Flibustier, flibuste ti restera !
Au premier regard posé sur Bounty Bay Online, inutile de se le cacher, le titre déçoit un peu. L'aspect graphique est parfois assez sommaire, mais lorsque l'on prend connaissance de la surface de jeu et des exigences matérielles, on comprend mieux les limitations graphiques : difficile de faire un jeu aussi vaste et capable de tourner sur autant de machines sans faire quelques concessions. C'est d'ailleurs en grande partie pour cela que la phase de création du personnage paraît si rapide. Passage obligé dans un jeu de rôle, cette phase ne nous propose guère d'autre choix que celui d'incarner un homme ou une femme. Les classes de personnage ne se définissent qu'au fil de la partie et les options de personnalisation sont succinctes afin, officiellement, de permettre au jeu de tourner sur des machines à base de processeur 1,2 GHz épaulé par 128 / 256 Mo de mémoire vive.En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le jeu peut démarrer et le joueur se retrouve à la tête d'une petite embarcation en pleine Méditerranée. Dès lors, de nombreuses possibilités s'offrent à lui avec, en tête de liste, l'exploration. Une très grande surface de la planète a effectivement été reproduite par les développeurs qui nous permettent bien sûr de traverser l'océan Atlantique pour rejoindre le Nouveau Monde, mais également de naviguer vers la Mer Baltique, de descendre le long des côtes africaines et même de découvrir l'océan Indien et les merveilles que recèle l'Asie. De nombreuses villes sont accessibles et à côté des « classiques » cités européennes (Paris, Bordeaux, Hambourg...), on retrouve des lieux plus exotiques (Pékin, Le Cap...) caractérisés par quelques monuments comme la Muraille de Chine ou les Jardins Suspendus.
S'il est question d'une bataille navale, on passe effectivement à une vue « au raz des navires » dans laquelle, le joueur doit diriger son bateau à l'aide de la souris et en cliquant sur la zone destination. C'est aussi cette souris qui permet de lancer une bordée et nous nous rapprochons ici des canons (sans mauvais jeu de mots) du MMO façon asiatique : on clique à un endroit et le personnage / bateau s'y rend. Nous parlions de bataille navale et il est donc important de préciser que les déplacements à la souris ne font pas tout, il faut également compter avec les compétences de notre personnage ainsi que le type de bateau utilisé : plus le capitaine est doué, plus efficaces seront ses décisions. De la même manière, un navire très moderne et fait pour la guerre sera autrement plus maniable, disposera de plus de canons et aura une portée bien supérieure.
Le combat naval peut se terminer de plusieurs manières allant de la destruction pure et simple d'un des participants au fameux abordage sabre en main et bave aux lèvres. On change alors de vue pour obtenir un écran plus classique qui se trouve d'ailleurs être celui que l'on retrouve lorsqu'on décide d'accoster ou de se battre sur la terre ferme. On se bat à main nue ou à l'aide d'un sabre, seul ou épaulé par son équipage, ce dernier étant capable d'obéir à quelques ordres très basiques (attaque, défense, séparation, regroupement...). Relativement difficile à maîtriser et terriblement incertain, le combat n'est pas la carrière la plus populaire des joueurs de Bounty Bay si l'on en croit nos interlocuteurs de chez Frogster. Il semblerait effectivement qu'une majorité de joueurs se lance dans le commerce ou l'artisanat.
Comme tout MMO, le but de Bounty Bay est tout de même que les joueurs se regroupent en guildes afin notamment de mixer les personnages plutôt commerçants, plutôt artisans et plutôt guerriers. Si le combat est important dans le jeu, il est aussi très utile d'avoir des marchands pour engranger de l'argent et ces marchands sont justement une cible facile s'ils ne disposent pas d'une escorte digne de ce nom. Le PvP est donc primordial dans Bounty Bay et si un système est en place pour que les « gros » ne s'en prennent pas systématiquement aux « petits », on notera surtout l'existence de véritables instances pour organiser de grandes batailles navales interguildes... La mer n'étant encore une fois pas le seul refuge du pirate, les guildes les mieux organisées pourront également prendre le contrôle de véritables cités.
Les possibilités offertes par Bounty Bay semblent vraiment très importantes et surtout plus originales que ce qu'on a l'habitude de voir sur les MMO traditionnels. La présentation qui nous en a été faite ne pouvait hélas mettre l'accent sur ce qu'il y avait de plus intéressant (le PvP et le système de guilde), faute de joueurs suffisamment nombreux, il faut dire que le jeu débute à peine en Europe (en Allemagne d'abord) et qu'il ne sortira pas avant le mois de juin en France, le temps pour Frogster de préparer la localisation complète. Sur le papier, Bounty Bay a donc beaucoup d'atouts dans sa manche, et même s'il ne nous a pas été possible de voir ça très précisément, plusieurs défauts risquent de lui compliquer la tâche... À commencer par l'élément financier qui est pour beaucoup de joueurs plus qu'un frein.
Il faut savoir que Bounty Bay tourne depuis plus d'un an en Asie et qu'une version anglaise est déjà opérationnelle. Celle-ci est gratuite et on voit donc mal comment Frogster va réussir à justifier les 30 euros qu'il demande pour la boîte du jeu auxquels il faut ajouter 10 euros mensuels pour l'abonnement (dégressif sur 3, 6 et 12 mois). La localisation est certes un élément important, mais de là à dire qu'elle justifie une telle dépense... L'avenir nous le dira. C'est aussi l'avenir qui nous dira si la réalisation technique limitée ne sera pas un autre frein au succès du jeu. En Allemagne, il semble plutôt bien fonctionner et nous aurons de toute façon un bêta test (courant mai) pour revenir sur le cas Bounty Bay.