie du jeu n'est pas vraiment une nouveauté puisqu'elle avait été introduite avec le second jeu, Pandora Tomorrow. Il s'agit bien sûr du mode versus qui constitue le véritable mode multijoueurs de Splinter Cell et permet à deux équipes de deux joueurs de se mesurer au travers d'un affrontement espions / mercenaires. Dans l'ensemble, ce mode de jeu est identique à ce que proposait Pandora Tomorrow. Il y est donc toujours question d'une lutte entre des agents très agiles, bénéficiant de fonctions de camouflage et des mercenaires plus puissants, plus résistants, mais beaucoup moins mobiles. De la même manière, seuls 50 % des cartes disponibles dans ce mode sont vraiment nouvelles, les autres n'étant que des adaptations de celles présentent dans Pandora Tomorrow. En réalité, la seule grosse différence que noteront les habitués du jeu précédent réside dans la création de missions « scénarisées ». Les objectifs des espions conduisent ainsi leurs joueurs à atteindre différents endroits de la carte, alors que les mercenaires sont bien obligés de les suivre pour défendre la position et remporter la partie. De nouvelles armes et de nouveaux équipements ont bien sûr été intégrés pour varier les plaisirs et nous retiendrons plus particulièrement la présence de cette formidable combinaison de l'espion qui lui permet de passer presque complètement inaperçu. Enfin, il ne faut pas oublier de préciser que deux modes de fonctionnement de ce « versus » sont disponibles en plus des missions « scénarisées » (ou mode « histoire ») : le mode chasse au disque qui demande aux espions de trouver des Disques durs répartis sur le niveau et le mode combat à mort, où il suffit d'éliminer l'équipe adverse pour l'emporter.
Pour une poignée de shaders...
La combinaison de l'espion lui permet de se rendre presque complètement invisible : un avantage bien appréciable !
Pour les possesseurs de cartes ATI, il n'y a d'autre choix que d'opter pour les Shaders Models 1.1 puisqu'UbiSoft ne s'est pas préoccupé de la version 2.0. Aussi regrettable que cela puisse paraître sur le papier, ce n'est pas rédhibitoire au cours du jeu... Loin de là même ! Nous avons pour vous en convaincre réalisé trois captures d'écran au même endroit dans le jeu. La première est le rendu 1024x768 au maximum sur ATI X800 Pro (ShaderModels 1.1 donc, mais AA et Aniso activés), la seconde propose le résultat obtenu sur une GeForce 6600 GT avec les Shaders Models 3.0 et l'activation du HDR, alors que la dernière conserve la même carte NVIDIA, mais désactive le HDR pour lui préférer l'anti-aliasing (les deux ne sont pas cumulables)... Je vous laisse seuls juges ! Globalement, on peut dire que Splinter Cell Chaos Theory est nettement plus beau que ses prédécesseurs notamment lorsque la vue la plus utilisée est activée. La vision nocturne semble effectivement avoir été au coeur des préoccupations des développeurs et le rendu des effets de lumières est tout simplement remarquable. Il ne faut pour autant pas négliger le travail accompli dans d'autres domaines : les ombres sont très réussies et le rendu de certains matériaux (toile plastique, rideaux...) est étonnant. Les animations des personnages et en premier lieu de Sam Fisher ne sont pas en reste et la bande-son ajoute encore à l'ambiance, à l'atmosphère du jeu... Histoire de ne pas faire rougir les graphistes, nous critiquerons tout de même les cinématiques toujours aussi moches et le rendu encore très « plastique » des visages alors qu'Half-Life 2 nous a prouvé qu'il était possible de leur donner un aspect beaucoup plus vivant !
ATI (AA 8x, Aniso 16x) sur la gauche et NVIDIA sur les deux captures de droite (HDR activé, puis AA 4x activé)
Conclusion
À en croire UbiSoft, Splinter Cell : Chaos Theory allait révolutionner le jeu d'action sur PC. L'introduction de nouvelles fonctionnalités devait rendre son mode solo plus passionnant que jamais et l'intégration de nouveaux modes de jeu lui permet de s'imposer sur le terrain du multijoueurs. La réalité des choses est évidemment un peu plus complexe, mais nous pouvons d'ores et déjà dire que cette troisième aventure de Sam Fisher est de loin la plus aboutie. Le principe de la campagne reste bien sûr assez proche des deux précédentes, mais les concepteurs ont répondu aux attentes de nombreux joueurs en évitant de recopier à la lettre les mécanismes de Pandora Tomorrow. Sam Fisher est maintenant un peu plus libre de ses actions et le joueur ne devra plus forcément suivre à la lettre l'unique voie du succès. De nombreuses portes resteront irrémédiablement fermées et les séquences de jeu reposent encore essentiellement sur les scripts, mais le joueur peut maintenant envisager différentes solutions pour passer un obstacle et c'est déjà très agréable.Cette relative liberté mise à part, le jeu conserve un déroulement identique aux deux précédents opus. Le cocktail détonnant d'action / infiltration est toujours au rendez-vous et Sam Fisher n'a rien perdu de son charisme. En plus d'ajouter quelques petites touches d'humour généralement très bien venues, UbiSoft ravira les amateurs de VO comme de VF : le doublage français est de très bonne qualité et pour une fois il est possible de passer en version originale ! Cette bande-son est d'ailleurs tout à fait convaincante avec des bruitages d'ambiance fort à propos. Seule la musique, généralement de qualité, est parfois un petit peu déroutante lorsqu'elle souligne un peu fort les moments les plus tendus. La campagne solo ne souffre en définitive que d'un seul véritable défaut qui découle fort logiquement de la plus grande liberté offerte au joueur : elle est courte ! En conséquence, nous conseillons évidemment de tester sur la première mission et de ne pas hésiter à opter pour un niveau de difficulté élevé.
Très réussi en solitaire, Chaos Theory est par contre un petit peu plus décevant en multijoueurs. C'était déjà un défaut des deux premiers volets et malgré les efforts consentis, on sent bien qu'il s'agit encore de la faiblesse de ce troisième épisode. Le mode coopératif est une véritable petite merveille au niveau du concept, mais il pêche par un nombre de missions nettement trop faible pour ne pas décevoir les joueurs à long terme. Alors que le mode versus souffre lui d'une réalisation étonnamment décalée par rapport au reste du jeu. Heureusement, le rythme, la pression et les différences entre les deux classes parviennent à compenser cette lacune que l'on espère bientôt corrigée. Avec Splinter Cell : Chaos Theory, UbiSoft ne s'est pas contenté de faire une simple « resucée » des deux succès de Sam Fisher. Il nous offre une véritable suite... Celle que les fans attendaient sans aucun doute !
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