Divinity 2 : le jeu de rôle façon démiurge ?

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 20 octobre 2009 à 18h15
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En septembre 2002, Divine Divinity avait su créer la surprise en ralliant de nombreux amateurs de jeux de rôle, les Belges de Larian Studios avaient réussi à se forger une jolie petite réputation. Hélas, les choses se sont ensuite un peu gâté avec un Beyond Divinity sans doute trop sage. Du coup, pour le nouvel opus de sa franchise, la jeune équipe a décidé de revoir complètement sa copie : passage à la 3D, changement de gameplay et mimétisme de rigueur !

Dragons et donjons ?

Sans surprise, Divinity 2 s'ouvre sur la classique phase de création de personnage qui permet de sélectionner certaines des caractéristiques principales de son futur meilleur ami. Là où les choses sont déjà plus surprenantes, c'est lorsque l'on voit le nombre finalement assez réduit de caractéristiques, de compétences et d'aptitudes, mais nous y reviendrons. Une fois que l'on a définit la silhouette de notre avatar, l'aventure peut débuter et, avec elle, la quête de notre apprenti-Draconis dont le seul but est de devenir un membre à part entière de l'ordre des chasseurs de dragons.


Sur le point de terminer sa formation, notre héros n'est toutefois pas encore assez considéré par ses condisciples pour se lancer à l'assaut du chevalier-dragon aperçu dans la région. Pendant que les grands iront taquiner le la créature, nous devons rester au village pour récupérer des informations et rendre compte à notre supérieur. Après un didacticiel assez sommaire, cette étape fleure bon la rallonge pour Larian Studios et, ce faisant, c'est aussi l'occasion de découvrir la région, rencontrer quelques villageois et obtenir diverses quêtes pas trop compliquées.

À ce niveau, Divinity 2 nous propose une variété appréciable, même si les quêtes dites secondaires sont très souvent à classer dans la catégorie messager / coursier. Nombre d'entre-elles nous imposent effectivement de jouer les livreurs ou le responsable du courrier du cœur. Heureusement, les développeurs ont souvent glissé quelques touches d'humour ce qui est assez inhabituel dans un jeu de rôle (JDR) de ce type. Il faut également noter la possibilité de lire dans les pensées des personnages non-joueurs (PNJ) pour en apprendre de belles.

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Cette aptitude permet ici d'apprendre comment ouvrir un coffre visiblement bien garni, et là que le poltron en face de nous est en fait un déserteur. Plus tard dans le jeu, ce sont des éléments du décor qui servent de déclencheurs aux quêtes ce qui pousse le joueur à fouiner plus que de coutume... enfin s'il en a envie ! En effet, l'un des atouts des Divinity 2 réside dans la grande liberté qui est laissée au joueur. Il y a bien sûr un scénario principal, mais autour de cela de nombreuses missions annexes, parfois en plusieurs étapes, sont là pour apporter un peu de fraîcheur à l'ensemble.

Problème, cette liberté a vite fait de remplir le journal de quêtes d'un joueur un tant soit peu curieux et il nous faut ici critiquer une interface pas forcément très adaptée. Tout d'abord, aucun indicateur de progression de quête n'est au rendez-vous, mais surtout la carte est désespérément vide d'informations. Rien sur les téléporteurs qui permettent de ne pas se taper des allers-retours à répétition, le joueur doit les marquer lui-même s'il veut en conserver la trace ! Rien non plus sur la localisation de tel ou tel PNJ qu'il faut retrouver comme un grand une fois la mission accomplie.

« S'il débute le jeu en tant que tueur de dragons, notre héros change bien vite de bord et la découverte d'une pierre lui confère le pouvoir de se transformer en dragon »

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Sans nous mâcher le travail comme le font certains MMO, nous aurions aimé une assistance ou, au moins, un journal plus facile à tenir. C'est que le monde est vaste ! Tempérons cependant tout de suite cette dernière assertion, car le monde de Divinity 2 est faussement ouvert. Sa taille n'est absolument pas en cause, mais nombre de zones ne sont en fait que des couloirs plus ou moins larges parsemés de différents accès pour atteindre de nouvelles régions, des villages ou bien encore des donjons / souterrains plus malfamés les uns que les autres.

Si elle ne plaira pas à tous, cette configuration étonnante des lieux a l'avantage de densifier l'action : le joueur a ainsi toujours quelque chose à faire à deux pas de lui ! Durant la première partie de l'aventure - une petite dizaine d'heure de jeu - ce quelque chose doit le guider vers la découverte de son destin de Chevalier Dragon. S'il débute le jeu en tant que tueur de dragons (un Draconis), notre héros change bien vite de bord et la découverte d'une pierre très particulière lui confère même le pouvoir de se transformer en dragon.

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Il s'agissait pour Larian Studios de nous proposer un gameplay doté de trois facettes. La première de ces facettes est de loin la plus classique : il s'agit simplement de nous placer dans la peau d'un héros que l'on fait évoluer avec les gains de points d'expérience. En début de partie on doit choisir entre guerrier, ranger et magicien, mais en réalité ce choix n'est pas définitif et l'arbre de compétences n'est jamais verrouillé. Un magicien peut, de ce fait, devenir un artiste de l'arc et porter des armures lourdes : les choix ne dépendent que de la répartition des points reçus à chaque niveau.

Seconde facette du gameplay de Divinity 2, la Tour de Guerre est une sorte de base pour notre Chevalier Dragon. Une base qui regorge de serviteurs et d'options pour enchanter des objets, stocker les récompenses, mais surtout pour jouer au Docteur Frankenstein. Tout au long de l'aventure, on récupère effectivement des morceaux de créatures (têtes, torses, membres...) que l'on peut ensuite rassembler et combiner pour donner vie à des bestioles vouées corps et âme à notre toute puissance. Cet aspect du jeu a un petit côté gadget, mais il est amusant et plutôt bien fichu au contraire d'ailleurs de la troisième facette.

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Si les environnements champêtres sont les plus réussis, on apprécie la variété d'ensemble

Celle-ci est clairement la plus décevante et c'est pourtant elle que les développeurs avaient régulièrement mise en avant tout au long de la conception du jeu. Cette phase débute dès lors que notre héros prend possession de la pierre dont nous parlions précédemment. Le joueur peut alors se changer en dragon, mais, premier regret, cette métamorphose est limitée à certaines zones : pas question donc de faire le ménage dans un donjon à coup de lance-flamme draconique. Les zones réservées transforment en fait le jeu en une sorte de shoot them up du pauvre avec ennemis volants et balistes antidragons au sol.

Un studio plein de bons Larian ?

Nous avons vraiment été déçus par ces phases sans grand intérêt où les contrôles du dragon sont largement perfectibles. Ces contrôles sont à classer parmi les problèmes de finition de développeurs qui ont eu le bon goût de nous proposer un jeu stable, mais un peu limité par endroits. Ainsi les rôlistes seront désolés de voir que les cycles jour / nuit ne sont pas au programme, pas plus que la météo ou la fatigue du héros. Dans le même genre, notons que l'inventaire est pour le moins simpliste : ni poids ni encombrement, la seule limite est en nombre d'objets !

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Ces mêmes rôlistes pesteront sans doute aussi contre la fausse ouverture du monde et la linéarité qui en découle parfois de même qu'ils ne laisseront pas passer un univers qui ne vit que « pour le joueur ». Les PNJ n'ont pas d'agenda propre, ils ne font rien de leur journée et, pourvu que l'on soit assez bon en crochetage, il est possible de voler n'importe quel objet sans que l'on ne nous dise rien. Enfin, arrêtons-nous sur le système de combats qui devrait énerver certains joueurs de par son apparente simplicité et son absence de finesse.

En réalité, les choses sont surtout différentes de ce que l'on a l'habitude de voir. Dans Divinity 2, il n'est pas question de se la jouer « infiltration » et les coups d'épées se résument à une succession de pressions sur le bouton de la souris / manette. Pour autant, l'utilisation des sortilèges, des trois combinaisons d'armes interchangeables à volonté, des potions et de la mobilité de son héros permettent d'apporter un petit aspect stratégique à l'ensemble. Il en va de même pour l'utilisation des créateurs auxquelles nous avons donné la vie.

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Une fois créées, ces dernières sont en quelque sorte stockées et il suffit ensuite de les appeler pour nous filer un coup de main au moment d'un combat que l'on imagine trop risqué. Notons également la présence d'un système de pause active qui permet de bloquer l'action afin d'avoir le temps de fouiner dans son inventaire pour retourner un affrontement qui s'engageait mal. La pause active est en outre une bonne façon, pas forcément prévue par les développeurs, pour contourner les légers problèmes de caméra que l'on peut rencontrer dans les lieux les plus confinés.

Ce point est d'ailleurs l'un des rares défauts techniques que l'on peut formuler, car sur PC comme sur Xbox 360, l'ensemble est aussi fluide qu'il est beau. Mention spéciale pour les superbes éclairages / effets de lumière et pour la variété des personnages / créatures / environnements. Le niveau de détail des textures est très correct, mais il faut reconnaître une relative gourmandise qui obligera les joueurs PC à disposer d'une machine plus que correcte pour en profiter (Core 2 Duo 2,4 GHz, 2 Go de mémoire vive, GeForce 9800 GTX).

Conclusion

Tout à la fois bonne surprise et petite déception, Divinity 2 fait assurément partie de ces jeux sur lesquels on ne peut s'empêcher d'avoir des regrets. Les Belges de Larian Studios avaient toutes les cartes en main pour nous offrir un titre absolument mémorable. Hélas, leur mélange action / jeu de rôle prend un malin plaisir à nous trouver tous les synonymes possibles au mot inégal. Ainsi, le monde de Divinity 2 s'avère aussi vaste et complexe qu'il est limité et sans vie. Les personnages ne semblent avoir rien d'autre à faire que d'attendre le joueur et les combats en tant que guerrier ne sont guère intéressants. Pourtant, l'aventure est très plaisante, les bonnes idées sont nombreuses (création de créatures, Tour de Guerre) et l'aspect technique des choses est bien maîtrisé. Divinity 2 ne risque donc pas de convaincre les réfractaires au genre, mais il fera passer de bons moments aux amateurs... en attendant Dragon Age : Origins ?

Divinity 2 : Ego Draconis

6

Les plus

  • Nombre et variété des quêtes
  • Univers riche, scénario intéressant
  • Progression très libre du héros

Les moins

  • Interface en retrait
  • Combats simplistes / dragon inintéressant
  • Monde qui ne « vit » pas

0

Réalisation8

Prise en main7

Durée de vie8



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Nerces
Par Nerces
Spécialiste PC & Gaming

Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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