Avec un seul titre à son actif (le perfectible Star Wars : Empire At War), les créateurs de chez Petroglyph sont parvenus à convaincre Sega du bien-fondé de leur nouveau projet. Il faut dire que formé par des anciens de chez Westwood ayant notamment travaillé sur la série Command & Conquer, le studio a des arguments à faire valoir en matière de stratégie temps réel. Voilà qui tombe plutôt bien puisque Universe At War, le second projet de Petroglyph donc, est un STR et si le genre peut paraître un rien saturé, les développeurs répondent Hiérarchie, Masari et Novus. Autrement dit, les trois factions d'un titre qui semble enfin chercher l'innovation plus que le copier / coller de bonnes vieilles recettes.
Quand la Hiérarchie n'est plus respectée...
Une fois n'est pas coutume, il n'est donc pas question de Seconde Guerre Mondiale. Cependant, même si les trois factions précitées sont d'origine extra-terrestre, c'est encore sur cette bonne vieille Terre que l'on va se battre. Nous sommes effectivement en 2012 et la Hiérarchie a décidé de venir faire un tour sur la Planète Bleue. Aussi puissante que malveillante, cette faction a hélas pris l'habitude de joyeusement massacrer toute forme de vie pour s'accaparer les ressources des astres « sélectionnés ». La Hiérarchie a également pris l'habitude d'en découdre avec les Novus qui leur conteste systématiquement chaque nouveau système visé. Ces derniers débarquent d'ailleurs sur Terre alors que les forces humaines sont au plus bas. Enfin, la lutte opposant la Hiérarchie et les Novus a réveillé une troisième faction, ennemi ancestral de la Hiérarchie, mais vaincu il y a plusieurs milliers d'années : les Masaris.Le scénario de la campagne est à l'image des cinématique et du didacticiel : franchement minable
À partir de ce « ménage à trois » d'un genre très particulier, les développeurs ont conçu la campagne d'Universe At War. Celle-ci débute bien sûr tout en douceur afin que l'on se fasse la main dans un premier temps sur les Novus et ensuite sur les deux autres factions extra-terrestres. Il faut dire, et c'est là toute la singularité d'Universe At War, que les races imaginées par Petroglyph sont aux antipodes les unes des autres. À tout envahisseur, tout honneur, commençons par la Hiérarchie qui attaque la Terre à l'aide de gigantesques « Marcheurs ». Ils sont de trois types et peuvent prendre une bonne moitié de l'écran. Aussi lents qu'ils sont résistants, ces mastodontes sont dotés d'emplacements à occuper avec différents modules. En début de partie, le choix est restreint, mais il s'élargit au fur et à mesure des recherches.
Le fait est qu'au final, il est possible d'opter pour des écrans de protection, des accélérateurs de production ou des tourelles à plasma. Autour de ces géants, diverses unités nettement plus basiques gravitent : fantassins dotés de puissants fusils, « brutes » adeptes du corps à corps et autres tanks fantomatiques. Autrement plus classes, mais nettement moins impressionnants, les Novus se distinguent par leur ruse. Moins résistantes que les unités de la Hiérarchie, les forces Novus doivent pratiquer la guérilla, l'infiltration et les techniques les plus fourbes (virus informatiques, furtivité...) pour l'emporter. Leur design ressemble à un croisement entre Gundam et les Protoss de StarCraft. D'ailleurs, leur système de réseau électrique fait penser à la création de Blizzard. Ce réseau leur permet de se dématérialiser afin de se rendre très rapidement à divers emplacements de la carte.
Enfin, les Masaris rappellent, dans certaines de leurs structures, les pyramides à degrés des Mayas. Ils se caractérisent par un fonctionnement double (clair / obscur) qui conditionne les compétences de toutes leurs unités. L'un dans l'autre, nous arrivons donc à des factions radicalement différentes que l'on parle construction de bases, aptitudes des forces ou récolte de ressources : dans ce dernier cas et alors que la Hiérarchie se « nourrit » de tout ce qui traîne à la surface de la planète, les Novus se limitent aux éléments non organiques et les Masaris produisent leur énergie à partir de structures dédiées. Il y avait longtemps qu'un jeu de stratégie n'avait pas tenté le pari de factions aussi dissemblables et on ne peut que féliciter Petroglyph. Félicitations d'autant plus méritées que l'ensemble tient parfaitement la route avec des factions homogènes et plutôt équilibrées.
Si la réalisation est sympathique, les cartes manquent d'intérêt et sont trop nombreuses
Cela ne suffit toutefois pas à faire une bonne campagne et celle d'Universe At War est, hélas, d'un ennui profond : nous sommes par exemple très loin de la scénarisation à la Company Of Heroes. Les dialogues entre les principaux protagonistes sont consternants alors que les objectifs mêmes des missions ne sont guère passionnants. L'ensemble est évidemment très linéaire, mais pèche surtout par un manque de défi fort regrettable. Le joueur enchaîne les missions sans s'intéresser à ses troupes ou se préoccuper de l'histoire imaginée par les développeurs. Pour enfoncer le clou, reconnaissons également que l'intégration du système de héros ne s'est pas faite de la façon la plus heureuse qui soit. Souvent trop coûteux par rapport à l'avantage qu'ils donnent, le joueur préfère presque se passer de leurs services. Enfin, la progression par système de conquête à la Risk est là pour nous achever.
De manière générale, ce principe de conquête région par région à partir d'une carte de la planète doit permettre de casser un peu l'enchaînement systématique des missions. Il doit également donner un semblant de rejouabilité à la campagne. Dans les faits, ce n'est hélas pas vraiment le cas, la faute à ces missions qui, peu importe l'ordre dans lequel on les prend, restent sans grand intérêt... Tant pis pour le solo, tournons-nous maintenant vers le gros morceau du jeu, son multijoueur. Hélas, là non plus le bilan n'est pas fameux. Commençons tout d'abord par le manque de cartes : seulement deux d'entre elles permettent de dépasser la limite de quatre joueurs ! Cela dit, les choses sont ici plutôt sympathiques : la variété et l'équilibrage des factions donnant un certain cachet aux parties. Hélas, il nous faut tout de suite mettre un bémol « Games For Windows ».
Universe At War doit servir à promouvoir la plateforme de jeu de Microsoft. Du coup, il faut faire avec l'interface ratée et surtout avec des limitations inacceptables pour qui ne possède pas de compte payant : le matchmaking et les parties classées ne sont pas disponibles pour les joueurs silver ! Reste heureusement le LAN pour ceux qui refusent la dîme du créateur de Windows, mais avouons que payer un jeu au prix fort pour devoir se contenter du réseau local est une honte. Ce paiement devrait également permettre d'affronter des joueurs Xbox 360 sitôt que le titre sera disponible sur la console de Microsoft... Un bilan très regrettable surtout que techniquement, Universe At War s'avère très sympathique (Pentium IV 3 GHz, 2 Go de mémoire, GeForce 7800 GT) avec des effets graphiques réussis et des unités au design recherché : seule la localisation française est en retrait.
Conclusion
Sur le papier, Universe At War : Earth Assault avait donc tout pour nous séduire et les développeurs de Petroglyph ont fait un excellent boulot sur la conception des trois factions en présence. Il est d'ailleurs fort regrettable qu'un plus ambitieux travail de scénarisation n'ait pas été effectué sur la campagne solo qui n'a d'intérêt que pour apprendre à manipuler avec efficacité les différentes unités : le déroulement des missions n'est guère motivant et les défis proposés ne sont pas à la hauteur... Reste heureusement le mode multijoueur pour sauver Petroglyph. Hélas, et cette fois le développeur n'est pas en cause, le système Games For Windows a vite fait de plomber l'intérêt de l'ensemble sur Internet. Les fonctions les plus intéressantes sont réservées aux abonnés payants et le nombre de cartes de grande envergure est trop faible. En définitive, voilà un titre prometteur et de nombreuses très bonnes idées qui ne pourront convaincre que les habitués des LAN. Un beau gâchis.Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
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