Dans Europa Universalis, le joueur incarne une sorte de dirigeant immortel. Il doit prendre en main une nation durant ce que les historiens nomment l'époque moderne autrement dit de la chute de Byzance (1453) à la Révolution française (1789). Ces limites chronologiques concernent la Grande Campagne, mais d'autres scénarios plus réduits sont disponibles pour qui souhaite débuter avec la Guerre de Trente Ans, la Guerre de Succession d'Espagne ou bien encore l'indépendance des États-Unis. Peu importe le scénario sélectionné, l'une des grandes options d'Europa Universalis est la possibilité de choisir n'importe quelle nation et cette option est bien sûr à nouveau présente avec le troisième opus. Cela permet aux plus timides de sélectionner un pays très puissant comme la France ou l'Espagne alors que les plus courageux pourront essayer de plus petits peuples.
Il est possible de choisir parmi 8 scénarios ou de choisir n'importe quelle nation à n'importe quelle date (1453-1789)
Il ne faut toutefois pas être trop ambitieux et compte tenu des réalités historiques, certaines nations ne présentent guère d'intérêt car vraiment trop faibles. C'est notamment le cas de quelques territoires en Afrique ou en Inde. Ces peuples ne contrôlent généralement qu'une toute petite région, ne disposent donc que de peu de ressources et ont un lourd handicap technologique. Ces différences entre les nations sont visibles sur l'écran de sélection du peuple qui s'avère bien plus pratique que sur les précédents opus. Avant de choisir quoi que ce soit, on peut déjà connaître la puissance militaire, diplomatique et économique du peuple que l'on vise ainsi que sa position géographique. Ce progrès s'inscrit dans une tendance plus générale d'amélioration de l'ergonomie du jeu.
Ce surcroît d'aisance n'est pas du luxe et permet de se consacrer à l'essentiel : la gestion de sa nation. Sur ce plan là, Europa Universalis III reprend évidemment les bases posées par ses ancêtres. Tous les « ministères » du royaume sont à la charge du joueur et il doit donc définir au mieux le budget, gérer l'économie de sa nation, s'occuper de la diplomatie et, bien sûr, préparer la guerre ou, au moins, la défense du territoire. C'est en jonglant avec tous ces éléments qu'il faut trouver l'équilibre pour permettre à sa nation de se développer et surtout de ne pas se faire dominer par les dizaines d'autres dont s'occupe l'ordinateur : trop axé sur la résolution pacifique des tensions et le joueur prend le risque de se faire écraser militairement alors qu'un dirigeant trop agressif est très mal vu internationalement parlant.
Du choix des conseillers à l'expansion économique en passant par la diplomatie, le joueur dispose de nombreux moyens d'action
Pour gérer son monde, le joueur peut compter sur divers outils, certains déjà présents sur Europa Universalis II et d'autres inédits. Là encore, les progrès au niveau de l'interface sont décisifs et l'essentiel des fonctions de base se retrouve sur les armoiries de la nation. En cliquant dessus s'ouvre une fenêtre qui regroupe plusieurs onglets : état des relations diplomatiques, sélection de la cour, gestion du budget via sept « réglettes », gestion de l'armée, tolérance religieuse, sélection des « idées nationales » et recrutement des généraux / amiraux. Sans doute la plus simple des nouveautés, la cour permet d'engager un maximum de trois conseillers pour profiter de bonus spécifiques. Plus ces conseillers sont efficaces et plus ils sont coûteux. Il faut également faire vite car les meilleurs sont rapidement engagés !
En début de partie, la carte propose une vue du type de terrain, mais il est possible via quelques boutons de passer en vue économique, religieuse, diplomatique ou « politique ». Cette dernière a ma préférence car elle permet de voir très clairement les frontières entre les états, mais en fonction des besoins, le joueur passe fréquemment de l'une à l'autre. La partie en elle-même se déroule en « pseudo temps réel ». Cinq vitesses de défilement du temps sont disponibles et un système de « pause active » est également de la partie. En pause, le joueur donne ses principaux ordres, envoie des diplomates tenter différentes actions, recrute de nouvelles unités, lance la construction de bâtiments dans certaines régions et ensuite, selon son envie et la situation, il laisse s'écouler le temps plus ou moins vite.
Entre guerre et colonisation, le coeur du joueur balance pour étendre le plus efficacement son Royaume
Durant un conflit, on choisit plutôt une vitesse assez lente afin de contrôler plus précisément les choses alors que le reste du temps, on est davantage pressé de voir le résultat de telle ou telle négociation. Ces négociations peuvent être la mise en place d'un mariage royal afin de lier notre famille à celle d'un autre souverain, mais également l'établissement d'une alliance militaire ou d'un pacte commercial. Les possibilités dans ce domaine n'ont pas beaucoup changé, mais profitent comme beaucoup d'éléments du jeu d'un « lifting » très efficace. Les amateurs regretteront la disparition de quelques options mineures, mais dans l'ensemble tout est plus clair et plus accessible à la fois. Ainsi, au moment de choisir une action diplomatique ou commerciale, le joueur a des informations beaucoup plus précises sur les conséquences de ses actes.
S'il est encore un peu tôt pour avoir un avis définitif sur le jeu, Paradox Interactive semble vraiment avoir écouté ses fans. Même s'il reste sans doute encore trop touffu pour plaire au plus grand nombre, Europa Universalis III reprend tous les concepts de la série pour les rendre plus accessibles et mieux conçus. Certains amateurs se plaindront sans doute de la disparition de quelques options (les comptoirs, les petits cadeaux aux autres nations...), mais cela ne nuit finalement pas au jeu. Cela a en outre permis à Paradox d'introduire de nouveaux éléments comme l'espionnage ainsi que d'affiner la gestion du Saint Siège et du Saint Empire. Il nous faudra encore de nombreuses heures de jeu pour juger des progrès de l'intelligence artificielle ou des éventuels bugs, mais en l'état actuel des choses, Paradox semble bien parti pour faire replonger les amateurs et, qui sait, peut-être convaincre quelques autres ?