Dragons et donjons ?
Sans surprise, Divinity 2 s'ouvre sur la classique phase de création de personnage qui permet de sélectionner certaines des caractéristiques principales de son futur meilleur ami. Là où les choses sont déjà plus surprenantes, c'est lorsque l'on voit le nombre finalement assez réduit de caractéristiques, de compétences et d'aptitudes, mais nous y reviendrons. Une fois que l'on a définit la silhouette de notre avatar, l'aventure peut débuter et, avec elle, la quête de notre apprenti-Draconis dont le seul but est de devenir un membre à part entière de l'ordre des chasseurs de dragons.Sur le point de terminer sa formation, notre héros n'est toutefois pas encore assez considéré par ses condisciples pour se lancer à l'assaut du chevalier-dragon aperçu dans la région. Pendant que les grands iront taquiner le la créature, nous devons rester au village pour récupérer des informations et rendre compte à notre supérieur. Après un didacticiel assez sommaire, cette étape fleure bon la rallonge pour Larian Studios et, ce faisant, c'est aussi l'occasion de découvrir la région, rencontrer quelques villageois et obtenir diverses quêtes pas trop compliquées.
À ce niveau, Divinity 2 nous propose une variété appréciable, même si les quêtes dites secondaires sont très souvent à classer dans la catégorie messager / coursier. Nombre d'entre-elles nous imposent effectivement de jouer les livreurs ou le responsable du courrier du cœur. Heureusement, les développeurs ont souvent glissé quelques touches d'humour ce qui est assez inhabituel dans un jeu de rôle (JDR) de ce type. Il faut également noter la possibilité de lire dans les pensées des personnages non-joueurs (PNJ) pour en apprendre de belles.
Problème, cette liberté a vite fait de remplir le journal de quêtes d'un joueur un tant soit peu curieux et il nous faut ici critiquer une interface pas forcément très adaptée. Tout d'abord, aucun indicateur de progression de quête n'est au rendez-vous, mais surtout la carte est désespérément vide d'informations. Rien sur les téléporteurs qui permettent de ne pas se taper des allers-retours à répétition, le joueur doit les marquer lui-même s'il veut en conserver la trace ! Rien non plus sur la localisation de tel ou tel PNJ qu'il faut retrouver comme un grand une fois la mission accomplie.
« S'il débute le jeu en tant que tueur de dragons, notre héros change bien vite de bord et la découverte d'une pierre lui confère le pouvoir de se transformer en dragon »
Si elle ne plaira pas à tous, cette configuration étonnante des lieux a l'avantage de densifier l'action : le joueur a ainsi toujours quelque chose à faire à deux pas de lui ! Durant la première partie de l'aventure - une petite dizaine d'heure de jeu - ce quelque chose doit le guider vers la découverte de son destin de Chevalier Dragon. S'il débute le jeu en tant que tueur de dragons (un Draconis), notre héros change bien vite de bord et la découverte d'une pierre très particulière lui confère même le pouvoir de se transformer en dragon.
Seconde facette du gameplay de Divinity 2, la Tour de Guerre est une sorte de base pour notre Chevalier Dragon. Une base qui regorge de serviteurs et d'options pour enchanter des objets, stocker les récompenses, mais surtout pour jouer au Docteur Frankenstein. Tout au long de l'aventure, on récupère effectivement des morceaux de créatures (têtes, torses, membres...) que l'on peut ensuite rassembler et combiner pour donner vie à des bestioles vouées corps et âme à notre toute puissance. Cet aspect du jeu a un petit côté gadget, mais il est amusant et plutôt bien fichu au contraire d'ailleurs de la troisième facette.
Si les environnements champêtres sont les plus réussis, on apprécie la variété d'ensemble
Celle-ci est clairement la plus décevante et c'est pourtant elle que les développeurs avaient régulièrement mise en avant tout au long de la conception du jeu. Cette phase débute dès lors que notre héros prend possession de la pierre dont nous parlions précédemment. Le joueur peut alors se changer en dragon, mais, premier regret, cette métamorphose est limitée à certaines zones : pas question donc de faire le ménage dans un donjon à coup de lance-flamme draconique. Les zones réservées transforment en fait le jeu en une sorte de shoot them up du pauvre avec ennemis volants et balistes antidragons au sol.
Un studio plein de bons Larian ?
Nous avons vraiment été déçus par ces phases sans grand intérêt où les contrôles du dragon sont largement perfectibles. Ces contrôles sont à classer parmi les problèmes de finition de développeurs qui ont eu le bon goût de nous proposer un jeu stable, mais un peu limité par endroits. Ainsi les rôlistes seront désolés de voir que les cycles jour / nuit ne sont pas au programme, pas plus que la météo ou la fatigue du héros. Dans le même genre, notons que l'inventaire est pour le moins simpliste : ni poids ni encombrement, la seule limite est en nombre d'objets !En réalité, les choses sont surtout différentes de ce que l'on a l'habitude de voir. Dans Divinity 2, il n'est pas question de se la jouer « infiltration » et les coups d'épées se résument à une succession de pressions sur le bouton de la souris / manette. Pour autant, l'utilisation des sortilèges, des trois combinaisons d'armes interchangeables à volonté, des potions et de la mobilité de son héros permettent d'apporter un petit aspect stratégique à l'ensemble. Il en va de même pour l'utilisation des créateurs auxquelles nous avons donné la vie.
Ce point est d'ailleurs l'un des rares défauts techniques que l'on peut formuler, car sur PC comme sur Xbox 360, l'ensemble est aussi fluide qu'il est beau. Mention spéciale pour les superbes éclairages / effets de lumière et pour la variété des personnages / créatures / environnements. Le niveau de détail des textures est très correct, mais il faut reconnaître une relative gourmandise qui obligera les joueurs PC à disposer d'une machine plus que correcte pour en profiter (Core 2 Duo 2,4 GHz, 2 Go de mémoire vive, GeForce 9800 GTX).
Conclusion
Tout à la fois bonne surprise et petite déception, Divinity 2 fait assurément partie de ces jeux sur lesquels on ne peut s'empêcher d'avoir des regrets. Les Belges de Larian Studios avaient toutes les cartes en main pour nous offrir un titre absolument mémorable. Hélas, leur mélange action / jeu de rôle prend un malin plaisir à nous trouver tous les synonymes possibles au mot inégal. Ainsi, le monde de Divinity 2 s'avère aussi vaste et complexe qu'il est limité et sans vie. Les personnages ne semblent avoir rien d'autre à faire que d'attendre le joueur et les combats en tant que guerrier ne sont guère intéressants. Pourtant, l'aventure est très plaisante, les bonnes idées sont nombreuses (création de créatures, Tour de Guerre) et l'aspect technique des choses est bien maîtrisé. Divinity 2 ne risque donc pas de convaincre les réfractaires au genre, mais il fera passer de bons moments aux amateurs... en attendant Dragon Age : Origins ?Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
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