Saul est le Myers ?
Plutôt que d'épiloguer sur la pertinence de ce lamentable jeu de mots que je mettrais sur le compte de la chaleur, plantons le décor. Établit à Paris, Saul Myers est un ancien de la Légion Étrangère et en tant que héros de Boiling Point, il va surtout être notre nouveau meilleur ami pour toute la durée de l'aventure. Incarné par Arnold Vosloo (Im-Ho-Tep dans La momie ou Habib Marouane dans 24 Heures), le bougre se retrouve au milieu d'un joli, passez-moi l'expression, merdier ! Il y a une dizaine de jours, sa fille grand reporter, s'est faite enlevée dans l'un des pays les plus dangereux de la planète alors qu'elle enquêtait sur les barons de la drogue locaux. Saul Myers n'a bien sûr pas hésité une seconde et s'est embarqué dans le premier avion en partance pour la Réalie avec la ferme intention de délivrer la chair de sa chair. Tout ceci nous est raconté au moyen d'une séquence d'introduction pas spécialement réussie. Ensuite, un bref menu permet de choisir quelques options, de redéfinir les commandes, mais surtout de commencer la partie et là démerdez vous serais-je tenté de dire ! Pour faire simple, la Réalie est une région d'Amérique Latine d'une vingtaine de kilomètres de long sur autant de large : autrement dit, une zone d'environ 450 km² où le joueur est lâché sans filet.Malgré une musique sympathique, la séquence d'introduction n'est pas techniquement convaincante
Bien sûr, le but de Saul Myers est désarmant de simplicité : retrouver sa fille. Seulement pour y parvenir, les développeurs ont eu la bonne idée de nous laisser les coudées franches. Le joueur doit ainsi glaner toutes sortes d'informations pour remonter la piste qui mène à la petite Lisa. Des informations qui ne viennent pas forcément très vite et qui coûtent souvent très cher ! L'arrivée de Saul en Réalie en est d'ailleurs la plus parfaite illustration et le rédacteur en chef de Lisa n'hésite pas à demander de l'argent pour dévoiler ce qu'il sait. Une ou deux menaces de notre légionnaire suffiront à l'intimider, mais Luis le barman n'est pas aussi influençable. De manière générale, il est inutile d'espérer avancer en cognant systématiquement tout le monde, Boiling Point n'est pas un simple jeu d'action. Après un petit tour du côté du Jaguar Noir, on se rend vite compte que la situation politique en Réalie est un chouia complexe. Le gouvernement ne contrôle qu'une petite moitié du pays, le reste étant plutôt partagé entre une allégeance aux guérilleros rebelles ou aux mafieux trafiquants de drogue ! À côté de ces trois groupes principaux, différentes « factions » essayent de survivre voire d'exploiter cette situation particulière : bandits, CIA, Indiens, civils...
Un bon concept soluble dans les bugs ?
Deux villes, différentes bases, quelques plantations ou fabriques plus ou moins légales, des grottes, des villages et diverses bâtisses perdues, le monde de Boiling Point est particulièrement riche. Saul Myers le découvre au fur et à mesure de ses contacts avec les différentes factions qui lui donneront des objectifs de plus en plus éloignés... Toute la difficulté du jeu étant de concilier ces missions avec les impératifs personnels de notre beau légionnaire. Pour se déplacer plus rapidement sur les routes et emprunter un peu plus sûrement les nombreux chemins de terre, Saul aura rapidement besoin d'un véhicule plus performant que la voiture de sa fille. De la même manière, certains endroits particulièrement inaccessibles demanderont un hors-bord ! Tout est donnant-donnant en Réalie et remplir quelques missions pour la police permet par exemple d'aller encore un peu plus loin en apprenant à piloter un hélicoptère. Hélicoptère que l'on pourra récupérer en faisant copain avec les guérilleros ! La Mafia possède bien sûr un tel appareil, mais aussi et surtout du très bon équipement afin d'améliorer les nombreuses armes qui passeront entre vos mains : fusil d'assaut, fusil à pompe, sniper, revolver... Il ne manque pas d'accessoires pour se transformer en bidasse !Rencontre avec la CIA, séquences beuveries et innombrables personnages non-joueurs : Boiling Point a du potentiel !
À cette richesse déjà remarquable du jeu, s'ajoutent une feuille de personnages très complète, la prise en compte de facteurs aussi étonnants que la dépendance à l'alcool ou bien encore des discussions assez riches avec les personnages non-joueurs. En définitive, on ne serait pas loin de croire que Boiling Point est le jeu parfait mêlant adroitement séquences d'action, éléments de jeu de rôle et profondeur de l'aventure pour le plus grand bonheur du joueur. Hélas c'est très loin d'être le cas puisque les développeurs ont comme dirait « merdouillé sur la finition ». Ainsi, on peut dire que chaque élément du jeu est gâché par une coquille, un bug ou un manque d'interactivité. Ce dernier point est sans doute le plus remarquable dans les premières heures de jeu. Alors que Boiling Point est en apparence très ouvert, le joueur est surpris de ne pouvoir ramasser / déplacer / casser presqu'aucun objet. Le bureau du rédacteur en chef est d'ailleurs particulièrement tentant avec cette lampe que l'on aimerait voir s'écraser sur le visage de notre interlocuteur ! Alors que l'on finit par s'y habituer, ce manque d'interactivité ressurgit au moment des premières missions importantes : impossible de se faufiler, de découper un grillage ou bien encore de boucher l'accès à une porte. Du coup on s'énerve et on flingue tout le monde, dommage !
Conclusion
Vaste, immersif, passionnant et surtout à contre-courant de la lobotimisation galopante des jeux PC actuels, Boiling Point avait tout pour séduire les amateurs d'aventures où « tout est possible ». À la manière d'un autre jeu récent particulièrement prometteur, Vampire : Bloodlines pour ne pas le nommer, le premier titre de Deep Shadows ne parvient cependant pas convaincre. Des qualités, il n'en manque pourtant pas et les multiples factions, la variété des véhicules, le nombre de personnages non joueurs ou bien encore l'avalanche de quêtes disponibles sont autant de points qui mettent en appétit. Hélas, de trop nombreux bugs gâchent très rapidement l'aventure et alors que nous avons décidé d'attendre la disponibilité de la première mise à jour pour publier notre test, on ne peut pas dire que notre patience ait été vraiment récompensée.Les développeurs ont certes corrigé quelques un des plus gros bugs. On ne peut plus faire exploser le commissariat avec une arbalète, mais de nombreux problèmes subsistent et il faudra donc encore faire avec les réactions un peu étranges des personnages non joueurs ou avec des plantages aussi réguliers que pénibles. Très ouvert, Boiling Point souffre également d'un net déséquilibre dans les possibilités offertes au joueur : alors que les véhicules sont très nombreux, les interactions avec les décors sont réduites à leur portion congrue. Il en résulte un jeu complètement bancal que l'on ne conseillera qu'à bien peu de joueurs. Si vous privilégiez la sensation de liberté, la possibilité de faire un peu tout et n'importe quoi, alors vous accrocherez certainement et ne regretterez pas votre achat. Dans le cas contraire et si la réalisation graphique, les objectifs précis ou une parfaite scénarisation vous sont indispensable, passez votre chemin... Même le patch v2.0 actuellement en préparation ne pourra pas grand-chose pour vous !
Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le