Call Of Juarez : pas de spaghetti dans le western

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 07 septembre 2006 à 14h30
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Genre majeur sur PC depuis plus de dix ans, le jeu d'action à la première personne (FPS pour les intimes) n'en finit plus de ressasser les mêmes histoires d'extraterrestres en mal d'amour, les mêmes sauvetages de mondes au bord du chaos ou les mêmes reconstitutions de grandes batailles du XXe siècle. De temps à autres, quelques équipes de développeurs tentent toutefois de se faire une place au soleil en apportant un petit je ne sais quoi d'original. Ce fut par exemple le cas de Neversoft l'année dernière qui a essayé de nous la jouer Règlements De Comptes À O.K. Corral avec Gun édité par Activision. Si le résultat ne fut pas à la hauteur, ce n'était clairement pas la thématique western qu'il fallait blâmer et les Polonais de Techland l'entendaient bien ainsi...

« Maintenant je vais dormir tranquille, car je sais que mon pire ennemi veille sur moi »

L'appel de Juarez... L'or des Aztèques... Un appât conséquent pour la racaille de l'Ouest américain et en l'occurrence pour le jeune Billy 'La Bougie', l'un des deux personnages que Techland a décidé de mettre entre les mains des joueurs que nous sommes. Adopté par un « blanc » marié à mère mexicaine, Billy a grandi aux abords de la ville de Hope, sans doute la plus mal nommée de la frontière, mais est parti il y a deux ans de cela dans l'espoir de mettre la main sur l'or de Juarez. Sa petite chasse au trésor n'a évidemment pas abouti et le scénario de Call Of Juarez débute alors que Billy revient à Hope pour voir sa mère. Un premier épisode en forme de didacticiel afin de maîtriser les principaux contrôles et l'histoire peut véritablement commencer : les scénaristes n'ont d'ailleurs pas manqué leur coup, on est plongé dans l'ambiance western dès les premières minutes.

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De retour chez ses parents, Billy est rapidement obligé de fuir pour éviter la pendaison...

En arrivant à la ferme de ses parents, Billy découvre un carnage : les deux époux ont été massacrés et les mots « Call Of Juarez » inscrits en lettres de sang sur la porte de la grange. Le temps de reprendre ses esprits et son regard croise celui de Ray McCall, ancien mercenaire aujourd'hui homme d'Église, qui vient lui aussi d'arriver sur les lieux du crime. Pour le révérend McCall, il n'y a pas de doute, Billy a tué celui qui n'était autre que son frère : la justice divine étant un peu longue à venir, le révérend Ray a décidé de régler cette affaire lui-même, mais se heurte alors au shérif. Il n'en faut pas plus pour faire exploser les esprits bien échauffés d'une ville peuplée de bandits et de poivrots : alors que le révérend et le shérif argumentent, ce dernier est abattu... Ray McCall « se transforme » en cavalier de l'apocalypse et se charge d'éliminer une à une toutes âmes tordues de la ville !

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En quelques lignes, voilà résumé grossièrement les trois premiers chapitres d'une histoire qui en compte quinze. Tout au long du jeu, il est ainsi question d'alterner la personnalité « brut de décoffrage » du révérend Ray et le rôle, plus en finesse, de Billy. Cette astuce scénaristique nous offre ainsi régulièrement la possibilité de voir les deux facettes d'un événement, mais surtout, d'alterner entre deux styles de gameplay pour apporter une certaine variété à l'ensemble. Alors que dans la peau du révérend, on participe à un FPS assez classique, le style Billy emprunte davantage au jeu d'infiltration : ici, il doit sortir en douce de la ville alors que là, il essaye de rentrer dans le ranch Ferguson pour voir Molly. Autant le dire tout de suite, ces phases d'infiltration constituent sans doute l'un des gros points faibles du jeu. C'est un avis très personnel, mais déjà ce n'est pas l'idée que je me fais du western.

Ensuite, il faut bien avouer que cela casse le rythme de Call Of Juarez et, surtout, cela réduit considérablement le public potentiel du jeu : même en facile, le niveau de difficulté de ces phases est trop élevé pour les néophytes... C'est d'autant plus dommage que la thématique western aurait sans doute intéressé d'autres joueurs que les habitués du FPS. Durant ces phases, Billy doit parfois user de son fouet pour s'accrocher à une branche ou attaquer un crotale. Il doit également empiler des caisses pour se frayer un chemin, dérober des chevaux ou apprendre à manier l'arc. Indiscutablement plus variées, ces phases sont surtout beaucoup moins amusantes que celles mettant en scène Ray McCall. Le révérend est autrement plus charismatique que 'La Bougie' et les séquences sont plus jubilatoires : il a d'ailleurs un petit côté William Munny qui ravira sans doute les aficionados de Clint Eastwood.

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Western oblige, ça défouraille à la moindre occasion dans Call Of Juarez !


« C'est le compte qui n'y était pas »

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Protégé par une plaque de métal sur le torse, il est beaucoup plus lent que Billy. Il compense ce handicap par une résistance remarquable, « des flingues de compétition et la puissance de feu d'un croiseur ». Alors que Billy peine à trouver la moindre arme, Ray peut compter sur un bel arsenal : différents types de revolvers, des fusils classiques, de précision ou à canons sciés et de la dynamite pour les situations extrêmes. Clin d'oeil au cinéma d'action, il est possible d'utiliser deux revolvers à la fois et même de combiner revolver et fusil. Enfin, le révérend peut également utiliser sa bible pour littéralement paralyser ses adversaires et les descendre sans difficulté. Si cela ne suffit encore pas, il est possible d'utiliser le mode dit de concentration. Il s'agit en fait d'un classique bullet time qui ralentit considérablement les adversaires.

Si les phases Billy ne sont pas des plus intéressantes (en particulier lorsqu'il faut jouer de l'arc), celles du révérend sont un vrai régal. On regrette alors que les développeurs n'aient pas mis entre parenthèses leur désir de « variété » pour nos proposer une succession de séquences action où les six coups font parler la poudre. D'autant que techniquement parlant, ils sont parvenus à rendre les choses avec brio. Certes, les effets de lumière sont souvent exagérés, mais le rendu crasseux des personnages est réussi, les explosions plutôt sympas et les décors suffisamment détaillés pour que l'atmosphère western soit crédible. L'ambiance est par ailleurs soutenue par une bande-son de qualité. Intéressante, la musique aurait gagné à profiter de quelques élans « morriconiens », mais le doublage français est très efficace. La voix de Billy (doubleur de Leonardo Di Caprio) colle parfaitement au personnage et les autres sont globalement dans le ton.

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Nombreux détails, effet de flou efficace et décors réussis : dommage que divers bugs gâchent un peu la fête

Hélas, tout n'est pas parfait et en plus des phases Billy pas particulièrement excitantes (je pèse mes mots), il faut faire avec divers bugs. Cela va du simple problème d'empilement des caisses au bon gros bug qui tâche et empêche un script de se dérouler : c'est notamment le cas lorsque ce pauvre Texas Ranger se coince la tête dans une caisse ! Parlons aussi du volume étonnamment faible de certaines voix ou de l'intelligence artificielle surprenante : l'ouïe très fine de certains ennemis est sourde aux bruits de caisses qu'on balance joyeusement ! Dans un autre registre, on regrettera la longueur des chargements et la lourdeur de l'ensemble qui demandera un processeur à 3 GHz et une carte graphique 256 Mo pour tourner correctement à haut niveau de détails. Enfin, certains joueurs seront déçus par le manque de liberté et alors qu'un Far Cry offrait parfois plusieurs chemins, Call Of Juarez reste dirigiste et abuse des scripts pour tenter de nous faire vibrer.

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En réalité, ces scripts ne suffisent pas et on n'est jamais vraiment surpris par les événements que l'on devine souvent plusieurs minutes à l'avance : ici, il va y avoir un gros méchant, là le pont va se casser... Cela ne nuit pas franchement au jeu, mais quelques trouvailles n'auraient pas été de refus d'autant que l'aventure est finalement assez courte. Au niveau moyen, l'habitué devrait boucler le scénario en une petite douzaine d'heures ce qui est dans la moyenne des FPS actuels, mais reste un peu léger malgré tout. Surtout que du fait des séquences Billy le jeu a une faible « rejouabilité » et, même s'il est encore trop tôt pour en être sûr, le multijoueur semble un peu rudimentaire : sympathique, il permet à 16 joueurs de se canarder sur des cartes deathmatch et capture the flag, mais perd une bonne partie du souffle épique du mode solo.

Conclusion

En un mot comme en cent et malgré toute la bonne volonté de Techland, Call Of Juarez n'est pas la révolution western que de nombreux joueurs appelaient de tous leurs voeux. Largement supérieur au Gun d'Activision, le titre édité par Focus ne parvient pas à effacer Outlaw des mémoires et même si on retrouve par moment le souffle épique de certains films, il manque ce je ne sais quoi qui fait toute la différence. En fait d'apporter la variété imaginée par les développeurs, les séquences d'infiltration de Billy cassent surtout le rythme du scénario. Plus pénibles qu'amusantes, elles rallongent artificiellement la durée de vie, mais agaceront de nombreux joueurs d'autant que leur niveau de difficulté est parfois assez élevé. Pour relancer la machine, les amateurs peuvent heureusement compter sur les formidables morceaux de bravoure dont nous gratifie le révérend Ray McCall.

La comparaison avec le William Munny de Clint Eastwood n'est pas usurpée et si le père rédempteur au passé trouble n'est pas vraiment une trouvaille, cela fonctionne à plein. Les séquences de fusillades sont vraiment bien fichues, le système de bullet time bien intégré et les duels, quoique trop rapides, sont sympathiques. Les divers assauts sur quelques « places fortes » devraient suffire pour convaincre l'amateur de Fort Alamo alors que l'aficionado du Colonel Mortimer sera ravi de pouvoir jouer de la Winchester. Si le multijoueur risque d'avoir du mal à convaincre et que la « rejouabilité » du titre est limitée, Call Of Juarez devrait cependant faire plaisir aux fous furieux de la Spencer qui se lamentaient de devoir toujours manier un M-16. Techland n'a certes pas réussi le titre imaginé par les fans de Sergio Leone, mais à moins de 50 euros, son Call Of Juarez reste un titre à découvrir... pourvu que vous aimiez le western bien sûr !

Call Of Juarez

6

Les plus

  • Charisme du révérend Ray McCall
  • Fusillades vraiment prenantes
  • Ambiance très bien rendue
  • Bande-son de qualité

Les moins

  • Séquences 'Billy' sans grand intérêt
  • Exigences matérielles et chargements
  • Solo un peu court, multijoueur limité

0

Réalisation8

Prise en main7

Durée de vie6


Représentation partielle de la variété des situations de Call Of Juarez, notre vidéo exclusive met volontairement de côté les séquences avec Billy 'La Bougie' pour se concentrer sur les fusillades.
  • Visionnez notre vidéo exclusive de Call Of Juarez


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Nerces
Par Nerces
Spécialiste PC & Gaming

Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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