Dark Messiah Of M&M : le Messie à l'épreuve du feu

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 09 novembre 2006 à 15h00
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Développé par les auteurs d'Arx Fatalis et basé sur la fameuse licence Might And Magic, le Dark Messiah d'Ubisoft avait toutes les chances d'être un véritable jeu de rôle en représentation à la première personne. C'est en tout cas ce que de nombreux fans appelaient de leurs voeux, mais ce n'est finalement pas ce qu'a décidé l'éditeur français. Si comme nous allons le voir dans ce test, Dark Messiah emprunte effectivement quelques éléments aux classiques jeux de rôle, le titre d'Arkane Studios lorgne davantage du côté du jeu d'action en vue subjective et repose d'ailleurs sur le moteur graphique d'un autre FPS majeur, Half-Life 2.

Un héros qui ne Sareth jamais !

Depuis le temps qu'Ubisoft fait la promotion de Dark Messiah Of Might And Magic, difficile d'être passé à côté du second titre des petits Français d'Arkane Studios. Il faut dire qu'en plus d'Heroes Of Might And Magic, ce jeu est là pour rentabiliser la licence sans doute achetée à prix d'or par l'éditeur... Il s'agit donc, pour nous autres joueurs, d'incarner un jeune homme du nom de Sareth. Le petit gars vient tout juste de boucler son apprentissage auprès du puissant Phenrig et il ne rêve que d'une seule chose : mettre en pratique les sympathiques sortilèges que lui a inculqué son maître. Pas de crainte à avoir pour lui comme pour nous, Arkane Studios n'a pas l'intention de nous laisser nous ennuyer ! Le premier chapitre de l'aventure solo débute effectivement sur les chapeaux de roue : Sareth est chargé par Phenrig d'apporter un cristal à un puissant magicien du nom de Menélag. Hélas, à peine arrivé dans la cité libre de Heaumeroc, le joueur doit faire face à une attaque de grande envergure.

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Comme de bien entendu, le calme de la séquence d'introduction ne dure pas...

Cette attaque est en réalité le prétexte trouvé par Arkane Studios pour enfoncer le clou après le didacticiel / prologue : il s'agit de mettre en pratique de manière on ne peut plus guidée ce que l'on vient d'apprendre. C'est évidemment un peu gros et cela risque de décevoir les vieux routards du jeu d'action, mais il faut bien reconnaître que cela permet de bien mettre les jeunes joueurs dans le bain. On insiste donc sur les commandes essentielles pour manipuler son personnage et on y ajoute l'utilisation de quelques objets du décor comme une baliste. Particulièrement scriptée, l'action n'est hélas pas très intéressante et on aurait donc aimé pouvoir passer plus rapidement cette partie guère convaincante. Plus sympathique, le premier chapitre est aussi l'occasion de faire connaissance avec Xana. Jeune femme fort avenante, elle a plus ou moins élu domicile dans le corps de Sareth dans le but de lui porter assistance tout au long de la partie et sa voix aussi suave qu'envoûtante donne des frissons tout partout ;-)

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Plutôt maladroits sur ce chapitre-préambule, les développeurs d'Arkane Studios se rattrapent heureusement fort bien avec la suite de la campagne. Jusqu'au chapitre six, sur les dix que comporte Dark Messiah, on pourrait même dire que l'équipe française n'est pas loin du sans-faute. La progression se fait de manière on ne peut plus classique avec une succession de petits objectifs qui nous guide tout au long de la mission. Bien sûr, il n'y a pas de place pour la liberté d'action, mais ce n'est pas grave, le joueur ayant d'autres chats à fouetter. Chaque objectif accompli permet d'obtenir quelques points de compétence qu'il est possible d'attribuer à différentes caractéristiques permettant de donner plus de personnalité à Sareth. On peut choisir d'en faire une brute épaisse redoutable au corps à corps ou, au contraire, d'améliorer sa maîtrise de l'arc, des arcanes magiques ou des techniques d'infiltration. Cet aspect « jeu de rôle » est certes très limité, mais il donne une dimension particulière au jeu car les développeurs ont su en faire bon usage.

Ainsi, les compétences ne sont pas de simples valeurs sur une fiche de personnage et elles influencent réellement les actions du joueur qui aura donc tout intérêt à exploiter les caractéristiques qu'il a fait progresser. Chaque combat, chaque objectif peut effectivement être abordé de différentes manières selon que Sareth développe sa ruse ou sa force physique. Dans le premier cas, il tentera plus volontiers de passer dans le dos de ses ennemis pour leur asséner une terrible « attaque traître » ou pour exploiter les éléments du décors à son avantage. Dans le second cas au contraire, il usera des nombreuses techniques de combat à l'épée, des parades avec bouclier et des coups de pied pour déstabiliser ses adversaires, les projeter dans le vide ou leur trancher purement et simplement la tête ! Les techniques sont vraiment très nombreuses et pour peu que vous soyez joueur, vous aurez sans doute à coeur de tenter diverses approches à un même problème.

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Les ennemis peuvent mourir de nombreuses façon différentes... à vous de trouver les plus incongrues !


Et le Messie s'y plie...

Cette variété des actions possibles, cette richesse du décor et cette précision des actions est un véritable bonheur et de mémoire de joueur, cela fait longtemps qu'un titre ne permettait pas autant de fantaisie. On joue avec les caisses, on tranche des cordes pour relâcher des lustres, on enflamme les ennemis à distance, on pousse les méchants dans le vide... les possibilités sont vraiment très nombreuses et le gameplay s'en trouve constamment renouvelé. Hélas, ce bonheur ne dure qu'un temps et à partir du chapitre six on va dire que les choses se gâtent. Sans dévoiler quoi que ce soit du scénario, disons que Sareth doit retrouver divers cristaux dans des catacombes et plutôt que d'exploiter les richesses que nous venons de détailler, les développeurs nous invitent à une sorte de cache-cache avec des zombies trop nombreux pour être attaqués de front, mais également trop lents pour être vraiment dangereux.

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Durant tout ce chapitre, le joueur se sent donc brimé par les développeurs et regrette de ne pas pouvoir faire mumuse avec ces vilains zombies. Heureusement, les chapitres suivants sont plus réussis, même s'ils n'atteignent pas la qualité des premiers. À partir du huit, notre personnage est devenu une véritable bête de combat : archer, guerrier, magicien ou voleur, cela n'a guère d'importance. Vous devriez de toute façon avoir récupéré un équipement si efficace que les ennemis ne sont guère capables de résister et du coup le jeu perd un peu de son intérêt. De manière générale, les adversaires sont si faibles qu'on ne se casse plus la tête à trouver des moyens amusants d'écourter leur existence. Les plus joueurs d'entre nous persévéreront sans doute encore, mais pour une grande majorité, les derniers chapitres de la campagne finissent en véritable jeu de massacre. Alors bien sûr ça défoule, mais c'est un peu dommage compte tenu des moyens déployés par Arkane Studios pour enrichir le gameplay.

Nous avons déjà parlé des possibilités d'action du joueur, il nous faut encore mentionner les qualités, que certains connaissent bien, du moteur graphique. Il s'agit comme nous l'avons déjà dit du Source mis au point par Valve pour Half-Life 2 et ce moteur permet de nombreuses fantaisies, notamment au niveau de la gestion de la physique. Ainsi, il est possible de balancer des objets à la tête des ennemis, de faire rouler des tonneaux pour les emporter dans les escaliers ou de briser des piliers pour qu'une partie du décor s'effondre sur ses pauvres bougres qui n'en demandaient pas tant. Analyser de loin la configuration d'une salle pour exploiter au mieux les accessoires mis en place par les développeurs est véritablement jubilatoire et dans ces moments là, Dark Messiah fait penser à une sorte de croisement entre Hitman et Dark Project : on réfléchit avant d'agir et ensuite on prend un malin plaisir à torturer ses victimes... niark niark !

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Très réussi graphiquement, Dark Messiah ne pêche qu'au niveau des temps de chargement

Sur le plan graphique, Dark Messiah est une réussite. Le moteur d'Half-Life 2 ne gère pas au mieux les lumières dynamiques, mais ce défaut mis à part, c'est remarquable. Les décors sont splendides, les créatures possèdent des animations très détaillées et la bande-son plonge le joueur dans l'ambiance. Il est d'ailleurs amusant de constater que les développeurs ont choisi, comme pour Dark Project, de limiter les musiques pour insister sur les bruitages, tous plus réussis les uns que les autres. Ces derniers sont là pour donner de précieuses indications au joueur qui ne tarde pas à augmenter le son de ses enceintes pour en profiter : les ennemis parlent entre eux, s'arrêtent s'ils entendent du bruit et s'enfuient même parfois... L'aspect technique des choses est donc réussi, même s'il faut signaler quelques bugs que la première mise à jour ne corrige pas encore et surtout des chargements à rallonge qui désespéreront les possesseurs de machines avec « seulement » 1 Go de mémoire vive.

Le Messie sombre : la spiritualité en question ?

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Puisque nous en sommes à parler configuration matérielle, profitons-en pour mentionner les exigences globales du jeu qui est tout de même plus gourmand qu'Half-Life 2 pourtant basé sur le même moteur. Ainsi, et même si cela ne résout pas les problèmes de chargement chez tout le monde, il semble que la présence de 2 Go de mémoire soit un réel plus. Ce n'est pas une condition sine qua non, mais pour jouer en détails élevés il est conseillé « d'en avoir sous le capot » avec, par exemple, un processeur à 3 GHz et une carte graphique 128 Mo d'un niveau correct (GeForce 6800, Radeon X800). Enfin, et c'est un peu dommage de terminer ainsi sur un point négatif, mais Dark Messiah souffre comme souvent sur les FPS récent d'un problème de durée de vie. Certes, comme nous l'avons dit, il est tout à fait envisageable de refaire tout ou partie de la campagne pour tester d'autres approches, mais malgré tout, on ne peut s'empêcher de regretter la faible longueur du mode solo qui se termine en une petite dizaine d'heures pour les meilleurs, au niveau le plus élevé.

Les moins habitués pourront sans doute doubler cette estimation, mais difficile de ne pas regretter l'orientation de plus en plus grand public prise par l'industrie dans son ensemble. C'est d'autant plus dommage qu'il suffirait d'établir de vraies différences entre les niveaux de difficulté pour que tous les joueurs puissent y trouver leur compte. En l'état actuel des choses, les habitués devront faire contre mauvaise fortune bon coeur et se reporter sur le mode multijoueur une fois la campagne solo épuisée. Ce module réseau est indépendant du reste du jeu et a d'ailleurs été développé par un autre studio, Kuju Entertainment. 32 joueurs peuvent s'y massacrer au travers de cinq modes différents : deathmatch, deathmatch en équipe, capture du drapeau, colysée et croisade. Les trois premiers ne nécessitent aucune explication alors que le colysée n'est qu'une simple arène où les joueurs s'affrontent les uns après les autres.

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Une jolie galerie de « vilains - pas beaux » que l'on peut occire de manières bien cruelles

Plus original, le mode croisade met en opposition une équipe d'Humains et une équipe de Morts-Vivants. La croisade prend alors la forme d'une mini-campagne de cinq cartes qui débute en « terrain neutre », sur une carte centrale (3). Dès qu'une équipe est victorieuse, on passe à la carte suivante (2 ou 4) qui se rapproche de la « base » de la formation vaincue. Le but étant bien sûr de l'emporter sur la carte finale de chaque camp (1 et 5) qui correspond à la forteresse des Humains ou des Morts-Vivants. Contrairement à la campagne solo, il faut ici choisir une classe de personnage (archer, assassin, chevalier, magicien, prêtre), mais il est encore possible d'améliorer son personnage grâce à l'expérience accumulée au fil des batailles. S'il est encore un peu tôt pour juger de l'intérêt à long terme du mode réseau de Dark Messiah, on peut déjà dire que l'originalité est de mise et que les combats fonctionnent plutôt pas mal.





Conclusion

Absolument jubilatoire durant les premières heures de jeu, Dark Messiah Of Might And Magic fait honneur à la célèbre licence, et ce, même si la campagne solo a un peu de mal à tenir la longueur. On regrettera notamment que les choses démarrent relativement doucement et que le personnage devienne vraiment trop puissant sur la fin. Alors que la campagne n'est déjà pas bien longue, cette surpuissance de Sareth gâche un peu le plaisir du joueur qui n'a plus vraiment intérêt à se creuser la cervelle pour mettre en déroute ses adversaires. Du coup, le gameplay si subtil des premiers chapitres perd un peu de sa superbe et si nombre d'entre nous auront à coeur de reprendre la campagne pour tester d'autres approches, ils risquent de se limiter aux chapitres deux à cinq. Ensuite, ce sont surtout les affrontements multijoueurs, plutôt originaux et bien conçus, qui empêcheront Dark Messiah d'aller s'empoussiérer à côté de tous ces bons FPS dont la durée de vie est décidément trop courte. Un titre intéressant au gameplay impressionnant de maîtrise, mais qui fera regretter l'orientation de plus en plus grand public prise par les jeux PC.

Dark Messiah Of Might And Magic

6

Les plus

  • Richesse des situations
  • Multijoueur plus original que de coutume
  • Réalisation technique splendide
  • Ambiance très efficace
  • Début de campagne remarquable...

Les moins

  • ... mais seconde partie moins réussie
  • Temps de chargement assez pénibles
  • Quelques bugs gênants

0

Réalisation9

Prise en main10

Durée de vie7



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Pour finir et « récompenser » ceux qui regardent l'article jusqu'au bout, voici un aperçu de ce que donne Dark Messiah Of Might And Magic en bi-écran : pas très jouable avec le réticule « entre les deux moniteurs », mais plutôt joli !

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