Depuis presque deux ans, World Of WarCraft fait tomber un à un tous les records du jeu massivement multijoueur. La planète 'MMO' a complètement été bouleversée par l'arrivée de Blizzard sur le secteur et le développeur n'a pas l'intention de se reposer sur ses lauriers. Constamment mis à jour, le jeu peut maintenant s'enorgueillir d'une première extension, disponible depuis le 16 janvier dernier. Celle-ci se propose de nous faire découvrir un continent inédit, deux races supplémentaires et de faire sauter quelques-unes des limitations du jeu de base... Suffisant pour satisfaire quelque 8 millions d'abonnés avides de nouveautés ?
Au-delà de la Porte Sombre...
Afin de renouveler le plaisir d'autant de joueurs à la fois, Blizzard avait plusieurs possibilités et pour sa première extension, le développeur a privilégié deux options. Il a tout d'abord opté pour l'intégration de deux nouvelles races : les Draneïs viennent ainsi renforcer les rangs de l'Alliance alors que les Elfes de Sang font équipe avec la Horde afin d'assouvir leur besoin de vengeance. Autant être clair tout de suite, ces races ne bouleversent pas vraiment l'ordre établi. Elles contribuent en revanche à rapprocher encore l'Alliance et la Horde. En dehors de toute considération scénaristique ou artistique, ces deux races permettent effectivement de proposer la classe de personnage qui faisait défaut à chaque faction : les Draeneïs font de très bons chamans et les Elfes de Sang constituent les paladins de la Horde.Ce nivellement des différences entre les factions aura ses partisans et ses détracteurs, mais on peut raisonnablement penser que Blizzard n'a pas emprunté cette voie sans avoir consciencieusement (et en tout bien tout honneur) sondé ses joueurs. Le véritable problème de ces deux races ne se situe d'ailleurs pas dans l'équilibre général des factions, mais plutôt dans l'ennui que le joueur peut ressentir. Il faut effectivement savoir que leur progression est identique à celle des autres races. Les 20 premiers niveaux atteint, il faut donc se lancer à la découverte d'Azeroth / Kalimdor... et on ne peut pas dire que Blizzard se soit vraiment cassé la tête pour renouveler les choses. Quelques personnages non joueurs font leur apparition, quelques quêtes ont été ajoutées et divers manques comblés, mais le tout reste très proche de ce que nous connaissons depuis des mois.
De nombreuses quêtes auront un sentiment de déjà vu pour beaucoup de joueurs et le monde a décidément un aspect « figé » que Burning Crusade aurait pu contribuer à faire sauter. Ce n'est hélas pas le cas et en dehors de l'aspect découverte que peuvent revêtir les deux nouvelles races, il faudra compter sur la découverte d'une nouvelle profession pour se faire plaisir. Là encore, on regrettera le côté un peu chiche de Blizzard qui ne propose donc qu'une seule profession supplémentaire alors qu'il n'aurait sans doute pas été compliqué d'en imaginer trois ou quatre de plus. Cette profession, les amateurs la connaissent déjà en long, en large et en travers : il s'agit du joaillier. Inspiré du vénérable Diablo II, ce personnage peut à l'aide de gemmes plus ou moins difficile à trouver selon leur puissance, sertir de l'équipement pour le rendre encore plus efficace.
Compte tenu des changements apportés par Blizzard, ce personnage prend une valeur toute particulière dès lors que la Porte des Ténèbres est franchie. Scénaristiquement parlant, cette porte devait permettre de bannir les forces de la Légion Ardente d'Azeroth. En se rendant dans les Terres Foudroyées, n'importe quel joueur de niveau 58 peut maintenant traverser cette porte et ainsi débarquer dans le nouveau continent conçu spécialement pour Burning Crusade, l'Outreterre. Celle-ci se compose d'un nombre finalement très réduit de régions (cinq) et même si la taille de ces dernières est importante, il n'est pas question de rivaliser avec la superficie proposée sur World Of WarCraft. Cette limitation ne serait pas un problème si la densité de joueurs n'était pas aussi importante : on se croirait sur la côté d'Azur en plein mois d'août !
Si le joaillier est le seul nouvel artisanat, tous les autres profitent de quelques améliorations
Le nombre de joueurs actuellement dans la Péninsule et les Marécages (les deux premières régions de l'Outreterre) est évidemment proportionnelle à l'attente des joueurs, mais cela gâche un petit peu le plaisir de la découverte, et ce, alors même que Blizzard a vraiment mis le paquet pour que l'on ne puisse pas s'ennuyer une seule seconde. Ainsi, après avoir franchi la fameuse porte et évité les énormes créatures qui se battent pour rejoindre leur point de ralliement respectif (le Bastion pour l'Alliance et Thrallmar pour la Horde), les joueurs tombent sur une ribambelle de PNJ qui proposent une quantité impressionnante de quêtes. Le journal a pour l'occasion été agrandi (25 quêtes), mais les joueurs croulent tout de même très vite sous les tâches à accomplir... d'autant que ces premières quêtes sont l'occasion de ballades qui permettent d'en dégoter encore un peu plus !
Les objectifs desdites quêtes restent dans le plus pur style World Of WarCraft et on se retrouvera donc une fois encore à chasser du sanglier pour quelques malheureux groins, à tenter la récupération de divers objets ou bien à aller tailler le bout de gras avec un personnage plus ou moins lointain. Rien de bien novateur là-dedans et cela n'est guère surprenant : Blizzard reprend avec Burning Crusade la formule qui a rencontré tant de succès sur World Of WarCraft. Il n'y a pas de surprise ni de tromperie sur la marchandise et les joueurs qui avaient déserté wow par manque de nouveautés, ne devraient pas replonger avec l'extension. C'est d'autant plus vrai qu'au premier coup d'oeil, Blizzard n'a pas vraiment fait dans l'esbroufe graphique. Certes, le développeur ne pouvait pas refondre complètement son moteur, mais la Péninsule n'a vraiment aucune personnalité.
Moi, j'ai une monture volante !
Elles ressemblent plus à un mélange des Steppes Ardentes et des Terres Froudroyées qu'à une nouvelle zone. Le style graphique est presque trop commun et malgré quelques nouvelles créatures, la plupart ressemblent à celles de WoW. Heureusement, les choses bougent sur ce point très vite et rien que la seconde zone, les Marécages, est déjà plus réussie. Grande, peuplée de nombreuses créatures originales et surtout dotée d'une atmosphère originale, cette zone préfigure les suivantes et, notamment, la plus belle de toutes Nagrand. Enfin, après quelques heures de jeu nous pouvons arriver dans la capitale de l'Outreterre, Shattrah. Contestée, elle n'appartient à aucune faction, mais est l'occasion de découvrir la dualité du monde qui nous entoure. Nous n'entrerons pas dans les détails de ce que l'on pourrait appeler le scénario de Burning Crusade, mais ce besoin de prendre parti est intéressant.Nouvelles races, nouvelles régions et nouvelles montures : un échantillon de Burning Crusade
En revanche et là nous touchons à l'un des gros problèmes posés par Burning Crusade, l'économie semble le parent pauvre du jeu. Cela se ressent par l'absence de salle de ventes dans cette capitale, mais également par le renouveau complet imposé par Blizzard au niveau des objets. Bien sûr, les joueurs demandent toujours plus de puissance, mais le développeur n'aurait peut-être pas dû se plier autant à leurs caprices. Ou plutôt disons qu'en procédant tel qu'il le fait, Blizzard oblige tous les joueurs de haut niveau à se procurer l'extension et détruit l'intérêt des plus longues quêtes du jeu de base. Il faut effectivement savoir que même les joueurs les mieux équipés avant l'extension trouveront, après quelques heures en Outreterre, de quoi renouveler leur arsenal. Mieux ou pire c'est selon, un joueur plus occasionnel aura remplacé tout son équipement en tuant même les créatures les plus basiques de la Péninsule.
Blizzard fait donc table rase du passé et à moins de changements futurs sur Azeroth, il n'y aura bientôt plus personne pour combattre les créatures les plus célèbres de World Of WarCraft tant le jeu n'en vaut pas la chandelle. Pourquoi en effet galérer plusieurs heures pour obtenir un objet que l'on aura remplacé en quelques minutes dans l'Outreterre ? Et encore, nous ne parlons pas ici des instances de ce nouveau monde qui procurent bien sûr des articles encore plus puissants ! À propos des instances justement, Blizzard a là aussi décidé de changer son fusil d'épaule. Alors que le développeur allait jusqu'à présent toujours plus loin dans la complexité, il a décidé de se pencher cette fois sur le cas des joueurs occasionnels avec des instances plus simples, plus rapides et qui nécessitent moins de monde. Au total, 25 nouvelles instances sont proposées dont 7 pour des groupes de raid de 25 personnes.
La plupart du temps limitées à trois boss, les instances de Burning Crusade se terminent donc beaucoup plus vite que celles de WoW et il n'est plus nécessaire de réserver trois heures pour en venir à bout. La plupart se bouclent en moins de 90 minutes et certaines même en moins d'un heure ! Pour autant, comme nous l'avons déjà dit, les récompenses ne sont pas inintéressantes loin de là. Cette optique 'joueur occasionnel' se heurte tout de même à un écueil puisqu'il faut impérativement être niveau 58 pour en profiter et que la progression au delà du niveau 60 ne peut se faire qu'en achetant Burning Crusade. Plus gênant, certaines nouveautés parmi les plus largement mises en avant par Blizzard seront pour ainsi dire inaccessibles à ces occasionnels : c'est ainsi que les montures volantes sont à plus de 1000 pièces d'or ! Or, ces mêmes montures sont nécessaires pour accéder aux instances les plus intéressantes.
Pas de révolution graphique pour Burning Crusade, mais quelques zones particulièrement travaillées
Il est tout à fait normal que Blizzard réserve ainsi certains éléments à ses joueurs les plus fidèles, mais il n'est pas moins normal de se sentir floué parce qu'on ne peut se permettre de passer autant de temps en Outreterre. Cette problématique n'est cependant ni nouvelle ni propre à World Of WarCraft. Les joueurs occasionnels se consoleront donc en jetant un oeil du côté des montures épiques (moins coûteuses qu'auparavant) et des nouvelles montures propres aux races introduites par Burning Crusade. De ce point de vue, la déception risque de se lire sur le visage des Elfes de Sang car on ne peut pas dire que leur monture soit la plus originale du moment... Après tout, on ne peut pas avoir l'une des races les plus intéressantes de la Horde et, en plus, posséder une monture propre à faire des envieux !
Conclusion
Aussi réputé pour la qualité de ses jeux que pour celle de ses extensions, Blizzard reste avec Burning Crusade fidèle à la ligne de conduite qu'il s'est tenue jusque-là. Afin de ne pas décevoir ses millions de fans, le développeur n'a pas souhaité sortir des sentiers battus par les joueurs de World Of WarCraft et nous propose donc une extension d'excellente facture certes, mais un chouia trop sage pour être vraiment enivrante. Le contenu est on ne peut plus riche, l'intérêt du titre pour les joueurs de haut niveau est largement relancé et l'Outreterre corrige certains des défauts les plus gênants d'Azeroth. Hélas, Blizzard n'a pas profité de cette extension pour remodeler l'ancien monde.Le développeur n'a pas non plus essayé de renouveler véritablement le gameplay de sa poule aux oeufs d'or et, du coup, les lassés de World Of WarCraft ne replongeront pas. Alors qu'il aurait sans doute pu trouver quelques petites choses pour changer du train-train auquel il nous convie depuis près de deux ans, Blizzard a préféré chouchouter les plus endurcis de ses joueurs. Certes il y a pas mal de choses pour les joueurs occasionnels, mais en créant un tel écart entre le monde World Of WarCraft et celui de Burning Crusade, il pousse clairement à l'acquisition de cette extension et rend Azeroth pour ainsi dire inutile... Dans cette optique, pourquoi ne pas le rendre carrément gratuit ?
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