Jeu de mots laid pour dingues de ballons
Sur le papier, l'objectif d'Electronic Arts était très clair cette saison : défier Pro Evolution Soccer sur son terrain de prédilection, le réalisme. Inutile de faire durer un suspens que les démos jouables ont éventé depuis déjà quelques semaines : il n'en est absolument rien et si les progrès en terme de gameplay sont bien réels, FIFA 06 ne risque pas de convaincre un seul joueur de Pro Evolution Soccer... Reste maintenant à voir s'il est en mesure de limiter l'hémorragie dont nous parlions en introduction. Pour ce faire, Electronic Arts a tout d'abord pris appui sur ses qualités habituelles. Nous retrouvons donc une licence aux petits oignons avec des équipes par dizaines, une représentation « télévisuelle » qui met entre autres l'accent sur la représentation de nombreux stades mythiques et, enfin, un contenu toujours plus important d'années en années.Visible au niveau du score, l'indicateur de performance donne un avantage à l'équipe dominante pour représenter l'ascendant qu'elle prend sur le match
Plus riche que jamais, FIFA 06 nous offre ainsi la possibilité de participer à 26 championnats nationaux et se permet même d'entrer dans le détail des divisions avec quelques-uns des pays majeurs (Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie). On ne compte plus les clubs ainsi disponibles, mais Electronic Arts parle de 10 000 joueurs et précise que 39 équipes nationales sont de la partie. Pour le coup, c'est très peu et vous pourrez toujours chercher des formations comme le Luxembourg, le Japon ou bien encore les Pays-Bas ! Ces impardonnables manques se retrouvent au niveau des compétitions / modes de jeu. Un entraînement plutôt bien fichu est au programme, mais la liste des compétitions disponibles fait complètement l'impasse sur les épreuves internationales... sans doute Electronic Arts prépare-t-il un « Coupe du Monde 2006 ».
Ceci fait, il ne reste plus qu'à passer au « match suivant » qui peut se résoudre de trois manières : simulation avec diffusion « en direct », simulation du résultat seulement ou bien encore « jeu complet ». Dans ce dernier cas, FIFA 06 nous propose ni plus ni moins que d'empoigner le joypad pour défendre nos couleurs. Dans l'ensemble, ce mode de jeu est une franche réussite. Bien sûr, il n'est pas question de remplacer un véritable jeu de management, mais plutôt d'offrir un peu plus de profondeur aux championnats que l'on peut livrer en solitaire contre la machine. Problème, Electronic Arts a calqué l'interface de la version PC sur celle de la Playstation 2 et l'ergonomie est abominable : les changements de menus sont innombrables et le jeu n'arrête pas de demander s'il faut sauvegarder les changements apportés.
Qu'il s'agisse des menus ou des ralentis, l'interface est aussi peu pratique à manier qu'elle est encombrante
Tackles glissés et fous de balles
De manière plus générale, ces problèmes d'interface sont devenus très gênants sur les dernières productions sportives d'Electronic Arts. L'influence des versions consoles et leur basse résolution est assez pénible pour des joueurs PC habitués au 1024x768 (voire plus) et les pages de menus ne comportent finalement que très peu d'options. Dans le même ordre d'idées, on regrette qu'Electronic Arts ne connaisse plus que le joypad et l'interface ne profite absolument pas des avantages que confère une souris. Dans les matchs, cela se ressent au niveau des ralentis où l'interface occupe une place tout simplement hallucinante et au niveau du jeu : les fonctions avancées de contrôle sont pour ainsi dire inutilisables au clavier. C'est d'autant plus dommage qu'au niveau du jeu proprement dit, Electronic Arts a réalisé de réels progrès.L'inertie dans les déplacements est toujours aussi importante et le temps de réaction des joueurs rend les actions un peu moins précises que l'on pourrait le souhaiter. Plus gênant, ce manque relatif de précision limite la variété des actions. Frustrés par leurs échecs répétés à tenter « autre chose », les joueurs se rabattent sur des tactiques répétitives, mais éprouvées. Il est ainsi devenu très difficile de faire le moindre dribble pourvu que la défense soit concentrée alors qu'au contraire, les débordements sont d'une facilité déconcertante et se finissent presque systématiquement par un centre enroulé à la perfection. Ce manque de variété se retrouve également dans les positions de tir. Bien sûr, avec beaucoup d'entraînement, il est possible de diversifier un peu ses approches, mais grosso modo, il n'existe que quelques positions de tir vraiment efficaces et les courses de la balle ne donnent d'ailleurs pas trop l'impression de contrôler véritablement la trajectoire.
Des « bonus » à débloquer permettent, entre autres, de découvrir de nouvelles couleurs de ballon ou la biographie de « stars »
Sans pour autant transformer FIFA en Pro Evolution Soccer, la correction de ces manques permettrait une plus grande variété des actions et contribuerait à rendre les parties plus riches. Cela dit, ce n'est pas l'unique défaut de cette version 06 et nous allons pour finir toucher à un problème inhabituel chez Electronic Arts, celui de la réalisation. FIFA 06 nous a effectivement passablement déçu par son aspect graphique et si le dessin des stades est irréprochable, il en va différemment des autres éléments. Ainsi, la pelouse est comme floue, la modélisation des joueurs très inégale entre les stars (correctes) et les autres joueurs (moches), enfin les spectateurs permettent d'avoir un nouveau synonyme pour « horrifique ». Les chants de supporters, les banderoles personnalisées accrochées aux tribunes compensent partiellement ce défaut, mais les commentaires abominables d'Eugène Saccomano et Franck Sauzée nous achèvent : FIFA 06 n'est décidément pas une réussite technique.
Conclusion
En dehors de ces deux points très positifs, il faut cependant reconnaître que les améliorations apportées par Electronic Arts sont bien peu nombreuses. Au niveau du gameplay proprement dit, on ne retiendra finalement que les dribbles plus difficiles à entreprendre ou les feintes moins efficaces. En dehors de ces petits changements, il n'y a pas grand-chose à signaler et les reproches de « lourdeur » seront à nouveau de mise. Dans leurs différentes attitudes, les joueurs donnent toujours l'impression d'être « empruntés » et on regrette que les buts se marquent un peu tout le temps de la même manière.
À modifier ainsi par petites touches, Electronic Arts rapproche indiscutablement son titre du Pro Evolution Soccer de Konami, mais ce faisant il lui fait perdre son orientation résolument arcade qui permettait une prise en main plus ou moins immédiate. En ce sens, la conclusion de notre test FIFA 2004 semble encore plus à propos ici : sans avoir la moindre chance de convaincre un seul amateur de Pro Evolution Soccer du fait de changements trop timides, Electronic Arts ne risque-t-il pas de perdre une partie de son public plus tenté par une approche résolument arcade des rencontres ? FIFA 06 est un jeu plaisant, mais compte tenu de l'ambition affichée et des moyens d'Electronic Arts, il déçoit.
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