Comment sécuriser et gérer sa vie privée sur Twitter ?

Benjamin Bruel
Publié le 21 mai 2021 à 11h49
Twitter

Comme l'essentiel des autres réseaux sociaux en ligne, Twitter génère des revenus grâce à la vente de publicités sur sa plateforme.

Pour cela, le petit oiseau bleu exploite commercialement une partie des données fournies par ses utilisateurs de manière consciente : les interactions sur le site ou les informations de base dites publiques, comme la langue choisie ou le fuseau horaire. Mais le réseau social exploite aussi des métadonnées, fournies souvent de manière inconsciente par les utilisateurs : les cookies, les informations de localisation ou encore les données de journal.

Twitter fut, par le passé, critiqué pour sa gestion et sa transparence en matière de politique des données personnelles. Néanmoins, le réseau social a fait des progrès en la matière, souvent en réaction de l'actualité ou à la pression de ses utilisateurs. En 2017, Twitter a par exemple commencé à proposer une option « personnalisation et données » permettant, comme son nom l'indique, de choisir partiellement si l'on souhaite recevoir du contenu personnalisé ou non. L'affaire Cambridge Analytica, qui impacta Twitter dans une moindre mesure que Facebook, fut enfin l'occasion pour le réseau social d'ouvrir un « Centre de confidentialité » au début de l'année 2020.

Néanmoins, même si le réseau social fait montre plus de responsabilité et de transparence à ce sujet, il continue à exploiter les données et parfois à faire preuve d'opacité en la matière. Il est donc nécessaire d'avoir une vision précise de ce qu'il est possible de faire ou non sur le réseau social pour protéger sa vie privée, et par la même occasion mieux appréhender comment prendre en main Twitter.

Pourquoi les données récoltées par Twitter sont-elles si importantes pour l'utilisateur ?

Twitter

Naviguer en ligne et multiplier les inscriptions sur des sites divers avec son adresse e-mail et son nom semble, pour l'utilisateur non averti, un acte anodin. Néanmoins, sur Twitter comme chez ses pairs, cette inscription sur un site signifie aussi la signature d'un « contrat » avec le réseau social. Et celui-ci stipule que les informations divulguées et les interactions sur le site se transforment en données destinées à un usage commercial publicitaire.

On peut penser que cet usage commercial est lui-même sans conséquence direct pour les utilisateurs, qu'il se déroule en vase clos entre Twitter et ses partenaires. C'est faux : les informations transmises peuvent conduire à une identification claire et précise de notre personne. Goûts, lieu de résidence, suivi permanent de nos déplacements quotidiens, opinions politiques, voire préférences sexuelles sont autant d'informations que Twitter possède à sa disposition. Absolument toutes les données sont enregistrées et stockées sur les serveurs de Twitter pour une durée de 18 mois avant d'être renouvelées.

Une fois de plus, ces données et l'utilisation qu'en fait le réseau social peuvent sembler sans conséquence directes pour chacun d'entre nous, utilisateurs. Mais c'est grâce à ces informations que des modèles psychologiques et des fiches détaillées des utilisateurs ont pu être établis par des sociétés tierces par le passé. Cela peut se dérouler de façon involontaire, comme lors d'une attaque informatique contre Twitter conduisant à une fuite massive de données. En 2016, par exemple, 32 millions d'identifiants Twitter ont été mis en vente en ligne après une fuite massive, conduisant des millions d'internautes à voir leur ordinateur infecté par des logiciels malveillants.

Cela peut aussi venir du réseau social lui-même. En août 2019, le réseau social avait dû présenter ses excuses pour avoir divulgué massivement, à des fins publicitaires, des données d'utilisateurs sans leur consentement explicite. Mais l'exemple le plus frappant reste le scandale Cambridge Analytica. Twitter avait vendu, en 2015, un accès à l'entreprise GSR, celle-là même qui a fourni les données de 87 millions d'utilisateurs de Facebook à Cambridge Analytica. Ces informations avaient permis de visualiser précisément les profils politiques des utilisateurs et, ainsi, influencer les élections présidentielles américaines de 2016 en ciblant des utilisateurs potentiellement sensibles aux discours de Donald Trump. Une nouvelle preuve que les informations partagées avec le réseau social peuvent être exploitées en dehors d'une utilisation publicitaire basique.

Il est possible, dans une certaine mesure, de connaître plus précisément quelles informations Twitter récolte sur nous. D'abord, l'on peut avoir accès à liste d'applications auxquelles nous avons accordé un accès sur Twitter en passant par les « Paramètres ». Il faudra ensuite sélectionner l'onglet « Compte » puis « Applications et sessions » pour consulter les permissions accordées. Pour plus de précisions, nous vous recommandons notre tutoriel complet : comment connaître les données que Twitter a récoltées sur notre profil ?

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Il est ensuite possible de personnaliser certaines données récoltées et de désactiver certaines options de ciblage publicitaire. Du moins, partiellement. Toujours via les « Paramètres », on devra cliquer sur le bouton « Préférences relatives au contenu » puis « Personnalisation et données ». On peut à partir de là décocher certaines fonctionnalités de pistage de données. En vous appuyant sur nos tutoriels, vous pourrez apprendre comment désactiver le ciblage publicitaire sur Twitter (du moins, en partie).

Sur cette même page, tout en bas, un bouton « Voir vos données Twitter » permet de recevoir un log complet de l'ensemble des informations collectées par le réseau social - pour se faire une idée très précise du panel récolté.

Donnees personnalisation

Attention aux informations que l'on partage sur Twitter

Nous sommes - volontairement - alarmistes sur les données récoltées par Twitter. Celles-ci ne sont pas récoltées « à notre insu » par le réseau social, puisque cela fait partie des conditions d'utilisation de la plateforme, mais l'on ne peut constamment avoir un œil sur chacune de nos interactions. Il est donc important d'avoir une vision globale des informations dans lesquelles pioche le site chaque jour.

En parallèle, il est encore plus important de faire attention aux informations que l'on délivre nous-mêmes, volontairement et consciemment, sur le réseau social. D'autant plus que nous avons un contrôle absolu sur celles-ci. Nous parlons ici des informations visibles par tous les autres utilisateurs de Twitter ou internautes non inscrits qui décideraient de visiter notre page. Certaines informations ne doivent pas être partagées sur un réseau social public : celles concernant son domicile, les lieux où vont ses enfants à l'école ou des objets de valeur que l'on possède, à titre d'exemples. Il faudra donc gérer avec parcimonie ce que l'on partage dans sa biographie, ce que l'on publie sur le réseau social et ce que l'on échange en message privé. Surtout si la conversation se déroule avec un inconnu dans la vie réelle.

Contrôler ses options de géolocalisation peut être un outil précieux en ce sens. Il faut absolument apprendre comment activer et désactiver la géolocalisation sur Twitter. Dans l'onglet « Paramètres », on peut accéder à la page « Confidentialité et sécurité ». D'ici, on pourra cliquer sur « Informations de localisation » et décocher la case « Ajouter des informations de localisation à mes Tweets » pour un meilleur contrôle. La page « Confidentialité et sécurité » permet d'autres options de personnalisation. Une fonctionnalité idéale si l'on souhaite savoir comment désactiver l'identification de ses photos sur Twitter.

De même, attention aux photos publiées sur Twitter. Qu'il s'agisse de celles de vos enfants, d'objets précieux ou divulguant trop d'informations sur votre lieu de résidence, celle de votre famille ou même de vos informations numériques. Ce type de document peut se transformer en pain béni pour des personnes malveillantes - allant du vol pur et dur à la pratique du swatting.

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Chercher comment rendre son compte Twitter privé est probablement le meilleur moyen d'éviter tout type d'agressions de ce type. En effet, un compte privé vous donnera un contrôle total sur qui peut accéder ou non à vos publications sur le réseau social. Pour cela, se rendre à nouveau sur la page « Confidentialité et sécurité » et cliquer sur le bouton, tout en haut, « Protéger mes tweets ».

Twitter protéger

Toutefois, si l'on cherche une solution de protection moins radicale, il est possible de bloquer des comptes Twitter. Pour cela, il faut se rendre directement sur la page d'un compte et cliquer sur l'icône Plus (les « ... » situés à droite de l'image de profil) et sélectionner « Bloquer le compte ». On ne recevra alors plus de tweets de la personne, qui ne pourra pas non plus accéder aux nôtres. Nous entrons plus en détail sur les subtilités de cette fonctionnalité dans notre tutoriel « Comment bloquer un compte Twitter ? ». Si vous souhaitez faire machine arrière, consultez alors notre tutoriel « Comment débloquer un compte sur Twitter ? ». Enfin, de manière similaire, on peut également apprendre comment supprimer un abonné sur Twitter.

Ces différentes techniques permettront d'avoir un meilleur contrôle de ses propres informations divulguées sur le réseau social.

Se protéger du harcèlement

Le principe de Twitter repose sur la capacité à entrer en contact avec d'autres personnes que l'on ne connaît pas dans la vie réelle et nouer des liens numériques avec eux. Néanmoins, malgré tous les avantages du réseau social en termes d'interactions, celui-ci a également une part d'ombre, propre aux réseaux sociaux : le cyberharcèlement.

Le harcèlement est, malheureusement, très présent sur Internet où il est possible de s'exprimer et d'agir sous couvert d'un (relatif) anonymat et du sentiment d'impunité lié au fait d'être « caché » derrière un écran. D'autant plus que, même en bloquant un/plusieurs comptes pratiquant le cyberharcèlement, ceux-ci peuvent continuer à échanger, à publier des images dégradantes, à lancer des hashtags ou créer de nouveaux comptes pour « troller » massivement une ou plusieurs personnes.

Twitter a mis en place un certain nombre de garde-fous en la matière. On peut d'abord signaler un compte à la plateforme en utilisant l'icône « Plus » dont nous parlions plus haut et en sélectionnant « Signaler un compte ». Il sera alors possible de détailler aux équipes du site à quelles pratiques problématiques se livre ledit compte. On peut ensuite bloquer ces comptes, comme cela a été expliqué plus haut. Il est aussi possible de découvrir comment masquer un hashtag sur Twitter, si celui-ci vous semble toxique.

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Par ailleurs, depuis 2016, Twitter a mis en place deux outils supplémentaires pour se protéger du cyberharcèlement :
  • Le premier est un filtre de notifications : il est possible de les limiter en choisissant de ne recevoir que des notifications qui concernent vos amis. Si un utilisateur que vous ne suivez pas vous mentionne, vous ne verrez alors pas son tweet.
  • Le deuxième est un filtre de qualité concernant les messages privés : Twitter a mis en place un algorithme pour « améliorer la qualité des tweets que vous recevez » en se basant sur le comportement des utilisateurs. Les tweets automatisés ou le spam seront alors repérés par le réseau social. Ces deux options sont disponibles via la page « Confidentialité et sécurité » citée plus haut.

Il est également possible de savoir comment bloquer les messages privés d'inconnus sur Twitter.

Toutefois, comme nous l'avons abordé dans ce paragraphe, ces barrières ont leurs limites. Des cyberharceleurs déterminés pourront continuer à passer outre en multipliant les comptes ou en échangeant ailleurs sur le réseau social. Il faut faire très attention sur les réseaux sociaux, encore plus dans le cas où un enfant ou un adolescent y est inscrit, car ce sont les victimes les plus fréquentes de ce type de pratiques toxiques. Avoir un œil attentif et prendre du recule est une attitude indispensable sur ce type de site, tandis que prendre une pause de Twitter peut, parfois, être fort bénéfique pour le moral et la santé de l'esprit.

Benjamin Bruel
Par Benjamin Bruel

Journaliste spécialisé dans le numérique, l'espace, la technologie et l'innovation, je me passionne par tout ce qui a trait au futur et à la compréhension du monde de demain. J'exerce ce métier depuis quatre ans, souvent devant mon ordinateur et parfois en vadrouille entre deux pays d'Asie. Amateur de bande dessinées, de paranormal et de dark tourism, je voue aussi un culte aux œuvres de Philip Pullman et de Yoko Taro.

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