Indiescovery #2 : Exapunks

Kevin Gainche
Par Kevin Gainche, Spécialiste gaming.
Publié le 18 décembre 2018 à 16h10
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Indiescovery, c'est votre nouveau rendez-vous avec le jeu vidéo indépendant. Une chronique libre rédigée avec passion après 2h12 de jeu exactement. Si on vous en parle, c'est qu'on a aimé. Bonne découverte !

Avant propos

...parce que quand il faut, il faut.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, et de vous parler de mon expérience sur Exapunk, il me faut vous parler de mon amour immodéré pour les puzzle games at autres casse-têtes, vidéoludiques ou non.

Les casse-têtes, c'est ma passion, et je n'aime rien tant que me torturer le ciboulot sur des problèmes logiques en tous genres. Une passion qui remonte aussi loin que je m'en souvienne, et qui a atteint son apogée durant ces dernières années.

Le jeu vidéo, indépendant principalement, m'a en effet procuré quelques titres aptes à satisfaire mon besoin compulsif de résoudre des problèmes. Je retiendrais ainsi les deux Portal, Braid, The Talos Principle ou encore Stephen Sausage Roll (Xavier, celui-là est pour toi). Mais le plus bel exemple demeure indéniablement pour moi The Witness. Sorti après une gestation douloureuse qui a laissé son créateur exsangue, The Witness est à mon sens le puzzle game parfait qui allie fond et forme à la perfection pour délivrer une réflexion profonde sur la création et les créateurs.

«Si je vous parle de The Witness et de l'impact qu'il a eu sur moi, c'est simplement pour vous dire que les puzzles game, c'est plutôt mon truc»


Un titre absolument fascinant qui m'a obsédé au point de me pousser à me relever en pleine nuit pour le relancer, et résoudre un problème qui m'avait bloqué des heures durant. Un titre qui m'a obligé à sortir un crayon et un papier afin d'y étaler mes idées, à découper des formes géométriques afin de tester toutes les combinaisons possibles, et qui m'a, au final procuré l'une des plus belles expériences de ma vie de joueur.

Si je vous parle de The Witness et de l'impact qu'il a eu sur moi (au-delà du simple fait de vous inciter à y jouer sans plus attendre), c'est simplement pour vous dire que les puzzles game, c'est plutôt mon truc, et qu'habituellement, je les dégomme en long en large et en travers jusqu'à en extraire la substantifique moelle, et les quitter avec le sentiment du devoir accompli.

Exapunks

Bonjour Néo, c'est pour un hack steuplé

Exapunks

par Zachtronics (2018)

Aussi, lorsqu'il a fallu choisir le jeu de cette semaine, c'est tout naturellement que je me suis tourné vers un titre de chez Zachtronics, un développeur indé dont les jeux, jusqu'à très récemment, étaient totalement passés sous mon radar alors même qu'ils possèdent tous les attributs propres à me satisfaire.

Zachtronics, c'est un amour des mécaniques bien huilées que l'on retrouve dans chacun des titres développés à ce jour, et qui a atteint son paroxysme avec Opus Magnum. Un jeu au principe d'une simplicité enfantine, mais à l'efficacité diabolique. Allez jeter un œil au trailer du jeu sur YouTube et vous comprendrez bien vite de quoi je parle. Mais ce n'est pas d'Opus Magnum non plus dont je vais vous parler aujourd'hui, puisque Zachtronics a sorti il y a quelques semaines seulement, un tout nouveau titre au doux nom d'Exapunks.

Exapunks

Et maintenant, bah tu te débrouilles mon grand...

« j'ai coupé Exapunks avec un air hagard, le cerveau fumant, persuadé d'être d'une stupidité crasse, mais avec la sensation d'avoir joué à quelque chose de grandiose »


C'est confiant que j'ai lancé mon chronomètre, persuadé de pouvoir affronter sans sourciller tout ce que le jeu pourrait m'envoyer. Deux heures douze plus tard, avec seulement deux puzzles terminés en plus des quatre proposés par le tutoriel, j'ai coupé Exapunks avec un air hagard, le cerveau fumant, persuadé d'être d'une stupidité crasse, mais avec la sensation d'avoir joué à quelque chose de grandiose.

Et c'est là toute la beauté de la chose, et le génie des jeux créés par Zachtronics, car je n'ai qu'une envie, à l'heure actuelle, c'est de retourner me confronter à ces limites nouvellement découvertes, pour mieux les conquérir au fil des problèmes opposés par le jeu. Pour quelle raison poursuivre dans cette voir qui confine presque au masochisme ? Et bien tout simplement parce qu'il n'y a rien de plus satisfaisant, à mon sens, que de triompher d'un problème qui résiste. Le sentiment de satisfaction qui en ressort est un pur régal, une sorte de shoot inégalable dont je me nourris sans me lasser.

« Comme vous n'avez plus codé depuis une paie, vous allez devoir vous remettre le pied à l'étrier au cours d'un court tuto de quatre missions »


Mais qu'est-ce donc que ce Exapunks, qui m'a tant maltraité durant ma séance de découverte ? Pour la faire courte, et simplifier à outrance, il s'agit d'un jeu de piratage.

Vous y incarnerez un hacker sur le retour, qui a raccroché le clavier bepo depuis maintenant bien des années, et qui souffre d'une maladie dégénérative, le Phage. Alors que vous passez vos journées à accomplir un boulot minable qui consiste à rentrer des tickets de caisse dans un logiciel pour un salaire minable, vous êtes contacté par un inconnu qui vous propose de reprendre vos activités de piratin du net, en échange de dose quotidienne du médicament permettant de lutter contre le Phage.

Comme vous n'avez plus codé depuis une paie, vous allez devoir vous remettre le pied à l'étrier au cours d'un court tuto de quatre missions. Et c'est là que les choses se sont corsées pour moi.

Exapunks

Première mission, hacker la pizzeria du coin pour manger gratos. H4ck3r rul3zzzz !

Pour commencer, n'espérez pas une quelconque aide de la part du jeu. Vous vous retrouverez face à une interface d'une sobriété à toute épreuve, avec pour seule indication, l'objectif à accomplir. Pour seule aide, un magazine de haxxor réalisé par un vieil ami, que l'on trouvera sous la forme d'un fichier PDF qu'il faudra consulter à l'extérieur du jeu (le jeu vous recommande de l'imprimer pour plus d'immersion).

Pour accomplir l'objectif demandé, vous devrez programmer des EXA, de petits programmes informatiques, à l'aide de lignes de commandes. Si le premier problème du tutoriel est assez simple, et vous demandera essentiellement de déplacer votre programme sur des serveurs à l'aide des commandes ad hoc, la suite sera beaucoup moins sympa pour ceux qui, comme moi, sont des billes en programmation, et pas plus brillants en math.

Au fil des missions, vous devrez vous frotter aux boucles conditionnelles et autres joyeusetés du même acabit, afin que votre, ou vos EXA, puissent remplir toutes les conditions de la mission en cours.

« c'est là que j'ai compris que je n'étais pas prêt »


Histoire de compliquer un peu les choses, vos petits programmes devront pouvoir se confronter à différents cas de figures au sein d'un même niveau, et vous devrez, à chaque fois, vous presser le citron pour découvrir des solutions adaptables à différents cas de figure sous peine d'échouer lamentablement.

Et même si vous arrivez à triompher d'un niveau, le jeu se fera un plaisir de vous montrer, à la fin, que votre solution n'est sans doute pas la plus élégante, et qu'il y a moyen de faire mieux avec moins d'instructions, ce qui lui confère une rejouabilité assez dingue en plus du reste.

Grâce aux instructions fournies par le manuel en PDF, j'ai pu venir à bout des deux premières étapes du tutoriel sans trop de problèmes. Puis est arrivée la troisième étape. Et c'est là que j'ai compris que je n'étais pas prêt.

Ce simple problème m'a pris pas loin d'une demi-heure à lui seul. Trente minutes durant lesquelles je me suis concentré ardemment pour comprendre ce que l'on attendait de moi, et découvrir comment faire en sorte que mes EXA accomplissent ce que j'attendais d'eux. Une demi-heure à me triturer les méninges dans tous les sens en fixant la liste des commandes, des variables et autres actions que je pouvais dicter à mes petites bestioles virtuelles.

Une réflexion intense qui m'a poussé dans mes derniers retranchements, mais dont j'ai pu triompher après un laborieux travail d'essais et d'erreurs. Mais quelle satisfaction lorsque mes EXA ont accompli sans faillir toutes les étapes de la vérification, et que l'écran de résolution du puzzle est apparu.

Exapunks

Hacker son bras, la routine pour n'importe quel pirate informatique


« dire que je suis emballé serait un doux euphémisme »


Au terme de cette session découverte, dire que je suis emballé serait un doux euphémisme tant ce que j'ai découvert avec Exapunks laisse entrevoir une réserve inépuisable de problème à me mettre sous la dendrite.

Pour ne rien gâcher, le jeu propose de découvrir une histoire qui s'annonce assez intéressante, qui reprend tous les tropes du Cyberpunk, et dont je n'ai fait qu'égratigner la surface durant la paire d'heures (et douze minutes) auquel j'ai joué. Pour vous dire, la seconde mission « principale » que j'ai effectuée me demande de hacker le système nerveux de mon bras pour contenir les effets du Phage. Si ça ce n'est pas du Cyberpunk dans toute sa splendeur, je ne sais pas ce que c'est !

Vous l'aurez compris, Exapunks, c'est de la bonne, et vous pouvez foncer dessus pour peu que vous aimiez vous violenter le cerveau. Sur ces bonnes paroles, je vous laisse, le manque se fait sentir et il faut que j'aille prendre ma dose de puzzle.


On vous laisse avec ce trailer du jeu (déjà disponible sur Steam) :

Kevin Gainche
Spécialiste gaming
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