Sur un air de Kärcher...
Nous venons de le dire en introduction, City Life fait immanquablement penser au célèbre SimCity. Pourtant, Monte Cristo ne voulait pas se limiter à un clone du jeu de Maxis. Le développeur a donc décidé de repenser le concept pour laisser de côté l'aspect financier des choses. Le but du jeu reste sensiblement identique (construction de cités toujours plus grandes, toujours mieux conçues), mais au lieu de taquiner le joueur avec de nombreux tableaux de comptes, avec des taux d'imposition et différents décrets réglementant tout et n'importe quoi, Monte Cristo a axé son jeu sur les relations entre les différentes communautés en présence. Au nombre de six, ces communautés doivent vivre les unes avec les autres, mais ce n'est pas toujours simple et à côté du développement de sa ville, le joueur doit justement veiller à ce que cela se passe le mieux possible. Les démunis constituent la frange la plus pauvre de la population de City Life. Il s'agit de la main d'œuvre la moins onéreuse, mais ils ne rapportent évidemment pas beaucoup d'argent à la ville.Il faut savoir commencer petit et surtout bien délimiter les zones réservées à chaque communauté
À l'autre extrémité de la pyramide sociale, se trouvent les élites. Eux au contraire sont pleins aux as. Titulaires des plus hauts diplômes et adeptes du luxe, ils travaillent dans des entreprises très modernes qui génèrent un maximum de brouzoufs, d'oseille, de blé... enfin d'argent quoi. Entre les deux, Monte Cristo a choisi de diviser la population entre quatre catégories. Cols bleus et alters constituent l'équivalent de nos classes moyennes. Ils font de très bons ouvriers pour les premiers et d'excellents professeurs pour les seconds. Ils ne sont pas très fortunés, mais se contentent d'assez peu pour être heureux. Enfin, cols blancs et bobos représentent en quelque sorte une évolution de ces classes moyennes. Plus à l'aise financièrement parlant, ils sont aussi plus exigeants, mais se partagent les tâches de la même manière : alors que les cols blancs sont cadres dans de grandes entreprises, les bobos sont chirurgiens, professeurs d'université... Le défi proposé par City Life est de faire cohabiter tout ce petit monde en évitant au maximum les tensions, voire les violences.
Les exemples de ce type pourraient être multipliés à l'infini et pour n'en citer qu'un autre, on prendra le cas de zones très rentables faisant penser au quartier de la Défense. Ici, les cols blancs sont rois, mais afin de scolariser leurs enfants, ils ont besoin d'écoles primaires, véritables repaires d'alters à l'humeur absolument incompatible avec celles de nos cadres supérieurs. On se rend bien sûr compte que Monte Cristo a largement forcé le trait afin de rendre les choses plus simples à gérer et plus accessibles pour le commun des joueurs, mais l'idée est là et c'est le concept même de SimCity qui est ainsi chamboulé. En début de partie, on dispose d'un capital très faible et il faut donc se contenter d'attirer les alters et les cols bleus. Cependant, et alors qu'avec SimCity il faut déjà se concentrer sur les questions financières, City Life impose une vision différente des choses. Il faut d'entrée de jeu penser à séparer autant que possible les communautés : ainsi certaines zones doivent plutôt être réservées aux alters, alors que d'autres seront destinées aux cols bleus.
La réalisation graphique très réussie de City Life permet de voir la ville à différentes périodes du jour
Regarde-la ma ville, elle s'appelle Bidon...
Bien sûr, cela ne constitue qu'une partie du travail du joueur qui doit également se consacrer à l'agrandissement de la ville, à l'établissement du réseau routier et à la satisfaction des besoins de la population. Comme nous le disions précédemment, ces derniers dépendent beaucoup des communautés présentes et plus celles-ci sont financièrement intéressantes, plus elles sont exigeantes. Alors que les alters se contentent d'une école primaire et d'un centre médical, les cols blancs voient plus grand et demandent que des supermarchés, des lycées et des hôpitaux soient construits près de chez eux. En matière de sécurité, c'est un peu le même topo et si un petit poste de quartier suffit aux cols bleus, les bobos demandent au moins un commissariat principal. Insatiables, ces communautés demanderont en plus des zones de loisirs. Ces zones ne sont pas à négliger, car elles nous permettent d'influer directement sur l'attrait d'une portion de la ville : un musée d'art moderne agira par exemple comme un aimant sur les bobos des environs, alors que les cols blancs résistent difficilement à l'appel de la salle de sport.Hélas, c'est ici que les choses commencent à se corser pour City Life. En effet, les scénarios sont terriblement semblables, et ce quel que soit l'environnement dans lequel on évolue. Tout au plus les cartes véritablement « archipels » donnent un peu de fil à retordre, mais cela ne nous gêne pas plus que ça. On se surprend alors à utiliser un peu toujours les mêmes tactiques et il faut bien avouer que globalement la difficulté n'est pas bien élevée. En dehors de la période ville moyenne (20 000 - 80 000 habitants), le jeu est à la fois beaucoup trop simple et beaucoup trop répétitif. À moins de le faire exprès, les tensions entre communautés ne sont jamais très graves et se soldent par la simple éviction de la catégorie minoritaire. Il suffit alors de bâtir un peu plus loin une zone réservée à ces exilés et le tour est joué. Dans le même ordre d'idée, l'argent pourtant si important dans tous les city builders, n'est ici que rarement un problème : dès lors que les trois populations les plus fortunées commencent à arriver, plus de souci à se faire.
En net décalage avec la réalité, City Life devient de plus en plus facile à mesure que la ville s'étend : jusqu'à gagner 3 000 000 de crédits par mois !
L'argent coule alors pour ainsi dire à flots et on arrive finalement très vite à des villes tout simplement monstrueuses en quelques heures de jeu. Au pire, si l'argent pose un problème, il suffit de stabiliser la situation de la ville et de laisser tourner le jeu à la vitesse maximale durant quelques heures ! Nous touchons ici au second problème majeur après la difficulté : le réalisme. Bien sûr, on ne demande pas à un city builder d'être une véritable simulation d'urbanisme, mais à trop orienter son jeu sur les relations entre communautés, Monte Cristo a oublié les bases. C'est ainsi que le trafic n'a aucune incidence sur les populations et jamais les gens ne vont déserter des quartiers parce qu'ils sont trop engorgés. De la même manière, on a l'impression que les bâtiments vides sont malgré tout capables de remplir leur office. Ainsi, les parcs de ma ville n'ont pas de démunis pour les entretenir, mais ils améliorent tout de même la qualité de vie des quartiers environnants. Citons aussi ces écoles ou ces épiceries des quartiers les plus riches qui assouvissent les besoins de la population alors que personne n'y travaille.
Conclusion
Tout en reprenant le thème ultra classique imaginé par Will Wright et Maxis, Monte Cristo parvient à innover en orientant son jeu de manière sensiblement différente. Les interactions entre les six communautés qui peuplent les villes de City Life donnent une dimension inattendue et rafraîchissante alors que la réalisation graphique, de très bonne facture, permet de pleinement en profiter. Hélas pour Monte Cristo et Focus, ce dépaysement ne tient pas la distance et la profondeur promise par les développeurs n'est finalement qu'effleurée par un titre trop simpliste pour être tout à fait satisfaisant. Les conflits entre communautés sont très limités et leurs conséquences bénignes. On fait rapidement le tour des possibilités offertes pour gérer sa ville et malgré le nombre de scénarios disponibles, les défis restent sensiblement identiques.Plus grave, on a souvent l'impression que le petit monde conçu par Monte Cristo est figé et qu'il se passe très bien de nous pour fonctionner : alors que la situation générale est stable, laisser le jeu tourner durant des heures est d'ailleurs une technique très efficace pour engranger plein d'argent. Sans doute trop habitués à SimCity, on regrette ainsi que le jeu ne nous mette jamais aux prises avec des problèmes de trafic, d'approvisionnement en énergie ou de main d'oeuvre. En dehors de quelques incendies, le joueur n'a à faire face qu'à peu de défis, tant et si bien qu'après trois ou quatre villes il a un peu l'impression de faire toujours la même chose. Malgré ces défauts bien réels qui risquent de le conduire à une retraite prématurée chez les joueurs exigeants, City Life reste cependant une sympathique variation sur le thème de SimCity... Un titre à essayer.
N'oubliez pas de jeter un œil à la vidéo exclusive que nous vous avons préparée. Différentes cartes, plusieurs villes et de nombreux bâtiments y sont visibles.
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