Le temps c'est de l'argent, et l'argent c'est le nerf de la guerre
Les jeux de stratégie ne vont pas tarder à accueillir un nouveau venu dans le secteur. Développé par Eugen System et édité par Ubisoft, Ruse souhaite renouveler le genre. S'il est ici question de gestion de ressources, d'établissement de bases, et de préparations d'offensives sur l'ennemi, il sera surtout question du contrôle de l'information.Pour prendre les bonnes décisions, il faut disposer des bonnes informations. Convaincre son opposant de certaines forces et faiblesses qui n'existent pas en réalité, cela permet de lui tendre quelques pièges bien fourbes. Mais, réciproquement, il va aussi falloir lire entre les lignes de la stratégie affichée en face afin de ne pas tomber bêtement dans un traquenard bien ficelé !
Ce qui fait la force de Ruse, c'est la schématisation des informations selon l'échelle. L'affichage global de toutes les données, de façon simple et claire. Peu importe le niveau de zoom, que l'on soit devant la carte générale dans le QG ou en pleine ville au cœur du conflit, tout ce qui s'avère utile pour mieux appréhender sa situation est compréhensible directement. Très pratique pour prendre des décisions très rapidement. Car le nerf de la guerre n'est pas que l'argent. Il y a aussi le facteur temps. Le jeu d'Eugen Systems est en outre très rythmé. Il faut prendre la bonne initiative au bon moment sans perdre une seule seconde, car choisir les bonnes options est une chose, les choisir dans des délais très courts en est une autre. Quand on se retrouve sous le feu de deux attaques simultanées, cela se complique vite.
« Dans un premier temps, il faut déjouer les pièges basiques. »
Le niveau de démonstration qui nous a été donné d'essayer est la bataille de Kasserine. Sur les côtes nord-africaines, les Alliés tentent de repousser l'offensive allemande depuis la Sicile afin de garder un avant-poste aux portes de l'Europe. Dans la pratique, cette mission se déroule en trois temps : il faut prendre une petite ville aux forces nazies présentes, la défendre, et établir un peu plus loin une base afin de détruire le centre de commandement ennemi. Le point négatif de ces premiers instants de jeu réside dans le fait que le script de cette mission est trait pour trait celui de la démo présentée à l'E3. Seules les missions du début, façon tutoriel, devraient toutefois être aussi scriptées afin d'acclimater le joueur.Ensuite, il faudra faire preuve de logique : lors de la première contre-offensive, votre avion éclaireur vous signalera des pièces d'artillerie lourde, bien escortées par des véhicules anti-aérien et des véhicules radars. Dans cette situation, sacrifier un bombardier pour détruire les véhicules radars s'avère être la meilleure solution. Les artilleurs n'ayant aucun champ de vision quand ils sont seuls, ils n'empêchent plus la progression de vos chars qui pourront, eux, s'en prendre à la DCA. Le temps que tout ce beau monde se replie en catastrophe, vos autres bombardiers font le nettoyage.
Place à la ruse !
Il est temps de passer aux choses sérieuses, établir une base. Sans oublier vos atouts : les ruses ! Dans cette démonstration, cinq ruses sont disponibles. Le silence radio, le décodage des ordres ennemis, le camouflage des bâtiments, l'espionnage et l'attaque leurre. Il est également essentiel de trouver des ressources, donc de contrôler un maximum de dépôts d'hydrocarbures. Ensuite, mettre au point une stratégie d'attaque.Une stratégie vouée à la victoire totale. Mais on ne peut utiliser que cinq ruses en même temps, sur des zones définies de la carte. En les gaspillant toutes, on s'expose a un risque de contre-offensive assez fort. Car l'I.A. peut tout aussi bien anticiper nos propres mouvements de base avec un simple plan d'espionnage. Le coup fourré que l'on prépare tombe à l'eau et prend un sévère revers. Nos bâtiments devenant dès lors les cibles de bombardements soutenus. Des scénarios alternatifs de renversement de situation, les ruses en apportent des dizaines par mission. Il faut donc savoir les utiliser à juste titre. Ce qui promet de belles confrontations en multijoueurs.
« La combinaison clavier/souris n'est pas essentielle, mais demeure préférable pour les habitués aux RTS »
Que l'on utilise le clavier ou la manette, Ruse est demeure très jouable. Le pad manque certes de précision dans le feu de l'action -devoir faire trois fois une manipulation pour sélectionner l'unité voulue, c'est du temps de perdu !-, toutefois, on navigue sur la carte avec une certaine aisance en choisissant la manette (l'avantage des deux joysticks). La combinaison clavier/souris n'est donc pas essentielle pour ce RTS, même si elle demeure préférable pour les habitués du genre, la manette sera l'ami idéal des novices.Quelques petites combinaisons de doigts suffisent à faire exactement comme avec la souris. Par contre, le joueur ne doit pas se tromper dans sa manipulation, car le moindre petit écart d'utilisation rend le jeu brouillon : un doigt posé trop tôt dans sa sélection d'unité et l'écran traduit ça comme une volonté de faire bouger la carte.
Un titre jouable sur une majorité de configurations
Au niveau de la technique, Ruse est un jeu qui promet d'exploiter pleinement la technologie des processeurs quatre cœurs. L'Iriszoom Engine (le moteur graphique d'Eugen Systems, similaire à un Google Earth en 3D) recalcule en temps réel l'affichage à l'écran, ce qui permet de profiter des milliards de polygones de chaque carte sans devoir les afficher simultanément ou les prendre en compte alors qu'ils ne figurent pas à l'affichage (ce qui serait diaboliquement lourd à calculer même pour le plus puissant des PC). Le jeu reste toutefois très jouable avec une configuration moyenne (sans pouvoir afficher tous les détails graphiques donc), sans grosse perte visuelle notable.Le titre d'Ubisoft et Eugen Systems a de bonnes chances de faire grand bruit lors de sa sortie. Sa capacité à simplifier les données pour le joueur, sans pour autant simplifier le jeu lui-même, pourrait bien attirer les novices vers le genre RTS tout en proposant un nouveau challenge aux stratèges confirmés. Cependant, il manque encore encore un peu d'opposition libre, sans script, pour se faire une idée du comportement de l'I.A. en environnement complètement ouvert. À voir d'ici la sortie, Ruse étant prévu pour le premier trimestre 2010.
Un vent nouveau souffle sur la stratégie en temps réel
La réponse est donnée par les studios français d'Eugen Systems : oui, la guerre c'est évidemment une succession de coups fourrés bien sentis, tous masqués par des agressions plus conventionnelles. Lors de la première démonstration du jeu par l'éditeur (R.U.S.E. : Vidéo #2 - Partie #1 - Silence radio (VOST)), nous avions vu quelques principes de base lors de l'offensive alliée sur le Mont Cassin en Italie. Pour neutraliser les unités anti-aériennes afin de permettre à l'aviation de bombarder une zone clé de la carte, il fallait imposer le silence radio au secteur afin que les troupes blindées infiltrées attaquent en douce pendant que le reste de l'armée se battait en face à face. Ensuite, le décryptage des ordres ennemis permettait d'anticiper ses mouvements de contre-attaque et de les réduire en poussière. Mais ce n'était qu'un petit tutoriel...
Les rapports de forces sont avant tout une question de contextes
Attention toutefois, vos chars Wolverine -très efficaces contre les autres blindés- doivent rester hors de portée des tirs ennemis, car leurs protections sont trop légères pour résister aux Panzers. C'est un peu une sorte de « pierre, feuille, ciseaux » contextuel, les forces et faiblesses de chacun pouvant se modifier selon des éléments extérieurs : la portée de tir, le type d'unité, ainsi que la visibilité peuvent inverser le rapport de force entre les différents protagonistes. Des unités d'infanterie ne font pas le poids face à des véhicules blindés dans des espaces ouverts, alors qu'en ville il est facile de tendre une embuscade avec des munitions anti-chars. La géographie entre donc en compte. Installer des canons lourds dans une petite forêt, par exemple, permet de tirer sur tout ce qui bouge au loin en étant uniquement détectable lorsque l'on tire.
« Avec une poignée d'unités bien placée, on peut se débarrasser d'un adversaire farouche »
Pour ce qui est de vos bâtiments, vous pourrez les construire où bon vous semble, ce qui permet de s'adapter -là encore- au contexte. Si vous avez besoin d'une aviation lourde pour bombarder en permanence un secteur, placer l'aérodrome dans un coin reculé permet d'éviter de se le faire détruire, mais les bombardements sont moins soutenus. Inversement, avoir l'aérodrome à portée du secteur visé permet de maintenir une pression constante, mais les avions au sol sont exposés à une contre-attaque qui anéantirait la menace aérienne. Il est à la charge du joueur de prendre en compte chaque contrainte et chaque avantage pour mettre au point sa base d'opérations et l'optimiser au maximum.
« Le plus rusé d'entre tous risque fort d'être celui dont on ne remarquera pas les ruses »
Outre le caractère bien fourbe de certaines ruses, c'est surtout la possibilité de les cumuler qui s'avère très pratique. Imposer un silence radio dans une zone ou les bâtiments sont camouflés permet de devenir pratiquement invisible aux yeux de l'ennemi. Néanmoins, s'il envoie des espions cette combinaison de ruses tombe à l'eau. Certes, mais s'il espionne un secteur, il ne peut espionner celui où vous envoyez une attaque leurre. Ne pouvant détecter le caractère factice de votre offensive, l'ennemi s'emploie à défendre le secteur avec le gros de ses troupes... avant de constater trop tard son erreur, pendant que vous le prendrez à revers. Si l'I.A. dans cette démonstration se laisse difficilement piéger (Eugen Systems est en train de la travailler afin de la rendre un peu plus « humaine »), ce procédé en multijoueurs promet de jolis coups de poker. Si bien que le plus rusé d'entre tous risque fort d'être celui dont on ne remarquera pas les ruses.
« Ruse a été conçu pour être joué aussi bien à la souris qu'à la manette »
Au niveau de la jouabilité, on nous affirme que R.U.S.E. a été conçu pour être joué aussi bien à la souris qu'à la manette. Cette dernière étant l'outil des versions consoles ce n'est d'ailleurs pas plus mal, surtout qu'il semble que les déplacements et les zooms se font plus instinctivement avec. Question accessibilité, les novices en la matière sont assez chouchoutés, car les systèmes de jeu basiques sont très accessibles et toutes les informations utiles sont visibles à l'écran en un coup d'œil. Qu'il s'agisse de la portée de tir/vue de votre unité, ou des chances dont elle dispose pour détruire l'unité adverse que vous visez, tout est très simple et très clair. Un atout également pour les férus de STR qui pourront se concentrer sur toute la partie spécifique des ruses. Toujours prévu avant la fin de l'année, R.U.S.E. (il s'agit d'une anagramme dont le sens n'a pas encore été dévoilé) semble bien parti pour apporter un peu de fraîcheur et beaucoup de fourberie dans les jeux de stratégie.
Quelques grammes de Ruse dans un monde de brutes ?
Si Act Of War a remporté un certain succès, le jeu de stratégie temps réel édité par Atari suivait à la lettre les canons du genre. Pour son nouveau projet, Eugen Systems a donc décidé de revoir complètement sa copie en plaçant des idées telles que le renseignement, la désinformation et la connaissance la plus parfaite de son ennemi au cœur du jeu. Intitulé Ruse, le projet en question se focalise sur la perception que des auteurs tels que Sun Tzu ou Von Clausewitz pouvaient avoir du stratège. Pas question donc de se concentrer sur la construction de structures de commandement, la collecte de ressources ou la manipulation de ses unités.Celle-ci retraçait l'attaque des forces américaines sur le Monastère du Mont Cassin en Italie, et débutait sur une carte « stratégique ». Ici, on pouvait voir l'immensité de la région couverte par la mission (plusieurs centaines de kilomètres carrés) découpée en zones. Ces zones sont autant de portions de carte sur lesquelles le joueur peut employer les fameuses ruses qui donnent son nom au jeu. Les ruses doivent être perçues comme des espèces de compétences qui permettent d'agir en dehors du cadre classique du STR.
Beaucoup d'autres ruses sont déjà prévues par Eugen Systems ou encore à l'étude et il a notamment été question de masquer les recherches technologiques en cours. Nous avons trouvé ce dernier cas particulièrement intéressant car il permet de bien comprendre le potentiel de ce système basé sur l'information / la désinformation dans le cas d'un conflit de longue haleine. Au cours des vingt missions de la campagne, le joueur est évidemment amené à faire évoluer son armement au travers de progrès scientifiques. Ces progrès, il semble logique de les faire sur la foi des informations que l'on a de l'ennemi... Mais que faire si ces informations sont erronées ?
En plus de la campagne solo, Ruse devrait proposer un mode multijoueur et il semblerait que du coopératif soit également dans les projets d'Eugen Systems. Prévu courant 2009 sur PC, Playstation 3 et Xbox 360 chez Ubisoft, Ruse semble bien parti pour renouveler la stratégie temps réel. Eugen et Ubisoft sont encore trop mystérieux à notre goût, mais une chose est cependant déjà certaine : ce que nous en avons vu nous donne envie d'en savoir plus, beaucoup plus... Eugen Systems tient un concept fort que le studio ne doit surtout pas gâcher !