A Vampyre Story, le test sang compromis

Jean-Marc Oliveres
Publié le 01 décembre 2008 à 14h00
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Cette année 2008 était placée sous le signe des vampires en ce qui concerne les jeux d'aventures. Ainsi, après l'excellent Dracula 3 : La Voie Du Dragon puis le moyen Dracula : Origin, c'est finalement A Vampyre Story qui nous arrive pour clore l'année. Premier jeu du jeune studio Autumn Moon, ce n'est pas le premier venu qui se lance dans l'expérience délicate du point & click. En effet, à la tête du studio, nous retrouvons un certain Bill Tiller dont le nom évoque de grands souvenirs aux amateurs de ce genre de jeux. Au même titre que Ron Gilbert, peut-être plus connu, notre lascar est un ancien de chez LucasArts ayant notamment travaillé sur The Curse Of Monkey Island, le troisième épisode de la série culte. Quand on a un tel pédigrée, on est forcément attendu au tournant. La conception de A Vampyre Story a pris un temps certain, les joueurs d'aventures l'attendaient avec impatience et commençaient à avoir les crocs. Leur soif de sang sera-t-elle pleinement assouvie ?

Le secret de l'île aux vampires

Mona De Lafitte est une jeune chanteuse d'opéra qui se fait vampiriser par le Baron Shrowdy Von Kiefer. Ce dernier est obsédé par Mona et il lui voue une passion sans limites. Si bien qu'il la détient prisonnière dans son château. Notre héroïne ne rêve que d'une chose, s'enfuir de ce lieu étrange et sinistre afin de retourner à Paris, chanter à l'Opéra. Un beau jour, ou plutôt une belle nuit, lors d'une de ses virées nocturnes, le Baron est tué par deux chasseurs de vampires. L'occasion est trop belle et Mona, accompagnée de Froderick, une chauve-souris, décide de saisir sa chance pour fuir ce lugubre univers.

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Ancien de chez LucasArts oblige, nous nous retrouvons alors dans un jeu d'aventure dans le style point & click très traditionnel. Mais ce n'est pas pour autant que les dernières innovations en la matière ne sont pas présentes et le titre ose même nous proposer une nouvelle approche de l'inventaire. Classiquement, le pointeur permet de déplacer Mona, celle-ci refusant absolument de courir pour aller d'un point à un autre et ses déplacements étant particulièrement lents, il est heureux que l'on puisse appuyer sur la barre d'espace pour « téléporter » notre jeune cantatrice à l'endroit désiré. De même, un clic droit de la souris sur une sortie permet de passer rapidement à l'écran suivant. Désormais bien présente dans les dernières productions, une touche permet de mettre en évidence les zones interactives. Un menu radial en forme de crucifix (proche de ce que l'on a pu avoir dans Full Throttle) propose les différentes actions possibles avec un objet (examiner, parler, prendre et voler), le type d'action réalisable changeant en fonction de l'objet ciblé. L'inventaire, quant à lui, stocke tout ce que l'on trouve, mais aussi le souvenir de l'emplacement d'un objet qui pourra être utile ultérieurement quand le moment sera venu. Ainsi, il est possible de combiner les objets entre eux et quand il sera temps, Mona réalisera tout ce qu'il faut automatiquement en utilisant ses pouvoirs vampiriques (comme vous pouvez le constater dans la vidéo accompagnant cet article).

Une Mona au sourire énigmatique

L'équipe de Bill Tiller nous propose un style graphique très inspiré du travail qui avait été réalisé sur le troisième épisode des Monkey Island. Ainsi, on retrouve cet aspect très cartoon, qui pourra ne pas plaire à tout le monde, mais qui reste très agréable et particulièrement stylé. Les décors ont été entièrement dessinés à la main et il s'en dégage une ambiance et une atmosphère très « romantico-gothique ». Le tout ne manquera pas de rappeler aux plus cinéphiles d'entre vous Les Noces Funèbres de Tim Burton. Malgré tout le talent des artistes, certains lieux ont été plus inspirés que d'autres, mais globalement c'est du très bon travail qui a été réalisé. De même, la modélisation des personnages est excellente et ces derniers bénéficient de diverses animations bien complètes et variées. Un petit bémol en ce qui concerne les cinématiques. Si ces dernières ont été réalisées avec le moteur graphique du jeu, elles subissent les effets négatifs de la compression et un léger flou tranche avec le reste du rendu du jeu. Ajoutons à cela des musiques envoûtantes et somptueuses qui viennent mettre en avant l'ambiance si particulière de chaque lieu. Pour couronner le tout, le jeu distille un humour aux petits oignons jouant sur les anachronismes, les réparties remplies de cynisme de Froderick, la naïveté de Mona qui refuse catégoriquement d'admettre sa condition de vampire, et un ton noir assez fin. Autant un titre comme So Blonde était drôle, à un niveau certainement plus terre-à-terre, autant ici les subtilités fusent régulièrement et plus de finesse nous est proposée. Les références sont nombreuses, dissimulées dans les dialogues comme dans les lieux explorés et objets examinés.

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Ce tableau idyllique est malheureusement quelque peu entaché par la localisation française du titre d'Autumn Moon. En effet, le jeu nous propose des voix en anglais sous-titrées en français. Ce choix est dommageable au titre pour plusieurs raisons. Attardons-nous tout d'abord sur la traduction française qui est d'une excellente qualité, le travail effectué pour retranscrire certaines subtilités de langage est admirable. Mais malgré toute la bonne volonté du monde, pour peu que l'on comprenne l'anglais, certaines traductions ne reflètent pas l'humour distillé en version originale. Du coup, l'humour et l'immersion dans l'histoire ont du mal à prendre en raison principalement du fait que le défilement des textes ne se fait que sur deux lignes à une vitesse un peu trop rapide calquée sur la prononciation des personnages. Les dialogues, particulièrement soignés, et les descriptifs sont parfois un peu longs et il est regrettable d'entendre de l'anglais tout en tentant de lire le français. Plus d'une fois, il faut relancer une discussion pour en cerner tout le contenu. Les réparties de Froderick sont truculentes et souvent plus amusantes que la traduction qui en est faite. Les dialogues sont très importants, car, à l'ancienne, les indices pour progresser y sont souvent dissimulés. La voix de Mona, aigüe, ne plaira certainement pas à tout le monde, mais je ne me suis pas senti agressé. À l'ancienne, le titre est surtout axé sur la résolution d'énigmes consistant à déterminer la bonne combinaison d'objets et le bon usage qu'il convient d'en faire. Pour autant, un ou deux puzzles viendront changer la donne. Attention cependant, les dernières productions en date ne nous ont plus habitués à autant de raisonnements farfelus même si une certaine logique préside l'ensemble.



Conclusion

Si des titres comme Runaway ont permis de renouer avec l'aventure point & click traditionnelle, ils n'arrivaient pas à véritablement redonner le frisson à ceux qui ont connu la grande époque LucasArts. Tout en proposant un jeu d'aventure récent, Autumn Moon réussit un retour aux sources aussi bien dans le style et le ton que dans la progression et la loufoquerie des énigmes. Le choix de la localisation est vraiment regrettable et risque fort de priver le titre d'un public. Pour autant, A Vampyre Story est un titre remarquable malgré un prix de vente quelque peu élevé par rapport à la réalisation proposée. La durée de vie quant à elle est naturellement fonction du mode de fonctionnement de pensée de chacun, mais comptez sur un minimum de six à huit heures. Autumn Moon a frôlé le sans-faute. Cette trilogie se dote d'un bon premier épisode, en espérant que les petites erreurs techniques et choix de localisation soient rectifiés pour les prochains épisodes.

A Vampyre Story

6

Les plus

  • L'humour fin et subtil
  • Visuellement stylé
  • Musicalement envoûtant
  • Enigmes farfelues mais logiques
  • Froderick
  • Dialogues de qualité

Les moins

  • Le choix de la localisation
  • Lenteur des déplacements de Mona
  • Le rapport qualité / prix

0

Réalisation7

Prise en main8

Durée de vie6




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Jean-Marc Oliveres
Par Jean-Marc Oliveres

Né deux ans après la naissance des jeux vidéo, j'en suis passionné depuis ma plus tendre enfance. j'ai commencé avec l'Atari 2600 et les Game & Watch et enchaîné avec divers micro-ordinateurs (Oric-Atmos, Amiga 500 et 1200, PC) et autres consoles (Atari 2600, PlayStation 1, PlayStation 2).

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