C'était pas ma guerre...
Ces propos de Rambo, sûrement vrais pour l'immense majorité d'entre nous à peine nés lorsqu'Hitler a décidé de mettre à feu et à sang toute l'Europe, ne vont toutefois pas le rester bien longtemps. Comme ils l'avaient déjà fait avec Call Of Duty premier du nom, les concepteurs d'Infinity Ward ont effectivement décidé de nous refiler un petit échantillon de ce que les tailleurs avaient de mieux au cours des années 40. Ainsi, les trois grandes étapes de la campagne simple joueur de Call Of Duty 2 nous invitent à endosser, dans l'ordre, les uniformes russes, anglais et américains au cours de quelques-uns des épisodes les plus marquants du conflit. Les hostilités débutent par un très bref didacticiel dans lequel Vasili Koslov, notre alter ego soviétique, apprend très rapidement (moins de deux minutes chrono) à manier le pistolet, le fusil et les grenades, remplacées pour l'occasion par des solanum tuberosum ou (pour ceux qui n'ont pas appris le latin surtout pour ce que ça sert)... des patates. Hé oui, l'armée rouge était un peu à court d'équipement !Le début de la campagne est le prétexte à un didacticiel qu'une contre-attaque allemande a tôt fait de transformer en première mission
Cette « mission » est interrompue de manière un peu brutale par les amis « Fritz » qui ont décidé de lancer une contre-attaque de grande envergure alors que le camarade commissaire n'avait pas vraiment terminé sa leçon. Qu'à cela ne tienne, on attrape un fusil, quelques munitions et c'est reparti pour une joyeuse tranche de « moi vois, moi tue » à la sauce Stalingrad. Même au niveau de difficulté le plus élevé, les premières étapes de l'aventure sont relativement simples. Les Allemands tentent le siège de la ville et, les Soviétiques sont, eux, bien décidés à les en déloger. On prend d'assaut les positions de l'ennemi, celui-ci réplique par une contre-attaque plus ou moins ordonnée et on l'achève en détruisant ses blindés, voilà qui résume assez bien le quotidien de Vasili. De temps à autre, nous avons droit à quelques missions un peu plus originales comme cette traversée de tuyauterie, mais dans l'ensemble, le concept d'ailleurs déjà expérimenté sur Call Of Duty premier du nom est désarmant de simplicité.
Si la rythmique est donc absolument irréprochable, il y a tout de même quelques petits « couacs » sur la partition d'Infinity Ward et le plus important concerne sans doute le réalisme du jeu. Pour parvenir à maintenir le joueur sous pression, les développeurs ont effectivement été contraint de faire quelques concessions et la plus remarquable d'entre elles concerne la disparition de la jauge d'énergie. En réalité, on ne perd pas de point de vie dans Call Of Duty 2. Si le joueur ingère trop de plomb (un excellent remède contre les carries), son personnage ralenti, l'affichage devient flou et le rouge envahit l'image. Un message « vous êtes blessé » apparaît alors à l'écran et à moins de trouver rapidement un abri, c'est la mort. Jusque là, le système n'est pas idiot et reflète d'ailleurs sûrement mieux la réalité qu'une barre de vie bien aseptisée. Seulement voilà, quelques secondes à l'abri suffisent pour que le personnage soit comme neuf ! Pas besoin de médecins, ni de trousses de soins, il lui suffit de quelques secondes de repos pour redevenir une machine à tuer... Le réalisme en prend un sacré coup !
Bataille de chars, tirs antiaériens ou « promenade » en halftrack sont autant de plaisirs simples pour entrecouper les séquences plus classiques
Du devoir à la pelle !
Ce n'est toutefois pas le seul problème et après quelques dizaines de minutes, le système dévoile une autre faiblesse : le joueur ne se soucie plus vraiment d'être touché. Tant qu'on ne s'aventure pas seul contre dix Allemands, notre personnage a toutes les chances de trouver un petit coin pour se reposer. Résultat, on fonce bien souvent tête baissée afin de trouver un emplacement protégé. Il suffit d'analyser rapidement la situation et de trouver quelques haltes où on pourra recharger les Batteries entre deux séquences « défouraillage »... Cette fois, c'est la durée de vie qui en prend un coup et ce n'est pas le système de sauvegarde automatique qui vient arranger les choses. Infinity Ward ne permet effectivement pas aux joueurs de sauver leur position quand ils le souhaitent. En lieu et place de ce procédé très classique, les développeurs ont mis au point un système automatique qui sauvegarde très très régulièrement. Du coup, la mort est encore moins un problème : le plus souvent, le jeu ne nous fait reprendre qu'une trentaine de secondes plus tôt dans la partie !Nous avons également droit à d'intéressants raids nocturnes et pour couronner le tout, il est important de signaler les progrès de l'intelligence artificielle. Non, ne rêvez pas, les ennemis sont toujours imbéciles, mais de votre côté les « petits copains » sont nettement plus efficaces et, du coup, le jeu prend une dimension plus intéressante. On a davantage l'impression d'appartenir à une escouade qui avance sur le champ de bataille que d'être la réincarnation de John McLane. Ces compagnons d'infortune parlent régulièrement pour indiquer tel ou tel ennemi, donner quelques conseils ou simplement signaler leur progression. Ils sont également capables de se battre et n'attendent pas bêtement votre coup de mitraillette salvateur pour avancer vers la nouvelle position. Dans certains cas, ils élimineront d'ailleurs d'eux-mêmes la résistance adverse accomplissant presque tout seuls l'objectif de la sous-mission... Pour un peu, on finirait pas les prendre pour les partenaires humains d'une partie multijoueurs !
Même si elle n'est sans doute pas au niveau des meilleures, la réalisation de Call Of Duty 2 est déjà une belle réussite
Évidemment, j'exagère un petit peu et même si l'illusion est bien meilleure que d'habitude, ce n'est pas encore aujourd'hui que ces personnages scriptés remplaceront de véritables joueurs. J'espère au passage que vous aurez tous noté avec quelle maestria (avec qui ? Non, rien laissez tomber), je suis passé à la description du mode multijoueurs. Ce dernier n'est d'ailleurs pas bien compliqué à détailler tant son contenu s'avère classique. En plus de reconduire les modes les plus traditionnels (deathmatch, team deathmatch, capture the flag) et celui imaginé pour Call Of Duty (recherche et destruction), Infinity Ward en a conçu un nouveau, le mode QG. Il s'agit d'un mode très simple où deux équipes se battent pour un point de contrôle. Celle qui le détient augmente son score en le défendant, mais est limitée au niveau des respawns (réapparition d'un joueur mort au combat). Nous manquons évidemment de recul pour juger dès maintenant du mode multijoueurs, mais le succès du premier volet, encore très joué aujourd'hui, permet d'être confiant.
Conclusion
La mise en place d'un système de dégâts extrêmement simplifié est une drôle d'idée qui en fiche un sérieux coup au réalisme, mais contribue finalement à rendre le jeu encore plus rythmé et immersif. On ne sera donc pas trop critique à l'égard d'Infinity Ward qui termine d'ailleurs avec un mode multijoueurs de qualité. Là encore, l'originalité n'est pas vraiment au rendez-vous, mais on prend plaisir à souder et se faire dessouder (à moins que ce ne soit l'inverse) en réseau local comme sur Internet. Call Of Duty 2 ne révolutionne donc pas le genre, il est parfois un peu répétitif, souvent bien bourrin et jamais novateur, mais la dose d'action nerveuse qu'il propose devrait vous scotcher à votre clavier pendant un bon moment, à moins bien sûr... d'être allergique au genre !
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