Objet vieillissant voire dépassé à l'heure des smartphones, le baladeur a pourtant su s'adapter pour se trouver une cible restreinte, mais fidèle grâce à l'apparition de modèles dits "audiophiles". Si le terme n'a rien de vraiment précis, il fait généralement référence à une approche plus sérieuse de ses composants, plus proches de ce que peuvent intégrer les systèmes de salon.
- Bonne fabrication, finitions colorées
- Son neutre et détaillé
- Bonne puissance de sortie
- Qualité de fabrication
- Son excellent pour le prix
- Écran plutôt réussi
Marché véritablement lancé en 2010 avec le Hifiman HM801, le baladeur audiophile n'a depuis pas cessé d'évoluer, à son rythme parfois bien lent, pour se poser entre autres comme un concurrent indirect du Smartphone, reprenant à son avantage le marché abandonné du filaire. Les différences ? Des convertisseurs issus de l'univers hifi, idem pour l'amplification. Plus énergivores que de simples baladeurs ou smartphones, mais incomparables sur la qualité sonore, le baladeur audiophile s'adresse à une cible particulière, prête à certaines concessions ergonomiques et prête à dépenser des sommes parfois déraisonnables pour profiter du meilleur son possible.
Shanling M0
- Bonne fabrication, finitions colorées
- Son neutre et détaillé
- Bonne puissance de sortie
- La molette
- Écran d'ancienne génération
- Navigation tactile encore perfectible
Pas foncièrement meilleur que le Fiio M5, le Shanling M0 possède pourtant quelques avantages. Si son écran n'est pas vraiment à la hauteur, le baladeur se rattrape par une autonomie correcte, une bonne puissance de sortie, une sonorité neutre, mais technique, mais surtout un système de molette très agréable à l'usage.
Simple baladeur, le M0 ne propose pas de fonctions connectées. Pas possible donc de le lier à son compte Qobuz, Tidal, Spotify, etc.
Pour le reste, le produit est extrêmement complet. Pour commencer, en plus d'une fonction sortie casque, la prise jack 3,5mm peut également servir de sortie ligne (pour brancher sur un ampli externe).
Son module Bluetooth permet de fonctionner en émission, pour un envoi vers un casque, mais également en réception. Cette option permet par exemple de recevoir le flux d'un smartphone, afin d'utiliser le traitement sonore du baladeur.
La prise USB-C du Shanling M0 est tout comme son module Bluetooth, bidirectionnelle. Cela signifie qu'en plus de la recharge, elle permet au baladeur de jouer le rôle de carte son USB, mais également d'être raccordée à une carte son externe, ne servant alors que d'interface de lecture.
Enfin, le M0 n'a aucun problème pour décoder des flux PCM en haute définition ou du DSD128 en natif. Son seul vrai défaut reste l'absence de mémoire interne, ce type de modèle se nourrissant alors de carte micro-SD via un simple port sur le côté.
Le M0 possède un écran de 1,54" pour 240 x 240 pixels, ce qui est très limité, mais suffisamment large pour la lecture. À ce petit jeu, l'écran de son concurrent Fiio M5 est de bien meilleure qualité, bien plus contrastée et très légèrement plus réactive.
L'interface est agréable, tout en icônes depuis la racine. Mais même si bien optimisée, la navigation reste perfectible, le tactile n'étant pas forcément simple sur de si petits écrans. En l'état le Shanling M0 (dans ses firmwares récents) s'en tire suffisamment bien pour ne pas devenir frustrant. Le Fiio M5 est un peu plus réactif, mais n'échappe à pas certains bugs, quand le Shanling, légèrement moins rapide, se rattrape grâce à son système de molette beaucoup plus intuitif (volume et pause).
Le Shanling M0 sonne évidemment mieux qu'un Smartphone classique. L'utilisation d'un convertisseur Sabre moderne et vraiment dédié à l'écoute n'y est pas pour rien. Il est intéressant de voir que Shanling et Fiio ne prennent pas la même route sur ce point précis.
Le Shanling est simple, parfaitement neutre et carré, une sorte de copie modèle, sans folie, mais sans vrai défaut. Pour ceux qui n'accrocheraient pas à cette sonorité, le Fiio M5 propose un rendu plus technique, mais se permet une étrange signature en V, mettant légèrement en avant les basses et les aigus dans ce qui ressemble un peu plus à de l'esbroufe. Dans un cas comme dans l'autre, des égaliseurs, certes basiques, sont là pour tempérer ou accentuer les signatures sonores.
Loin de pouvoir faire griller un transducteur de casque, le Shanling possède une certaine réserve de puissance que n'a pas son concurrent. Cela lui permet d'être assez souple, même sur des casques de salon. Pas de miracle avec les hautes impédances ceci dit, la tension max n'est pas assez importante pour s'y frotter.
Dernier point mais de taille, le Shanling dispose d'une autonomie légèrement supérieure au M5, autour des 12-13h contre 10 h / 10 h30 pour le Fiio.
Fiio M11
- Qualité de fabrication
- Grand écran de bonne qualité
- Qualité du son
- Grande polyvalence
- Interface très fluide
- Design imposant
- Pas d'accès au Play Store
- Pas d'adaptateur secteur inclus
- Contrôles musicaux à gauche
- Quelques traductions manquantes
Si vous voulez faire plaisir à vos oreilles, alors le FiiO M11 vous tend les bras. Ce DAP est un véritable coup de force qui montre que la marque chinoise a tout d'une grande. Jamais un lecteur audiophile n'a été si simple à utiliser, fluide et complet.
Le baladeur est un bon gros bébé (15,5mm d'épaisseur) tout en métal doté d'un écran 5,15" de 720 x 1440. Bien qu'entièrement tactile, le produit conserve des touches de navigation sur la tranche gauche, ainsi que la molette de réglage de volume caractéristique des baladeurs audiophiles sur le moyen et haut de gamme.
À la base du produit, une puce Exynos 7872, référence de bon smartphone d'entrée de gamme ce qui est déjà miraculeux pour un baladeur audiophile. Cela n'est pas forcément évident, mais même des produits à plus de 800 se traînent encore des puces totalement obsolètes. Cette référence Exynos permet de mettre en avant une version légèrement modifiée de l'édition open source d'Android 7.0. 32 Go de mémoire interne seulement sont disponibles, mais la présence de deux ports micro-sd permet de ne pas trop s'inquiéter.
Bluetooth bidirectionnel, USB bidirectionnel, sortie ligne et coaxiale, le M11 reprend tout ce qui existe déjà sur ses baladeurs d'entrée de gamme. Le modèle ne s'arrête pas là puisqu'il propose trois sorties jack différentes, une en asymétrique (3,5 mm), deux en symétrique (2,5 mm et 4,4 mm), la technologie symétrique étant actuellement dans une sorte de bataille de standards.
Son OS permet une utilisation égale à celle d'un smartphone (exceptée le module téléphone). Différence de taille : pas d'accès au Google Playstore. Le produit dispose de son Store maison Fiio Market, permettant de télécharger à peu près tout ce qui existe en matière d'application de streaming. Pour les autres, le modèle intègre 3 stores tiers d'applications dont l'assez connu APKPure.
Inutile de le préciser, la navigation reste fluide en toutes circonstances, même en utilisant le modèle sur des applications de streaming vidéo. L'expérience est exactement la même qu'un Android (à l'interface vieillissante), mais moins pollué par une utilisation de type smartphone et ses taches plus nombreuses. Pour les adeptes de la lecture locale, Fiio met avant la fonction Pure Music. Celle-ci permet alors de basculer dans le logiciel de lecture local de la marque, tout en désactivant toutes les autres applications Android.
Le modèle intègre un système Dual DAC (un convertisseur sonore par canal) de puces haut de gamme AKM AK4493EQ, le genre de configuration que l'on retrouve sur des cartes son de salon déjà bien travaillées. Mise à part quelques modèles Astell & Kern, il est difficile de trouver mieux, le reste se fait surtout sur l'amplification.
La taille du modèle et la batterie conséquente aidants, le Fiio M11 permet d'alimenter pratiquement tout ce qui existe en matière de casque sans trop se fatiguer.
Le combo DAC et ampli se traduit par un son ultra-propre et détaillé, mettant très légèrement les médiums en avant. La scène sonore est particulièrement large et profonde, à l'image des vraies cartes son /ampli de salon. En l'état, difficile de lui reprocher quoi que ce soit. Il sonne juste, du plus petit intra jusqu'au gros casque de salon. Pour les amoureux de la prise symétrique, c'est également l'un des rares modèles de ce prix ayant véritablement travaillé sur ce type d'amplification. À moins de taper dans des modèles Astell & Kern bien plus onéreux, difficile de lui trouver un rival à l'heure actuelle.
Hidizs AP80
- Qualité de fabrication
- Son excellent pour le prix
- Écran plutôt réussi
- Hiby OS encore buggé
- Pas de fonctions connectées
Peu connue en France, la marque Hidizs a pourtant quelques admirateurs. Un peu à l'image de Fiio, Hidizs navigue entre prix abordables et plus élevés, toujours dans une certaine optique de rapport qualité-prix. Le AP80 est l'un des plus accessibles, mais aussi l'un des plus intéressants bien qu'il ne soit pas sans défaut. Premièrement, il n'est pas connecté.
Très petit, le AP80 est une sorte de version XXL des Shanling M0 et Fiio M5. Mais loin de vouloir ressembler à une grosse montre, le baladeur va plutôt singer les modèles haut de gamme. La construction en aluminium, la tranche droite débordante et facettée, les boutons de navigation et la molette sur le côté, tout fait penser à ce qui existe chez Astell & Kern ou sur le Fiio M11. À noter : il existe des éditions avec châssis en acier. L'écran de 2,45" fourni par Samsung est suffisamment bon pour être agréable à l'œil, et suffisamment grand pour permettre une bonne navigation.
S'il ne possède pas de module Wifi (non connecté), il conserve une approche Bluetooth et un port USB-C bidirectionnel. Le tout est propulsé par un SOC Ingenic X1000, la même puce ou presque que le Fiio M5 (X1000E) et sans doute le Shanling, une référence peu énergivore. Son autonomie est autour des 11-12h (même si annoncée à 15), soit un score un peu léger, mais acceptable.
Son interface se base sur Hiby OS , un OS dérivé d'un noyau Linux et bricolé par la marque de baladeurs Hiby, bien que le développement des OS soit une de ses activités antérieures.
Assez proche d'une expérience Android, Hiby OS a quelque chose de familier et de plutôt intuitif. Mais cet OS n'est malheureusement pas avare en bugs, des bugs d'à peu près toutes sortes, assez aléatoires, rarement sérieux. Les mises à jour récentes permettent de réduire largement ces problèmes, rendant le modèle plutôt recommandable sur les firmwares récents.
Même puce que le Shanling M0, le AP80 devrait donc sonner de la même façon ou presque. Pourtant l'amplification parait plus travaillée, à défaut d'être vraiment plus puissante. Très neutre, le son est assez ample et très détaillé, allant plus loin que les deux micro-modèles au format montre. L'un des gros plus de ce AP80 est son égaliseur MSEB (Mage Sound 8-Ball Tuning), un système particulièrement précis, ne s'arrêtant à la simple correction fréquence par fréquence, mais agissant sur une tendance générale du son.
Comment choisir son baladeur ?
Connecté ou non ?
Première question à se poser, voulez-vous utilisez un service de streaming, ou la lecture en local vous suffit ? Une lecture locale reste infiniment simple, mais les offres de streaming s'étant étoffées et devenant de plus en plus intéressantes sur la qualité et l'offre, un modèle Wifi permet de largement étendre les possibilités. Si ce type de baladeur est généralement absent de l'entrée de gamme et rarement au point, des marques comme Fiio et sa gamme M (M6, M7, M9 et M11) ont largement dynamisé l'offre.
Quelles dimensions pour mon baladeur ?
Le baladeur audiophile oublie parfois que le terme baladeur vient de "balade". Il en faut pour tous les goûts, mais l'idée de vous déplacer avec un parpaing de 400 g (cela existe) dans la poche n'est peut-être pas dans vos plans. Un petit baladeur permet de ne pas s'encombrer, mais amènera forcément des concessions sur la puissance et la qualité sonore
Quelle autonomie attendre de mon baladeur ?
Les baladeurs audiophiles ont généralement un point commun : leur conception et composants les rapprochent plus de cartes son/ampli de salon que de baladeurs au sens traditionnel. Convertisseurs énergivores, amplification puissante, peu de choses sont là pour ne pas cramer leur batterie pourtant conséquente, dépassant les 6000- 8000 mAh pour les plus grosses. Certaines marques comme Sony ou Cowon choisissent d'optimiser ces points précis, ce qui leur permet de se détacher du lot. L'autonomie moyenne d'un baladeur se situant entre 8 et 16 h, n'oubliez pas de prendre ce point en compte
Pour quels usages ?
Ce point peut paraitre évident, mais un baladeur de ce type permet, grâce à ses composants, de ne pas se limiter en puissance comme peut le faire un smartphone ou un baladeur traditionnel, ne pas se limiter à cette simple fonction donc. Si alimenter des écouteurs reste une partie de plaisir à quelques exceptions près, s'attaquer aux casques de salon peut s'avérer compliqué, mais constituer un gros plus. Pourquoi se payer un système sédentaire quand le baladeur peut tout faire lui-même, connectique, puissance et qualité sonore ? Un baladeur comme le Fiio M11 est le genre de produit acquittant parfaitement de ce genre de tâche, certains concepts surpuissants (et d'une autonomie plus que réduite) comme le Astell & Kern Kann Cube poussent le principe dans ses retranchements au risque d'être caricatural.