Rôliste en quête d'aventure...
S'il s'inspire des deux titres cités en introduction, Two Worlds fait de prime abord plutôt penser à Gothic 3. Le début de partie ressemble effectivement beaucoup à celui du jeu de Piranha Bytes et nous nous retrouvons une fois encore dans la peau d'un personnage à peu près aussi charismatique qu'une vieille paire de chaussettes. Aucune séquence d'ouverture ne vient vraiment nous présenter les choses et après une phase de création de personnage aussi succincte que décevante (on ne choisit que quelques traits physiques pour personnaliser un tout petit peu le héros), on se retrouve plonger dans le bain. Après seulement quelques minutes, les choses se mettent heureusement en place et nous faisons la rencontre d'un certain Gandohar. Particulièrement mystérieux, le bougre nous propose très vite quelques quêtes qui serviront, à la manière de Gothic 3 mais également d'Oblivion, de fil conducteur : il est d'abord question de retrouver notre tendre petite soeur avant de se lancer à la recherche de reliques destinées à ressusciter Aziraal, Dieu de la Guerre.Pas très originale, la quête principale est suffisamment intéressante pour pousser le joueur à aller de l'avant
Bien sûr et c'est à cela que l'on reconnaît les jeux de rôle à la mode sur PC, cette quête principale n'est absolument pas une fin en soit. Le monde proposé par les développeurs est à peu de choses près aussi ouvert que ceux de Bethesda et Piranha Bytes. Le joueur peut y déambuler comme bon lui semble. Il peut rencontrer la population locale, discuter avec à peu prêt n'importe qui, faire du commerce et se lancer dans d'innombrables quêtes annexes. De ce point de vue là, pas de crainte à avoir, l'univers de Two Worlds est particulièrement vaste... Sans doute plus que celui de Gothic 3, mais hélas il est aussi nettement moins immersif et l'impression de vide y est assez présente. Les habitants des nombreuses villes et villages semblent nous attendre, ne discutent jamais entre eux et si quelques-uns vaquent bien à leurs occupations, la mélodie n'est pas juste. Dans un jeu de ce genre, c'est l'un des plus gros problèmes et si Gothic 3 se hissait un cran au-dessus des autres, on regrette évidemment de ne pas voir Reality Pump aller encore au-delà.
C'est ainsi qu'il faut faire avec une gestion particulièrement imprécise des collisions avec des personnages ou des ennemis qui se chevauchent les uns les autres, des rochers qui volent ou des portes pas tout à fait raccord avec leur encadrement. Plus gênant, les montures, pourtant vraiment sympas dans leur intégration au monde, sont un véritable calvaire à manipuler et il arrive même que notre héros se coince purement et simplement dans le décor... Notamment lorsqu'il est question d'utiliser les pierres de téléportation. Alors que le jeu ne propose aucun système de transport rapide (façon Morrowind ou Oblivion), ces pierres et les téléporteurs associés permettent de se rendre très vite d'un lieu à un autre à condition qu'ils aient bien sûr déjà été découverts normalement. Si les téléporteurs sont assez classiques, les pierres font pour leur part immédiatement penser aux fameux town portals de Diablo II et à y regarder de plus près ce n'est pas le seul point commun que l'on peut trouver entre Two Worlds et le jeu de Blizzard.
Le combat est au coeur de Two Worlds, bien plus que sur Gothic 3 ou Oblivion.
Passer dans l'autre monde ?
À vouloir rendre leur jeu accessible au plus grand nombre, les développeurs ont effectivement empruntés quelques raccourcis un peu gênants qui donnent au jeu un net côté hack and slash. Il faut tout d'abord mentionner l'évolution extrêmement rapide du personnage qui en à peine cinq heures de jeu doit déjà pouvoir naviguer entre les niveaux 15 et 20. Lorsque l'on sait qu'à partir des niveaux 25-26, Two Worlds perd une bonne part de son intérêt, notre personnage devenant par trop puissant, on comprend le petit problème que cela peut poser. Reality Pump n'est pas tombé dans le travers de Bethesda et de ses créatures à la difficulté indexée sur le niveau du joueur, mais l'Allemand n'a pas été plus heureux avec un système de mort qui ne pénalise pas le joueur : lorsque notre héros avale son bulletin de naissance, nous sommes effectivement téléportés à quelques mètres de l'action dans l'un de ces « Mémoriaux de Maliel » qui parsèment le monde et permettent de reprendre l'aventure sans aucun malus. Après quelques heures de jeu, on se surprend d'ailleurs à ne plus sauvegarder et à foncer un peu bêtement sur les monstres de passage.Du côté de l'aventure, il n'y a pas non plus de quoi se taper le cul par terre, mais reconnaissons que Reality Pump ne fait pas pire que ses concurrents dans ce domaine. L'histoire de Two World n'est guère originale, mais n'a finalement pas à rougir de la comparaison avec Oblivion et Gothic 3. En ce qui concerne les quêtes annexes, le constat est plus mitigé. Leur nombre et leur variété ne fait effectivement pas de doute, mais la plupart d'entre elles sont un peu trop classiques pour être vraiment palpitantes. Ajoutons à cela la présence d'un journal de quêtes pas très pratique où il faut jouer de la roulette pour constamment savoir où nous en sommes et Two Worlds souffre de la comparaison avec Gothic 3 duquel il est le plus proche. Le titre de Piranha Bytes prend également l'avantage en ce qui concerne la résolution, plus ouverte, de ces quêtes : il n'existe pas toujours qu'une seule solution pour accomplir une mission alors que dans Two Worlds ces règlements à l'amiable sont bien rares. De manière plus générale, on peut ainsi dire que le titre de Piranha Bytes est plus complexe, plus profond.
L'aventure progresse entre séquences spectaculaires, petits moments gores et horribles cinématiques...
Cela se vérifie au niveau des factions en présence dans les mondes proposés par chacun des studios. Dans Oblivion, l'ensemble est trop simpliste pour vraiment se comparer à Gothic 3 et si Two Worlds semblait bien parti pour relever le défi, de trop importants défauts de jeunesse l'empêche de vraiment se mesurer au titre édité par JoWooD. Tout au long de son aventure, notre héros accomplit des quêtes. Ces quêtes lui permettent d'obtenir différentes récompenses, mais aussi et surtout de faire grimper sa réputation auprès des factions en présence. Hélas, les interactions entre ces différentes factions semblent inexistantes et notre réputation semble ne jamais pouvoir baisser, même lorsque l'on réalise des tâches pour le compte d'une faction radicalement opposée. Ce côté un peu simpliste des choses se retrouve dans la gestion du monde qui n'est pas vivant comme celui de Gothic 3 et où l'histoire principale n'est pas aussi présente que dans celui d'Oblivion. Du coup, on a encore cette impression d'univers un peu extérieur à notre héros, et ce, malgré les Orcs qui menacent.
Un bien sombre héros...
On peut plus facilement parler de l'aspect graphique des choses qui là encore alterne le bon et le moins bon. Du côté des paysages, des plantes et des textures, c'est du tout bon. Hélas une sorte de flou vient parfois massacrer ces jolis décors et, plus gênant, les personnages sont incroyablement « raides ». Si leur visage pourrait passer, leurs animations ou leur comportement ne convainc pas. Quelques effets météos (grossiers, mais suffisants) apportent heureusement un peu de vie à un monde qui manque singulièrement de personnalité. Les habitués de Gothic 3 auront même l'impression, un court instant, de se trouver face à une extension de leur jeu fétiche. Enfin, et c'est sans doute un défaut récurrent au genre, on regrettera le niveau de l'intelligence artificielle. Cela se traduit par des adversaires parfaitement stupides durant les combats, mais aussi par des habitants qui se laissent cambrioler alors qu'ils sont à déambuler dans leur salon ou par des gardes qui indexent les amendes sur l'argent que vous avez en poche, mais oublient cinq minutes après que vous avez tué la moitié de la garnison !
Certains environnements du jeu sont tout simplement splendides !
Nous sommes habitués à ces lacunes, mais alors que Reality Pump semblait ambitieux, nous aurions bien aimé voir quelques progrès sur ce plan là. Les Allemands ont préféré se démarquer en intégrant un mode inédit sur ce type de jeu de rôle : un mode multi. Pas question ici de reprendre son personnage solo, il faut créer un nouvel avatar pour le réseau ou plutôt un nouvel avatar pour chacun des deux modes réseau. Deux races sont alors disponibles et il est possible de définir une classe de personnage durant la phase de création. Ensuite, on rejoint l'une des quatre villes qui font office de salle de discussion et de serveur. Trois villes sont dévolues au mode RPG et une au mode PvP. À la manière de Guild Wars, on choisit alors de former un groupe avant de se lancer dans une zone instanciée où il n'est plus possible de voir que les membres du groupe (jusqu'à huit joueurs). Pour l'heure et si l'idée d'un tel mode était sympathique, nous restons sceptiques : la dissociation des personnages solo et multi semblait inévitable, mais réduit l'intérêt du réseau alors que de nombreux problèmes (lags, déconnexions...) achèvent de le rendre difficilement exploitable même si la dernière mise à jour arrange déjà pas mal les choses.
Conclusion
Malgré ses qualités, l'indiscutable charme qui se dégage du jeu et toutes les bonnes intentions de ses développeurs, il nous est impossible de terminer cet article sans penser aux deux mastodontes du jeu de rôle PC. Two Worlds est un bon titre, cela ne fait aucun doute, mais trop ambitieux et pressé par le temps, Reality Pump n'a pas réussi à complètement transformer son premier essai en la matière. Un essai qui pourrait trouver son public à mi-chemin entre celui de Gothic 3 et celui d'Oblivion, mais qui ne risque pas de faire l'unanimité... Trop de bugs, un doublage qui frise parfois l'indigence et des petites erreurs de parcours font tourner les duels d'un côté à l'avantage d'Oblivion et de l'autre à l'avantage de Gothic 3 sans que Two Worlds ne parvienne vraiment à inquiéter les références du genre. Reality Pump est parvenu à innover sur certains points, mais est resté trop sage sur les éléments qui lui auraient permis de véritablement se démarquer. Toutefois, il s'avère suffisamment intéressant pour faire plaisir aux amateurs qui auraient déjà retourné les deux références susnommées. Un premier essai prometteur qui nous fait espérer une suite plus aboutie.Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le