Mars 2047. Depuis plus de trente ans la Planète Bleue se recouvre lentement d'un manteau « vert tiberium », du nom du métal extra-terrestre qui a envahi les terres émergées. Tout à la fois miracle énergétique et catastrophe environnementale, la mystérieuse substance est surtout à l'origine de la formation des deux factions se partageant l'essentiel de l'Humanité : le Groupement de Défense International (GDI) et la Confrérie du NOD. Depuis l'arrivée du tiberium sur Terre, les deux camps se livrent d'incessants combats, mais ces derniers mois, une trêve semble observée. Une trêve qu'Electronic Arts rompt pour notre plus grand plaisir et pour nous offrir Command & Conquer 3. Dire que les amateurs de stratégie temps réel avaient déjà pu s'éclater avec l'excellent Supreme Commander... certains joueurs sont vraiment gâtés !
En mars... et ça repart ?
En quelques lignes, voilà qui introduit très convenablement le contexte Command & Conquer tel qu'il existe depuis les débuts de la série, il y a douze ans de cela. Après quelques « alertes rouges » et autre infidélités du côté de la guerre moderne (Generals, Heure H), les développeurs ont tenu à revenir aux origines de la série et à son fameux tiberium pour un troisième opus qui fleure bon l'hommage. Du coup, inutile de chercher les idées révolutionnaires ou la moindre audace de gameplay. Il paraît que les joueurs voulaient du bon gros Command & Conquer « qui tâche », Electronic Arts leur livre donc du bon gros Command & Conquer « qui tâche » et une fois les 7 Go de données copiés sur le disque dur, nous découvrons un menu sur lequel se trouvent des boutons plus classiques les uns que les autres : profil, options, didacticiel, campagne, escarmouche et multijoueur.L'offensive surprise du NOD a pris de cours un GDI qui se ressaisit heureusement très vite
Ces trois dernières rubriques donnent bien sûr accès aux trois principaux modes de jeu et du côté des campagnes solo, là encore, Electronic Arts fait dans le plus pur style Command & Conquer. Deux campagnes sont disponibles, une pour chacun des deux camps en présence et les nombreuses missions (une bonne vingtaine par campagne) sont entrecoupées de cinématiques comme on en voit plus depuis bien longtemps. Electronic Arts a effectivement reconduit les « kitschissimes » vidéos sur fond bleu avec acteurs de seconde zone et « vrais » décors extérieurs en surimpression derrière nos « mini-stars » échappées de Battlestar Galactica, de V ou bien encore de Lost ! La critique est facile, mais le fait est que ces petites vidéos donnent à l'ensemble un cachet absolument inimitable !
Les plus critiques d'entre-nous regretteront tout de même que le doublage français donne lieu à un gros défaut de synchronisation labiale, mais alors que le scénario est absolument sans surprise, ces petites séquences vidéos lui donnent un certain intérêt. Nous sommes donc en Mars 2047 et alors qu'une trêve semblait observée par le GDI et le NOD, ce dernier lance une offensive de grande envergure. Une attaque nucléaire sur la station orbitale Philadelphia et sur différentes villes à travers le monde prend au dépourvu l'armée du GDI qui n'a plus qu'un seul espoir pour se sortir du pétrin... Moi... Euh vous... Enfin bref, comme d'habitude on compte sur nous et ce n'est guère différent dans la campagne du NOD puisque l'illustre Kane nous a confié la lourde tâche de mener à bien l'assaut sur la zone la mieux protégée du GDI : la côte est des États-Unis.
Comme vous l'avez peut-être remarqué, il est intéressant de constater que les deux campagnes du GDI et du NOD débutent par les mêmes événements. Il s'agit d'un choix de la part des développeurs qui souhaitaient raconter plus ou moins la même histoire, mais de deux manières différentes afin, notamment, de nous montrer que le GDI n'est pas le « gentil » auquel nous sommes habitués et que le NOD n'est pas forcément aussi « méchant » qu'on peut le penser. Nous ne vous dévoilerons rien de plus du scénario du jeu qui gagne évidemment à être découvert au fur et à mesure des missions, mais disons simplement qu'il est question de batailles aux quatre coins du monde dans l'une et l'autre des campagnes. Précisons aussi que les deux formations auxquelles nous sommes habitués devront bientôt compter sur un troisième larron : les extra-terrestres Scrins.
Tout Scrin qu'ils sont, les Tripods et le Vaisseau Mère n'apprécient guère plus que le NOD, le canon à ion !
Et le GDI NODtempère pas...
De prime abord, ces derniers sont la seule « innovation » que se sont autorisés les développeurs alors que la série repose depuis toujours sur la seule opposition GDI / NOD. Seule innovation car il est vrai qu'une fois sur le champ de bataille, l'habitué retrouve bien vite ses marques. Alors que certains studios tentent de rendre les choses plus riches, plus complexes en intégrant davantage de ressources à collecter, Electronic Arts reste fidèle à ce tiberium qui fait office de mélange miracle avec lequel on va bâtir de nouvelles structures et construire des dizaines d'unités. En début de partie, on commence souvent avec un ersatz de base qu'il faut rapidement faire prospérer : la construction d'une raffinerie permet d'avoir une moissonneuse qui ira récupérer le tiberium du champ d'à côté pour le ramener où il sera changé en « crédits ».À partir de là, les choses s'accélèrent. Il faut bâtir une centrale pour alimenter en énergie les autres structures et rapidement construire les premiers bâtiments militaires (caserne et usine de véhicules) qui permettront à leur tour de produire les premières troupes, de simples fantassins. Avec le temps, les bâtiments se diversifient (on en compte une petite vingtaine par faction) et les unités deviennent plus intéressantes jusqu'au fameux char mammouth du GDI par exemple. Petite déception au niveau des structures tout de même car si GDI et NOD sont semblables depuis des années, on aurait aimé qu'Electronic Arts se creuse la tête pour ses petits nouveaux, les Scrins. Intéressants niveau design (ils rappellent les Protoss de StarCraft), leurs bâtiments sont proches, dans le fonctionnement, de ceux des autres factions et nous aurions par exemple aimé une technique de récolte du tiberium ou une organisation des unités sensiblement différentes.
Les choses sont heureusement plus intéressantes au niveau des unités et les troupes du NOD sont ainsi plus rapides et moins chères que celles du GDI. De manière générale, le NOD, qui peut se reposer sur une population beaucoup plus importante, n'hésite pas à sacrifier ses forces et les fanatiques qui se font littéralement sauter sur leurs adversaires en sont le plus parfait exemple. De leur côté, les Scrins emploient des unités relativement lentes, très coûteuses, mais incroyablement puissantes. Qu'il s'agisse du sympathique tripod ou des vaisseaux de combat comme le dévastateur, toutes les unités Scrins font très mal aux défenses adverses. Pour ne rien arranger, certaines de leurs améliorations leur ajoute un bouclier d'énergie qui les protège bien sûr, mais les rend également insensible à une première attaque EMP (charge électromagnétique).
Si les décors sont parfois un peu vides, la réalisation d'ensemble est très réussie
Cette puissance des Scrins est évidente et nous touchons là à un petit souci que les développeurs devraient vite corriger : il nous semble qu'en multijoueur, nos amis les extra-terrestres sont un rien trop puissants par rapport à leur petits copains. Du coup, ils prennent très vite l'avantage en particulier sur les petites cartes. À confirmer avec le temps, ce défaut réseau ne se retrouve pas vraiment en mode escarmouche ou durant les campagnes solos. Ces dernières progressent de manière intéressante avec des missions variées (sauvetage, assaut, commando...) et rarement très longues. Si certains aiment passer deux heures sur une carte, d'autres préfèrent en revanche de plus petits scénarios bouclés en 30-45 minutes : exception faite des dernières de chaque campagne (plus ardues que les autres), c'est ce que propose Command & Conquer 3.
De l'art du Scrin-shot !
Puisque nous parlons de la difficulté, précisons que trois niveaux sont disponibles et que, chose intéressante, on peut opter pour un autre niveau à n'importe quel moment de la campagne : ainsi, même les joueurs occasionnels ne devraient pas bloquer sur une mission trop difficile et être obligés d'attendre des codes de « triche » pour se faire plaisir. A contrario, les vieux routards ne devraient pas hésiter à partir en mode difficile : les premières missions sont une promenade de santé et le défi ne monte que très progressivement en puissance. Sur la fin en revanche, les choses se corsent nettement et les objectifs secondaires (pour « l'honneur ») sont de plus en plus éloignés des objectifs principaux : le joueur doit alors choisir au mieux en fonction de ses moyens... surtout lorsqu'il mène la lutte sur deux, voire trois fronts en même temps.
De manière générale, on ne peut pas dire que l'intelligence artificielle (IA) soit un modèle du genre, mais elle essaye malgré tout de varier un minimum la forme de ses assauts, et ce, même si elle a tendance à frapper un peu trop souvent sur les mêmes zones. Les seuls vrais problèmes d'IA que l'on rencontre dans Command & Conquer sont plutôt liés à nos propres unités qui ont tendance à s'écarter les unes des autres lors des déplacements se retrouvant parfois sous le feu de l'ennemi. Nos troupes se bloquent aussi parfois de manière étonnante et font un peu trop régulièrement d'interminables détours pour atteindre leur objectif. Ces quelques défauts de jouabilité mis à part, l'aspect technique du jeu est un modèle du genre... À condition bien sûr de ne pas être allergique aux vues rapprochées !
Parfois un peu contraignant, le niveau de zoom ne permet pas d'avoir une vue d'ensemble
Pas question ici de retrouver un zoom aussi performant que celui de Supreme Commander et on ne peut pas non plus modifier l'angle de vue. Il faut se contenter d'une vue moyenne et de fonctions de rotation, mais compte tenu de l'orientation « action » adoptée par les développeurs, cela ne devrait pas poser de problème aux joueurs. Il faut bien comprendre que le gameplay de Command & Conquer est à cent lieues de ce que nous proposent Chris Taylor et Gas Powered Games. Les batailles sont ici très vives et font davantage penser à StarCraft par exemple. En quelques minutes et alors que la carte est encore recouverte par le brouillard de guerre, les joueurs lancent déjà leurs premières unités à la recherche des adversaires ! La stratégie est présente, mais Command & Conquer est un jeu où la vitesse prime et les parties réseau ne dépassent guère les 45 minutes.
Cette vitesse des parties entraîne d'ailleurs un défaut surprenant : alors que les développeurs ont imaginé des super-armes pour chaque faction (canon à ion, missile nucléaire et vaisseau mère à la Independance Day), on n'a pratiquement jamais le temps de les utiliser en mode réseau... les affrontements sont terminés avant ! Précisons enfin que les modes multi et escarmouche se pratiquent sur une sélection de 20 cartes et que les plus grandes (deux cartes) acceptent un maximum de 8 joueurs. De nombreux profils d'IA sont disponibles afin de combler le manque d'humains à disposition de sorte que tous les joueurs devraient trouver chaussure à leur pied. Il ne faut en revanche pas prévoir trop étriqué pour la configuration minimale puisque Command & Conquer nécessite quelque chose comme un processeur à 2,4 GHz, 1 Go de mémoire et une carte graphique 128 Mo relativement récente (GeForce 6600 GT).
Conclusion
Rien à redire, même si sur le long terme notre préférence va à Supreme Commander pour la qualité de ses affrontements multijoueurs, ce Command & Conquer 3 est assurément un grand cru. Alors bien sûr, il n'y a rien de vraiment nouveau sous le soleil (de tiberium ?) et l'originalité n'est pas au rendez-vous de ce troisième opus, mais diable que le résultat est efficace ! Si l'interface est un peu encombrante, l'ergonomie est redoutable avec une prise en main quasi-immédiate même chez les débutants. Pour ne rien gâcher, la réalisation technique est splendide, et ce, même si le doublage des séquences cinématiques est perfectible. Kitsch au possible, ces séquences contribuent à donner leur cachet aux campagnes GDI / NOD et rendent la partie solo du jeu unique : les objectifs y sont variés et la progression, avec de temps en temps quelques choix dans les missions, est agréable. Au niveau du multijoueur, il ne faut pas se tromper de crémerie : pour les assauts de plusieurs heures, il ne faut surtout pas piocher la carte Command & Conquer. Ici, tout est dans la nervosité, les montées d'adrénaline et la vitesse des combats, mais le résultat est loin d'être désagréable... Avis aux amateurs du « Blitzkrieg » !Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
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