Paradise : le dernier Benoît Sokal en test

Jean-Marc Oliveres
Publié le 09 mai 2006 à 09h55
Après les deux opus magiques que sont les Sybéria, la nouvelle production de Benoît Sokal était attendue avec un très grand intérêt par toute une communauté tombée sous le charme. Abandonnant l'univers glacial des plaines de Sibérie, cette aventure nous plonge dans une histoire sombre et dramatique, au cœur de l'Afrique sauvage et mystérieuse, en Mauranie. Paradise est-il un nouvel Eden ?

Ann ma sœur Ann, ne te souviens-tu de rien ?

La Mauranie, pays imaginaire situé en Afrique, est en pleine guerre civile. Les rebelles s'opposent aux forces du roi Rodon, un tyran, retranché dans son navire forteresse : Le Coffre Noir. Sa fille est en route pour le retrouver mais, attaqué par les rebelles, son avion s'écrase non loin de la ville de Madargane. Recueillie par le prince de la cité, elle reprend peu à peu ses forces mais ne se souvient plus de son identité. Elle désire rentrer chez elle, à Genève. Son nom oublié, elle se fait appelée Ann Smith, du nom d'une journaliste ayant écrit un livre sur la Mauranie. Son destin va la mettre en contact avec un léopard noir avec lequel elle a d'étranges affinités. Elle va partir à la recherche de ses souvenirs et de sa mémoire envolée.

De Madargane en passant par la mine d'émeraude de Zamarat jusqu'au Coffre Noir, chaque lieu est un régal pour les yeux

Paradise est un jeu d'aventure Point'n Click tout ce qu'il y a de plus classique. La jouabilité est calquée sur celle de Sybéria. Le pointeur est une sphère qui change de forme en fonction des actions à accomplir et le bouton droit permet d'accéder à son inventaire. A partir de ce dernier, il est possible de combiner les objets entre eux, de les utiliser sur certains éléments du décor ou de les donner aux divers personnages rencontrés. Les dialogues avec les nombreux protagonistes, entièrement en français et correctement doublés, se présentent sous la forme de choix multiples. Selon les thèmes abordés, certains personnages risquent de se braquer et de ne plus vouloir discuter. Il suffit d'attendre un peu, puis de revenir à la charge pour continuer la conversation, ou bien de leur rendre de petits services pour s'attirer leurs faveurs. Les graphismes sont de toute beauté, agrémentés de nombreuses animations, et n'ont rien à envier à ceux de Sybéria. Les musiques sont envoûtantes et très relaxantes, créant une atmosphère propice à la réflexion et les bruitages d'ambiance rajoutent à l'immersion. Les nombreuses cinématiques récompensant nos avancements, ou mettant en place la trame principale de l'histoire, sont d'une très grande qualité. Malheureusement, ce cadre idyllique n'est hélas pas parfait, loin s'en faut.

Ma vie est un enfer

Je ne vais pas y aller par quatre chemins et vous faire languir plus que nécessaire, Paradise porte très mal son nom. L'aventure est gâchée par une jouabilité approximative, des bugs à profusion, des défauts de traduction, des ralentissements incompréhensibles, des mouvements de caméra et une maniabilité, durant les phases en 3D où l'on dirige le léopard, absolument catastrophique. D'ailleurs, ces passages n'apportent absolument rien à l'histoire et peuvent être passés. Un peu comme si les développeurs s'étaient rendus compte de ce fait, et avaient dû rajouter la possibilité de ne pas être obligé d'y jouer. Le pointeur met du temps à changer de forme et on risque de manquer un élément important, son imprécision rend certains passages délicats car au lieu d'agir à un endroit précis avec un objet, on le donne où on engage une conversation. Les déplacements d'Ann Smith sont souvent hasardeux, elle ne réagit pas ou bien se trompe de chemin. Il n'y a quasiment aucune aide dans le jeu sur les mécanismes sources d'énigmes et il faut bien se souvenir du peu d'information que nous donne l'héroïne sur les objets qu'elle récupère... car elle ne le répètera pas.

Exotisme, dépaysement, expérience vaudou et créatures étranges nous enchantent tout au long du périble d'Ann Smith

Ann Smith n'a pas le charisme de Kate Walker et ne parvient pas à nous impliquer suffisamment dans son voyage, tout comme le léopard, pas aussi attendrissant que le Youki. Les objets que l'on assemble ou sur lesquels on agit ne changent pas de représentation soit dans l'inventaire soit à l'écran et souvent on ne sait pas si une action est réussie ou pas. Dans le même esprit, certains problèmes se résolvent alors que l'on n'en avait pas encore connaissance et on est parfois surpris de résoudre une action. Les énigmes ne sont pas bien compliquées et ne vous retiendront pas bien longtemps, le plus difficile étant souvent de ne pas rater l'élément important dans les décors. Enfin, tout est scripté à l'extrême et il sera impossible de passer à la phase suivante de l'aventure, de trouver un objet ou d'utiliser un mécanisme, tant que certaines actions n'auront pas été réalisées au préalable.

Conclusion

Après avoir lu les paragraphes précédents vous vous dites certainement que Paradise est une catastrophe et que votre serviteur a une dent contre ce titre. Au contraire ! J'ai pris, malgré tout, beaucoup de plaisir à jouer avec Ann Smith mais il est vrai que l'on ne se plonge pas dans l'aventure corps et âme comme cela a pu être le cas avec les Sybéria. Tous ses défauts ne sont pas tous présents en même temps et se rencontrent peu à peu, mais il convient tout de même de les signaler. La possibilité de sauvegarder est présente à tout moment et il ne faut pas hésiter à en abuser dès que l'on progresse un peu, cela pourra éviter de refaire certains passages à cause d'un bug impromptu. Et c'est bien ce qui est dommage, car souvent, on se demande si on bloque en raison d'un problème du jeu ou parce que l'on n'a pas encore fait tout ce qu'il fallait.

Le scénario est intéressant, les rebondissements nombreux et les idées sont bonnes mais la réalisation a du mal à suivre. Malgré tout, on ne laisse pas Ann Smith à l'abandon et on veut lui faire retrouver la mémoire ainsi que son père. Les aventuriers de tous horizons prendront quand même plaisir avec Paradise, pendant une bonne douzaine d'heures, malgré ses nombreuses imperfections.

Paradise

4

Les plus

  • Graphismes très soignés
  • Musiques et ambiance envoûtantes
  • Cinématiques de grande qualité
  • Scénario bien ammené

Les moins

  • Réalisation générale globalement perfectible
  • Le léopard prétexte à de la 3D inutile
  • Le pointeur imprécis

0

Réalisation5

Prise en main7

Durée de vie6



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Jean-Marc Oliveres
Par Jean-Marc Oliveres

Né deux ans après la naissance des jeux vidéo, j'en suis passionné depuis ma plus tendre enfance. j'ai commencé avec l'Atari 2600 et les Game & Watch et enchaîné avec divers micro-ordinateurs (Oric-Atmos, Amiga 500 et 1200, PC) et autres consoles (Atari 2600, PlayStation 1, PlayStation 2).

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