15 jours avec le Jawbone UP24, un bracelet connecté

Audrey Oeillet
Publié le 10 avril 2014 à 16h42
Après avoir expérimenté la fourchette connectée, il est temps de se tourner vers un nouvel accessoire en vogue dans le petit monde du quantify self : le bracelet connecté. La sortie récente du UP24 de Jawbone s'avère être le prétexte idéal pour s'interroger sur l'intérêt, ou pas, de porter cet accessoire à son poignet 24h sur 24.

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Faut-il encore présenter la promesse de la tendance du quantify self ? Peut-être bien. Alors voilà : la promesse des accessoires de mesure de soi, c'est de permettre à leurs utilisateurs de s'informer sur leurs pratiques au quotidien, en grande partie dans l'optique de s'améliorer là où ça coince. L'exemple de la HAPIfork, la fourchette connectée, était peut-être un peu extrême pour se lancer dans l'expérimentation de ces accessoires qu'on est censé toujours avoir à portée de main, pour suivre son évolution au quotidien. Alors, pour continuer à explorer cette tendance de plus en plus présente, j'ai décidé de m'intéresser à un type de produit déjà présent sur le marché depuis plusieurs années : le bracelet connecté. Voici donc mon vécu après deux semaines en compagnie du Jawbone UP24.

Esthétiquement peu discret

Tout comme son grand frère le UP, le UP24 propose defaux fonctions principales : suivre le nombre de pas réalisés par son porteur au quotidien, et effectuer un suivi de son sommeil. Deux composantes importantes qui sont d'ailleurs liées, comme ont pu me le révéler les rapports journaliers de mes deux semaines d'expérimentation. Mais je brûle les étapes : commençons par le début.

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Vendu au prix de 149 euros, le UP24 est proposé en deux couleurs: noir et orange. Le coloris est clairement un point à considérer lors de l'achat, car l'intérêt d'un tel bracelet est d'être porté en permanence, presque 24h sur 24 comme son nom l'indique. Et comme il est résistant à l'eau - et donc à la douche et à la vaisselle - il n'y a vraiment pas d'excuse pour l'enlever. Du coup, autant prendre la couleur qui convient le mieux à son style vestimentaire.

Lors de la première utilisation, le bracelet doit être appairé avec un smartphone compatible, sous iOS ou Android. Le Bluetooth doit être activé. Pour le reste, tout se passe au sein de l'application UP, et la marche à suivre est très simple et rapide. Au bout de moins de 5 minutes, le bracelet est connecté et il n'y a plus rien d'autre à faire : en effet, le Jawbone UP24, contrairement au modèle UP précédent, se connecte en permanence au smartphone via le Bluetooth pour mettre à jour les performances quotidiennes de son porteur.

Une bonne autonomie, mais quid du smartphone ?

On en vient au premier souci : si Jawbone a résolu le problème d'autonomie grâce au Bluetooth Low Energy - le bracelet tient facilement la charge durant une semaine - il en est tout autre pour le smartphone auquel il est appairé. L'activation permanente du Bluetooth sur un terminal fait baisser la jauge de batterie plus rapidement. Logique. Heureusement, en cas de coup dur, il est possible de désactiver le Bluetooth et de le réactiver plus tard dans la journée : l'application se charge alors de récupérer les informations stockées pendant ce laps de temps par le bracelet.

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Second souci constaté assez souvent : le UP24 souffre de problèmes de connexion avec le terminal. Si les deux dispositifs sont éloignés un peu trop longtemps, le lien ne se fait plus et il peut être nécessaire de fermer manuellement l'application sur le smartphone pour la relancer. Du coup, le côté « sans friction » en souffre un peu, même si c'est toujours mieux que de devoir connecter au quotidien son bracelet à son smartphone pour charger les données.

Un bracelet pour mieux vivre ?

Passées les considérations techniques du bracelet, il s'agit de l'apprivoiser. Comme expliqué plus haut, le UP24 a deux fonctions principales : quantifier le nombre de pas réalisés au quotidien, et mesurer la qualité du sommeil. Contrairement à d'autres bracelets connectés, comme les Fitbit, les modèles de Jawbone ne peuvent pas mesurer les étages montés à pieds, par exemple. On se retrouve donc face à des données limitées, mais qui résument plutôt bien le comportement de monsieur tout le monde : il ne s'agit pas de mesurer ses performances sportives, mais ses habitudes quotidiennes.

Les premiers jours du test, je passais mon temps à observer l'évolution du nombre de pas réalisés : toutes les 10 minutes, je regardais le pourcentage s'actualiser et le nombre de calories brûlées évoluer. Il y avait alors un petit côté expérimental, me donnant l'impression que j'étais une sorte de hamster dans une roue et qu'il fallait que je tourne le plus possible. C'est le même genre d'attrait pour la nouveauté qui me poussait à faire vibrer la HAPIfork à tort et à travers pour m'assurer qu'elle captait bien mes mouvements - et puis parce qu'une fourchette qui vibre, c'est amusant. Mais au final, le UP24 n'est devenu réellement intéressant que lorsque j'ai, justement, décidé de moins m'y intéresser.

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Car, encore une fois, l'objectif du quantify self est d'exposer d'une façon lisible le comportement d'une personne au quotidien. Pour ça, il faut que l'utilisation soit la plus transparente possible, pour que l'utilisateur agisse « comme si de rien n'était ». C'est donc au bout de quelques jours, quand le bracelet est devenu un élément habituel de mon quotidien, que j'ai commencé à vraiment en découvrir l'intérêt.

J'ai notamment pu déterminer le nombre de pas réalisés au cours d'une journée normale, aux environs de 8 000 pour ma part. Pas mal pour quelqu'un qui passe le plus clair de ses journées derrière un bureau. Néanmoins, n'ayant pas de voiture, résidant en banlieue et utilisant les transports en commun, je marche beaucoup au quotidien. Il faut cependant savoir que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de son côté de faire 10 000 pas au quotidien pour entretenir sa santé. Marcher autant pour un adepte de la voiture n'est pas forcément chose aisée.

Au nombre de pas enregistrés s'ajoute la mesure de la durée du sommeil et de sa qualité. En se basant sur les mouvements effectués par le porteur quand il est au lit et qu'il dort (ou pas), le UP24 détermine plusieurs informations : la durée du sommeil profond, celle du sommeil léger, la durée totale du sommeil et le nombre de fois où la personne est réveillée durant la nuit.

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5056 pas pour 4h44 de sommeil : il aurait fallu se fatiguer un peu plus !

Globalement, l'interprétation des données est libre : par exemple, en mettant en lien un dimanche un peu calme en termes de marche et une nuit du dimanche au lundi trop légère pour être réparatrice, j'ai compris que je gagnerais à troquer mes pantoufles contre mes baskets le dimanche suivant. L'application propose par ailleurs de nombreux conseils en se basant sur les données récoltées, avec même des défis proposés pour ceux qui ont besoin de motivation. Néanmoins, Jawbone ne va pas jusqu'à proposer des trophées à débloquer, comme du côté de FitBit.

Les données fournies à l'utilisateur sont donc libres d'être prises de manière brute ou interprétées par le porteur, qui peut ajuster ses habitudes pour marcher ou dormir plus, ou partir du principe qu'il veut juste garder un oeil sur sa façon de vivre. Personnellement, porter le bracelet depuis plusieurs semaines m'encourage à marcher plus, et il m'arrive très fréquemment de faire des détours en rentrant du travail pour m'assurer d'atteindre les 10 000 pas quotidiens.

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Le bracelet dispose d'une connectique jack pour se recharger

La nécessité d'un investissement minimal

Il y a une autre fonctionnalité de l'application dont je n'ai pas parlé : le suivi alimentaire. L'effet de curiosité des premiers jours m'a poussé à l'utiliser au départ, pour rapidement l'abandonner par la suite. La raison : contrairement au suivi des pas et du sommeil, elle n'est pas vraiment transparente. Il faut entrer manuellement les données concernant les repas pris. Et c'est bien normal : même si d'actives recherches sont menées en ce sens, aucun bracelet ou autre accessoires n'est capable aujourd'hui d'enregistrer les calories absorbées au moment où son utilisateur se nourrit. C'est d'ailleurs l'un des challenges les plus ambitieux du quantify self à l'heure actuelle.

L'application UP propose une aide assez efficace dans l'enregistrement des informations : le scannage de codes-barres sur les produits. Grâce à une base de données conséquente, le service peut associer en quelques seconde le produit aux apports caloriques par portion. Il faut cependant posséder l'emballage, si emballage il y a. Sinon, il est toujours possible de puiser manuellement dans la base de données.

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Cet exercice, bien qu'utile pour savoir si sa consommation calorique est équilibrée par rapport à sa dépense énergétique, s'avère cependant fastidieux au quotidien. Il est d'ailleurs en contradiction totale avec le reste de l'utilisation du bracelet, qui consiste à le porter et laisser la connexion Bluetooth s'occuper du reste. Du coup, à moins d'être très assidu et d'y penser à chaque repas, l'exercice à du mal à tenir sur la durée. En ce qui me concerne, j'ai abandonné au bout de 3 jours, et je n'y suis jamais revenue depuis.

Un constat qui me permet de tabler sur un principe : plus l'expérience de mesure de soi est transparente, et plus le résultat est efficace. Etant donné qu'il propose d'aider à vivre mieux, le quantify self se doit d'être discret pour ne pas brusquer l'utilisateur dans ses habitudes, mais pour l'accompagner en douceur vers d'éventuels changements.

Le bracelet connecté, compagnon idéal ?

Si le UP24 de Jawbone a servi de base pour cet essai, ce n'est qu'un bracelet parmi d'autres : le marché de la mesure de soi se développant de plus en plus, de nombreuses entreprises plus ou moins spécialisées s'y sont mises. Du côté de FitBit, on parle de « coachs électroniques » avec des dispositifs qui ciblent davantage les sportifs que chez Jawbone, où la mesure de l'activité physique autre que la marche est très limitée.

Sony, de son côté, propose un bracelet plus complet avec le SmartBand, puisqu'il combine la mesure de soi physique à l'usage qui est fait du smartphone - photos prises, écoute de musique, lecture de vidéo - pour proposer un journal de bord étendu.



En optant pour le Bluetooth Low Energy, ces bracelets misent sur la fluidité de leur usage, ce qui en fait de bons compagnons au quotidien. Néanmoins, à l'heure où les montres connectées commencent à pointer le bout de leur nez, on peut se demander si leur intérêt va rester à un tel niveau. Avec des promesses de fonctionnalités plus complètes, les smartwatches pourraient s'imposer comme étant des ajouts de taille pour les smartphones, sans négliger le côté mesure de soi - c'est d'ailleurs l'une des promesses de Samsung.

La démocratisation des montres connectées pourrait cependant entraîner une baisse de prix des bracelets, actuellement vendus entre 100 et 150 euros. Dès lors, les curieux ou adeptes de tels objets pourront faire l'expérience pour un tarif plus accessible.

Deux semaines avec le UP24 : mon bilan

Après deux semaines d'usage quotidien - qui se limite donc à le porter de jour comme de nuit - le UP24 est devenu un accessoire dont j'aurais, dans l'immédiat, du mal à me passer. Certes, certaines fonctions qui seraient complémentaires manquent aujourd'hui à l'appel, comme la possibilité de prendre le pouls grâce au bracelet. Mais tout comme l'identification des aliments par le biais de photos, cette fonctionnalité arrivera probablement avec un prochain modèle : reste à savoir si l'intérêt sera suffisant pour réinvestir à ce moment-là.

En attendant, le bracelet connecté m'a permis de modifier certains aspects de mon comportement. Je marche davantage et quand je le peux, je fais de l'exercice en plus pour compenser une journée moins active qu'une autre. L'application se montre encourageante quand il le faut, et sans aller jusqu'à parler de coaching, il s'agit d'un compagnon utile pour les personnes au style de vie sédentaire qui veulent se motiver à faire un peu plus d'exercice au quotidien. De mon point de vue, un tel accessoire n'est pas destiné aux sportifs ou aux personnes ayant une activité professionnelle physique : il se destine à une troisième catégorie qui a tendance à s'empâter et qui trouve toujours une bonne excuse pour ne pas chausser ses baskets. Rappelons que la marche est considérée comme une activité physique idéale pour l'entretien, comme le souligne l'OMS. De quoi motiver ceux qui veulent changer un peu leur façon de bouger à sauter le pas.

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