L'adaptation d'un jeu mais aussi d'un roman
Développé par Blizzard Entertainment, Warcraft Orcs & Humans est un jeu de stratégie en temps réel sorti sur PC et Mac en novembre 1994. L'histoire raconte l'invasion du royaume humain d'Azeroth par les Orcs fuyant la destruction de leur planète Draenor. Le jeu propose deux campagnes permettant d'incarner l'un ou l'autre des camps et offre même à deux joueurs de s'affronter.Le long-métrage reprend donc la trame du jeu mais s'inspire aussi du livre Warcraft The Last Guardian. Sorti en 2001, ce dernier est en réalité une adaptation romancée de Warcraft Orcs & Humans, écrite par Jeff Grubb, auteur de la série de comics Forgotten Realms éditée chez DC. L'avantage est que l'œuvre offre une description beaucoup plus fouillée des personnages et de leurs motivations, notamment vis-à-vis du magicien Medivh ou de son apprenti Khadgar. Mais elle aborde également plus en détails les évènements qui ont poussé les Orcs à fuir leur planète à travers un portail dimensionnel.
Des chiffres dignes d'une superproduction
Doté d'un budget de 160 millions de dollars, Warcraft le commencement - titre complet du film qui nous intéresse - a été tourné à Vancouver au sein des studios MJA entre janvier et mai 2014. Au total, 123 jours de tournage et 20 mois de postproduction auront été nécessaires pour finaliser le long-métrage. Les prises de vue se sont déroulées à 98 % en studio et au sein des sept principaux décors fabriqués pour le film. Ces derniers ont impliqué une équipe d'une centaine de personnes, dont une vingtaine dédiée uniquement à la création du château de Hurlevent. Par ailleurs, 630 costumes en tous genres ont vu le jour grâce au talent de l'équipe de 52 personnes chapeautée par la designer Mayes C. Rubeo, qui a précédemment œuvré sur Avatar et World War Z.Vue plongeante, en plein tournage, sur la salle du réunion du château de Hurlevent.
Une collaboration poussée avec Blizzard
Pour respecter le plus fidèlement possible le look du jeu, le directeur artistique du film Dan Hermansen a travaillé main dans la main avec l'équipe de Blizzard et en particulier les illustrateurs de la société. En effet, ces derniers ont fourni de nombreux dessins, croquis et esquisses, concernant les armes, costumes mais aussi décors.D'ailleurs, plusieurs lieux emblématiques de la saga Warcraft devraient se retrouver à l'écran, comme la bourgade Comté-de-l'or, la forêt d'Elwynn ou encore la citadelle de Hurlevent comprenant un marché avec une gigantesque statue du magicien Medivh et surtout le château avec ses oubliettes, son armurerie et sa salle du trône. Certains endroits stratégiques pour le récit ont été d'abord créés en version miniature à l'aide d'imprimante 3D, afin d'analyser les proportions et le rendu.
Puis une poignée a été recréée en plateau car, comme l'explique Hermansen, « C'est une question d'équilibre, les joueurs doivent être capables de reconnaître des lieux spécifiques issus du jeu vidéo, mais en même temps ces derniers doivent absolument donner l'impression d'être réels ». Même démarche pour les costumes qui, directement inspirés du jeu, doivent symboliser, les races et les castes. Ainsi, excepté l'impressionnante tenue de Medivh prenant l'apparence d'un corbeau, ce sont l'opulence et la richesse qui semblent prédominer côté Humains.
Armures clinquantes et ambiance opulente au cœur de la cite de Hurlevent.
Comme en témoignent les tenues du roi Llane Wrynn et de la reine Lady Taria, entourés des gardes royaux et des nobles issus des cités Dalaran et Gilnéas. Quant aux Orcs, c'est le tribalisme qui paraît s'imposer visuellement avec notamment la reproduction de certaines factions issues du jeu, tels que le clan Orbite-sanglante et le clan des Orcs du Crâne-Ricanant. Sans oublier les autres races présentes vraisemblablement dans le film comme les Haut-Elfes, avec leur costume très stylisé, les nains à travers leur roi Magni Barbe-de-Bronze ou encore la métisse Orc/Draeneï Garona.
Un panneau de signalisation pratique : à gauche Hurlevent et à droite la Comté-de-l'or.
Des effets spéciaux révolutionnaires
Si la postproduction a été aussi longue, c'est parce que la quantité d'effets spéciaux demandée s'est avérée très importante : pas moins de 1600 plans d'effets spéciaux effectués par le studio néozélandais WETA Workshop (la trilogie du Seigneur des Anneaux). Rien de plus normal néanmoins puisque la totalité des orcs est réalisée en images de synthèse.L'humain Anduin Lothar (Travis Fimmel) va-t-il réussir à empêcher la guerre entre les deux races ?
Mais à la différence des autres films, Warcraft était à l'époque - selon le superviseur des effets visuels Bill Westenhofer - le premier long-métrage à utiliser la technique de la Performance Capture en 100 % live. C'est-à-dire que le résultat de la prise s'avère visible, en temps réel, sur l'écran d'ordinateur (avec les Orcs remplaçant sur l'écran en direct les comédiens comme s'ils étaient sur le plateau). De même, il était aussi possible de modifier à loisir - et sur le vif - les angles et mouvements des caméras. Enfin, pour l'anecdote, Westenhofer précise avoir privilégié, pour les effets spéciaux, les écrans bleus plutôt que traditionnellement verts parce que les couleurs ressortent de manière plus naturelle au final.
Sam Raimi était à l'origine le réalisateur
L'adaptation de Warcraft au cinéma traîne dans les cartons de Blizzard depuis dix ans, puisque le projet a été annoncé en mai 2006. Bien avant que Duncan Jones (Moon, Source Code) passe derrière la caméra, le réalisateur allemand Uwe Boll s'était intéressé au film en proposant ses services à Blizzard qui a refusé.La petite histoire veut que le coupable auteur des adaptations ciné foirées de House of the Dead, Alone in the Dark ou encore Bloodrayne, s'était entendu dire de la bouche de Paul Sams, président directeur général de Blizzard à l'époque : « Nous ne vendrons pas les droits, surtout pas à vous. Parce que c'est un jeu online qui rencontre un tel succès qu'un mauvais film détruirait probablement nos sources de revenue. » Puis, ce fut au tour de Sam Raimi (la trilogie des Evil Dead et des Spider-man), de s'intéresser au projet dès 2011. Le réalisateur a même travaillé sur un scénario pendant presqu'un an, mais sans convaincre au bout du compte le studio.
Anduin Lothar (Travis Fimmel) et Garona (Paula Patton) unis pour le meilleur et peut-être pour le pire...
« Blizzard essayait de mener à bien ce projet depuis longtemps, explique Duncan Jones. Un script existait donc déjà auquel était visiblement lié un autre réalisateur (Sam Raimi, nda) qui finalement est parti faire un autre film (Le Monde fantastique d'Oz, nda). L'occasion s'est donc présentée à moi de lire ce scénario et j'ai été surpris de constater que celui-ci était orienté sur les humains et particulièrement prévisible, dans la lignée de tous ces gros films fantastiques où la gentille race humaine se retrouve face à de vilains monstres méchants. » Le metteur en scène de Source Code ajoute : « Dans le jeu, vous avez l'opportunité de choisir de quel côté vous voulez jouer, Humain ou Orc. Et c'est justement ce genre d'histoire que je voulais raconter, en ayant à la fois le point de vue des Humains mais aussi des Orcs. Dans Moon et Source Code, je souhaitais permettre aux spectateurs de ressentir les émotions des personnages principaux de manière empathique. J'ai tenté de faire la même chose sur Warcraft avec les deux héros, issus de chaque camp (Durotan pour les Orcs et Anduin pour les Humains, nda), en racontant leur histoire en parallèle. »
Bande annonce du film
Le directeur créatif de Blizzard en invité surprise
Le producteur de Warcraft, Stuart Fenegan, annonce la couleur : « Si vous êtes joueurs de Warcraft, nous avons pensé à vous car nous avons caché de nombreux « easter eggs » qui devraient vous faire plaisir. » L'un d'entre eux concerne le vice-président en charge du développement créatif à Blizzard, Chris Metzen. Auteur du scénario du film mais surtout créateur des univers de Warcraft, Diablo et StarCraft, Metzen devrait donc figurer dans le long-métrage. Si son apparition n'est pas coupée au montage, celui-ci devrait incarner le rôle éclair d'un vendeur de parfums sur le marché de Hurlevent.Chris Metzen occupe le même poste à Blizzard depuis plus de 22 ans !
The Preacher vs The Kurgan
Héros de la série télévisée The Preacher, diffusée depuis le 22 mai sur le network américain AMC, Dominic Cooper (Need for Speed) incarne ici le roi des Humains Llane Wrynn. « Bien sûr, c'est un jeu vidéo et en plus doté d'un univers fantastique, remarque-t-il, mais je pense qu'il y a tout de même beaucoup de parallèles et de résonances vis-à-vis du réel. Car on parle ici d'appartenance de la terre, qui sont exactement les agresseurs et qui sont les individus chargés de maintenir la paix ? Mon personnage pense, par exemple, qu'il doit préserver la paix et favoriser coûte que coûte la diplomatie. »L'interprète du père d'Iron Man dans Captain America First Avenger confesse par ailleurs son intérêt tout relatif pour les jeux vidéo : « Comme n'importe quel enfant, j'aimais bien jouer à l'ordinateur. Le problème est que je n'ai jamais eu celui que je voulais. Mon ordinateur tombait souvent en panne et mettait un temps infini à charger les jeux. Alors quand ça marchait, j'appréciais les jeux de foot ou de course. Mais je n'ai jamais vraiment été obsédé par le jeu vidéo. »
Dans la salle du trône, le roi Llane Wrynn (Dominic Cooper) tente de prôner l'apaisement.
Face au roi Wrynn, se dresse le chef de guerre Orc Blackhand incarné par le charismatique Clancy Brown. L'acteur de 57 ans a été rendu célèbre en 1986 grâce à son interprétation du vilain Kurgan dans Highlander. « Le Kurgan n'était pas un si mauvais bougre, tout comme Blackhand dans Warcraft, précise le comédien. Ce n'est pas parce que vous avez l'air différent que vous êtes forcément mauvais. S'il devait y avoir un message dans le film, alors ce serait celui-là. » Grâce à son timbre de voix incomparable, Clancy Brown est devenu au fil des années un familier du doublage de séries animées mais aussi de jeux vidéo. Il a ainsi commencé en 1997 avec Lands of Lore : Guardians of Destiny puis a poursuivi notamment en interprétant le Dr Neo Cortex dans la série des Crash Bandicoot, le Baron Praxis dans la saga Jak & Daxter, mais aussi Lex Luthor dans les LEGO Batman ou encore Hadès dans God of War III.
Blackhand /Clancy Brown : le personnage et son interprète.
Un metteur en scène fan de RTS
Le réalisateur de Warcraft n'est pas seulement le fils du regretté David Bowie, c'est aussi un vrai spécialiste des jeux de stratégie en temps réel (RTS, Real-Time Strategy). « J'ai grandi avec les jeux vidéo et, depuis longtemps, je pratique les jeux de stratégie en temps réel sur PC, explique Duncan Jones. D'ailleurs, lorsque j'étais à l'université, il me semble que je passais beaucoup trop de temps dessus au lieu d'étudier (rires). J'ai toujours suivi Blizzard avec attention étant fan de Warcraft mais aussi de Diablo et StarCraft, et d'ailleurs même avant que la compagnie devienne célèbre puisque je me souviens par exemple de The Lost Vikings ».Duncan Jones (à droite) donne ses indications à Travis Fimmel.
Un champion mondial de Warcraft au casting
C'est durant le tournage de Pacific Rim, dans lequel il incarne Chuck Hansen, que l'acteur Robert Kazinsky prend connaissance du projet Warcraft, via la coproductrice Jillian Share. « Pendant les deux années qui ont suivi, je n'ai pas cessé de la harceler pour faire partie du casting, explique le comédien. Si bien que j'ai fini par rencontrer Duncan Jones, à qui j'ai dit être prêt à devenir son groom personnel et même à lui faire du thé tous les jours pour qu'il me prenne. Et finalement, il m'a donné le rôle le plus cool du film, l'Orc Orgrim ! » Il faut dire que le jeune acteur a longtemps été un pro de World of Warcraft, au point de devenir littéralement drogué du jeu vidéo.Orgrim /Robert Kazinsky : le personnage et son interprète.
« J'ai joué à Warcraft à un niveau extrême, environ 18 heures par jour, confie Kazinsky. J'ai atteint le Top 10 au niveau mondial dans ma classe pendant trois ans. Et ma guilde était la première sur les serveurs compétitifs. Il n'y a pas grand-chose que je n'aie pas déjà fait dans le jeu. D'ailleurs, avant que débute le tournage, je cumulais 473 jours de jeu sur Warcraft. Je ne vais pas vous dire le nom de mon personnage mais sachez simplement que je possédais un personnage Orc et un autre humain et que j'ai pratiqué toutes les classes au niveau maximum. » Un autre joueur invétéré était aussi présent sur le set : le superviseur des effets visuels Bill Westenhofer qui avait pris l'habitude de se lever à 2 heures du matin pendant le tournage du film pour se lancer dans des raids sur World of Warcraft.
Une trilogie en devenir
Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit et bientôt Assassin's Creed... Les trilogies paraissent être devenues de plus en plus à la mode ces dernières années. Et Warcraft ne semble pas échapper à la règle. « Je suis en relation permanente avec le directeur créatif de Blizzard, Chris Metzen, qui a imaginé Warcraft, raconte le metteur en scène Duncan Jones. Nous avons évidemment déjà discuté de la possibilité de faire une trilogie, en débutant par ce film, mais cela dépend du succès rencontré par Warcraft. » Pour rappel, le jeu Warcraft a connu deux suites Warcraft II : Tides of Darkness et Warcraft III : Reign of Chaos, ainsi que deux extensions (Beyond the Dark Portal et The Frozen Throne). Ensuite est apparu World of Warcraft et sa longue liste d'extensions...Orgrim /Robert Kazinsky : le personnage et son interprète.