Rétrospective 2019 : retour sur l’actu énergétique et environnement de l’année !

Aymeric Pontier
Par Aymeric Pontier, Spécialiste environnement.
Publié le 27 décembre 2019 à 09h54
Environnement

En matière environnementale et énergétique, l'année 2019 a été plutôt éclectique. De mauvaises nouvelles sont venues nous plomber le moral, comme l'échec de la COP25 et la nouvelle hausse des émissions de CO2. Mais d'importantes découvertes scientifiques et autres percées technologiques nous ont aussi redonné de l'espoir pour l'avenir.

Parmi les événements de l'année 2019 qui ont marqué les esprits, on peut citer l'abandon du projet Europacity, l'incident spectaculaire de l'usine Lubrizol, ou la méritée attribution du Prix Nobel de chimie aux chercheurs qui, grâce à leurs travaux, ont rendu possible l'émergence des batteries au lithium.


Les lecteurs assidus de Clubic ont aussi beaucoup commenté les articles annonçant la condamnation de la France pour non respect de la directive sur la qualité de l'air, ou l'étude de l'ANFR révélant que les compteurs Linky ne provoquent aucune exposition anormale aux ondes.

Mais l'actualité énergétique et écologique a touché bien plus de sujets encore : les rejets de dioxyde de carbone, la montée du niveau de la mer, la pollution plastique. Ainsi que les efforts de la France, de l'UE et de l'humanité toute entière pour les réduire ! 2019 a également été une année de grandes avancées en matière de recyclage de CO2, de nettoyage des océans, d'optimisation des technologies solaires, d'investissements dans les ENR et de solutions de stockage énergétique. Bonne lecture !

Pollution CO2

Des émissions de CO2 planétaires toujours en hausse, hélas...

Plusieurs organisations internationales ont confirmé ce qui était à craindre : les émissions de CO2 ont continué de s'accroître ces dernières années, provoquant une accélération du réchauffement de la planète.

Après une hausse de 2 % en 2018, elles ont a priori augmenté de nouveau en 2019. Pour mettre un terme à cette course vers l'abîme, l'ONU a appelé l'ensemble des pays à mener des actions drastiques au cours de la prochaine décennie, afin de limiter la hausse des températures à +2 °C d'ici la fin du siècle.

Même son de cloche du côté de l'Agence internationale de l'énergie, qui a insisté sur l'urgence à agir et à déployer des mesures radicales contre la crise climatique.

L'Europe continue toutefois de faire figure de bon élève avec une baisse encourageante et continue de ses émissions. Les efforts européens devraient d'ailleurs se poursuivre puisque l'UE s'est engagée à atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, lors de la COP25 organisée cet hiver en Espagne. Un engagement que la France a également pris à son niveau, avec le vote de la Loi Energie et Climat.

L'UE a annoncé une autre décision historique : la transformation d'ici 2021 de la Banque européenne d'investissement en « Banque du Climat », et la fin du financement des énergies fossiles.

Camion

Transports et émissions de CO2 : le défi le plus difficile à relever

La bataille contre les émissions de CO2 se joue sur plusieurs fronts, mais le transport reste sûrement le plus grand défi à relever puisqu'il s'agit du seul secteur économique dont les émissions n'ont pas baissé en France et en Europe, ces vingt dernières années.

Les autorités de l'UE tentent de résoudre ce problème, et se sont engagées cette année dans de nouvelles mesures de limitation pour les camions comme pour les voitures. Hélas, cette volonté est loin d'être partagée par tous les gouvernements du monde. Pour preuve, le président américain tente en ce moment même d'empêcher les états fédérés comme la Californie de mettre en œuvre des normes « trop » strictes.

En 2019, nous avons également appris que le TER n'émettait pas toujours moins de CO2 que d'autres modes de transport (bus, covoiturage), sur les portions de rails non électrifiés. Un écueil dont la SNCF a conscience et auquel l'entreprise tente de remédier, en annonçant son intention de faire rouler des trains hybrides à partir de l'année prochaine pour réduire ses émissions, tout en se fixant un objectif « zéro émission » d'ici 2035 !

Les collectivités locales et les sociétés de livraison tentent elles aussi de modifier leurs habitudes, et de développer des solutions de transport plus vertueuses. Cette année, l'Île-de-France a inauguré sa première ligne de bus à hydrogène, et l'entreprise Chronopost a commencé à déployer une flotte de véhicules bas carbone pour effectuer les livraisons de colis chez les particuliers. A Marseille, la start-up SeaRoutes développe un transport maritime moins gourmand en carburant, et moins polluant.

Algues

Les progrès faits en matière de captage et de recyclage du CO2

Au-delà de la réduction des futures émissions de dioxyde de carbone, de nombreux scientifiques sont en quête de solutions économiques pour résorber et réutiliser le stock existant de CO2 dans l'atmosphère. Une équipe du MIT a ainsi annoncé la conception d'un appareil révolutionnaire de captation du CO2, dix fois plus économe que les solutions actuelles et efficace à toute concentration ! De quoi redonner de l'espoir.

Mais c'est surtout du côté du recyclage ou ré-emploi du CO2 que les idées ont été les plus foisonnantes en 2019. Des chercheurs de Stanford ont inventé une méthode permettant d'en faire du carburant, du monoxyde de carbone. Des scientifiques australiens ont eux conçu un appareil capable de convertir le CO2 en charbon à température ambiante. Tandis qu'une équipe japonaise, membre de l'Université de Tokyo, a annoncé la création d'un matériau capable d'aspirer le CO2, puis de le transformer en produit de consommation courante, tel du plastique polyuréthane.

Parmi ces percées, c'est toutefois le bioréacteur d'Hypergiant à base d'algues vertes qui a suscité le plus de buzz cette année. Celui-ci serait capable de stocker autant de CO2 dans un cube de deux mètres de haut qu'un demi-hectare de forêt. À moins bien sûr de considérer que la forêt est encore la meilleure solution de stockage, si jamais la technologie ne parvenait pas à nous sauver !

Les records de température une fois de plus battus en 2019

En attendant le déploiement de ces solutions techniques, l'accumulation du CO2 dans l'atmosphère terrestre continue de produire ses effets sur le climat de la planète. L'année 2019 devrait selon toute vraisemblance devenir la seconde année la plus chaude jamais enregistrée.

Et ce n'est sûrement pas le dernier record à être pulvérisé en la matière, vu que de récents modèles climatiques, développés par le CNRS et le CEA, anticipent un scénario catastrophe pour la fin du XXIe siècle, sous la forme (si rien n'est fait, et dans le pire des cas) d'une hausse moyenne de 7°C de la température terrestre.

La crise climatique est un phénomène que les français ont pu ressentir personnellement cet été, avec la canicule du mois de juin, puisque le lien entre le réchauffement global et les épisodes caniculaires est désormais clairement établi. Le vendredi 28 juin, le record absolu de chaleur (depuis l'invention du thermomètre) a été battu avec une température atteignant plus de 45°C dans le Gard. Un type d'événement qui pourrait devenir banal durant l'été, aux alentours de 2050...

Inondation
Kim Christensen / Shutterstock.com

La montée des océans semble inévitable, mais jusqu'où ?

Si tant d'initiatives voient le jour pour limiter la hausse des températures, ce n'est pas juste pour éviter la multiplication des canicules, mais aussi pour enrayer la montée du niveau de la mer. Une conséquence de la crise climatique qui aura sans doute le plus d'impact sur l'humanité !

Dans son rapport spécial sur l'océan, le GIEC a révélé cet automne que la montée des eaux s'accélérait. Pire, la concentration en CO2 devient telle que les océans tendent à s'oxyder et à perdre leur oxygène. Une menace pour les espèces marines, dont la population va décliner, et les millions d'humains qui en dépendent pour s'alimenter.

Banquise fondue

Une bonne partie de cette eau liquide excédentaire provient sans surprise de la fonte massive des glaciers, qui ont perdu 9 000 milliards de tonnes en 50 ans. Sans parler de la fonte des glaces situées sur les terres arctiques et antarctiques, dont la déstabilisation pourrait provoquer une hausse de plus de deux mètres du niveau de la mer dans le pire des cas d'ici 2100, menaçant les habitations côtières de submersion ou d'inondations répétitives. Certains scientifiques en sont désormais à réfléchir à des scénarios de géo-ingénierie pour arrêter cette élévation.

Tortue pollution marine

Mobilisation générale contre les déchets et emballages plastiques

Autre sujet d'inquiétude concernant les océans : la pollution du plastique avec des déchets qui ne cessent de s'amonceler au point de former des « continents » entiers. Attelée à résoudre ce défi, The Ocean Cleanup a commencé à tester un nouveau prototype de son barrage flottant.

Il y a urgence car ces déchets se décomposent sous l'effet du soleil pour former du micro-plastique susceptible d'être ingéré par les animaux marins, et de se retrouver dans la chaîne alimentaire. En 2019, il a même été découvert qu'il met en péril les bactéries produisant une partie de l'oxygène que nous respirons.

En France, la problématique des emballages plastiques est loin d'avoir été résolue. À ce jour, cette matière est celle qui est la moins collectée et la moins recyclée parmi nos déchets. Le salut viendra peut-être de l'UE qui s'est fixée cette année un double objectif ambitieux : l'interdiction de la vente de certains plastiques jetables à usage unique d'ici 2021, et un taux de collecte de bouteilles en plastique atteignant les 90 % d'ici 2029.

Une fois récupéré, tout ce plastique pourrait servir à fabriquer de nouveaux produits, mais aussi être transformé pourquoi pas en gaz pour produire de l'électricité ou alimenter des voitures à hydrogène.

Les associations et les pouvoirs publics ne sont pas seuls à se saisir de cet enjeu écologique de grande importance. Plusieurs marques, connues pour recourir beaucoup aux produits et aux emballages plastiques, ont annoncé des initiatives dans ce domaine : Coca-Cola, MacDo, Nestlé.

Il y a également eu de bonnes nouvelles environnementales !

Si l'actualité environnementale semble être une liste ininterrompue de mauvaises nouvelles, elle nous réserve parfois d'heureuses surprises ! Par exemple, le trou dans la couche d'ozone est en 2019 au plus bas niveau depuis le début des observations. Preuve que les pays peuvent agir d'un commun accord à l'échelle du globe pour préserver la planète, lorsque la volonté politique est là...

Des découvertes scientifiques intéressantes sont en outre survenues en 2019. Une équipe de chercheurs de Stanford a notamment réussi à créer de l'hydrogène à partir d'eau de mer, ouvrant la voie à une production « propre » via les énergies renouvelables. D'autres scientifiques américains de l'université de l'Utah ont mis au point une solution pour transformer les algues en carburant, de manière rentable. De son côté, le CEA a annoncé la découverte d'une molécule facile à produire permettant de rendre les plantes résistantes à la sécheresse ...

Des percées technologiques enthousiasmantes ont aussi eu lieu cette année dans le monde des start-up : au Royaume-Uni, l'Highview Power a débuté le stockage à grande échelle d'électricité sur « cryo-batteries ». En Californie, SkyCool Systems propose une nouvelle solution de climatisation écologique, faisant appel au refroidissement radiatif.

Ferme solaire

Vers l'émergence d'un nouveau monde énergétique ?

Toujours dans le rayon des bonnes nouvelles : le secteur énergétique continue de se transformer à vitesse rapide en France comme à l'étranger. L'année 2019 a marqué la mise en service à Abu Dhabi du plus grand parc solaire de la planète, avec une puissance de 1,2 gigawatt. Tandis qu'à Nouméa, la France a inauguré sa plus grande centrale solaire. Enfin, la plus puissante éolienne jamais fabriquée sera prochainement réalisée en France, par General Electric.

Ces efforts commencent à se faire sentir à l'échelle du globe, avec une capacité de production d'énergie renouvelable qui a quadruplé en l'espace d'une décennie. Mieux encore : selon le réseau international Energy Watch Group, il serait même possible de transiter vers une industrie 100 % alimentée en ENR, dès le milieu de ce siècle !

Centrale nucleaire

Cet essor des renouvelables ne signifie pas pour autant l'abandon de la science nucléaire. Même si le projet Astrid semble remis aux calendes grecques, et avec lui l'idée du recyclage du combustible, la France (avec d'autres pays) continue les recherches en matière de fusion nucléaire, avec le tokamak ITER qui devrait émettre son premier plasma en 2025.

Perovskite

De nettes avancées du côté des technologies solaires !

L'actualité scientifique relative aux technologies solaires a été fournie en 2019, surtout avec les recherches menées sur la pérovskite, un matériau miracle qui permet d'envisager des cellules solaires souples , bon marché, et dont les rendements s'améliorent presque de mois en mois !

Cependant, la performance du solaire ne dépend seulement de ces cellules, d'autres aspects techniques sont en voie d'amélioration. Par exemple, les onduleurs solaires des panneaux peuvent être ajustés pour stabiliser le réseau durant la nuit, comme l'a démontré un groupe britannique. De même, le recours à l'intelligence artificielle peut servir à moduler l'orientation des panneaux en temps réel pour maximiser la production, dans le secteur du solaire à concentration.

Tesla solar roof
Aerovista Luchtfotografie / Shutterstock.com

De nouveaux usages solaires sont par ailleurs en train d'être promus par divers entreprises, comme le toit solaire de Tesla dont la dernière version serait moins chère qu'un toit neuf avec panneaux. Une autre entreprise américaine, HyperSolar, s'est lancée dans la production d'hydrogène avec l'énergie solaire. En Europe, des projets innovants ont également été initiés visant à utiliser le solaire pour alimenter des voitures électriques ou encore des trains autonomes.

voiture électrique

Quoi de neuf dans le domaine de la voiture électrique ?

Même course à l'innovation du côté des voitures ou autres véhicules électriques, un secteur où la compétition fait rage entre les différents acteurs pour concevoir le chargeur le plus rapide possible. Ou bien la batterie la plus dense qui assurera l'autonomie la plus longue !

À ce titre, la start-up suisse Innolith pourrait avoir une longueur d'avance sur ses concurrents, avec sa technologie promettant aux automobilistes un parcours de 1 000 km avec une seule charge.

Pour en apprendre plus sur cette thématique, consultez notre rétrospective dédiée aux voitures électriques et hybrides !
Aymeric Pontier
Spécialiste environnement
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