C’est maintenant 2021, en espérant de tout cœur que cette année soit plus joyeuse et plaisante que la précédente. Le coronavirus ayant évidemment occupé nos esprits et notre attention, bien des sujets brûlants ou importants ont pu passer sous le radar et vous échapper, en particulier dans le domaine du climat ou des innovations écologiques…
Profitons de ce week-end de fêtes pour faire une rétrospective des actualités de 2020 de la rubrique environnement et énergie ! Loin de n’être que mauvaises, beaucoup de ces nouvelles pourraient vous redonner de l’espoir, qui sait ?
Les évènements marquants de 2020
L’année a commencé par les gigantesques incendies australiens qui ont détruit des millions d’hectares, et émis des quantités considérables de CO2. La plupart des commentateurs s’entendaient pour dire qu’il s’agissait de l’élément déterminant de 2020. C’était bien sûr avant que l’épidémie de coronavirus n’éclate, et change nos vies à jamais !
A la même époque, qui correspond à l’été austral dans l’hémisphère sud, des températures supérieures à 20 °C étaient signalées pour la première fois de l’histoire en Antarctique. Quelques mois plus tard, l’arctique sibérien enregistrait de son côté une température record de 38 °C, ainsi que les pires mesures en matière de réduction de la superficie de glace.
Alors que la centrale nucléaire de Fessenheim fut définitivement arrêtée en Alsace, le projet international ITER de réacteur à fusion nucléaire a lui franchi une étape importante avec la pose des premiers éléments de son tokamak, et le MIT a estomaqué le monde en nous promettant un tokamak qui pourrait émettre une production nette d’énergie dès 2025.
Côté énergies renouvelables, l’Agence internationale de l’énergie a révélé que le solaire était désormais la source d’électricité la moins chère, suivi de près par l’éolien terrestre, en ce qui concerne les nouvelles capacités de production installées. Ce qui explique pourquoi les trois-quarts des nouvelles capacités concernent les renouvelables désormais.
Le CO2 et les voitures électriques
La recherche s’est poursuivie et intensifiée pour réduire les émissions de CO2. En Suisse, des chercheurs ont conçu un équipement qui capte jusqu’à 90% du dioxyde de carbone émis par les voitures, directement depuis leur pot d’échappement. Et en Australie, un matériau capable de réduire jusqu’à 28% le CO2 issu du raffinage a été développé.
Des scientifiques canadiens ont eux testé une pile à combustible qui convertit le CO2 en molécules chimiques utilisables dans l’industrie, tandis que d’autres situés au Royaume-Uni sont parvenus à convertir le dioxyde de carbone en carburant pour avion.
En 2020, Clubic a aussi tenté de répondre à vos questions sur l’impact réel des petits gestes du quotidien, que vous pouvez faire concrètement pour le climat, au jour le jour. Sur ce sujet, l’appli Greenly a été publiée pour nous accompagner dans le choix des bons gestes. Son cofondateur Alexis Normand nous a accordé un entretien en début d’année.
Du côté des voitures électriques, une équipe a plaidé pour alimenter les batteries avec les nodules polymétalliques trouvés au fond des océans. Ayant une plus grande concentration en minerai, ils nécessitent beaucoup moins d’énergie et permettraient de baisser fortement les émissions de CO2 associées. Mais leur extraction n’est pas sans poser problème…
Qu’en est-il de la pollution de l’air ?
Au-delà du dioxyde de carbone, la pollution de l’air (générée notamment par les transports) demeure un problème majeur en 2020, avec un impact sanitaire de grande ampleur chiffré à plusieurs milliers de morts par an. Une étude singapourienne a en outre démontré qu’elle avait pour conséquence une hausse de la consommation d’électricité par les ménages qui cherchent à s’en prémunir, en restant chez eux et en recourant aux purificateurs d’air.
Hélas, le non-respect « systématique » des règles européennes dans ce domaine a valu à notre pays d’être renvoyé (une fois de plus) devant la Cour de justice de l’UE. Sans que ce soit forcément lié, la France a décidé peu de temps après, lors du Conseil national de l’air, d’un durcissement des limites d’émissions polluantes pour les automobilistes.
Pour mieux comprendre l’ampleur du phénomène, les agences spatiales américaine, européenne et sud-coréenne ont lancé un partenariat visant à mettre sur orbite une constellation de satellites qui mesurera la pollution de l’air en temps réel depuis l'espace.
Les déchets plastiques et le recyclage
Grâce à une étude publiée en 2020, il est maintenant démontré que les microplastiques des rivières peuvent être transmis de l’eau aux insectes, puis des insectes aux oiseaux. Voulant s’attaquer à ce sujet, The Ocean Cleanup (une ONG que vous connaissez pour son projet de nettoyage des mers) a fabriqué Interceptor, une péniche solaire capable de nettoyer les rivières en ramassant jusqu’à 50 tonnes de déchets plastiques par jour !
Concernant les océans, des chercheurs japonais ont développé un nouveau bioplastique à base d’amidon et de cellulose, qui se dégrade dans l'eau de mer. Et, parce que le plastique n’est pas le seul challenge, une équipe franco-russe de scientifiques a mis au point une éponge hydrophobe pour nettoyer les océans des résidus pétroliers.
Il y eu du progrès dans le recyclage. Des chercheurs texans ont annoncé un nouveau procédé visant à transformer les déchets contenant du carbone en graphène, qu’ils tentent de perfectionner. D’autres en Corée du sud ont mis au point un polymère qui peut récupérer l'or présent sur les déchets électroniques en fin de vie. De plus, à Singapour, fut créé cette année le premier aérogel réalisable à partir de pneus usagés.
Les mesures prises par les pouvoirs publics
Les institutions publiques ne sont pas restées inactives en 2020, qui a connu son lot de plans et d’annonces en matière de préservation de l’environnement. A commencer par le Green Deal de l’Union européenne, un vaste plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros devant permettre au continent européen d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Vers la fin de l’année, l’UE a également publié sa stratégie de décarbonation des transports.
Au printemps, la France a publié sa programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui détaille les investissements à venir dans les renouvelables : les capacités solaires seront portées à 44 GW en 2028, et les capacités éoliennes passeront à 35 GW en 2028. Suite à l’épidémie de coronavirus, un plan de relance de 100 milliards d’euros a aussi été annoncé pour relancer l'économie. Sur cette somme, 11 milliards seront attribués à la transition des transports, plus 7 milliards rien que pour le développement de la filière hydrogène.
Les 150 membres tirés au sort de la Convention citoyenne pour le climat ont proposé diverses solutions pour lutter contre le changement climatique. La plupart (pas toutes) ont été acceptées et reprises par le président Emmanuel Macron, qui a aussi annoncé un référendum sur l’inclusion de la question climatique dans la Constitution en 2021.
Enfin, le Conseil national du numérique a déposé 50 propositions pour rendre le secteur du numérique compatible avec les objectifs de développement durable de l’ONU. Quelques mois plus tard, le gouvernement a dévoilé ses pistes pour réduire l’empreinte carbone du numérique. Votre site préféré vous a également expliqué comment fonctionne l’indice de réparabilité, qui débarque sur tous les produits électroniques dès 2021.
Les annonces des grandes entreprises
Les multinationales sont très souvent pointées du doigt en matière de lutte contre la crise climatique, et pressées d’en faire plus. Il n’est donc pas étonnant que les annonces des grandes entreprises ont eu tendance à se multiplier en 2020.
Ainsi, Jeff Bezos a décidé de céder une partie de sa fortune (10 milliards de dollars) dans ce domaine. Simultanément, son entreprise Amazon a promis d’investir au moins 2 milliards de dollars dans les technologies décarbonées, et d’apposer un label sur 25 000 fiches produits permettant aux consommateurs d’identifier les items éco-responsables.
Vestas, le plus grand fabricant d’éoliennes au monde, s’est engagé à produire des éoliennes « zéro déchet » à l’horizon 2040. Tandis que le pétrolier français Total, qui est devenu fabricant d’accumulateurs électriques depuis le rachat de Saft, s’est lancé dans la construction du plus grand site de stockage électrique de France à ce jour !
De son côté, Alphabet (maison-mère de Google) a débuté une activité d’aquaculture durable avec Tidal, sa nouvelle filiale qui va aider les pisciculteurs à produire de manière davantage respectueuse de l’environnement. Et Apple a conçu une machine capable de désassembler ses iPhones, et de recycler au passage 14 de leurs composants.
En 2020, la neutralité carbone est devenue LA nouvelle obsession. Microsoft a annoncé son intention de devenir neutre en carbone en 2030, et un plan pour compenser ses émissions passées depuis sa création. Le groupe Flixbus a déployé des cars électriques et solaires, et vise aussi la neutralité carbone pour 2030. Même BP, le troisième géant des hydrocarbures mondial, dit vouloir atteindre la neutralité carbone pour 2050, et s'est fixé comme second objectif une baisse de 40% de sa production de pétrole d’ici 2030.
Les idées non conventionnelles de 2020
Des tas de concepts « out of the box » ou révolutionnaires ont été dévoilés cette année. Des chercheurs du CNRS ont annoncé par exemple leur projet de transformer les algues vertes en source d’énergie. En Italie, une startup a présenté un prototype fonctionnel de sa solution d’agriculture sous-marine, pour nourrir les populations où les terres sont trop arides.
Toujours dans l’univers maritime, des chercheurs américains ont inventé un dispositif de dessalement de l’eau de mer, qui pourrait être bénin pour l’environnement en valorisant la saumure. Et une équipe britannique a montré que les captures accidentelles de tortues et dauphins pouvaient être nettement réduites, en posant des LED sur les filets de pêche.
L’armée américaine a commencé à travailler sur des mini-centrales nucléaires déplaçables pour alimenter ses bases militaires en énergie, et ne plus dépendre de l’approvisionnement en carburant. Certains ont même lancé l’idée d’utiliser les déchets nucléaires pour produire des batteries à base de diamant d’une durée de vie de près de 6 000 ans !
En Europe, le CEA a inventé de nouveaux colorants photochromes qui devraient permettre de produire des vitrages transparents produisant de l’électricité, alors que BAE Systems testait son avion solaire devant voler à 20 km d’altitude que l'entreprise espère utiliser en guise d’alternative aux constellations de satellites.
Des chercheurs californiens ont quant à eux conçu des cellules thermo-radiatives, qui seraient susceptibles de produire de l’énergie pendant la nuit. Tandis que l’idée (assez ancienne) de produire de l’électricité avec la pluie a fait son chemin à Hong Kong.
Une année qui a apporté plus de nuance
2020 a aussi été l’occasion d'approfondir nos conséquences sur certains sujets, et parfois de contredire ou de nuancer ce que l’on pensait jusqu'ici. Ainsi, une étude a totalement invalidé les précédentes estimations concernant la consommation énergétique des data centers, qui ne seraient pas les gouffres imaginés.
La FAO a rendu un rapport démontrant qu’il serait possible de concilier pêche durable et hausse massive de la production de la nourriture issues des océans. Et, contrairement à ce que l'on a longtemps cru, les coraux peuvent en réalité survivre au blanchiment des récifs, dès lors que certaines conditions sont remplies.
Sur le sujet de la biodiversité, une méta-analyse a apporté une vision différente du déclin des insectes, en montrant que seuls les insectes terrestres déclinent alors que les insectes aquatiques prospèrent. Idem pour les animaux vertébrés, dont la disparition annoncée ne serait pas forcément aussi cataclysmique que prévu, selon une nouvelle analyse.