Doctor Strange : notre rencontre avec l'équipe du film

Audrey Oeillet
Publié le 26 octobre 2016 à 10h35
Avec la sortie en salle ce mercredi de Doctor Strange, le nouveau film du studio Marvel, nous nous sommes rendus à Londres pour rencontrer et discuter avec une partie de l'équipe. L'occasion d'évoquer un super héros mystique, et la mise en scène très réussie du long métrage.

Un rendez-vous avec Benedict Cumberbatch (Doctor Strange), Mads Mikkelsen (Kaecilius), Benedict Wong (Wong) et le réalisateur Scott Derrickson, ça ne se refuse pas, d'autant que Doctor Strange, le nouveau film du studio Marvel, s'avère parfaitement réussi. Et même si le personnage créé en 1963 par Stan Lee et Steve Ditko avait énormément de potentiel à la base, il nécessitait un évident dépoussiérage pour être remis au goût du jour. Mission accomplie, malgré une polémique liée au remplacement de personnages asiatiques par des acteurs occidentaux.

Ce sont quelques-uns des thèmes que nous avons pu aborder avec l'équipe du film. Morceaux choisis !

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« Petit, je lisais Astérix et Obélix »

La question coule de source : le casting lisait-il des comics avant de jouer dans Doctor Strange ? La réponse est quasi-unanime : oui ! « J'ai toujours été un grand lecteur de comics » explique Mads Mikkelsen, l'interprète de Keacilius, l'un des bad guys du film. « Quand je n'étais pas à l'école, j'avais le nez plongé dedans, qu'il s'agisse de BD américaines ou européennes, l'œuvre de Will Eisner... Les films Marvel me replongent dans les lectures de mon adolescence, j'adore ça. » L'acteur avoue également être un grand fan de Spider-Man : « J'aurais bien aimé incarner Peter Parker à l'écran, mais maintenant c'est un peu tard » plaisante-t-il.

Spider-Man, un personnage qui a également bercé la jeunesse de Benedict Wong, qui incarne Wong, le bibliothécaire pas comme les autres : « Quand j'étais enfant, je collectionnais les comics de Spider-man, j'ai de très belles pièces dans ma collection et j'en suis très fier. Ceux que je ne pouvais pas acheter, j'allais les lire chez les libraires. Je trouve ça génial que quelque chose que vous adoriez quand vous étiez enfant revient à l'âge adulte. Vous regardez autour de vous et vous êtes entouré de nostalgie. C'est exactement ce qui m'arrive aujourd'hui. »

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Scott Derrickson, le réalisateur du film, est lui aussi dans la même situation : « J'ai commencé à en lire quand j'avais 7 ans. Mon père est rentré un jour avec une énorme boite pleine de centaines de comics qu'il avait trouvés et qu'il avait décidé de ramener à la maison. J'ai commencé à en lire beaucoup à cette époque. J'ai continué à en lire à l'âge adulte et j'adore la manière dont cette culture continue d'évoluer perpétuellement. Aujourd'hui, je lis des comics avec mes enfants, notamment les histoires de Usagi Yojimbo, et bien évidemment je me suis plongé dans l'œuvre autour de Doctor Strange, qui est globalement très bonne. »

A côté de ses compagnons, Benedict Cumberbatch ferait presque office de mauvais élève, mais vu ses goûts, on lui pardonne : « Quand j'étais jeune, je n'étais pas particulièrement fan de comics. Je lisais plutôt des BD comme Astérix et Obélix. J'ai commencé à m'y intéresser avec l'arrivée des adaptations ciné. J'ai nourri une véritable obsession pour le Batman de Tim Burton, j'avais un tee-shirt du film, je collectionnais ce que je trouvais... c'est un film iconique avec des performances très marquantes, et ça a été ma porte d'entrée dans l'univers des comics. »

Un tournage intense

Le tournage de Doctor Strange a nécessité des semaines d'entraînement pour les acteurs, qui ont dû apprendre des mouvements de kung-fu, des chorégraphies périlleuses, ou encore la méditation. « J'ai essayé de méditer plusieurs fois, je luttais pour ne pas m'endormir, ça n'avait donc pas le bon effet sur moi ! Je me suis donc concentré sur le sport, ce qui était l'opposé total de la méditation » explique Mads Mikkelsen.

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Pour Benedict Cumberbatch, qui pratique la méditation depuis l'âge de 19 ans, l'un des gros défis était de comprendre ce qui se passait durant le tournage de scènes de combat où le décor est censé se tourner et se plier grâce aux pouvoirs mystiques des magiciens. « Sur le tournage, il y avait énormément de gens présents pour nous aider à appréhender ce qu'on ne pouvait pas voir, mais l'équipe des effets spéciaux était également énorme pour concevoir tous les effets qui construisent le monde. C'était difficile de se rendre compte du résultat durant le tournage mais c'est visuellement époustouflant. »

Mads Mikkelsen ajoute « Pour les chorégraphies des combats, les cascades, nous étions toujours très entourés donc ça n'était pas dangereux pour nous, mais il y a avait tout de même des mouvements périlleux et délicats. Nous avions beaucoup de répétitions pour nous assurer que nous ne faisions rien de travers. Nous étions très observés pour ne pas faire d'erreur. »

Le tournage du film a été très intense pour les acteurs impliqués dans les combats, mais pas seulement. Benedict Cumberbatch se souvient du tournage d'une scène importante, impliquant un accident de voiture. « C'était dingue. Une partie du tournage s'est déroulé dans une moitié de Lamborghini reliée à un bras mécanique pour simuler des tonneaux, et ensuite immergée dans l'eau froide en pleine nuit, il devait être 4 heures du matin. J'étais en smoking dans la voiture, couvert de faux sang... là je me suis dit, "c'est dingue de faire ça pour gagner sa vie !" » plaisante l'acteur. « J'ai découvert le résultat final lors de l'avant-première à Los Angeles, et j'ai eu un choc. J'ai eu beau me dire que c'est moi qui incarnait un personnage, c'est quand même spectaculaire niveau réalisme. »

Mais le tournage a également été l'occasion de beaux fous rires, notamment entre les deux Benedict. « Le cinéma de Scott Derrickson laisse la place à l'improvisation et certains échanges improvisés ont été gardés, comme une plaisanterie musicale que l'on doit surtout à Benedict Cumberbatch » explique Benedict Wong. « C'est quelqu'un d'hilarant qui pourrait faire carrière dans la comédie sans problème, je pense ».

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Dépoussiérer un univers très sixties, quitte à choquer

Né en 1963 chez Marvel, Doctor Strange a, à la base, un univers plutôt psychédélique. S'il a servi de matière première à l'identité visuelle du film, qui emprunte notamment - et c'est totalement assumé par le réalisateur - à la mise en scène d'Inception de Christopher Nolan, il a tout de même fallu dépoussiérer l'intrigue et les personnages.

« Doctor Strange n'est pas un super héros comme les autres, c'est un homme qui décide de se transcender. L'univers du comics est sombre, étrange, psychédélique. Ça a changé l'univers des comics Marvel. Je pense qu'un film basé sur Strange devait être dans cette mouvance, mais en même temps il fallait dépoussiérer l'univers. J'ai été attiré par ses origines qui sont très particulières » explique Scott Derrickson, qui cite notamment le comics The Oath, de Vaughan et Martin, comme l'une des sources d'inspiration de certaines scènes du film.

Mais quelques décisions n'ont pas fait l'unanimité, notamment le fait de changer totalement le personnage de l'Ancien, le mentor de Stephen Strange. Homme asiatique à la base, il devient une femme occidentale chez Derrickson, sous l'interprétation de Tilda Swinson. Une décision que le réalisateur assume : « Dans les comics d'origine, les personnages asiatiques sont des stéréotypes, et j'ai voulu changer ça. Faire de l'Ancien, le mentor mystique du héros, une femme, a été un bon point de départ. Je n'ai pas voulu prendre une actrice trop jeune, je ne voulais pas que ce soit un fantasme pour le spectateur, ce n'était pas l'idée. Ça aurait pu être une actrice asiatique, mais je n'ai pas trouvé d'actrice pouvant incarner ce rôle sans qu'elle ait un lien existant avec le côté "dragon lady", maîtresse du kung fu, ce genre de chose. C'est pour ça que j'ai choisi Tilda et j'ai écrit le script pour elle, et je pense que ça a rendu le film meilleur. Il en va de même pour Wong, qui passe du personnage basique qui sert le thé à un maître des arts mystiques. Il était nécessaire de renverser la dynamique. »

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Forcément interrogé sur la question, Benedict Wong soutient le réalisateur : « Quand on m'a parlé du rôle de Wong, je suis allé voir ce que donnait le personnage dans les comics. Je me suis dit que si ça restait tel quel, ça allait être difficile pour moi » explique-t-il. « Pour moi qui suis asiatique, les choix de Scott ne sont pas racistes : ça l'aurait été si la production avait décidé de maquiller le visage de Tilda pour lui donner des traits asiatiques. Ce n'est absolument pas le cas, vous vous en rendez vite compte en découvrant le film. »

Pour le comédien, « ce genre de critique et de polémique vient bien souvent de gens qui se cachent derrière leur écran d'ordinateur pour provoquer la controverse de façon toxique. De mon point de vue, la production a fait un formidable travail autour des personnages, en optant pour une approche différente, aussi bien pour l'Ancien que pour le personnage de Wong qui a été totalement réécrit, et heureusement ! »

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Et Scott Derrickson de conclure : « C'est une polémique qui est née avant la sortie du film, et je pense que le film parle pour lui. J'invite les gens qui trouveraient mes choix incohérents à voir le film et à me donner leur avis. Je serais ravi d'en discuter. Mais jusque-là, les gens qui ont été critiques à ce propos n'ont jamais vraiment cherché à en discuter, ils sont justes énervés. »
Quoi qu'il en soit, le réalisateur, comme les acteurs, sont plutôt confiants quant à l'accueil que recevra le film. « Ça a été un véritable travail d'équipe » assure Derrickson. « Dans l'équipe créative, on s'est beaucoup disputé, mais l'avantage chez Marvel c'est que les gens savent reconnaître quand les autres ont raison. Kevin Feige, le producteur, est un passionné, un acharné, il se torture constamment pour chercher à atteindre la perfection artistique. L'objectif est que chaque film soit meilleur que les précédents. »

« Les fans lisent des comics comme si c'était la Bible pour eux » estime de son côté Mads Mikkelsen. « On veut leur rendre honneur, leur être fidèles. Mais il faut également comprendre que notre boulot, c'est de porter l'histoire sur grand écran, du coup, c'est forcément différent. Je pense que sur ce point, Marvel a su trouver un bon équilibre. »


Il ne reste plus qu'à vous faire votre propre opinion, puisque le film est en salle depuis le 26 octobre.
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