Trois ans après un premier épisode qui a fait couler beaucoup d’encre, le super-vilain de Sony Pictures est de retour. Face à Carnage, Venom réussit-il un tour de force ? On vous dit tout, sans spoilers bien sûr !
Qu'on se le dise : se remettre d'une séance de Venom deuxième du nom n'est pas une mince affaire. Invités à une avant première du film, nous ne nous attendions pas à être surpris par ce qui s'annonçait comme une simple suite d'un opus tout juste moyen… On était pourtant assez loin de se douter du résultat final en entrant dans la salle.
Une nouvelle origin story
On ne va pas y aller par quatre chemins : si vous espériez voir en ce Venom: Let There Be Carnage le véritable démarrage du spider-verse après l'origin story de 2018, vous allez être déçus. Durant toute la première moitié du film, pourtant très court avec ses 90 minutes, on replace en effet dans son contexte le personnage d'Eddie Brock et le symbiote qui l'habite, Venom.
Après trois ans sans avoir entendu parler du duo on n'est pas forcément contre une telle manœuvre, mais consacrer autant de temps à cette exposition ne laissait présager rien de bon pour ce qui est pourtant le titre du film : l'arrivée de l'antagoniste, Carnage. Incarné par Woody Harrelson, ce vrai méchant est ici dépeint comme un psychopathe au bord de l'exécution. Mais comme aucune prison de comics ne semble capable de retenir ses prisonniers, notre ami va réussir à s'échapper, décidé à se venger d'Eddie. Sur son chemin, il retrouve sa dulcinée d'adolescence, Frances, incarnée à l'écran par Naomie Harris, avec laquelle il forme un duo de vilains particulièrement efficace. Mais pour voir cela, il va vous falloir patienter un bon moment.
Un film plaisir ?
Entre temps, le film se permet de divaguer longuement, très longuement. En tant que spectateurs on s'est même demandé ce qui nous valait pareil supplice… Non pas que l'expérience soit absolument désagréable, mais si la scène des homards du premier opus vous avait gênés, ce que renferme cette suite va sans nul doute vous déranger plus encore.
De scènes mielleuses et ratées, en sac de nœuds scénaristique, le film déroule son propos sans trop s'encombrer de détails. C'est un énorme bazar incontrôlable… qui s'assume complètement comme tel.
Et c'est peut-être là tout le génie de Venom: Let There Be Carnage : n'avoir plus grand chose à faire de ce que l'on pense du traitement de la franchise au cinéma. Les critiques sont mauvaises ? Qu'importe, les salles obscures américaines enregistrent un succès record pour cette suite, tant et si bien que lorsqu'on sort de la projection, on se demande si ce n'est pas nous qui avons un problème…
Tom Hardy dans tous ses états
Ce « bazar », on le doit notamment à Tom Hardy, qui co-signe le scénario aux côtés de Kelly Marcel (Cruella). Le duo à l'écriture semble vouloir se faire plaisir avant tout, sans se soucier d'exclure celles et ceux qui ne suivraient pas. C'est d'autant plus dommage que lorsqu'on en vient à s'intéresser (un peu) à Carnage, le tout fonctionne globalement assez bien.
Naomie Harris et Woody Harrelson incarnent en effet une version Marvel du Joker et d'Harley Quinn tout à fait intéressante. La courte durée qu'a le scénario pour développer leur relation et l'histoire qui s'en suit a donc de quoi décevoir… Et ce n'est pas le traitement de Michelle Williams, réduite à simple sidekick permettant de chapitrer un peu l'ensemble, qui va nous faire changer d'avis.
Au final, ce traitement scénaristique brouillon est d'autant plus dommage qu'Andy Serkis, à la réalisation, essaie tant bien que mal de raccrocher les wagons en nous offrant quelques bons moments de cinéma, notamment lors des combats.
Alors, on regarde ?
À la lecture de cette critique, vous vous dites sans doute que non, il ne faut pas courir en salles voir Venom: Let There Be Carnage. Et pourtant, il convient de préciser que ce film, aussi scénaristiquement catastrophique soit-il selon nous, n'en reste pas moins divertissant qu'un Fast & Furious.
C'est mauvais, certes, mais quand on ressort de la salle on peut difficilement soutenir que ça n'est pas complètement assumé, et on se questionne : un film doit-il vraiment être bon de bout en bout pour être conseillé ? En cela, et d'une certaine manière, ce second opus de Venom est une réussite…
Bref, amateurs de nanar assumé, allez-y les yeux fermés. Les autres, attendez donc le prochain Spider-Man.