L'Anno et sa communauté...
Depuis le début de l'année, les amateurs de jeux de construction / gestion ne sont effectivement pas à la fête. Certes, les titres sont nombreux (CivCity Rome, Glory Of The Roman Empire, Caesar IV), mais la qualité n'est pas forcément au rendez-vous et Anno 1701 semble plus que jamais avoir une carte à jouer. Pourtant tout débute de manière on ne peut plus classique. Après l'installation des 2 Go de données et le lancement du jeu, nous avons le choix entre plusieurs modes : didacticiel, scénarios, partie libre, bac à sable et multijoueur. Le premier de ces modes est évidemment là pour nous guider. Il s'agit d'apprendre les principes de base au travers de quatre modules remarquablement bien conçus. Certains regretteront que cela se limite aux mécanismes les plus simples, mais ce choix permet au didacticiel de rester parfaitement digeste et s'avère finalement suffisant. Ces quatre tutoriels achevés, le joueur est gentiment invité à mettre en application ce qu'il a appris.Entre création d'une partie libre, didacticiel et scénarios indépendants...
Que le joueur choisisse ensuite le mode bac à sable, les scénarios ou les parties libres, cela ne change finalement pas grand-chose à ses occupations à venir. Les différences entre ces trois modes se situent principalement au niveau des contraintes. Dans le premier mode c'est bien simple, il n'y en a presqu'aucune puisque le joueur est tranquille pour bâtir une colonie aussi prospère que possible. Le second mode est déjà plus délicat. Il regroupe dix scénarios de difficulté variable. Chacun d'entre eux est introduit par une cinématique qui présente les choses et nous décrit l'objectif principal : cela va du sauvetage après un naufrage à la relance d'une cité endormie en passant par la récupération de précieux documents. Très progressives, ces missions sont globalement sympathiques, mais ne servent que de prélude au gros morceau du jeu : les parties libres et le multijoueur. Très paramétrables, ces deux modes permettent de définir la physionomie de la carte, les conditions de victoire, les ressources disponibles...
Quand l'Anno n'est maître, le vent souffle
Ensuite, les choses évoluent très vite, mais il est important de garder le développement de son île « sous contrôle » et de ne pas partir dans toutes les directions. C'est ainsi qu'il faut tout d'abord se diriger vers les ressources permettant ensuite de construire de nouveaux bâtiments : argile / briques, minerai de fer / outils. Chaque étape du développement de la colonie nécessite de nouvelles structures et de nouvelles routes pour les relier. Il faut également que la population augmente, mais surtout qu'elle gagne en « qualité ». En début de partie, les habitants sont des pionniers et une fois que leurs premiers besoins sont assouvis, ils deviennent des colons. Les étapes supérieures (citoyens, marchands, aristocrates) permettront bien sûr de générer plus d'argent en taxes, mais nécessiteront des productions toujours plus complexes. Ainsi, les marchands demandent des confiseries que l'on produit à l'aide de cacao et de miel.Il est important de bien organiser sa colonie afin de répondre au mieux aux besoins toujours plus complexes de la population
Là où ça se corse, c'est que ces deux matières premières ne peuvent pas être produites sur la même île du fait du climat. Une île dispose en effet de ressources minérales, mais également d'un certain climat qui ne lui permet de produire que quelques-unes des ressources agricoles nécessaires à la colonie. Pour produire ses confiseries, le joueur doit donc importer au moins une des deux matières premières et deux choix s'offrent alors à lui : acheter le produit à un autre joueur ou coloniser une autre île de la carte capable, elle, de produire ladite ressource. Cette colonisation se fait de manière simple : on amasse des produits de base dans le comptoir, on amène un bateau et on l'envoie sur une plage inoccupée de l'île à coloniser. On peut alors bâtir un comptoir qui servira de base à notre établissement. Entorse au réalisme, pour produire des denrées, cette île n'a besoin d'aucune habitation et il est même vivement conseillé de la transformer en simple centre de production.
Joyeux Noël et bon Anno !
Si les outils mis en oeuvre par Related Designs permettent un contrôle très précis de la situation, le joueur doit toujours avoir à l'esprit que la clef de la réussite est une organisation sans faille des routes bien sûr, mais aussi des zones de productions et des liens qui unissent les différentes îles entre elles. Il faut également veiller à la progression technologique de sa colonie car les inventeurs peuvent faire des découvertes vitales comme l'exploitation de mines profondes qui permet de remédier une fois pour toutes aux problèmes d'approvisionnement en argile, fer, or, marbre et pierres précieuses. Cet aspect recherche est assez limité (une trentaine de technologies), mais c'est très bien ainsi : il apporte quelques bonus sympathiques sans monopoliser l'attention du joueur. Cette attention justement a largement de quoi faire puisqu'en plus de surveiller sa propre colonie, le joueur doit également faire attention aux pirates et aux autres joueurs.De la plus simple des constructions jusqu'au plus terrible des volcans en passant par les bateaux et les habitants, tout est très joli !
Qu'ils soient humains (jusqu'à quatre joueurs peuvent s'affronter en LAN ou via Internet) ou gérés par l'ordinateur, vos adversaires se développent de leur côté et ne tardent pas à coloniser d'autres îles. Pour ne pas être obligé de leur acheter (à prix d'or) les marchandises manquantes, il ne faut donc pas traîner. Il est également possible d'aller « mettre la zone » chez les adversaires à l'aide des « activités secrètes » qui constituent l'une des grandes nouveautés de cet opus 1701. Après avoir construit certains bâtiments et fait quelques découvertes, le joueur peut aller empoisonner ses adversaires en infiltrant chez eux quelques troubles fêtes. En revanche, il est important de préciser que contrairement à ce que certaines annonces auraient pu laisser croire, l'aspect militaire du jeu est anecdotique. On peut construire quelques navires de guerre et aller jouer du canon chez ces empêcheurs de tourner en rond que sont les pirates, mais il n'est pas question de participer à un jeu de stratégie temps réel.
De très nombreuses animations viennent égayer les parties et en plus du point d'exclamation nous indiquant que tel ou tel produit vient à manquer, on peut découvrir de véritables manifestations dans le centre-ville. Il en va de même lorsque les pompiers interviennent ou pour le transport de toutes les marchandises sur les routes de la colonie. Le petit monde d'Anno 1701 est incroyablement vivant et le tout est souligné par une bande son de qualité. Hélas, cette richesse a une contrepartie technique et il faut compter avec une machine relativement puissante pour en profiter (processeur à 2,8 GHz, si possible 1 Go de mémoire et une carte graphique 128 Mo). Ces exigences techniques sont en définitive le seul véritable défaut que l'on peut formuler à l'encontre d'Anno 1701 et Related Designs n'est pas loin du sans-faute : cerise sur le gâteau, une démo certes imposante, mais très complète permet de se faire une idée très précise des choses.
Conclusion
Si les deux précédents opus de la série Anno avaient convaincu les amateurs de gestion, ce troisième volet va plus loin en s'adressant à un public plus large. L'interface remarquable et la prise en main immédiate sont autant d'atouts qui devraient permettre à Related Design de toucher davantage de joueurs. Les mécanismes de jeu sont très bien expliqués et une « Annopédie » est accessible en cours de partie pour éclaircir une zone d'ombre. Pour autant, Anno 1701 n'est pas un jeu simpliste et aucune concession n'a été faite de sorte que les gestionnaires les plus endurcis profiteront d'un défi à leur mesure. Les parties peuvent être longues, ardues et même si l'intelligence artificielle n'est pas un modèle de finesse, elle s'en sort très honorablement. Techniquement enfin, le jeu est un véritable petit bijou qui nécessite bien sûr une configuration performante, mais offre un tel spectacle : niveau de détails, animations, effets graphiques tout est là pour magnifiquement mettre en scène des parties beaucoup plus riches que ce qu'aucun autre city builder n'avait été en mesure de nous offrir cette année... 1701 est décidément un très bon cru !Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
Pour finir et « récompenser » ceux qui regardent l'article jusqu'au bout, voici un aperçu de ce que donne Anno 1701 en bi-écran : il faut bien sûr une machine assez puissante pour en profiter, mais le résultat est très sympa.