Live Japon : Après la 3D, le 4K pour les 3S (Sharp-Samsung-Sony)

Karyn Poupée
Publié le 18 mai 2013 à 15h04
Sharp annoncera le 21 mai sa gamme de TV 4K, Sony l'a fait il y a quelques semaines. Après la période terrible de chute des ventes de téléviseurs qu'ils viennent de vivre et l'échec de l'attractivité espérée de la 3D, les fabricants nippons tableraient-ils sur la qualité 4K (2160 lignes de 3840 pixels en format 16/9e) pour se requinquer ? On leur souhaite que cela marche (même si l'on en doute), car pour le moment, leurs affaires ne sont pas brillantes.

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5 milliards d'euros: c'est la somme qui s'est inscrite sur la ligne « perte nette » du bilan financier de Sharp pour l'année comptable achevée le 31 mars dernier. La raison ? Des frais exceptionnels liés à une restructuration encore inachevée. Pas de quoi pavoiser, d'autant que le groupe avait déjà perdu plusieurs milliards l'année précédente.

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Sharp espère un modeste retour dans le vert durant l'exercice en cours (avril 2013 à mars 2014) et de substantiels profits les deux années suivantes, mais le patron changera entre-temps. Takashi Okuda, nommé il y a un an, n'est pas parvenu à redresser le groupe : il sera remplacé par Kozo Takahashi, jusqu'ici directeur général adjoint, rentré depuis peu des Etats-Unis où il a peut-être pris des leçons de « management ». En tout cas, lui assure avoir compris une chose: il faut agir plus vite. C'est qu'à l'instar de nombre d'autres sociétés japonaises, Sharp n'est pas du tout à l'aise dans l'univers concurrentiel mondial. Les TV Sharp se vendaient bien au Japon, cela lui suffisait presque.

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Peu importait ou presque qu'elles soient ignorées dans les rayons des grandes surfaces spécialisées d'Europe, à la grande joie du concurrent sud-coréen Samsung. Maintenant que les TV ne se vendent plus au Japon puisque tout le monde est équipé du dernier cri et qu'on ne change pas de TV tous les ans, Sharp est bien dépourvu. Ses dalles à cristaux liquides (LCD) ont beau être les meilleures du monde, il en a trop fabriqué et a dû sévèrement ralentir la vitesse de ses lignes de production au Japon, du moins en attendant que le groupe taïwanais Hon Hai (plus connu sous son nom commercial Foxconn) lui vole au secours en rachetant la moitié de la société gérante de l'usine de Sakai (ouest) pour bénéficier de 50% des dalles de très grandes dimensions qui en sortent.

Mais cela ne suffit pas. « Sharp est tombée dans une situation extrêmement délicate », a reconnu cette semaine le futur patron. Non sans ajouter : « mais c'est une entreprise qui dispose de fantastiques technologies. Je crois vraiment en l'avenir de cette société. Je veux la redresser, ou plutôt je dois la redresser ».

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Sharp entend entre autres diminuer ses frais fixes (réduction de la masse salariale comprise), revoir son portefeuille d'activités et tirer profit des partenariats noués récemment, non seulement avec Hon Hai, mais aussi avec le groupe américain de composants pour mobiles Qualcomm (entrée au capital et couplage de technologies de petits écrans) et avec celui que l'on considérait comme son plus redoutable rival.... le dévoreur de parts de marché Samsung, qui est entré fin mars dans son actionnariat, directement à la 5e place, avec 3,04% du capital.

« Nous allons activement utiliser les alliances », a promis M. Takahashi. Selon lui, celles déjà scellées donnent de bons résultats qu'il est indispensable de prolonger. Interrogé sur les risques de fuites de technologies chez Samsung en cas de renforcement trop fort des relations, M. Takahashi a indiqué « ne pas du tout avoir d'inquiétudes à ce sujet », affichant une confiance totale dans l'honnêteté du groupe sud-coréen. Il n'y a pourtant pas si longtemps que les deux se querellaient pas tribunaux interposés pour des histoires de violations de brevets.

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Sharp veut en outre signer des contrats importants avec des clients solides qui lui assurent une part significative de son chiffre d'affaires sur les écrans à cristaux liquides, panneaux solaires et autres, et ce afin d'éviter d'être à la merci des remous du marché. Sharp a déjà des contrats en béton avec l'américain Apple et avec le pire adversaire de ce dernier, Samsung, pour les approvisionner tous les deux en écrans de smartphones et tablettes. Le prochain PDG de Sharp a toutefois démenti des rumeurs de presse sur la fourniture par Sharp d'appareils électroménagers à Samsung, réfrigérateurs et autres produits blancs que le groupe sud-coréen vendrait sous sa propre marque. Sharp prévoit par ailleurs une entrée progressive dans d'autres domaines d'activité, à savoir les équipements médicaux et de soin, la robotique, les offres pour le secteur de l'éducation ainsi que pour la sûreté alimentaire.

Reste que pour atteindre ses objectifs assez ambitieux de profits pour les trois années à venir, il devra encore réduire ses coûts. Il va encore tailler dans la masse salariale : des départs en retraite ne seront pas remplacés, les recrutements seront plus sévères, les heures supplémentaires mieux contrôlées, selon les explications sommaires données à la presse.

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Sharp avait déjà rompu avec l'une des règles de non-licenciement du patriarche fondateur et diminué son personnel de 5 000 têtes ces derniers mois, en partie via un plan de départs volontaires auquel ont souscrit quelque 3 000 salariés. Des installations logistiques devraient être cédées au Japon et les dépenses amoindries dans les sites à l'étranger. On parle notamment de la vente d'usines de téléviseurs en Chine et en Malaisie.

En attendant, Sharp va bénéficier de nouvelles lignes de crédit de 150 milliards de yens (1,15 milliard d'euros) de la part des banques, ce qui devrait l'aider à faire face à des échéances de 200 milliards de yens à l'automne. « Nous sommes résolus à renouer avec les profits en poursuivant nos réformes structurelles », a insisté le directeur financier de Sharp, Tetsuo Onishi.

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Quant au fleuron nippon du secteur, Sony, il est redevenu bénéficiaire au terme de l'exercice 2012/2013 après quatre années dans le rouge, mais ce regain il le doit surtout au yen affaibli et à des cessions d'actifs. Pour autant, il l'espère durable, notamment parce que ses TV devraient enfin redevenir rentables. Sony a sauvé la face l'an comptable passé avec un gain net annuel de 43 milliards de yens (410 millions d'euros au taux de change moyen de l'exercice écoulé), contre une perte dix fois plus importante un an plus tôt.

La remontée de l'euro et du dollar face au yen donnent il un vrai un coup de pouce aux ventes et profits du groupe qui encaisse 80% de ses recettes hors du Japon (même si le prix en euro et dollar reste le même, cela rapporte plus qu'un an plus tôt une fois converti en yens). Après quatre ans négatifs, à cause de la crise financière internationale de 2008-2009, de la hausse subséquente du yen, du tsunami au Japon en 2011, de la chute vertigineuse du marché des TV dans l'archipel la même année, des inondations en Thaïlande par la suite et de la débandade en Europe, Sony n'avait lui non plus d'autre choix que d'entreprendre une importante réorganisation et de céder des actifs pour regonfler un peu sa trésorerie.

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« Sony a pris quelques dispositions radicales, mais l'important est désormais sa capacité ou non à générer davantage de profits », prévient cependant un analyste de Nomura Securities. Certes Sony est parvenu à dégager un important bénéfice d'exploitation de 230 milliards de yens, alors qu'il avait déploré une grosse perte opérationnelle un an plus tôt, mais l'amélioration provient pour une grande partie du tri opéré par le groupe dans ses biens immobiliers et participations dans diverses entreprises.

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Il a notamment cédé 6% de la société M3, une filiale qui gère un site internet d'informations réservées au corps médical. Il a aussi vendu les 13,14% qu'il détenait dans la société nippone de services ludiques pour mobiles DeNA pour un montant de 43,5 milliards de yens (357 milliards d'euros). Sony s'est en outre défait d'un immeuble de bureaux à Tokyo et de son siège américain à New York. Le tout ne se traduit pas nécessairement par des gains net puisque, parallèlement, Sony a aussi procédé à des investissements (augmentation de sa participation dans Olympus, reprise intégrale de la filiale Sony-Ericsson, etc.).

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Le groupe a par ailleurs fait état de meilleures performances de plusieurs activités, dont celles des TV, dont il a réduit le déficit plus qu'il ne l'espérait en modifiant ses procédés d'approvisionnement et de fabrication. Après 9 exercices dans le rouge, Sony espère les rendre rentables en 2013/2014, notamment en tablant que les 4K.

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A l'inverse, certains produits ont eu davantage de difficultés, dont les jeux vidéo, les appareils photos ou les caméscopes. La sortie de la PlayStation 4 prévue en fin d'année est censée faire repasser le groupe en pole position technique, sachant cependant qu'il va devoir dépenser beaucoup pour la produire et la promouvoir.

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Sony table aussi sur une augmentation des ventes en volume de smartphones, après avoir récemment repris la gestion intégrale de Sony-Ericsson Mobile devenu Sony Mobile Communications. Il craint en revanche des performances moindres pour les appareils photo numériques grand public, les caméscopes, les PC et les composants.
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