Même si internet est le moyen le plus pratique et le plus rapide de souhaiter de bons voeux, les Japonais, y compris les jeunes, mettent encore un point d'honneur à s'envoyer des cartes en masse, lesquelles parviennent le plus souvent au destinataire le 1er janvier (jour où la poste officie aussi). Ce sont des paquets de plusieurs centaines qui arrivent ainsi dans chaque foyer le premier jour de l'année, chacun prenant souvent la peine de créer ses propres cartes avec des modèles spéciaux vierges préaffranchis vendus dans les bureaux de poste, les supérettes ou les papeteries, en utilisant des logiciels pour ordinateur, des applications pour smartphones et même des imprimantes dédiées.
L'année 2013 a donc démarré sur les chapeaux de roues au Japon où tout le monde espère qu'elle sera meilleure que 2011 (sinistre) et 2012 (loin d'être mirobolante).
A défaut de prédire l'avenir, on peut regarder dans le passé quels sont les événements techniques qui ont marqué les années se terminant par 3. Retour 60 ans en arrière, en 1953: cette année-là, le Japon d'après-guerre allait plutôt bien, bénéficiant de commandes de l'armée américaine sur le front en Corée. Il avait recouvré son indépendance un an auparavant. Sur le volet technique, une nouvelle ère commençait avec le début de la diffusion hertzienne des programmes de télévision, d'abord par la chaîne publique NHK et la première chaîne privée, Nippon Television. Dans le même temps, une entreprise créée en 1912 pour fabriquer des crayons et des boucles de ceinturon, Hayakawa Denki (aujourd'hui Sharp), lançait la production en masse de téléviseurs à tube cathodique monochrome, se posant ainsi en pionnier nippon.
Dix ans plus tard, en 1963, alors que tout le Japon préparait les Jeux Olympiques de 1964 à Tokyo, la NHK s'apprêtait à retransmettre cet événement en couleur, une première. 1963 est aussi l'année de diffusion du premier dessin animé japonais, en l'occurrence Tetsuwan Atomu (Astro le petit robot, Astroboy), adapté du manga éponyme du papa du genre, Osamu Tezuka. C'est grâce à cette animation qui s'invita à la table familiale par la petite lucarne que les parents comprirent qu'Atomu n'était pas l'histoire débilitante qu'ils imaginaient. Même chose dix ans plus tard quand apparut sur les écrans l'animation Doraemon, elle aussi tirée d'un manga homonyme signé Fujiko Fujio. En 1973, fut créée une société qui allait devenir une ou deux décennies plus tard un nom mondialement connu pour ses jeux vidéo, Konami. Cette même année, les Japonais fanfaronnaient, car l'un des leurs, chercheur chez Sony, Leo Eisaki, reçut le prix Nobel de physique pour avoir découvert le phénomène de tunnel dans les semiconducteurs.
En 1983, l'événement technologique de l'année fut le lancement de la Famicom (Family computer), la première console de jeu de salon de Nintendo, modèle écru et grenat avec ses légendaires manettes. Un autre produit-vedette vit le jour la même année, la première variante des montres G-Shock de Casio. Elles ne connurent cependant le succès qu'après avoir été adoptées aux Etats-Unis par les jeunes rappers.
En 2003, Square et Enix fusionnèrent pour former Square Enix, un des plus importants studios de production de jeux vidéo dont le titre phare est Dragon Quest. C'est en 2003 aussi déjà que fut inauguré le complexe résidentiel et commercial Roppongi Hills à Tokyo, lieu où se concentrèrent nombre d'entreprises du secteur des technologies de l'information.
2013 pourrait quant à elle être l'année du rétablissement de Sony, Sharp et Panasonic après deux ans exécrables. Ce pourrait être également celle du virage réel vers les livres numériques, un domaine dans lequel le Japon est en retard comparé notamment aux Etats-Unis. Ce sera assurément l'année de la percée très forte de la norme LTE, avec la migration de millions de Nippons vers se standard à la frontière de la quatrième génération. Puis ce sera aussi celle de l'arrivée de nouvelles générations de moniteurs puis téléviseurs de meilleure restitution et encore moins gourmands en électricité avec des technologies comme l'IGZO de Sharp.
Dans un premier temps, ces écrans de plus de 8 millions de pixels (contre 2 millions pour la haute-définition) sont destinés à des applications professionnelles dans les secteurs de la finance, de la modélisation informatique, de la médecine, etc. La technologie IGZO tire son nom des matériaux semi-conducteurs utilisés, à savoir des oxydes d'indium, gallium et zinc, lesquels permettent de créer des matrices de transistors en couches minces (TFT) plus fines et moins gourmandes en énergie que celles réalisées en silicium amorphe pour les écrans actuels dits a-Si TFT-LCD.
La chaîne publique NHK devrait pour sa part préparer activement la diffusion expérimentale « super high vision » (16 fois la haute-définition actuelle) prévue en 2016 sur ses canaux satellitaires avant un test hertzien en 2020. Le cas échéant, ce serait une première mondiale qui, comme en 1964, pourrait coïncider avec les jeux Olympiques de Tokyo.
C'est en octobre de cette année 2013 que l'on saura si la capitale japonaise accueillera ou non en 2020 les Olympiades pour la deuxième fois de son histoire. Dans ce cas il faudra espérer une recrudescence d'innovations nippones.
Excellente année à tous.