Boiling Point, l'Enfer pavé de bonnes intentions

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 21 juin 2005 à 18h30
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Premier développement des Russes de Deep Shadows, Boiling Point : Road To Hell leur a permis d'accrocher un gros poisson puisque c'est Atari qui s'est chargé de l'édition / distribution. Il faut dire que sur le papier, les atouts de ce titre multigenres étaient suffisamment nombreux pour attiser bien des convoitises : une aire de jeu de plus de 450 km², des dizaines de personnages à interroger, plus de 40 véhicules et des quêtes à n'en plus finir. Pour ne rien gâcher, Deep Shadows promettait une liberté d'action presque sans égal et une durée de vie redoutable... Boiling Point : le jeu d'aventure / action parfait ?

Saul est le Myers ?

Plutôt que d'épiloguer sur la pertinence de ce lamentable jeu de mots que je mettrais sur le compte de la chaleur, plantons le décor. Établit à Paris, Saul Myers est un ancien de la Légion Étrangère et en tant que héros de Boiling Point, il va surtout être notre nouveau meilleur ami pour toute la durée de l'aventure. Incarné par Arnold Vosloo (Im-Ho-Tep dans La momie ou Habib Marouane dans 24 Heures), le bougre se retrouve au milieu d'un joli, passez-moi l'expression, merdier ! Il y a une dizaine de jours, sa fille grand reporter, s'est faite enlevée dans l'un des pays les plus dangereux de la planète alors qu'elle enquêtait sur les barons de la drogue locaux. Saul Myers n'a bien sûr pas hésité une seconde et s'est embarqué dans le premier avion en partance pour la Réalie avec la ferme intention de délivrer la chair de sa chair. Tout ceci nous est raconté au moyen d'une séquence d'introduction pas spécialement réussie. Ensuite, un bref menu permet de choisir quelques options, de redéfinir les commandes, mais surtout de commencer la partie et là démerdez vous serais-je tenté de dire ! Pour faire simple, la Réalie est une région d'Amérique Latine d'une vingtaine de kilomètres de long sur autant de large : autrement dit, une zone d'environ 450 km² où le joueur est lâché sans filet.

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Malgré une musique sympathique, la séquence d'introduction n'est pas techniquement convaincante

Bien sûr, le but de Saul Myers est désarmant de simplicité : retrouver sa fille. Seulement pour y parvenir, les développeurs ont eu la bonne idée de nous laisser les coudées franches. Le joueur doit ainsi glaner toutes sortes d'informations pour remonter la piste qui mène à la petite Lisa. Des informations qui ne viennent pas forcément très vite et qui coûtent souvent très cher ! L'arrivée de Saul en Réalie en est d'ailleurs la plus parfaite illustration et le rédacteur en chef de Lisa n'hésite pas à demander de l'argent pour dévoiler ce qu'il sait. Une ou deux menaces de notre légionnaire suffiront à l'intimider, mais Luis le barman n'est pas aussi influençable. De manière générale, il est inutile d'espérer avancer en cognant systématiquement tout le monde, Boiling Point n'est pas un simple jeu d'action. Après un petit tour du côté du Jaguar Noir, on se rend vite compte que la situation politique en Réalie est un chouia complexe. Le gouvernement ne contrôle qu'une petite moitié du pays, le reste étant plutôt partagé entre une allégeance aux guérilleros rebelles ou aux mafieux trafiquants de drogue ! À côté de ces trois groupes principaux, différentes « factions » essayent de survivre voire d'exploiter cette situation particulière : bandits, CIA, Indiens, civils...

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En rencontrant certains membres de ces différents groupes, il est possible d'obtenir des missions afin de récolter de l'argent, des objets particuliers ou bien simplement quelques informations de grande valeur. Un carnet de route relativement bien fait permet de garder une trace des personnages rencontrés, de tous les dialogues et des missions en cours. Heureusement que les développeurs ont bien fait les choses de ce côté là car on a très vite fait d'accumuler les quêtes ! Les objectifs sont généralement très variés et cela va de la simple mémé qui veut qu'on l'aide à traverser la route (véridique !) au vol de plans militaires, en passant par différentes attaques ou missions de messager. Évidemment, une mission donnée par une faction majeure vous retourne souvent contre une autre et les guérilleros verront d'un assez mauvais oeil votre soutien aux forces gouvernementales. Si les développeurs permettent de rouler pour plusieurs factions à la fois, en pratique ce n'est pas si simple et c'est surtout très coûteux puisqu'au moindre impair, il faudra dépenser quelques milliers de pesos pour vous faire pardonner. Le plus simple est alors de rouler ouvertement pour un clan et tenter d'en ménager quelques autres, histoire que tout le monde ne vous tombe pas dessus en même temps.

Un bon concept soluble dans les bugs ?

Deux villes, différentes bases, quelques plantations ou fabriques plus ou moins légales, des grottes, des villages et diverses bâtisses perdues, le monde de Boiling Point est particulièrement riche. Saul Myers le découvre au fur et à mesure de ses contacts avec les différentes factions qui lui donneront des objectifs de plus en plus éloignés... Toute la difficulté du jeu étant de concilier ces missions avec les impératifs personnels de notre beau légionnaire. Pour se déplacer plus rapidement sur les routes et emprunter un peu plus sûrement les nombreux chemins de terre, Saul aura rapidement besoin d'un véhicule plus performant que la voiture de sa fille. De la même manière, certains endroits particulièrement inaccessibles demanderont un hors-bord ! Tout est donnant-donnant en Réalie et remplir quelques missions pour la police permet par exemple d'aller encore un peu plus loin en apprenant à piloter un hélicoptère. Hélicoptère que l'on pourra récupérer en faisant copain avec les guérilleros ! La Mafia possède bien sûr un tel appareil, mais aussi et surtout du très bon équipement afin d'améliorer les nombreuses armes qui passeront entre vos mains : fusil d'assaut, fusil à pompe, sniper, revolver... Il ne manque pas d'accessoires pour se transformer en bidasse !

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Rencontre avec la CIA, séquences beuveries et innombrables personnages non-joueurs : Boiling Point a du potentiel !

À cette richesse déjà remarquable du jeu, s'ajoutent une feuille de personnages très complète, la prise en compte de facteurs aussi étonnants que la dépendance à l'alcool ou bien encore des discussions assez riches avec les personnages non-joueurs. En définitive, on ne serait pas loin de croire que Boiling Point est le jeu parfait mêlant adroitement séquences d'action, éléments de jeu de rôle et profondeur de l'aventure pour le plus grand bonheur du joueur. Hélas c'est très loin d'être le cas puisque les développeurs ont comme dirait « merdouillé sur la finition ». Ainsi, on peut dire que chaque élément du jeu est gâché par une coquille, un bug ou un manque d'interactivité. Ce dernier point est sans doute le plus remarquable dans les premières heures de jeu. Alors que Boiling Point est en apparence très ouvert, le joueur est surpris de ne pouvoir ramasser / déplacer / casser presqu'aucun objet. Le bureau du rédacteur en chef est d'ailleurs particulièrement tentant avec cette lampe que l'on aimerait voir s'écraser sur le visage de notre interlocuteur ! Alors que l'on finit par s'y habituer, ce manque d'interactivité ressurgit au moment des premières missions importantes : impossible de se faufiler, de découper un grillage ou bien encore de boucher l'accès à une porte. Du coup on s'énerve et on flingue tout le monde, dommage !

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Second problème, Boiling Point est truffé de bugs en tous genres. Une première mise à jour est déjà disponible et elle permet de jouer dans de meilleures conditions, mais les civils ont encore des réactions étonnantes et de nombreuses quêtes déconnent encore complètement comme celle où cette andouille de Fernando choisit MON fusil d'assaut modifié de partout au lieu de prendre le sien que, magnanime, je suis allé retrouver au milieu de nulle part ! Enfin et ce n'est pas le moindre des problèmes pour beaucoup de joueurs : Boiling Point est aussi instable qu'il est lourd graphiquement. Selon les configurations, il peut planter toutes les deux heures ou tourner à la vitesse d'un escargot asthmatique. De manière générale, il faut compter avec un processeur à 2.8 GHz (ou équivalent), 1 Go de mémoire et une carte graphique dernière génération pour y jouer dans de bonnes conditions... C'est hélas sans doute le prix à payer pour un titre qui propose 450 km² de jeu sans le moindre chargement, mais compte tenu de la qualité graphique pour le moins inégale, de l'ambiance sonore parfois étrange et des faiblesses de l'intelligence artificielle, la pilule est tout de même très dure à avaler.

Conclusion

Vaste, immersif, passionnant et surtout à contre-courant de la lobotimisation galopante des jeux PC actuels, Boiling Point avait tout pour séduire les amateurs d'aventures où « tout est possible ». À la manière d'un autre jeu récent particulièrement prometteur, Vampire : Bloodlines pour ne pas le nommer, le premier titre de Deep Shadows ne parvient cependant pas convaincre. Des qualités, il n'en manque pourtant pas et les multiples factions, la variété des véhicules, le nombre de personnages non joueurs ou bien encore l'avalanche de quêtes disponibles sont autant de points qui mettent en appétit. Hélas, de trop nombreux bugs gâchent très rapidement l'aventure et alors que nous avons décidé d'attendre la disponibilité de la première mise à jour pour publier notre test, on ne peut pas dire que notre patience ait été vraiment récompensée.

Les développeurs ont certes corrigé quelques un des plus gros bugs. On ne peut plus faire exploser le commissariat avec une arbalète, mais de nombreux problèmes subsistent et il faudra donc encore faire avec les réactions un peu étranges des personnages non joueurs ou avec des plantages aussi réguliers que pénibles. Très ouvert, Boiling Point souffre également d'un net déséquilibre dans les possibilités offertes au joueur : alors que les véhicules sont très nombreux, les interactions avec les décors sont réduites à leur portion congrue. Il en résulte un jeu complètement bancal que l'on ne conseillera qu'à bien peu de joueurs. Si vous privilégiez la sensation de liberté, la possibilité de faire un peu tout et n'importe quoi, alors vous accrocherez certainement et ne regretterez pas votre achat. Dans le cas contraire et si la réalisation graphique, les objectifs précis ou une parfaite scénarisation vous sont indispensable, passez votre chemin... Même le patch v2.0 actuellement en préparation ne pourra pas grand-chose pour vous !

Boiling Point : Road To Hell

4

Les plus

  • Liberté d'action remarquable
  • Aire de jeu gigantesque (sans chargement)
  • Richesse impressionnante à tous niveaux

Les moins

  • Réalisation très inégale
  • Bugs et plantages trop fréquents
  • Interactions trop réduites

0

Réalisation6

Prise en main7

Durée de vie10


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Nerces
Par Nerces
Spécialiste PC & Gaming

Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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