Certains d'entre-vous n'ont peut-être pas connu l'époque des caisses enregistreuses sur lesquelles on saisissait le prix et le code de chaque article, une tâche fastidieuse s'il en était, avec un gros risque d'erreur. Désormais, toutes les caisses ou presque fonctionnent avec des codes à barres qu'il faut scanner, et demain sans doute avec des étiquettes électroniques (RFID) lisibles toutes ensemble sans même sortir les articles du panier ou chariot. Mais comment fait-on avc les produits sur lesquels on ne peut apposer ni code à barres ni étiquette RFID ? Réponse de boulangers japonais. Eh bien on les scanne directement.
En effet, dans certaines boulangeries/viennoiseries du Japon, où les différents assortiments de pains, croissants et autres produits, sont en libre-service, le calcul du prix à l'arrivée se fait en posant le plateau sous une caméra: un système de reconnaissance électronique de formes distingue chaque produit et l'assimile à l'équivalent préenregistré dans une base de données avec son nom et son prix: la reconnaissance se fait en une seconde, avec un taux de réussite de 98%. Le système a été conçu par un petit commerçant pour résoudre plusieurs problèmes:
- l'impossibilité de coller des codes à barre sur les produits
- la difficulté pour les employés de mémoriser tous les noms et tarifs de chaque pain ou viennoiserie (il est vrai qu'il y a énormément de variétés au Japon)
- les confusions aisées entre diverses variétés de produits
- la durée trop longue de temps en caisse
Le dispositif a exigé divers ajustements de sorte qu'il soit capable de distinguer plusieurs sortes de pains au raisin, de ne pas se tromper entre une demi-baguette et un bâtard ou de voir la différence entre plusieurs sandwich.
"Ce même dispositif pourrait être utilisé dans les boutiques de légumes", explique le patron d'une boulangerie qui l'a adopté.
Cela nous amène à parler un peu des caisses enregistreuses des boutiques japonaises: généralement, la personne qui encaisse dans un supermarché ne demande pas au client de vider tout sur le tapis: elle prend le panier plein, le pose à côté d'un panier vide, et tranverse un à un les articles en les présentant au passage devant le lecteur de codes à barres: le client est arrivé en caisse avec un panier plein, repart avec un panier plein qu'il va poser sur une table plus loin pour prendre le temps de mettre ses articles dans des sacs, ce très tranquillement, sans empêcher la caissière de s'occuper du client suivant. C'est tout simple, mais c'est bien plus fluide que selon la méthode française.
Les caisses enregistreuses sont en outre reliées à un réseau informatique, de sorte que ls ventes et stocks de tous les produits soient répertoriés par caisse, magasin, chaîne de boutique, zone géographique, etc. Des relevés sont effectués qui permettent de dresser des statistiques très précises sur les ventes de tel ou tel produit et de connaître ainsi les parts de marché d'untel et untel dans tel et tel domaines.
Parfois même, comme cela est le cas dans les supérettes 24H/24 appelées "konbini", la caisse enregistreuse permet d'entrer pour chaque client son âge approximatif (à vue d'oeil) et son sexe. Cela permet d'établir des bases de connaissances encore plus détaillées sur quel genre de client achète quoi, selon quelle combinaison (par exemple un jus de fruit, un gâteau et un fruit), à quelle heure et quel endroit. Et croyez-nous, les chaînes de "konbini" comme Seven Eleven (plus de 15 000 boutiques rien qu'au Japon) ne se privent pas de décortiquer ces précieuses données commerciales. C'est encore plus précis quand les clients possèdent une carte de fidélité associée à un porte-monnaie électronique.
Les derniers "POS (point of sale) systems", appellation habituelle des dispositifs d'encaissement, permettent désormais de consulter directement depuis chaque caisse de nombreuses informations (stock, état des ventes, historique d'achat de chaque client, etc...).
Dernier élément: pour éviter l'erreur humaine et la fraude, les caisses japonaises sont souvent munies d'un monnayeur qui reçoit l'argent donné par le client et ressort lui-même la monnaie à lui rendre: le calcul des pièces et billets entrés se fait seul, le total à encaisser est déduit et la différence ressort en monnaie à rendre. L'un des industriels spécialistes japonais de ce type de monnayeur s'appelle Glory:son usine se trouve dans la banlieue de Tokyo. Particularité: près d'une vingtaine des ouvriers chargés d'assembler ces monnayeurs sont des robots semi-humanoïdes qui oeuvrent 24 heures sur 24. "Ils sont infatigables, ne se plaignent pas, ne font pas d'erreur, ne revendiquent rien et ne volent pas", souligne un responsable de Glory.