Haskill, un chambellan très à cheval sur le code
Alors que sur certains jeux les extensions ne s'adressent qu'à telle ou telle tranche de joueurs et demandent un certain niveau pour bénéficier des nouveautés, Shivering Isles concerne tous les joueurs d'Oblivion sans exception. Ceci est rendu possible par le système de mise à niveau en fonction de la puissance du joueur. Ainsi que l'on soit niveau 10 ou niveau 30, Shivering Isles sera toujours aussi intéressant à explorer et n'espérez donc pas massacrer tous vos adversaires simplement parce que votre personnage a retourné tout Cyrodiil (la région dans Oblivion) ! L'aventure en elle-même débute très simplement sitôt que votre personnage approche de la cité de Bravil. Il apprend alors qu'une étrange porte est apparue sur une île quelques kilomètres plus à l'est... Il n'en faut évidemment pas plus pour éveiller la curiosité de tout héros normalement constitué.L'apparition d'un portail à l'est de Bravil est au coeur d'une nouvelle polémique
En quelques brasses, nous arrivons sur ladite île pour découvrir une étrange statue et un non moins étrange portail bleu. Quelques minutes plus tard et malgré les avertissements du garde venu aux nouvelles, nous décidons de le traverser. Il s'agit en fait du passage vers les Shivering Isles, terres du seigneur Shéogorath, Prince de la folie. L'arrivée sur ces îles est très bien faite et Bethesda s'est vraiment creusé la tête pour que la chose soit accessible aux débutants sans pour autant paraître insupportable aux yeux des habitués. C'est ainsi qu'une fois le portail franchi, on débarque dans le village de Colmur où nous attend la première épreuve du jeu : un imposant gardien barre l'entrée aux Shivering Isles proprement dites. Relativement simple, cette épreuve permet aux débutants de se faire la main tout en douceur.
Jyggalag : et le daedrique saccade ?
Sans trop entrer dans les détails, disons simplement que les Shivering Isles sont menacées. Les Chevaliers de l'Ordre dirigés par un autre prince daedrique du nom de Jyggalag, envahissent l'archipel et Shéogorath vous charge d'enrayer leur progression. Il faut tout d'abord rencontrer Syl et Thadon, respectivement duchesse de Démentia et duc de Mania, et les convaincre de la menace. Pour y parvenir, il est nécessaire de se plier aux volontés de ces monarques très particuliers. Si Oblivion pouvait paraître un peu froid par moments, les développeurs ont été plus inventifs sur Shivering Isles. Shéogorath est un digne prince de la folie à la mégalomanie galopante et au verbe tranchant. Syl est paranoïaque à un point rarement vu jusque là et vous engagera même pour une étonnante quête du complot alors que les discussions avec Thadon sont surréalistes tant le bonhomme est amnésique.L'aristocratie de New Sheoth est pour le moins singulière !
Enfin, Haskill le chambellan complète admirablement ce tableau. Icône du majordome à l'anglaise, il semble on ne peut plus coincé, mais ses phrases ne manquent ni d'humour ni de sarcasme ! Au final et même si le déroulement de l'action reste dans la veine de ce que proposait Oblivion, Shivering Isles apparaît comme une bouffée d'air frais. De nombreuses quêtes renforcent d'ailleurs le côté ballon d'oxygène de l'extension et sont autrement plus originales que ce que nous connaissions en Cyrodiil. On regrettera en revanche l'aspect un peu centralisé des choses. S'il existe bien quelques villages disséminés sur la carte, l'essentiel des intrigues, des personnages et des quêtes se découvre dans la ville de New Sheoth, dont on saluera au passage l'architecture absolument remarquable !
On regrette alors d'autant plus que les habitants vaquent de manière si artificielle à leurs occupations : Gothic 3 rendait à mon sens mieux l'impression de vie. On regrette aussi que l'ensemble ne soit pas plus vaste, alors que les Shivering Isles représentent un petit quart de Cyrodiil : tout à fait correct pour une extension ! Enfin, petit regret également niveau contenu. De nouveaux objets parfois ingénieux sont de la partie, des créatures inédites font leur apparition, mais le gameplay ne change pas d'un pouce. Du coup, les combats ont toujours cet aspect bourrin que la sortie de Dark Messiah Of Might & Magic rend plus pénible encore et la gestion de l'alchimie est un peu limitée. Malgré la qualité générale de l'extension, il me faut terminer sur deux problèmes récurrents chez Bethesda : la localisation et les bugs. Dans les deux cas c'est mieux que sur Oblivion, mais que certains scripts ne se déclenchent pas comme prévu ou que le gardien survive à 40 flèches d'os envoyées dans la glotte me reste... en travers de la gorge, sans mauvais jeu de mots !
Conclusion
S'il n'y a rien de vraiment nouveau sous le soleil de Tamriel, Shivering Isles rempli parfaitement son rôle d'extension et alors que Knights Of The Nine avait laissé quelques joueurs sur leur faim, on en reprend ici pour une bonne vingtaine d'heures de nouvelles aventures. Bien sûr, les défauts d'interface et les problèmes de « réalisme » reprochés par les habitués des Elder Scrolls sont toujours là, mais de nombreux mods créés par la communauté restent parfaitement fonctionnels. Il y a en outre fort à parier que cette même communauté ne tardera pas exploiter au mieux les nouveautés offertes par Mania et Démentia. Le scénario principal, l'originalité des quêtes et les personnages parfois haut en couleurs donnent une dimension particulière à cette extension qui ne convertira pas les réfractaires, mais qui mérite largement les 30 euros demandés... en attendant The Elder Scrolls V !Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le